Maladie chronique (6 novembre 2008)
Prévenir et traiter les affections
chroniques respiratoires
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO en abrégé) regroupe
toutes les maladies pulmonaires occasionnées par un rétrécissement chronique
des voies respiratoires. De telles affections sont de plus en plus
fréquentes en raison de la progression du tabagisme et de la pollution
atmosphérique. En Europe, elles représentent la troisième cause de
mortalité, après le cancer et les maladies cardiovasculaires.
La
bronchopneumopathie chronique obstructive se caractérise par une gêne au
passage de l’air, entraînant une expiration lente et pénible. La sténose des
voies respiratoires est irréversible et progresse généralement. La BPCO
s’accompagne souvent d’une inflammation chronique des poumons en réaction à
des substances nocives ou à des gaz.
La bronchite
chronique, la bronchiolite et l’emphysème pulmonaire font partie du groupe
des BPCO. Récemment encore, ces affections, auxquelles s’ajoutait l’asthme,
étaient dénommées CARA: affections respiratoires chroniques aspécifiques.
Mais depuis que l’on sait que l’asthme se distingue à de nombreux égards de
ces maladies pulmonaires, la répartition a été revue. Le terme CARA a été
radié et scindé en asthme d’une part, et BPCO d’autre part.
Le tabac, ennemi numéro 1
Si l’hérédité
joue un rôle dans le développement des BPCO, elle n’est cependant pas le
facteur de risque prépondérant. D’autres facteurs prédominent en effet dans
l’apparition de l’affection. Le responsable numéro 1 est et reste
incontestablement le tabac: il est en effet responsable de 85% des cas de
BPCO! Tant le tabagisme en soi que le tabagisme passif sont nocifs pour tout
individu qui présente une prédisposition héréditaire aux BPCO.
Saviez-vous
d’ailleurs que les doses de substances polluantes dans un local où se trouve
un fumeur sont considérablement plus élevées que celles présentes dans un
environ urbain pollué?
A côté du
tabac, il existe encore d’autres facteurs de risque comme, notamment, la
pollution atmosphérique, l’hypersensibilité à certaines substances (par
exemple les acariens et les pollens…), les infections, l’exposition
professionnelle à des substances irritantes et un développement pulmonaire
diminué.
Respiration difficile
Une toux
matinale modérée, dite “toux du fumeur”, peut être un symptôme précoce. Une
respiration sifflante, rauque ou ronflante à l’expiration, l’expectoration
de glaires, une sensation d’affaiblissement et une perte de poids peuvent
également annoncer une BPCO.
Néanmoins, au
cours de l’évolution de l’affection, l’essoufflement est le principal
symptôme. Ceci est surtout gênant lors de l’accomplissement d’efforts au
départ et, à terme, dans les activités de tous les jours. Dans les cas
graves, la BPCO complique même l’ingestion d’aliments et peut aller jusqu’à
la suffocation, complication très fréquente et souvent mortelle.
Par ailleurs,
les voies respiratoires des patients BPCO étant hypersensibles, le moindre
agent irritant peut aggraver l’affection et entraîner une crise. Si la cause
précise de celle-ci n’est pas toujours identifiée, elle résulte souvent de
la pollution
atmosphérique, d’une infection ou d’un contact avec la fumée de cigarette
(par exemple en pénétrant dans un local enfumé).
Les périodes
durant lesquelles l’affection s’aggrave ne doivent pas être sous-estimées:
elles conduisent temporairement à un traitement plus intensif, voire à une
hospitalisation. Une fois la crise passée et la situation stabilisée, on
constate que l’état du patient a de nouveau quelque peu régressé.
Maladies sournoises
L’expression
BPCO regroupe, on l’a dit, toutes les maladies pulmonaires occasionnées par
une sténose chronique irréversible des voies respiratoires. Ces affections
constituent un problème largement sous-estimé: pour chaque patient BPCO
connu, il y en a trois environ qui s’ignorent… Le diagnostic est dès lors
souvent posé trop tard, avec de lourdes conséquences possibles.
