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Les Energy drinks, un coup de fouet miracle?

Le mois passé, en pleine période d'examens, les étudiants se sont vus offrir à Louvain-la-Neuve des canettes de Red Bull et une petite brochure les invitant à remplir leur frigo de cette boisson miracle “stimulant le corps et l'esprit”. En réalité, on y trouve surtout beaucoup de caféine… et de marketing. 
Bien sûr, on pourrait en rire tellement le message est «gros» : une aide scolaire portable, un aide-mémoire vraiment utile, une boisson qui stimule la matière grise, un partenaire d'entraînement sportif qui tient ses promesses, une manière efficace d'en finir avec la fatigue, un ami à portée de main capable de redonner de l'énergie… Comble de la provocation ou du ridicule, Red Bull propose à l'étudiant «un petit plus pour améliorer ses capacités, la mémoire humaine ayant ses limites : «note sur l'anti-sèche jointe tout ce que tu ne peux pas oublier, retire la bande autocollante et colle-la sous la canette que tu emporteras à l'examen»! Red Bull prendrait-il les jeunes pour des imbéciles ?

Il n'empêche. Pour plusieurs associations de jeunesse et de promotion de la santé (1), comme pour les autorités de l'UCL, cette opération de marketing de Red Bull est en tout cas la goutte qui fait déborder la canette!

 

«Nous nous insurgeons contre ce message qui banalise la consommation massive et excessive de substances excitantes et balance des allégations santé sans fondement», précise Florence Vanderstichelen, directrice d'Univers Santé, asbl active à l'UCL dans la prévention santé. «Cela va à l'encontre de toutes les bonnes pratiques nécessaires pour mener un bon blocus ou simplement une vie en bonne santé. Nous ne disons pas qu'il faut complètement bannir les boissons énergisantes. Mais quoi qu'en dise Red Bull, il n'y a pas d'intelligence en canette. Il ne faut pas non plus minimiser le risque de dépendance physique et psychologique et les risques cardio-vasculaires de ces boissons très riches en caféine. En réalité, la caféine masque les symptômes de fatigue mais ne la supprime pas. Rien ne vaut un sommeil réparateur qui permet d'assimiler la matière, et une bonne détente en faisant du sport ou un repas entre amis pour diminuer le stress».

 

Dans sa brochure, Red Bull explique que ses affirmations sont prouvées scientifiquement par une série d'études internationales. Le CRIOC a examiné lesdites études et ses conclusions sont sans appel : «Ces études ont toutes été menées sur un groupe très limité de personnes, et même dans certains cas, très ciblé (des sportifs accomplis). Les conclusions sont souvent hâtives et basées sur des références scientifiques douteuses, surtout lorsqu'il est question d'état de bien-être meilleur chez les consommateurs de boissons énergisantes», assure Rob Renaert, expert au CRIOC. «On peut en déduire que les effets réels du Red Bull sont imputables à la caféine et non à la combinaison miraculeuse des ingrédients, comme le prétend la firme. Tant qu'à faire, boire une tasse de café est moins cher que de s'en laisser conter par les ailes de Red Bull»!

 

Du marketing trompeur

Les associations déjà citées et l'UCL dénoncent également le marketing agressif et trompeur pratiqué par Red Bull auprès des jeunes (2). Un marketing qui s'inscrit en outre dans la valorisation d'une culture de la performance à tout prix. «Je suis scandalisé de voir comment cette firme se sert des étudiants pour s'introduire dans toutes sortes de manifestations et surtout créer des événements, prétextes à la diffusion de ses produits», s'insurge Xavier Renders, Vice-Recteur de l'UCL. «Récemment, nous avons été abusés par un étudiant qui nous a demandé l'autorisation d'accéder à des locaux de l'université pour organiser un concours d'avions en papier. Nous avions donné notre accord à cette sympathique initiative jusqu'au moment où nous avons appris que celle-ci était orchestrée par Red Bull. On n'est donc plus dans du sponsoring d'évènements mais dans un marché de dupes».

 

Cet exemple n'est pas isolé. Sur les sites universitaires, à l'entrée des auditoires des Hautes écoles et jusque dans les kots, des canettes de Red Bull préalablement ouvertes pour être consommées immédiatement sont régulièrement distribuées aux jeunes… par des jeunes engagés par la firme. Et ceci, pour ne citer que la cible estudiantine, Red Bull ayant déjà pénétré depuis longtemps les discothèques et autres temples de la danse et de la nuit (le Vodka-Red Bull y fait fureur) et parrainant massivement des sports extrêmes. Il suffit de se rendre sur le site belge de Red Bull pour comprendre la stratégie utilisée. Dans la rubrique offres d'emploi, à côté d'une photo étonnante d'une jeune fille distribuant une canette à une policière en voiture (sic), la firme propose aux étudiants de « décoller dans leurs études sans bûcher » (sic) en devenant « student brand manager ». Leur job ? Implanter le marketing mix dans la vie estudiantine et chercher de nouvelles idées créatives pour approcher les étudiants. Une fonction qui exige bien entendu d'être bien intégré dans le monde étudiant. Sans commentaires…

 

Joëlle Delvaux

 

(1) Univers Santé, Education Santé, Infor-Drogues, Question Santé, Jeunesse et Santé, Service d'aide aux étudiants et CRIOC ont réagi dans un communiqué de presse commun. Rens. : Univers Santé : 010/47.33.74. www.univers-sante.ucl.ac.be 

(2) Red Bull est le leader des Energy drinks sur le marché mondial, ébranlant même sérieusement la puissance de la Coca-Cola Company. Red Bull consacre plus de 30% de son chiffre d'affaires au marketing, investissant peu dans les outils de publicité traditionnels.

