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Consommation - Environnement (5 décembre 2013)

Un label qui prend racine

© REPORTERS

Labellisée “RSPO”, une huile de palme alternative trouve de plus en plus place dans les étals belges. Mais des critiques lui sont adressées. Un débat salutaire, puisqu’il ne peut qu’aiguiser notre vigilance de consommateur.

Plus qu’un an dormir, et le consommateur saura – enfin – ce qu’il a dans son assiette. Le 13 décembre 2014, en effet, entrera en vigueur une nouvelle législation européenne qui, entre autres, bannira des étiquettes les mentions vagues comme “contient des huiles végétales”. A cette date, on saura donc si l’on consomme de l’huile de palme, de tournesol, de colza, de noix, etc. Une bonne nouvelle pour la transparence, l’huile de palme n’étant ni recommandée pour la santé ni favorable à l’environnement, particulièrement en Asie du Sud Est, où sa culture favorise la déforestation et les émissions de CO2.

Une association comme le World wide fund for nature (WWF) n’a pas attendu cette date pour promouvoir l’huile de palme certifiée. Il s’agit d’une huile dont la production respecte des critères environnementaux et sociaux, parmi lesquels le respect des droits fonciers des populations locales. Son nom? L’huile CSPO (ou RSPO, en référence au label concerné : Roundtable for Sustainable Palm Oil). Il y a quelques semaines, l’ONG internationale est montée d’un cran dans ses efforts de promotion de cette huile “propre”, en publiant son classement des acteurs – bons et mauvais élèves – de la filière. Etonnant : on y découvre, par exemple, qu’un géant de la distribution bien connu chez nous, généralement porté sur les produits “verts”, est à l’heure actuelle en queue de classement. A l’inverse, une célèbre enseigne, réputée pour sa pâte à tartiner hyper grasse et chocolatée, figure parmi les plus méritants(1).

Une autre voie

Certes, qu’elle soit certifiée CSPO ou pas, l’huile de palme n’est pas un cadeau pour nos artères. A cause de sa forte teneur en acides gras saturés, elle favorise les maladies cardiovasculaires. Elle intervient dans la préparation d’aliments aussi peu recommandés que les chips, les viennoiseries, les biscuits, les mayonnaises, les crèmes glacées, les huiles de friture, les pâtes chocolatées, etc. Mais le label a au moins le mérite d’offrir une alternative concrète au consommateur qui entend orienter positivement sa citoyenneté, dans un monde chamboulé par les défis environnementaux et sociétaux.

De là à se ruer aveuglément sur l’huile de palme estampillée CSPO, il y a un pas. Le WWF, qui a initié cette certification il y a dix ans, reconnaît lui-même que ce label n’est pas un label “bisounours”. Entendez : producteurs, transformateurs et distributeurs d’huile ont tout loisir de respecter un peu, moyennement ou fortement les 8 principes et 39 critères du label, avec le risque que le consommateur n’y voie que du feu. Par exemple, des entreprises qui veulent en faire le moins possible – sinon verdir leur image – peuvent se contenter d’acheter des certificats. Ceux-ci leur donneront le droit de prétendre qu’elles “contribuent à la production d’huile de palme durable”, alors que leur produit ne contient rien d’autre qu’une huile de palme conventionnelle. A l’inverse, d’autres entreprises promeuvent ou organisent elles-mêmes des chaînes de production 100% “propres” et indépendantes. Or, elles bénéficient de la même mention RSPO que les premières…

Imposture ?

Que faire ? Bouder le RSPO? Des ONG plus radicales que le WWF, comme les Amis de la terre, l’ont taxé d’“imposture durable”. Une critique virulente, basée sur le fait que ce label n’empêche ni la déforestation, ni les émissions de gaz à effet de serre, ni le recours à des pesticides sur les monocultures. De plus, des abus dans l’utilisation du label RSPO ont été prouvés. Au WWF, on précise qu’il vaut mieux agir “par l’intérieur du système” et progressivement (le RSPO est un gros paquebot, réunissant planteurs locaux, entreprises multinationales, banques, ONG…), qu’attendre un hypothétique grand soir où les amateurs de gourmandises du monde entier boycotteraient massivement l’huile de palme. Il faut dire que les critères du RSPO ont été quelque peu renforcés au printemps dernier.

Compliqué? Ce n’est pas tout. De récentes études scientifiques ont nuancé les inconvénients pour la santé des graisses animales, faisant un peu tomber de leur piédestal les huiles végétales de substitution. Certes, l’acide palmitique, abondant dans l’huile de palme, a des effets délétères pour le système cardiovasculaire. Mais, comme pour le riz et le sucre, l’huile de palme non raffinée (rare dans nos étals) pourrait être intéressante, à faible dose, en matière de micronutriments.

Manger moins gras, quelle que soit la matière concernée, reste en tout cas un premier pas vers une consommation plus raisonnable et équilibrée. Tant pour soi que pour la planète. Ensuite, seulement, se pose la question – nécessaire – du label.

//PHILIPPE LAMOTTE

(1) Consulter "Palm Oil Buyers Scorecard - Measuring the Progress of Palm Oil Buyers" (fichier PDF). A lire, aussi, le dossier n°3 du Grappe - 010/84.00.95.


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