Enseignement
(6 septembre 2007)
Des outils
pour améliorer l’école
Au moment de
la rentrée, les élèves prennent généralement de bonnes résolutions. De son
côté, l’école se donne des outils pour évaluer la qualité de ses
enseignements et pour les améliorer. L’année passée, le français était sous
la loupe. Cette année, ce sera le tour des maths.
L’an passé,
les élèves de 2ème primaire,
5ème primaire,
2ème secondaire ont planché sur une épreuve de français.
Cette année ce sera les maths!
Les enfants et les ados ont repris
le chemin de l’école. Même si leur enthousiasme est plus ou moins grand
selon les cas, tous entament l’année avec l’espoir d’apprendre des choses
intéressantes et de réussir. Pour eux, cela signifie “passer dans la classe
supérieure” en fin d’année. Mais, selon les écoles, les exigences qui
conditionnent cette réussite sont assez différentes. Certes, il existe des
règles : toutes les écoles doivent amener leurs élèves à la maîtrise d’un
certain nombre de savoirs et de savoirs-faire précisés dans des décrets
officiels de la Communauté française. Pour amener leurs élèves à la maîtrise
de ces compétences, les écoles et les enseignants disposent de programmes
qui constituent une ligne directrice; chaque équipe éducative, chaque
enseignant utilise ses propres compétences et ses propres talents pour
suivre cette ligne directrice en tenant compte de ses propres élèves, de
leur culture, de leurs attentes…
Toutes les écoles ne peuvent pas
procéder de la même manière. Mais il est utile, pour chaque établissement
scolaire, pour chaque professeur, de savoir comment ses élèves se situent
par rapport aux ensembles des élèves de toutes les écoles. Cela permet de
détecter les points forts et les points faibles et d’améliorer la qualité
globale de l’enseignement. Cela peut se faire grâce au système des
évaluations externes.
De
super-tests
L'analyse des
résultats permet de déceler les écoles en difficulté afin de pouvoir
leur apporter une aide pédagogique. |
Une évaluation externe est une
épreuve (un test, un super-contrôle) organisé au même moment dans toutes les
classes d’une même année scolaire (par exemple, la 2ème ou la 5ème
année primaire) dans toutes les écoles de tous les réseaux en Communauté
française. Ce ne sont pas les enseignants habituels des élèves qui
conçoivent ces épreuves; elles sont imaginées par une équipe d’enseignants
et d’inspecteurs avec le service général du pilotage éducatif de la
Communauté française. C’est pour cela qu’on les appelle “externes”.
En Communauté française, la
première évaluation externe a eu lieu en 1994: elle portait sur les acquis
des élèves de 5ème primaire en lecture et en math. Depuis, une
douzaine d’évaluations externes en français et en mathématiques ont eu lieu
en 1ère, 3ème et 5ème primaire ainsi qu’en
1ère, 3ème et 5ème secondaire.
Quelques-unes portaient sur les Sciences: en 5ème primaire en
octobre 2001, en 3ème primaire (temps et espace) en 2002 et en 1ère
secondaire en 2003.
Les résultats de ces différentes
évaluations, renforcés par les fameuses enquêtes PISA(1),
ont montré qu’il existe de profondes différences entre les écoles. Elles ont
montré aussi que les enseignants sont souvent bien seuls pour faire face aux
difficultés qu’ils rencontrent dans les classes.
Cette
année, les maths
Un nouveau décret a donc été voté
en juin 2006 pour rendre systématiques ces évaluations externes(2).
Elles auront lieu chaque année en 2ème primaire, 5ème
primaire et 2ème secondaire et elles porteront alternativement
sur le français, les mathématiques et l’éveil. Concrètement, l’an passé, les
élèves de 2ème primaire, 5ème primaire, 2ème
secondaire (2ème année commune et 2ème
professionnelle) ont passé des évaluations en français (voir l’article
ci-dessous); cette année, les élèves qui sont à leur tour en 2ème
primaire, 5ème primaire et 2ème secondaire passeront
les évaluations et elles porteront sur les mathématiques. L’an prochain
(année 2008-2009), les élèves qui seront dans ces trois années, passeront
l’évaluation en éveil. Le cycle recommencera ensuite avec le français… De
plus, à partir de 2008-2009, un cycle de trois ans débutera aussi dans le
deuxième et le troisième degré du secondaire.
«Le but de ces évaluations
externes est essentiellement de poser un diagnostic, explique Martine
Herphelin, directrice générale adjointe du Service général de pilotage du
système éducatif à la Communauté française. Elles ont pour objectif
d’apporter à chaque enseignant des informations sur les compétences des
élèves de leur(s) classe(s), de leur donner la possibilité de situer ces
résultats par rapport à l’ensemble des classes des mêmes années d’études en
Communauté française. Elles veulent aussi leur fournir ensuite des outils
professionnels, sous forme de pistes pédagogiques, pour les aider à remédier
aux difficultés rencontrées lors des évaluations».
Pas
d’influence
sur le
passage de classe
Autrement dit, les résultats de
ces évaluations ne “comptent pas pour des points”; bien sûr, ce sont les
élèves qui passent les tests, mais les résultats qu’ils obtiennent n’ont de
conséquence ni sur leurs résultats scolaires ni sur leur passage de classe.
