Enseignement
(4 août 2005)
Cartables : nos enfants en ont plein le dos!
Saviez-vous que le poids du cartable des enfants peut représenter jusqu’à
un tiers de leur poids ? C'est beaucoup trop, au risque de déformer leur dos
et de les mener, à plus long terme, aux lombalgies et douleurs chroniques.
Pourtant, si parents et enfants agissent – et si l’école collabore – il y a
moyen de prendre de bonnes habitudes pour préserver le dos de nos petits.
Lire
également ci-dessous :
Les médecins tirent la
sonnette d’alarme, les médias nous alertent, les autorités nous conseillent
: pourtant, la prévention des lombalgies dès le plus jeune âge n’en est qu’à
ses balbutiements. Selon une étude belge menée auprès de 400 enfants de 9
ans, plus d’un tiers ont déjà souffert du dos et 23% ont même déjà consulté
pour trouver une solution. Plus globalement, une autre étude, française
celle-là, évoque le chiffre de 20% d’enfants de 6 à 12 ans qui en souffrent,
et pas moins de deux tiers des adolescents du cycle secondaire !
Et les études qui mettent en relation la présence de lombalgies à
l’adolescence et leur chronicité à l’âge adulte sont claires : il est donc
essentiel aujourd’hui d’agir à grande échelle pour les prévenir… Quand on
sait que les lombalgies constituent la principale cause d’absentéisme au
travail chez les moins de 45 ans et que plus de 60 % de Belges de 20 à 70
ans se sont déjà plaints du dos, on comprend mieux pourquoi les voyants sont
au rouge…
Trois causes pour un mal
Trois facteurs interviennent : le mauvais maintien, essentiellement sur les
bancs d’école (sur lesquels ils restent assis quelque 1000 heures par an !),
la sédentarité (avec une musculature du dos insuffisante) et… un cartable
inadapté. Dans les trois cas, il serait possible d’intervenir en amont, dès
l’école maternelle et primaire. Et notamment, pour ce qui concerne le poids
des cartables.
Premier public à sensibiliser : les enfants. Ils doivent prendre conscience
dès leur plus jeune âge que leur
dos est leur charpente et qu’il est essentiel de le préserver. Mais pour
changer les habitudes, il faut s’assurer la collaboration des parents et
enseignants. Aussi, ceux-ci doivent-ils être eux-mêmes informés, mais déjà
le simple bon sens peut-il déjà aider. Pour ce qui concerne le cartable, les
parents sont les premiers concernés puisqu'ils effectueront avec leur enfant
le choix du
cartable (lire ci-dessous : "Choisir un bon cartable : toute une affaire!").
Mais l’idéal serait que les écoles participent à l’effort, essentiellement
en secondaire, lorsque les cours se suivent mais ne se ressemblent pas. Dans
certaines écoles, il est possible de n'emporter que les dernières feuilles
de cours dans un classeur unique pour la journée, en plus de l'un ou l'autre
manuel. Mais si ces manuels sont trop nombreux, ils risquent de peser lourd.
Aussi, la solution serait de pouvoir les laisser à l’école. Mais
contrairement à ce que l’on voit dans les séries ou les films américains,
chez nous, les casiers personnels pouvant accueillir les livres des jeunes
écoliers sont rares… Les arguments avancés sont le risque d’oubli du
matériel scolaire pour faire les devoirs, le risque de dégradation et de
vandalisme ou encore le manque de place ou le coût d'une pareille
organisation, etc. Mais de tels arguments tiennent-ils la route en
comparaison avec les risques encourus à long terme par les jeunes qui
mettent leur dos à mal ?
