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Des services pour accompagner les victimes

 

Cambriolage, agression physique, car-jacking, violence conjugale, … autant de situations traumatisantes dont sont victimes de nombreuses personnes, loin des affaires médiatisées comme celle de Dutroux. Des victimes “anonymes” qui peuvent bénéficier d’un accompagnement social et psychologique gratuit auprès des services d’aide aux victimes.

 

Madame C. a été menacée violemment par son ex-ami qui n’a jamais accepté la séparation. La police est intervenue et lui a proposé immédiatement la visite de la psychologue du bureau d’aide policière. Comme la dame semblait affolée et démunie, la psychologue de la police lui a demandé si elle était d’accord que le service d’aide aux victimes de sa région l’appelle. La dame a accepté. Deux jours plus tard, la psychologue du service d’aide aux victimes lui téléphonait pour prendre de ses nouvelles et lui demander si elle souhaitait une rencontre. Au cours de l’entretien, Madame C. se posait beaucoup de questions sur sa sécurité, sur les mesures qui allaient être prises et dans quels délais. Elle craignait pour sa vie et prenait au sérieux les menaces de mort que son ex-conjoint faisait peser sur elle. Il continuait d’ailleurs à la harceler au travail.

Pour mettre fin au climat de psychose dans lequel vivait cette femme, il était nécessaire de faire cesser le harcèlement. Le service d’aide aux victimes est dès lors intervenu auprès du service d’accueil du Parquet afin que le magistrat soit sensibilisé à la situation de cette personne. Celui-ci a pris des décisions rapides et efficaces qui, conjuguées aux efforts du policier pour agir le plus rapidement possible, ont permis de mettre fin à l’acharnement du monsieur. Parallèlement, Madame C a continué à voir la psychologue du service parce qu’elle voulait retrouver un peu de confiance en elle. Elle souhaitait réfléchir à sa relation avec son ex-ami et se reconstruire…

Voici décrite une situation parmi d’autres que peuvent rencontrer les services d’aide aux victimes. Ces services sont organisés dans chaque arrondissement judiciaire (1). Ils proposent aux victimes d’infractions et à leurs proches une aide sociale et psychologique gratuite et confidentielle au sein d’une équipe pluridisciplinaire professionnelle. Ils accompagnent les victimes qui sollicitent leur aide tout au long de leurs démarches vis-à-vis de la police, du pouvoir judiciaire, des sociétés d’assurance ou du tribunal. Indépendants de la police et de la justice, ils peuvent aussi assister les victimes dans le cadre de la procédure devant la Commission pour l’aide financière aux victimes d’actes intentionnels de violence et en cas d’audition par une Commission de libération conditionnelle. Si nécessaire, ils les orientent vers d’autres services d’aide spécialisés ou des structures de soins médico-psychiatriques.

“Nous prenons en charge les victimes, sur simple demande, même lorsqu’aucune plainte n’a été déposée à la police”, explique Mme Bureau, coordinatrice du service d’aide aux victimes de Mons. “Il peut s’agir de personnes victimes de coups et blessures, d’un viol, de harcèlement sexuel ou moral, d’un acte de vandalisme, d’un car-jacking, d’un cambriolage, d’un vol ou d’une autre infraction pénale. De manière générale, les victimes sont souvent désorientées et très inquiètes en constatant les bouleversements engendrés par l’agression. Certaines se questionnent beaucoup. D’autres ont peur. Pour beaucoup d’entre elles, c’est aussi la première fois qu’elles sont confrontées à la réalité de l’intervention de la police ou du Parquet”.

