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Consommation (18 octobre 2012)

Énergie : dormeurs, réveillez-vous !

© Reporters/Design Pics

Avec l’éclosion des deux premiers achats groupés à l’échelle nationale (Test-Achats et Greenpeace/Ligue des familles), le marché énergétique est à nouveau en pleine ébullition. C’est le moment de faire de bonnes affaires. A condition de rester vigilant…

On les appelle les consommateurs dormants. Un terme pudibond pour cacher ce qu’ils sont: les dindons de la farce de la libéralisation. Ceux qui n’ont pas changé de fournisseur de gaz ou d’électricité depuis 2007 (en Wallonie et à Bruxelles) ou 2003 (en Flandre). Ceux-là n’ont pas “bougé”, ne signant un contrat ni avec leur fournisseur d’avant la libéralisation ni avec un nouveau fournisseur. Dans un cas comme dans l’autre, ils auraient pu, au prix de quelques démarches devenues très simples aujourd’hui, épargner plusieurs centaines d’euros par an. Combien sont-ils? Les chiffres donnés par la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) sont édifiants: 10% des ménages en Flandre, mais 25% en Wallonie et 30% à Bruxelles! Un bémol, tout de suite : les gens qui disposent du tarif social ne sont pas concernés. Mais tout de même… Un fameux “gisement” d’économies reste inexploité par les particuliers. Interpellant, en temps de crise.

Pas de pénalité

Depuis quelques semaines, le secteur est en pleine fébrilité. D’abord, parce que les tarifs du gaz et de l’électricité sont gelés, normalement, jusqu’à la fin 2012. Ensuite, parce qu’il est désormais possible de passer d’un fournisseur à l’autre sans indemnité de rupture, pour autant qu’on respecte un préavis d’un mois. Cette disposition, voulue par le gouvernement fédéral, rend les glissements plus faciles qu’autrefois. Enfin, troisième évolution notoire: l’organisation de consommateurs Test-Achats d’une part, et la Ligue des familles/ Greenpeace (associés pour l’occasion) d’autre part(1), proposent, chacun de son côté, un achat groupé. La philosophie du système est simple : l’union fait la force. Les consommateurs se regroupent et, plus forts, négocient des conditions plus intéressantes avec les fournisseurs : une sorte d’enchère à l’envers(2). Une révolution? Oui et non. La Flandre est coutumière de ces achats groupés, souvent lancés à l’instigation de mandataires provinciaux socialistes. Le dernier en date vient de se clôturer à Anvers: 140.000 participants, excusez du peu…

Concurrence accrue

Mais l’initiative des trois associations précitées est, elle, nationale. Et ça marche? Et comment! A la date du 12 octobre, 138000 personnes se sont montrées intéressées par l’initiative de Test-Achats, et 8 500 par celle de Greenpeace/Ligue des familles. Cela ne signifie pas forcément que tous ces candidats jugeront l’affaire suffisamment bonne pour signer un nouveau contrat. Il y aura des “pertes” en chemin (lire l’article ci-contre). Mais, au moins, le climat est propice à une plus forte concurrence entre les fournisseurs, dans un pays (la Belgique) caractérisé par des prix généralement supérieurs à ceux pratiqués dans les pays voisins. “Le secteur se professionnalise, et c’est tant mieux, estime-t-on chez Proénergie, courtier en énergie et pionnier du secteur. Pour le consommateur, rien n’est pire, financièrement, que de rester dormant ou de signer aveuglément auprès des démarcheurs qui viennent frapper à leur porte.

// PHILIPPE LAMOTTE

(1) Consulter www.reduisezvotrefacture.be et www.switch-to-green.be

(2) Ne pas confondre l’achat groupé avec le groupement d’achat, comme Power4you (lancé en 2007). Dans ce dernier cas, un opérateur négocie un tarif avantageux avec un fournisseur unique, puis s’adresse à un maximum de clients potentiels.

Aubaine ou miroir aux alouettes ?

