Enfance
(21 janvier 2010)
Maisons vertes
Un monde sécurisant
pour les tout-petits et leurs parents
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les
Maisons vertes n’ont rien à voir avec l’écologie. Imaginées par Françoise
Dolto, elles sont des lieux d’accueil pour la petite enfance. Un endroit où,
dès la naissance, les familles avec enfants en bas-âge peuvent se rencontrer
dans une grande convivialité. Dans cet espace, le jeu, la découverte, la
discussion et l’écoute sont les maîtres-mots.
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© La Margelle/Maisons vertes |
La Margelle existe depuis un peu plus de 3 ans.
C’est la plus jeune Maison verte en région
bruxelloise.
Des petits
vélos, une dînette, une tente où se cacher…, voici le décor de la plupart
des Maisons vertes. Deux dames très souriantes sont de permanence, ce sont
les accueillantes formées en psychologie. Ici, pour une somme modique et
symbolique (3,50 euros au maximum par visite), parents et enfants de 0 à 3
ans, viennent pour jouer, se détendre, papoter avec d’autres… dans une
ambiance familiale et sécurisante.
Aujourd’hui, à
La Margelle, située à Ixelles, Chiara, Anouar et Julie, tous âgés de plus ou
moins un an se retrouvent avec leur maman ou papa. Tout le monde est le
bienvenu : on y parle français, arabe, italien, espagnol, néerlandais…
«Ce n’est pas une halte-garderie, précise Andrea, l’une des deux
accueillantes, le contrat est clair avec les parents et les enfants. Ils
restent ensemble dans La Margelle à tout moment de leur visite. Pas question
de laisser son petit bout pour aller faire une course ou même chercher
quelque chose oublié dans la voiture.» C’est une façon de procéder qui,
entre autres, permet à l’enfant de se préparer en douceur à la séparation
future (à l’école ou à la crèche) entre ses parents ou sa nounou et lui. Il
est dans un espace rassurant avec la personne qu’il connaît bien.
Une oreille toujours attentive
Les Maisons
vertes sont peu connues et pourtant, le concept n’est pas neuf ! 30 ans déjà
que ce genre de maisons pour la petite enfance existe. Imaginés en France,
par la célèbre psychanalyste et pédiatre Françoise Dolto, ces endroits
veulent donner aux tout-petits une place à part entière dans la société.
«Je ne connaissais pas ce concept, confie la maman de Julie, c’est
par le bouche à oreille que j’en ai pris connaissance.» L’expérience
ravit les personnes concernées. Aline s’est investie ici en tant
qu’accueillante par passion. «L’idée m’a séduite. Bruxelles, cette grande
ville, manquait d’un lieu pour jeunes parents, parfois isolés après la
naissance de leur bébé. Les gens étaient en demande d’un tel lieu.
Aujourd’hui, la fréquentation ne cesse de croître. Il y a les habitués ou
ceux qui ne viennent qu’une fois.» Etre parent, parfois, peut
déboussoler, effrayer. Surtout si celui-ci ne vit pas à proximité d’un
proche. C’est une fonction qui se construit au fur et à mesure. En Maison
verte, ces rencontres entre parents ou avec les accueillantes permettent de
rassurer les adultes dans leur rôle.
L’ambiance est
détendue et le sourire est sur toutes les lèvres. On discute de sa
progéniture, s’échange de bons conseils quant à l’éducation, parle aux
accueillantes de certains problèmes ou joies vécus avec leur enfant… «En
tant qu’accueillante, explique Andrea, nous sommes toujours là pour écouter
les parents et les enfants. Nous ne sommes pas dans un cadre thérapeutique.
C’est préventif. Il se peut qu’on parle de difficultés mais, aussi, des
aspects positifs de l’éducation. Cet endroit est autant rassurant pour les
parents que pour leurs enfants.» Ce n’est pas seulement un lieu de
détente pour les plus petits : les plus adultes aiment également se
retrouver entre eux, découvrir leur enfant dans un autre contexte que celui
de la maison, se poser et prendre du temps avec lui et les autres.
Apprendre à évoluer avec les autres
La Maison verte
est un endroit où l’on apprend à vivre en société : des règles, il faut en
poser dès le plus jeune âge. Elles permettent d’expliquer à l’enfant comment
grandir, entouré de sa famille et des autres. Une ligne rouge traversant la
Margelle délimite un espace de jeu pour les petites voitures. Au-delà, pas
question de rouler à toute vitesse avec ces engins. Il faut préserver la
tranquillité du royaume des bambins. Ils peuvent jouer sans danger dans ce
cadre structuré. «Ce n’est pas comme à la maison : ici, c’est conçu pour
les enfants. Chez nous, c’est un espace qui sert également aux adultes.
Donc, ma fille ne peut pas se balader partout», explique une maman.
L’expérience
séduit ceux qui fréquentent ces maisons. Un regret : peu de Maisons vertes
sont à dénombrer ! A Bruxelles, elles sont seulement six. Ce qui oblige
certains parents à faire parfois un long trajet pour les atteindre. Et en
Wallonie, quelques initiatives ont vu le jour sous le couvert de
l’Association wallonne des lieux inspirés de la Maison verte (AWLIMV).
// Virginie Tiberghien
Pour
plus d’infos : www.lesmaisonsvertes.be
(1) Les prénoms d’enfants utilisés dans cet article sont des prénoms
d’emprunt afin de conserver leur anonymat.
Venir incognito |
Passer du
temps dans les Maisons vertes est important pour certaines familles.
D’autant que l’anonymat est préservé à tout moment. Pas besoin
d’inscription ! «Quand on arrive, dit une maman, c’est le prénom de
l’enfant qu’on nous demande et qu’on écrit au tableau. Même entre
parents, nous ne connaissons pas nos prénoms et encore moins nos noms.»
Les accueillantes expliquent que c’est primordial de garder cette
discrétion pour que chacun se sente libre et à l’aise dans cet espace :
«Une page blanche est commencée à chaque visite. Nous ne faisons pas
un suivi thérapeutique avec un background de la famille. C’est ici que
parfois, on confie l’intime. Pour nous, professionnels, nous
construisons chaque jour quelque chose de différent, avec les personnes
présentes. On est dans l’instant !»
// VT |
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