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Enseignement (3 juillet 2014)

Décrocher son diplôme de secondaire à l’âge adulte

© PHOTOALTO/BELGAIMAGE

Le Certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS) est un précieux sésame pour entamer des études supérieures ou accéder à certains emplois. À Bruxelles, une formation d’un an en cours du jour offre à des adultes une seconde chance d’acquérir ce diplôme. Retour sur les bancs de l’école, le temps de suivre les travaux de fin d’études présentés par des étudiants.

En cette fin juin, il règne déjà comme un petit air de vacances à l’Institut technique supérieur Cardinal Mercier, situé à Schaerbeek. Pourtant, dans un couloir baigné de soleil, quelques adultes font les cent pas, feuilles à la main. Ce ne sont pas des professeurs mais des étudiants. Ils attendent, de manière fébrile, de présenter leur travail de fin d’études. Ariane, Mostafa et Jean-François font partie de la trentaine d’étudiants qui, cette année, ont suivi le programme de formation de promotion sociale baptisé “CESS-Projet9”. Tous les trois ont réussi leurs examens dans les cours généraux. Le moment de l’épreuve ultime est arrivé : exposer, devant un jury externe de pédagogues et de professionnels, le contenu d’un travail réalisé sur un sujet de leur choix, sous la supervision d’un enseignant. Les membres du jury ont la lourde responsabilité d’attester, si l’étudiant a acquis l’ensemble des compétences exigées au terme de l’enseignement secondaire et s’il peut donc recevoir son CESS.

Des parcours variés

L’arrêt du Gulf Stream entraînerait-il une nouvelle période glaciaire ?” Le sujet qu’a choisi de traiter Ariane n’est pas anodin. À près de 30 ans, la jeune femme voudrait se réorienter vers l’océanographie, un métier qui l ’a toujours fait rêver. “J’ai arrêté l’école en 4e secondaire pour des problèmes personnels. Par la suite, après des cours privés, j’ai réussi l’examen d’admission à l’université. J’y ai perdu trois ans à tenter un baccalauréat en histoire de l’art puis en sciences sociales. Je suis ensuite partie faire du volontariat en Malaisie. J’y ai acquis des connaissances en Web et, de retour en Belgique, j’ai suivi une formation pour me perfectionner. Cela m’a permis de trouver du boulot mais cela ne me convenait pas du tout. J’ai alors décidé de me lancer dans l’aventure du CESS-Projet9 pour avoir des bases suffisantes. Ce diplôme, c’est une revanche sur mes échecs. Mais c’est bien plus qu’un papier. Cette formation est une formidable expérience. J’ai repris confiance en moi. J’ai fait un stage très intéressant à l’Institut royal de météorologie. Je vais enfin me diriger vers ce que j’aime”.

Le parcours de Jean-François est différent. Mais, comme Ariane, il souhaite concrétiser un projet qui lui trotte en tête depuis son adolescence : s’investir dans la protection de l’environnement… Il a d’ailleurs présenté son travail de fin d’études sur le thème de l’abeille en ville. A 42 ans, ce fils et petit-fils d’apiculteur a déjà une longue expérience professionnelle derrière lui: dix-huit ans passés au ministère de la justice. Sans CESS, pas question de mutation et encore moins de promotion. Jean-François a décidé de faire une pause et de recommencer des études pour décrocher ce CESS qu’il était à deux doigts d’obtenir lorsqu’il a quitté l’école pour se marier… et aller à l’usine.

C’est débile d’avoir arrêté mais je ne regrette rien. J’ai enfin ce diplôme qui va m’ouvrir des portes. J’aimerais me rendre utile, au sein du ministère, dans la lutte contre la criminalité environnementale”. Jean-François est enchanté de la formation. “L’équipe pédagogique est extraordinaire. On est soutenus et encouragés par les professeurs et la coordinatrice du projet. L’ambiance est moins scolaire mais les cours sont conséquents et les exigences sont bien là. Ce n’est vraiment pas évident de retourner sur les bancs de l’école mais j’ai beaucoup appris. C’est aussi très enrichissant car on rencontre des gens de tous milieux, de tous âges aussi”.

À 21 ans, Mostafa pourrait effectivement être le fils de Jean-François. D’origine afghane, il est arrivé en Belgique avec ses parents il y a moins de deux ans et demi, sans connaître un mot de français. Aujourd’hui sa maitrise de la langue est impressionnante. Tout comme sa réussite scolaire, à force de volonté et de travail acharné. “J’ai d’abord suivi six mois de formation intensive en français. Puis, comme mon diplôme de secondaire acquis en Iran n’était pas reconnu ici, j’ai été scolarisé en 3e professionnelle. Mais c’était trop facile. En 4e, j’ai fini 1er de classe. Cela ne pouvait pas continuer comme cela. D’autant que je veux être médecin. J’ai d’ailleurs choisi de parler de la maladie d’Alzheimer dans mon travail de fin d’année car ma grand-mère en était atteinte et ma mère s’en est beaucoup occupée. Je ne sais pas où j’exercerai plus tard mais ce sera pour me mettre au service des autres, ça c’est certain”.

Un projet personnel fort

Il y a autant d’histoires que d’étudiants. Mais les profils se ressemblent parmi ceux qui suivent la formation du CESS-Projet9, comme le fait remarquer David Lemaire, directeur de l’Espace enseignement Cardinal Mercier : “La plupart n’ont pas terminé leurs humanités pour des raisons familiales ou parce qu’ils ne se sentaient pas à leur place dans le dispositif classique. Il y a aussi des jeunes qui ont terminé leur scolarité dans leur pays d’origine mais doivent s’aligner sur notre niveau de formation avant de pouvoir poursuivre dans l’enseignement supérieur”.