Une formule d’achat groupé n’est pas l’autre. Chacune a sa propre sensibilité. Pour le consommateur, mais aussi pour la société, le recours à ce genre de formule n’est pas sans conséquences. Un consommateur averti en vaut deux.

• Les initiatives de Test-Achats et de Greenpeace/Ligue des familles sont alléchantes, puisqu’elles annoncent des réductions de facture de plusieurs centaines d’euros annuels par ménage, et jusqu’à 600 ou 700 euros. Mais on ignore encore tout des remises qui seront proposées par les fournisseurs. A ce stade, on peut juste constater que lesdites associations ont mené une remarquable opération de renforcement de leur notoriété. A la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (la Creg, “gendarme” du secteur), on applaudit à ce genre d’initiatives : “elles rassurent les consommateurs les plus hésitants”. Mais on insiste : une fois les remises connues, il restera intéressant de comparer celles-ci aux tarifs individualisés obtenus via les simulateurs(1) et, surtout, via le recours à des courtiers en énergie indépendants. Ceux-ci parviennent parfois à grappiller 1 ou 2 pourcents de réduction supplémentaire chez un fournisseur. La Creg recommande également la prudence lorsque le contrat arrivera à échéance. “Il n’est pas improbable que le fournisseur tente, à ce moment, de récupérer sa remise en augmentant sensiblement les prix”, explique son porte-parole.

• Greenpeace/Ligue des familles accordent une nette préférence aux fournisseurs “verts d’origine”. Cela signifie que les deux associations dénoncent les formules d’énergie soi-disant vertes, promues à coups de slogans un peu creux (“100 % vert”, “green”, etc.) masquant souvent des stratégies d’investissement privilégiant le pétrole et le nucléaire. Elles ont donc établi une sorte de bulletin de durabilité environnementale ne retenant que les élèves ayant récolté plus de 12/20. Dans ce sens, la mise en concurrence ne sera que partielle. Mais le même constat peut être fait “à l’envers” chez Tests-achats. Sa proposition a en effet obtenu un tel succès quantitatif que certains fournisseurs aux épaules trop étroites seront rapidement exclus de la négociation. Piquant : Test-achats, qui abandonne ici toute préoccupation “verte”, était jusqu’à présent associée à… Greenpeace.

• Les deux achats groupés en cours ont la particularité de reposer sur des inscriptions en ligne. De facto, cela risque d’exclure des publics plus précaires. Dans le climat de crise actuel(2), l’initiative d’achat groupé d’énergie lancée tout récemment à Seraing mérite le détour. En effet, il est possible de s’y inscrire en ligne mais aussi via un coupon-réponse “papier”. De plus, des séances d’information destinées à cibler les publics plus fragiles sont organisées à plusieurs endroits de la commune.

• Greenpeace/Ligue des familles comme Test-achats ne s’en cachent pas : parmi tous les clients potentiels déjà inscrits, un nombre non négligeable ne signera par le contrat proposé. Tout simplement parce que leur profil de consommation (par exemple les grands consommateurs et/ou les associations) rendra les tarifs proposés peu attractifs pour eux. Les trois associations promettent de fournir à ces “déçus” une autre offre tarifaire, plus adaptée à leurs besoins. Mais ce travail individualisé, titanesque, pourra-t-il être effectué valablement ?

• Enfin, des observateurs craignent que face à l’afflux de cette clientèle nouvelle, les fournisseurs retenus exercent une pression importante sur leur personnel. Il pourrait y avoir des impacts sur le service après-vente au client en termes d’accessibilité des centres téléphoniques, d’intégration des relevés de compteurs dans les factures, de lisibilité de celles-ci, etc. Une facette “qualité” souvent négligée par le consommateur obnubilé par le seul facteur “prix”.

// PHL

(1) En Wallonie : www.cwape.be; à Bruxelles : www.brugel.be. Aussi : www.monenergie.be

(2) En Wallonie, le nombre de bénéficiaires de tarifs sociaux pour le gaz et l’électricité a crû de 20 % entre 2010 et 2011. Les défauts de paiement, eux, ont augmenté en trois ans de 24,5 % pour l’électricité et de 36,5 % pour le gaz.

 


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