Déjà à
l'école primaire, le problème se pose. Certains enseignants jouent le jeu de
la prévention et apprennent aux enfants, dès la première année, à gérer le
matériel à apporter. Il est utile donc, en tant que parents, d’insister, si
tel n’est pas le cas, auprès de la direction de l’école pour qu’enseignants
et parents travaillent ensemble pour le bien des enfants. Les parents
doivent en effet prendre le relais, être acteurs de la santé de leur enfant,
et vérifier que l’enfant ne prend pas toutes ses affaires, par peur
d’oublier quelque chose…
Responsabilité de l’école
Du côté de l’école, en plus des mesures concernant le cartable, l’ergonomie
des classes et l’adaptation des cours de gymnastique seraient très
certainement les bienvenues. Des initiatives sont prises, notamment par des
enseignants, pour remédier aux problèmes qui peuvent se poser. Ainsi, ce
professeur d’éducation physique de Tubize, ancien gymnaste de haut niveau
qui s’est inquiété de l’inadéquation des bancs scolaires et des sièges. Pour
y remédier, il a étudié la mise en fonction d’une classe ergonomique,
réflexion
menée avec un ostéopathe et un médecin scolaire : “Il faut une inclinaison
du banc de 10°, un peu comme les bancs de nos parents ou grands-parents,
pour moins étirer la nuque vers le bas, et ajouter un coussin ergonomique
sur les chaises. Ces coussins sont également inclinés, l’arrière étant un
peu plus haut d’environ 7 cm que l’avant du siège. Par cette inclinaison,
l’enfant a tendance à basculer le bassin pour reprendre la position
naturelle du dos, sans s’affaler. Cette inclinaison incite également l’élève
à poser les
pieds au sol devant lui pour le soutenir et non à croiser les jambes ou à
les replier pour s’affaler sur le banc. Les pupitres inclinés ont été
fabriqués par les élèves en menuiserie de l’école et déposés sur les bancs.
Quant aux coussins ergonomiques, ils ont été achetés par l’école”, explique
Marcel Debecker. Un investissement à consentir, leur prix variant entre 20
et 25 euros pièce… Mais Géraldine Vecoven, ostéopathe à Bruxelles, à
l’origine d’un projet de sensibilisation au dos dans les écoles, préconise,
si
l’argent n’est pas disponible, de couper les pieds avant des chaises de
quelques centimètres, afin de recréer
cette inclinaison.
Quant à l’inadéquation des cours de gymnastique, les deux protagonistes sont
d’accord : “Dans ma
pratique en cabinet d’ostéopathie, je vois de plus en plus de jeunes enfants
consulter pour des maux de dos.
Ce qui n’est pas étonnant quand on voit la sédentarité croissante et le peu
de cours de gymnastique au
programme. Sans parler des cours parfois inadéquats : je constate par
exemple que les exercices
d’étirements ne sont pas pratiqués avant le sport. Il y a bien un
échauffement, mais rien pour faire travailler
les muscles du dos et des hanches. Il n’y a plus d’exercices pour les
abdominaux non plus ni d’étirements
en fin de cours”, explique Géraldine Vecoven.
La musculature dorsale n’est donc plus suffisamment
sollicitée pour soutenir les cartables… Et la boucle est bouclée. Si le
travail sur les cartables est essentiel, il s’agit néanmoins de l’inscrire
dans un travail global de prise en considération du dos à l’école !
Carine Maillard
Choisir un
bon cartable : toute une affaire !
Trolleys, cartables à main ou à dos ?
Comment faire son choix devant les
articles qui s'offrent à nous dans les magasins ?
•
Le cartable idéal est sans conteste celui qui
peut être porté sur le dos. Dans le
cas du cartable à porter à la
main, il peut, par son poids, déformer la colonne vertébrale de
l’enfant qui a tendance à se pencher ou se
plier pour compenser. Quant aux trolleys ou cartables sur
roulettes, leur désavantage réside dans le fait que
pour le tirer, l’enfant doit garder le dos constamment en
torsion, ce qui n’est pas bon non plus. Par ailleurs,
on se dit trop vite que comme il est sur roulettes, il peut être
davantage chargé… C’est oublier que l’enfant
doit généralement monter ou descendre des escaliers et porter ce
cartable aux lourdes armatures… Et s’il
doit emprunter les transports, c’est la même chose.
•
Le cartable ne doit pas être trop large,
pour ne pas coincer l’enfant dans les embrasures de portes ou
les
ouvertures des bus, trams et métros. Idéalement, il sera de la
taille de la carrure de l’enfant.