 

L’aide psychologique, souvent indispensable

Lorsqu’une personne a subi un traumatisme, il est important qu’elle puisse être soutenue psychologiquement le plus vite possible afin d’éviter un vécu post-traumatique. Dans les faits, lorsqu’ils sont appelés sur les lieux d’une agression, les policiers décident d’ailleurs de plus en plus souvent de faire appel au service d’assistance policière aux victimes, relevant de leur zone. Quand la situation semble difficile d’un point de vue psychologique (des personnes prises de panique, effondrées…) ou quand le nombre de victimes est important (lors d’un hold-up par exemple), l’intervention d’un psychologue, d’un criminologue ou d’un travailleur social est très souvent bénéfique pour les victimes. Elle permet aux personnes d’exprimer leurs émotions, d’effectuer un désancrage géographique (quitter l’endroit de l’agression) et de les ramener à la réalité en leur donnant des tâches simples à effectuer (téléphoner par exemple). Ces interventions au moment des faits sont complémentaires aux interventions policières et médicales éventuelles.

Ce n’est que quelques jours plus tard, alors que les victimes commenceront à sortir de la phase aiguë que les services d’aide aux victimes peuvent s’avérer utiles.

 

Victimisation secondaire

“La personne qui a été victime d’une violence vit généralement dans son être profond le manque de dignité”, précise Jacques Roisin, psychologue au service d’aides aux victimes de Charleroi et auteur d’un article sur le traumatisme psychique paru dans l’ouvrage collectif “Procès Dutroux: penser l’émotion” publié par la Communauté française tout récemment. “Brutalement, la victime perd ses illusions quant à la nature humaine, ce qui provoque chez elle une grande souffrance. Elle ne croit plus aux autres, se retranche du monde. Notre rôle est d’éveiller ou de réveiller sa vigilance par rapport au respect de la dignité humaine. Si elle a besoin de refaire le récit de la situation traumatique, elle le peut. Il s’agit en tout cas de nommer avec elle l’expérience de déshumanisation qu’a constitué l’agression. Nous devons reconnaître le caractère outrageant de l’événement, nommer ce qui est inadmissible et attester de la réalité. Il est important de bien accueillir la personne et de ne pas la dénier car nous devons lui rendre confiance dans la nature humaine”.

En fait, beaucoup de victimes sont haineuses par rapport à leur agresseur mais aussi à l’égard des personnes qui ne les ont pas aidées, soutenues ou crues tout simplement. Telle cette femme violée dont le récit a été mis en doute par le policier qui a entendu sa déposition, ou cette petite fille qui n’a pas reçu le soutien de sa mère quand elle a dénoncé les abus sexuels dont elle a été victime de la part de son beau-père. C’est ce qu’on appelle la victimisation secondaire. Outre les conséquences de l’événement criminel proprement dit, la personne ne se sent pas reconnue en tant que victime (notamment par les instances) et cette situation engendre le sentiment d’être victime une deuxième fois.

“Dans notre accompagnement psychologique, nous avons à mettre au travail les envies de représailles barbares des victimes pour les transformer en énergies positives”, précise encore Jacques Roisin. “On est là pour aider les personnes à se reconstruire, mobiliser leurs ressources et leur désir de vivre. Le pire est l’anéantissement, l’attitude mortifère. Prenons le cas d’une famille qui a subi un cambriolage à la maison. Les parents doivent parler avec leurs enfants de ce qui est arrivé et leur montrer qu’ils agissent concrètement pour éviter des vols à l’avenir. S’ils restent dans la paralysie et se terrent, ils vont renforcer les angoisses de leurs enfants qui n’arriveront donc pas à surmonter le traumatisme. Nos services sont là pour aider les victimes et leurs proches à se remettre dans une dynamique de vie. S’enfermer, se replier sur soi, c’est prendre le risque de devoir recourir plus tard à des services de psychiatrie”, conclut-il.

Joëlle Delvaux

 

(1) Pour connaître le service d’aide aux victimes de votre arrondissement judiciaire ou obtenir gratuitement le dépliant présentant les services, il suffit de téléphoner au n° vert de la Région wallonne: 0800-11901. A Bruxelles, deux services existent. Pour Bruxelles I: 02/534.66.66. Pour Bruxelles II: 02/537.66.10.

 

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