 

 

Un mélange loin d'être inoffensif

 

Les boissons énergisantes contiennent de la caféine, de l'eau gazéifiée, quelques vitamines du groupe B et d'autres substances en fonction du produit, généralement de la taurine, de la glucuronolactone et du guarana...

 

Connue pour son effet stimulant, la caféine constitue l'ingrédient le plus efficace (le seul ?) des Energy drinks par sa teneur élevée : 80 mg dans une canette de 25 ml (soit 320 mg au litre), pour la plupart des produits. En comparaison, le coca-cola fait pâle figure avec ses 120 mg au litre, et même, dans une moindre mesure, le café dont le taux de caféine est très variable (de 105 à 340 mg de caféine au litre). A titre d'exemple, l'expresso, le café le plus serré, comporte 50 mg de caféine.

En réalité, la quantité de caféine ne peut pas toujours être décelée avec exactitude dans les Energy drinks car elles contiennent souvent aussi du guarana, contenant lui-même de la caféine. Ce qui est sûr par contre, c'est que la caféine est d'autant plus rapidement assimilée qu'elle est concentrée et consommée dans une boisson froide.

Dans le corps, la caféine entre en concurrence avec l'adrénosine, neurotransmetteur qui régule surtout le sommeil. Cela explique la difficulté de trouver le sommeil après avoir bu quelques tasses de café, et le manque de sommeil profond réellement réparateur. La caféine stimulant également la production d'adrénaline et de dopamine, sa consommation peut provoquer surtout de la nervosité, liée à des problèmes cardiaques. Des tremblements, coliques, palpitations, nausées, irritabilité et anxiété peuvent apparaître en cas de surdosage.

 

Acide aminé produit naturellement par le corps humain, la taurine est reconstituée artificiellement et présente en grande quantité dans les boissons énergisantes. On l'a identifiée comme étant une substance interférant avec le fonctionnement des neurones. Mais les effets concrets de la taurine sur l'organisme restent peu clairs de même que les conséquences de son absorption massive sur le système nerveux. Les données expérimentales toxicologiques réalisées par l'Agence française pour la sécurité alimentaire des aliments apportent cependant des éléments de suspicion d'effets neuro-comportementaux indésirables. Sous forme d'additif alimentaire, celle-ci est d'ailleurs interdite dans bon nombres de pays.

 

La D-glucoronolactone est une substance que l'on trouve dans le corps et qui intervient dans la métabolisation des toxines. Il s'agit d'une sorte de sucre concentré qui est moins bien absorbé par l'organisme que le glucose ou le fructose. Aucune information scientifique ne permet de dire que la dose élevée contenue dans ces boissons est sans danger.

 

D'autres substances sont parfois associées dans les Energy drinks telles que le Ginseng, le Guarana (une forme naturelle de caféine), le Kava kava… Pour la majorité des produits, on ne connaît pas les effets d'une consommation en grande quantité ni en association avec de l'alcool ou de la drogue.

 

A quand une réglementation ?

Malgré la pression d'un secteur en pleine expansion, plusieurs pays (la France, la Norvège et le Danemark) maintiennent l'interdiction de la vente des boissons énergisantes en vertu du principe de précaution tandis que d'autres, comme le Canada et l'Australie, encadrent ces produits d'une réglementation spécifique. En Belgique, ces boissons sont considérées comme de simples boissons rafraîchissantes ! Quand nos autorités politiques prendront-elles leurs responsabilités pour mieux les réglementer ?

 

Quelques conseils

En raison d'un taux élevé de caféine contenu dans les boissons énergisantes, il est conseillé d'en limiter fortement la consommation. En Europe, la limite de consommation maximale préconisée est fixée à 300 mg par jour (200 mg en France), toutes boissons confondues (café, coca, thé, energy drinks). Mais la sensibilité à la caféine variant très fortement d'un individu à l'autre, des effets indésirables (palpitations, anxiété…) peuvent apparaître bien en deçà de ces doses.

• Il ne faut en aucun cas donner des boissons énergisantes aux enfants et adolescents.

• Contrairement à l'image que les marques veulent donner en associant leurs produits à des sports de l'extrême, les boissons énergisantes ne sont pas adaptées aux sportifs en raison du taux de caféine trop élevé (à un certain niveau, celui-ci est considéré comme produit dopant) et du risque élevé de déshydratation, ces boissons ne contenant pas suffisamment d'eau (l'eau gazéifiée n'est d'ailleurs pas non plus conseillée aux sportifs). Ces boissons ne doivent pas être confondues avec les boissons énergétiques qui servent à lutter contre la déshydratation due à un effort physique intense et à apporter de l'énergie sous forme de sucres.

• Les boissons énergisantes ne sont pas désaltérantes et nécessitent de s'hydrater en buvant de l'eau.

• Il est déconseillé d'absorber des boissons énergisantes avec de l'alcool, des médicaments ou de la drogue. Outre les effets délétères de ces substances, ces associations peuvent être très dangereuses car les effets de ces produits se potentialisent.

 

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