•
Un bon cartable doit avoir une structure solide
et être rembourré dans le dos pour
protéger celui de
l’enfant des coins de fardes et cahiers. Vérifiez la solidité
des coutures, du tissu ou de la toile, des fixations
des sangles, du fonds et du rabat pour la fermeture. Veillez à
ce que le système de fermeture ne soit pas
trop compliqué pour l’enfant, mais solide pour ne pas s’ouvrir à
tout bout de champ. Les sangles doivent
en outre être réglables pour s’adapter à l’enfant.
• Contrairement à l’Allemagne,
la Belgique n’a pas fixé de poids maximum d’un
cartable à vide. Chez nos
voisins teutons, il est limité à 1,200 kg. Aussi, faites un
choix judicieux entre renforts du cartable et poids
raisonnable : 500 gr pour les plus jeunes, 1kg pour les ados…
•
Un cartable bien rangé préservera le dos.
Pour éviter qu'un rangement minutieux ne termine en fouillis de
livres et cahiers, prévoyez un cartable à compartiments logiques
et pratiques.
• Si le cartable a
des bandes réfléchissantes de sécurité,
c’est mieux.
Pour acheter un cartable de qualité, il est conseillé de se
rendre chez un bagagiste ou dans une papeterie
qui pourra au mieux vous conseiller en fonction de l'âge et de
la taille de l'enfant et des besoins. L'achat
d'un cartable se fait pour plusieurs années. Il est donc
important d'effectuer un bon choix.
Les quelques qualités décrites ci-dessus sont plus rarement
réunies par les cartables à l’effigie de
personnages à la mode, il faut bien l’avouer. Les parents payent
davantage les droits d’utilisation de ces
personnages que la qualité… Aussi, si votre enfant se dirige
vers ce genre de cartable “in” dans un
magasin, expliquez-lui cela, montrez-lui les défauts et
parlez-lui des conséquences pour son dos d'un
cartable de mauvaise qualité.
Cartables
verts, on espère !
La campagne du cartable vert reprend. Depuis six ans, c’est
le rendez-vous des conseils
malins pour acheter des fournitures scolaires solides,
écologiques et économiques. Des
conseils qui devraient d’ailleurs être plus écoutés par
certaines écoles qui approvisionnent
elles-mêmes les élèves ou imposent des listes de fournitures pas
vertes du tout.
Pour acheter écologique, achetons solide! C’est peut-être plus
cher à l’achat (et encore !) mais
l’investissement consenti sera valable plusieurs années! Pas
toujours facile de s’y retrouver au
supermarché. Aussi, voici un petit tour du cartable malin.
Le cartable
Le nylon et le plastique sont fragiles et risquent de vous
lâcher même en cours d’année. Choisissez un
cartable en cuir, excepté pour les plus jeunes qui recevront de
préférence un cartable en tissu, robuste, mais
plus léger.
Le plumier
Evitez les plastiques et les plumiers pré-garnis pour préférer
ceux en cuir, coton, bois ou toile de jute. Petit
conseil : une boîte, de cigares ou autre, peut être décorée et
constituer un plumier unique.
Les cahiers, feuilles, classeurs
Choisissez du papier et des cahiers 100% recyclé (c’est indiqué
sur l’emballage), non blanchi ou blanchi à
l’eau oxygénée. Et n’oubliez pas que le papier a deux faces… Et
peut être réutilisé comme papier brouillon
! Optez aussi pour les étiquettes 100% recyclées.
Pour les classeurs, préférez le carton recyclé avec coins et
anneaux en métal. Ils peuvent être décorés pour
faire plus “mode”.
Pour écrire
Pour les crayons noirs, le porte-mines rechargeable est idéal.
Sinon, optez pour le bon vieux crayon en bois
non vernis. Idem pour les crayons de couleur. Si l’école le
permet, optez pour des stylos à réservoir (pour
les plus grands enfants) plutôt qu’avec cartouches et les stylos
à bille rechargeables, et non jetables. Enfin,
pour les marqueurs, préférez ceux à base d’eau (lavables) ou
d’alcool (pour un marquage permanent),
idéalement rechargeables. Sinon, utilisez les crayons de couleur
dès que possible.
Les surligneurs fluorescents ne sont pas idéaux car toxiques et
jetables. Néanmoins, certains fabricants ont
conçu des versions rechargeables dans une matière plus
écologique (polypropylène).