C’est pourquoi on dit de ces évaluations externes qu’elles sont “non
certificatives”. C’est bien d’un outil de pilotage qu’il s’agit: les
évaluations doivent permettre aux écoles et aux enseignants de mesurer leurs
points forts et leurs points faibles et de partir de ces informations pour
améliorer leur façon de travailler. Ils disposeront donc d’outils
pédagogiques et ils pourront suivre des formations.
Le décret prévoit explicitement
que les résultats de ces évaluations sont anonymes et confidentiels. Les
personnes qui y ont accès (enseignants, directions, inspection…) sont tenues
au respect du secret professionnel (prévu dans l’article 458 du Code pénal).
Les résultats ne peuvent pas servir à établir un classement entre élèves ou
entre écoles; celles-ci ne peuvent en aucun cas les utiliser à des fins de
publicité. Les parents peuvent recevoir les résultats de leur enfant en les
demandant au chef d’établissement.
Anne-Marie
Pirard
(1) Enquêtes
PISA: enquêtes internationales sur les acquis des apprentissages des élèves
à l’âge de 15 ans organisées par l’OCDE.
(2) Décret du
2 juin 2006 publié au Moniteur belge du 23 août 2006.
Une
photographie des
compétences
La
photographie des compétences en français va permettre aux écoles d’adopter
les mesures appropriées pour corriger les faiblesses et multiplier les
bonnes pratiques.
Durant la semaine du 29 janvier au
2 février dernier, les élèves qui se trouvaient en 2ème primaire,
5ème primaire et en 2ème secondaire ont passé une
épreuve d’évaluation externe en français: l’épreuve portait sur la lecture
et sur la “production d’écrit” (rédaction, réponses à des questions sur un
texte lu et formulation d’un avis personnel sur ce texte). Ensuite, les
corrections ont été réalisées de manière collective et, au terme de cet
énorme travail, les résultats ont été communiqués aux écoles et aux
professionnels de l’enseignement concernés. Une synthèse, réalisée par
Dominique Lafontaine (Université de Liège) a été rendue publique
(1). En 2ème primaire, cela commence plutôt
bien, mais la situation se détériore au cours du parcours scolaire.
Pas
assez de progrès
Endeuxième
primaire,
les élèves se débrouillent plutôt bien en français
En 2ème primaire, 80 %
des élèves réussissent l’épreuve et ils font preuve de très bonnes
compétences techniques; toutefois, 11 % d’entre eux sont déjà en difficulté
et 4 % d’entre eux se trouvent en très grande difficulté. En 5ème
primaire, la réussite reste assez bonne: 67 % de réussite, mais 30 %
d’élèves en relative difficulté et 15 % en très sérieuse difficulté.
Mais, en 2ème
secondaire, la réussite n’est plus que de 59 % et seuls 29 % des élèves
obtiennent plus de 70 % des points; plus de 50 % des élèves sont en
difficulté relative et 30 % d’entre eux éprouvent de sérieuses difficultés.
De plus, en 2ème professionnelle (2P), où les élèves ont reçu un
questionnaire spécifique, le taux de réussite tombe à 48 % et 72 % des
élèves sont en relative difficulté (52% d’entre eux étant en très sérieuse
difficulté). Ces résultats interpellent.
Maryse Descamps et Jean-Luc
Vanschepdael, du Ségec (Secrétariat général de l’enseignement catholique),
les ont analysés pour les écoles de leur réseau. Sans les minimiser, ils les
replacent dans leur contexte: les évaluations ont été faites par le biais de
questionnaires; certains élèves – et la plupart de ceux de 2 P – ont du mal
à s’engager dans une épreuve dont ils ne perçoivent pas le sens et
l’utilité. De plus, les professeurs n’ont pas pu assurer de guidance orale
de l’épreuve. Enfin, le temps était compté et il était trop court pour des
élèves mal à l’aise avec l’écrit et qui, lassés, ont eu tendance à bâcler la
fin de l’épreuve (2).
Et
maintenant?
Il reste que les résultats des
épreuves constituent une importante source d’information pour les
établissements. Des outils pédagogiques – élaborés par des enseignants de
terrain et des inspecteurs – vont être proposés aux écoles pour rencontrer
les principales difficultés détectées. De plus, chaque réseau d’enseignement
s’est mis au travail sur base des résultats de ses établissements scolaires.
Godefroid Cartuyvels, secrétaire général de la FédEFoC (fédération de
l’enseignement fondamental catholique), explique que le réseau libre
travaille sur quatre axes. D’abord, il a analysé les grandes tendances qui
se dégagent des épreuves et constaté qu’il est nécessaire de définir plus
clairement les compétences qui doivent être acquises en fin de 4ème
primaire. Ensuite, le réseau a analysé les résultats de chaque établissement
pour déceler les écoles en difficulté afin de pouvoir leur apporter une aide
pédagogique prioritaire. Cette aide servira aussi aux écoles qui en feront
spontanément la demande. Enfin, le réseau se livre actuellement à une
analyse plus fine des “bonnes pratiques”: on constate en effet des résultats
assez différents entre écoles qui ont pourtant le même public et les mêmes
conditions d’enseignement; il s’agit donc d’identifier ce qui permet à
certaines écoles de “décoller” pour nourrir la réflexion de toutes.
Les premiers résultats seront
constatés dans trois ans, lors de la prochaine évaluation externe en
français.
AMP
(1) Elle est
accessible sur le site:
http://www.enseignement.be
(2) Voir le
site
http://www.segec.be/Evaluation_externe.htm
|