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Enfance  (4 décembre 2014)

Des choix de vie à 360 degrés

© Tada

Chaque weekend, au cœur de Saint-Josse (Bruxelles), près de 150 enfants rencontrent des professionnels issus d'une multitude de secteurs. Dans ces ateliers pas tout à fait comme les autres, ils découvrent les mille "vraies vies" qui peuvent s'ouvrir à eux.

Un ordinateur portable au fond de la classe, déposé sur une chaise. Devant l'écran, vingt-quatre frimousses attentives qui jouent des coudes pour mieux voir le petit film qui défile sous leurs yeux. Les éclats de rire rivalisent avec les "oh" et les "ah" de surprise. Les yeux écarquillés, Stefan, Yasmine, Islam et tous les autres se découvrent, probablement pour la première fois de leur existence, filmés par une caméra.

Ce matin-là, ils se sont immergés pendant trois heures dans la vie de journaliste. Au menu : rencontre avec des reporters, participation à une conférence de presse, rédaction d'un article, lecture du "billet" face caméra... Ils en ont appris des choses ! Écouter les invités, demander la parole pour les questionner, respecter le temps d'intervention d'autrui, retranscrire les propos sans les déformer, choisir démocratiquement les veinards (ou les téméraires) qui liront le billet face à la caméra, articuler pour se faire comprendre, etc.

Dans quelques minutes, ils rejoindront leurs parents venus les chercher dans cette belle école de "Saint-Josse-sur-Mer" (Sint-Josse-aan-Zee). Les prochaines semaines, ils recommenceront l'exercice. Mais, cette fois, avec des avocats, des architectes, des danseurs, des designers, des publicistes, etc. Telle est, depuis deux ans, la philosophie de Toekomst-Atelier de l'Avenir (TADA)(1), une initiative volontairement ancrée dans l'une des communes les plus pauvres du pays : mettre des enfants en présence de professionnels invités à parler de leur vocation. Et, de là, élargir le champ du possible en ter mes de choix de vie et d'orientation professionnelle.

"Dans les quartiers défavorisés, les écoles et les parents n'ont pas toujours le temps ni les moyens d'aller au-delà de l'apprentissage des compétences de base comme lire, écrire, respecter les règles de la vie en société, etc., explique Sofie Foets, fondatrice et directrice. Nous les accompagnons pour faire découvrir à leurs enfants toutes les facettes de la société belge, ainsi qu'un maximum de métiers possibles. Les enfants de cet âge (NDLR : de 10 à 14 ans) ont une énorme curiosité, mais celle-ci demande à être nourrie et stimulée. Il ne s'agit donc pas de les orienter vers certaines professions, mais bien de les aider à développer des compétences transversales qui les aideront à décloisonner leurs regards, à découvrir leurs forces et leurs talents et à les cultiver".

Une curiosité à entretenir

Les enfants et les parents ne s'engagent pas à la légère. Sur les deux ans et demi que dure la "formation", près de 90 samedis sont à bloquer dans l'agenda familial à raison de quatre heures de présence requise. "À peine 10% des enfants abandonnent en cours de route", se félicite Sofie Foets. Il faut dire qu'on est loin, ici, d'un apprentissage formaté. Outre les rencontres et les mises en situation avec les professionnels, les enfants visitent tour à tour chantier de construction, plateau télé, palais de justice, hôpital, théâtre, caserne de pompiers, etc. Pas vraiment de quoi s'ennuyer!

"Nous commençons toujours par des journalistes et des juristes. Les premiers pour une de leurs compétences clés : la curiosité. Les seconds pour leurs connaissances du droit et des valeurs humanistes de notre société. Il s'agit d'initier une réflexion sur la démocratie et la citoyenneté. À partir de là, nous approfondissons quatre types de secteurs d'activités : sociétale, scientifique, technique et créatif. Il y a place pour tous les métiers. Si, par exemple, nous parlons de médecine, nous invitons des médecins, des pharmaciens, des brancardiers, des infirmiers, des ambulanciers, etc."

Fort de son succès à Saint-Josse (en deux ans : 142 enfants participants - francophones et néerlandophones - et 500 invités bénévoles), TADA voudrait ouvrir bientôt une antenne dans le quartier de Cureghem (Anderlecht). "L'évaluation, en sciences sociales, ne peut se faire que sur du long terme. Mais, d'ores et déjà, les retours sont très positifs. Beaucoup de parents, démunis face aux questions des enfants posées en famille, réalisent que des réponses peuvent être apportées dans les ateliers. Parfois, ils s'effraient un peu devant la curiosité et la vitalité débordantes de leur progéniture, prête à remettre en question les certitudes acquises. Quant aux enfants, ils énoncent facilement ce qu'ils apprennent. Et s'étonnent de ce qu'ils sont capables de faire, nous réclamant des rencontres avec d'autres professionnels". Tout bénéfice.

//PHILIPPE LAMOTTE

(1) ToekomstATELIERdelAvenir (TADA) vit grâce au soutien financier de différents partenaires (privés et autres) et a été 1er lauréat de la Fondation Reine Paola en 2014 pour "l’innovation dans l’enseignement extrascolaire".

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