Tous les étudiants ont aussi rempli deux conditions fondamentales – outre l’âge minimum de 21 ans - pour accéder à ce programme de formation : posséder un niveau de compétences suffisant et avoir un réel projet nécessitant l’obtention du CESS, qu’il s’agisse d’études supérieures ou de perspectives professionnelles. “L’étudiant doit réussir des tests en français, mathématiques et anglais qui correspondent au niveau de fin de 5e secondaire. Il doit aussi présenter un dossier de motivation, explique David Lemaire. C’est important de bien évaluer les chances de réussite du candidat. Il n’est pas question de tomber dans le piège du diplôme au rabais. Du reste, le taux d’échec avoisine les 50%”.

La formation est exigeante en effet. À tous points de vue: présence obligatoire au cours – les horaires sont calqués sur ceux de l’enseignement de plein exercice –, réalisation d’un stage, rédaction de travaux, étude régulière… et bien entendu, évaluations et examens. Cela étant – et c’est sans doute une des forces du programme, l’accent est mis sur le projet de chaque étudiant, avec un encadrement individualisé, dans une démarche pédagogique de réussite. Des remédiations sont organisées. Un suivi régulier est assuré, à la suite de conseils d’équipe. Et la réalisation d’un stage auprès d’un professionnel permet à l’étudiant de confronter son projet à la réalité, de se rendre compte des compétences nécessaires pour exercer sa future profession.

Par ailleurs, dans les cours comme dans les autres activités pédagogiques proposées, la philosophie du programme est d’offrir aux étudiants une ouverture sur de nombreuses disciplines et d’attiser leur regard sur le monde qui les entoure. Pour certains, ce sera la découverte d’auteurs classiques qu’ils n’auraient sans doute jamais lus, pour d’autres, le projet d’aller dorénavant au théâtre ou en bibliothèque. Pour d’autres encore, ce sera l’envie de suivre de plus près l’actualité, de lire un quotidien, voire de partir découvrir d’autres horizons. En somme, vivre et s’épanouir pleinement comme citoyen du monde…

//JOËLLE DELVAUX

>> CESS-Projet 9, 35 boulevard Lambermont à 1030 Schaerbeek • 02/240.73.92 • www.cess-projet9.be/

 D’autres voies ? 

À l’âge adulte, il est possible d’acquérir le Certificat d'enseignement secondaire supérieur par deux filières :

  • L'enseignement de promotion sociale(1): Les formations qui existent à l’heure actuelle (dont CESS-Projet9) sont organisées en cours du jour et durent deux ans avec possibilité de réduction à un an selon le niveau du candidat et les établissements. Ce sont les mêmes personnes qui enseignent et qui évaluent. Et c'est l'école de promotion sociale qui délivre le CESS.
    Par ailleurs, les étudiants détenteurs de certificats de qualification obtenus dans l’enseignement de plein exercice ou de promotion sociale peuvent suivre un complément de formation générale dont la durée varie de six mois à deux ans, (en journée et en soirée) et obtenir ainsi le CESS par capitalisation.

  • Le Jury de la Fédération Wallonie- Bruxelles (FRW)(2) : Il s’agit de passer des épreuves sur différentes matières devant un jury externe. Par définition, il s’agit d’une filière en autodidacte. Mais il est possible de s’y préparer au mieux via l'enseignement à distance de la FWB(3) ou via des écoles privées (souvent très coûteuses).

(1) Infos au SIEP au 04/220.24.00 ou sur www.siep.be

(2) Infos auprès de la FRW au 02/690.85.64 ou sur www.enseignement.be

(3) Infos auprès de la FRW au 02/690.82.82

Une offre de formation insuffisante

Le CESS-Projet 9 a été créé il y a cinq ans par les écoles de l’enseignement secondaire catholique de Bruxelles et du Brabant wallon. Objectif ? Offrir à des jeunes qui n’ont pu terminer l’enseignement ordinaire la possibilité d’obtenir leur CESS dans un autre dispositif.

Organisé au sein de l’enseignement de promotion sociale (et donc accessible à tous), ce programme est unique de par ce partenariat avec l’enseignement, secondaire. Unique aussi par sa durée limitée à une seule année scolaire (et non deux comme proposé dans d’autres établissements, notamment à Ixelles et Namur). Unique enfin par le projet pédagogique et l’ouverture à un certain humanisme qui caractérise ce programme.

Chaque année, nous devons refuser des candidats, par manque de places”, regrette David Lemaire qui invite les responsables politiques à prendre des mesures pour répondre à une demande croissante, tant à Bruxelles qu’en Wallonie où il n’existe pour ainsi dire aucune offre similaire. “Nous allons ouvrir, à la prochaine rentrée scolaire, une formation sur le même modèle à l’attention d’adultes qui souhaitent entrer à la Police mais ne possèdent pas le CESS pour accéder à la fonction d’inspecteur(1). Nous allons travailler en partenariat avec le Cefig qui préparera les candidats à la réussite des tests d’admission à la Police”.

Qu’elles mènent aux études ou à l’emploi, le constat est hélas le même : les formations de base sont totalement négligées dans les parcours d’insertion proposés aux adultes. Or, elles ouvrent de nombreux horizons aux personnes qui les suivent et leur permettent de rebondir. Ce n’est pas Ariane, Jean- François ni Mostafa qui diront le contraire…

//JD

(1) Une séance d’information est organisée pour les aspirants inspecteurs de police le mardi 9 septembre à 14 h, 35 boulevard Lambermont à 1030 Schaerbeek. Infos : 02/240.73.92.

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