Bouger (17
septembre 2009)
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sport?
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En
approfondissant la réflexion avec Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef de
Zatopek et de Sport et Vie, on constate autant de carences que de richesses
en matière de sport dans notre pays.
En
Marche: On a pu voir que les Africains de l’Est sont spécialisés dans la
course de fond et de demi-fond (lire ci-contre). Et en Belgique, a-t-on
aussi un sport de prédilection?
Gilles Goetghebuer:
La spécificité de la Belgique se situe plutôt dans la possibilité de
s’essayer à un très grand nombre de sports. Nous avons la chance incroyable
d’avoir de nombreuses infrastructures sportives, mais, malheureusement, nous
en avons peu conscience. Que l’on soit enfant ou adulte, il nous est
possible de faire des sports aussi diversifiés que du tir à l’arc, de la
natation, du badminton, du canoë-kayak, de l’escalade, du volley-ball, du
cyclisme… et cela, en général, pas trop loin de son domicile, de son école
ou de son travail. Les infrastructures, les clubs, les fédérations existent
pour une palette incroyable de sports très différents. Mais, si la
population n’en profite pas ou trop peu, cette richesse risque de
disparaître.
En
Marche: Nous avons quand même quelques champions en athlétisme comme les
frères Borlée, Kim Gevaert, Tia Hellebaut, ou en tennis avec Kim Clijsters
et Justine Hénin…
Gilles Goetghebuer:
C’est vrai! Franchement pour un petit pays comme le nôtre on ne se
débrouille pas si mal. Nous avons beaucoup de grands champions dans de
nombreuses disciplines. Nos résultats sont même parfois tout à fait
exceptionnels comme en tennis, où la n°1 et la n° 2 mondiales étaient
Belges!
Mais la valeur sportive
d’un pays ne se mesure pas seulement à son nombre de champions. Elle se
mesure aussi dans la pratique sportive de la population. Le pire exemple est
celui de l’Allemagne de l’Est au temps de la guerre froide: les athlètes
raflaient toutes les médailles mais la population faisait très peu de sport.
Les Pays-bas, les
nations scandinaves, l’Allemagne, l’Australie… sont des pays réputés pour
leur grande pratique sportive. Ce sont des pays où les enfants font beaucoup
de sport parce qu’il n’y a pas école l’après-midi. Chez nous, le manque de
culture sportive est assez criant.
En
Marche: Pourquoi nos enfants font-ils si peu de sport?
Gilles Goetghebuer:
Je pense que notre système scolaire est en cause. En Belgique, un enfant
peut facilement faire toute sa scolarité sans s’essouffler une seule fois!
Le sport chez nous est clairement un parent pauvre. Les enfants ont deux
heures de sport par semaine en primaire et deux à trois en secondaire, qui
plus est rarement d’affilée. Et encore! Quand ils ont une heure… le temps de
s’habiller, se déshabiller… il leur reste 20 minutes de sport.
Et pourtant, de
nombreuses études ont démontré que les performances intellectuelles des
enfants sont bien meilleures lorsqu’ils font du sport. Leurs capacités de
mémorisation s’en trouvent aussi améliorées.
En
Marche: Si la majorité ne fait pas assez de sport, certains enfants font
«trop de sport». L’aspect compétition poussé à l’excès dans certains sports
peut amener certains parents à pousser leur enfant à réaliser des
performances, à exiger d’eux des entraînements démesurés.
Gilles Goetghebuer:
Effectivement on ne peut pas nier le phénomène… Mais cela reste marginal. Ce
problème se pose surtout pour les enfants très doués dans une discipline.
Très vite, ils risquent d’être repérés par le club, de bénéficier d’un
entraînement plus poussé, on va leur proposer de s’inscrire dans un centre
sport/études… On leur fait miroiter monts et merveilles, ils sont portés par
toute la famille comme le nouveau Zidane et on oublie de les prévenir que
seul 1 sur 50 arrivera par exemple à rejoindre la division 1 en football.
Il ne faut cependant pas
stigmatiser la compétition pour autant. Dans la définition même du sport, il
y a l’idée de compétition. En tennis par exemple, faire des balles ou jouer
un match n’apporte pas le même plaisir. Les fédérations sont conscientes des
enjeux et ont mis en place une série de limites qui permettent d’éviter la “championite”.
En foot, avant 12 ans, les fédérations organisent des matchs sans plus tenir
compte d’un classement général. En cyclisme, on ne peut pas utiliser de gros
braquets avant un certain âge… Le nombre de compétitions aussi est limité.
La compétition n’est pas
le seul moteur du sport. La majorité des entraîneurs sont conscients du rôle
social qu’ils jouent en permettant à tous d’être actifs. Les exigences
sportives sont aussi éducatives: être à l’heure à l’entraînement, avoir une
tenue correcte, respecter les règles du jeu, les arbitres et les
entraîneurs…
En
Marche: L’inscription à un club est assez onéreuse et pas toujours
accessible pour les familles. Y a-t-il moyen de faire du sport en dehors des
clubs?
Gilles Goetghebuer:
En été, il y a les roller-parade à Bruxelles. Dans d’autres villes, on peut
s’inscrire en famille à des marches Adeps, participer à des balades
cyclotouristes le week-end, louer de temps en temps à plusieurs un terrain
de badminton, faire son jogging dans les parcs… Les possibilités de bouger
et de se dépenser ne manquent pas en Belgique!
Propos
recueillis
par
Françoise Robert
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