Pour effacer
La gomme sera de préférence en caoutchouc naturel (beige
opaque), sans parfum ni étui, inutile. Quant aux
effaceurs, rappelez à l’enfant de ne jamais les humidifier avec
la langue car ils contiennent des produits
toxiques.
Les correcteurs liquides devront être à base d’alcool ou d’eau,
et si vous optez pour la souris correctrice,
choisissez-la rechargeable.
Le petit matériel
Ciseaux, compas et autres seront idéalement en métal. Quant aux
lattes, équerres et autres rapporteurs ainsi
que les taille-crayons, choisissez-les en métal et/ou en bois
(avec possibilité d’ajouter des lames pour les
derniers), non colorés et non vernis.
Choisissez une colle sans solvant, à l’eau, idéalement en petits
pots rechargeables. Sinon, les sticks
rechargeables sont aussi une bonne solution.
Petite précision : les pots de colle, de correcteur liquide, les
marqueurs, etc. ne peuvent être jetés à la
poubelle, mais dans des collecteurs de petits déchets chimiques
(coins verts) ou au parc à containers…
Autre conseil : pour les repas et collations, préférez les
gourdes aux cannettes et berlingots, et la boîte à
tartines au papier alu. Evitez aussi les collations en paquets
individuels, mais optez pour une petite boîte
dans laquelle vous glissez les collations.
Attention quand même aux fausses allégations écologiques ou non
toxiques et assurez-vous que les
fournitures rechargeables disposent bien de recharges!
C.M.
Pour préparer un
cartable malin…
“Mon cartable, poids plume” est une campagne que la
Communauté française mène chaque
année. Elle vise à sensibiliser parents, enseignants et enfants
à la nécessité de penser le
cartable, pour éviter que le dos de nos petiots ne soit déformé
par un poids trop lourd. Des
conseils sont donc prodigués judicieusement à tous.
La campagne initiée par le précédent ministre de l’enfance en
Communauté française, Jean-Marc Nollet,
poursuit son petit bonhomme de chemin sur internet. L’objectif :
donner des conseils pour que le cartable
des écoliers soit le moins lourd possible et préserve leur dos.
Voici quelques conseils utiles.
• Trier le contenu du cartable.
Théoriquement, l’écolier n’a pas besoin tous les jours des mêmes
affaires.
Avec lui, voyez le programme du lendemain et apprenez-lui à ne
prendre que ce qui est nécessaire, en
fonction des cours. Par ailleurs, l’enfant, surtout plus jeune,
a tendance à amener, même en cachette, des
jouets, ou à ramener à l’école divers objets inutiles. Vérifiez
cela avec lui.
• Ranger :
l’organisation du cartable n’est pas anodine. Pour préserver le
dos, placez les objets les plus
lourds plus près du dos. Ainsi, ils n’auront pas tendance à
faire basculer le cartable vers l’arrière et l’enfant
devra moins faire d’efforts pour se tenir droit. Répartissez
aussi les objets afin d’équilibrer le cartable.
• Ajuster les sangles.
Il faut que le cartable soit tout contre le dos, son sommet à
hauteur des épaules.
Sinon, chargé, il aura tendance à basculer vers l’arrière.
•
10% du poids de l’enfant est le poids maximum
du cartable.Lorsque le cartable est
prêt, pesez votre enfant d’abord sans son cartable, ensuite
lorsqu’il le porte. Si la différence de poids est largement de
plus de 10 % par rapport au poids de l’enfant, il faut trouver
une solution pour supprimer quelques affaires.
•
Ne négligez pas le poids et la place des
collations, boissons et boîtes à tartines dans le cartable.
La
présence de fontaines à eau dans l’école et la prise de repas
chauds peuvent diminuer ce poids. Évitez de
multiplier inutilement collations et boissons Une réflexion peut
utilement et conjointement être menée à
l’école sur les aliments sains et le poids du cartable.
Pour retrouver tous ces conseils et bien d’autres, consultez
le site internet
www.moncartable.be . Une
affiche, un dépliant et un signet à créer soi-même sont
également disponibles sur ce site.
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