Etant donné
leur caractère insidieux, les affections BPCO sont vraiment redoutables. Au
départ, en effet, les fumeurs ne s’inquiètent pas des symptômes tels que
toux, expectoration et essoufflement. Ils considèrent ces signes comme des
phénomènes logiques, résultat “normal” de leur tabagisme. Ce n’est qu’après
l’âge de 40 ans, alors que la dégradation de la fonction pulmonaire
généralement en cours depuis des années se manifeste plus clairement, que
les patients s’inquiètent et consultent. Pour ne pas en arriver à ce stade,
il est donc conseillé de voir son médecin dès l’apparition des premiers
symptômes.
Saines habitudes
Il est
indispensable d’arrêter de fumer pour stopper l’évolution de la BPCO. Un
pari bien difficile à relever pour de nombreux patients. Aussi, un
accompagnement est souvent nécessaire, le médecin généraliste étant la
personne la plus indiquée pour coordonner le sevrage tabagique. Les fumeurs
ne doivent toutefois pas se bercer d’illusions: arrêter de fumer ne permet
pas de récupérer la fonction pulmonaire perdue, mais contribue seulement à
en éviter une plus grande dégradation.
De même, des
habitudes alimentaires saines et la pratique régulière d’exercice physique
sont des habitudes indispensables pour les patients BPCO. Ainsi, l’exercice
réduit non seulement le risque d’invalidité, mais permet également de lutter
contre l’angoisse et les périodes dépressives. La prudence est toutefois de
mise lorsque la concentration d’ozone dans l’atmosphère dépasse la cote
d’alerte, périodes durant lesquelles les patients ont intérêt à rester au
calme et ne faire aucun effort physique.
Pas de traitement, mais la prévention!
A l’heure
actuelle, il n’existe aucun traitement pour guérir les BPCO. Les médicaments
ne permettent que de contrôler les symptômes, diminuer le nombre de crises
et leur violence et améliorer la capacité d’effort et la santé du patient.
Il est par
ailleurs conseillé d’éviter les calmants car ils peuvent perturber les
mécanismes respiratoires.
Pour
conserver une autonomie et une qualité de vie maximales, la rééducation
respiratoire est recommandée. Outre la kinésithérapie respiratoire,
l’ergothérapie, l’entraînement à l’effort et musculaire, des conseils
diététiques et un accompagnement psychosocial sont généralement proposés.
Une oxygénothérapie peut se révéler nécessaire dans les formes sévères
d’insuffisance pulmonaire.
Et pour
terminer, quelques mots sur l’aspect préventif. Puisqu’il n’existe aucun
traitement, il est donc essentiel de prévenir les affections pulmonaires.
Ceci peut être fait en prenant quelques précautions : ne pas fumer, éviter
les locaux enfumés et poser des grilles d’aération sur les fenêtres, par
exemple. Mais les pouvoirs publics ont également leur part de responsabilité
en matière de prévention: nous songeons non seulement à la promulgation de
mesures pour lutter contre la pollution atmosphérique, mais également au
recours à tous les moyens possibles pour décourager le tabagisme et
encourager le sevrage tabagique. En outre, même si l’interdiction de fumer
est de mise dans les lieux publics, les lieux de travail et les restaurants,
il reste encore des lieux en Belgique où le tabagisme passif n’est toujours
pas combattu, comme les bars et les discothèques. Les non-fumeurs ont en
effet aussi le droit d’être protégés.
Dr Michael Callens
Des médicaments à prescrire
selon les recommandations scientifiques
A partir du 1er novembre prochain, les médecins devront
respecter les recommandations scientifiques internationales lors de la
prescription des médicaments remboursés pour le traitement de l’asthme et la
BPCO. Mais cette obligation est couplée à une simplification de la procédure
de remboursement.
Depuis plusieurs années, l’INAMI
s’est engagé auprès des médecins à diminuer et simplifier le volet
administratif de leur pratique médicale, tout en étant très attentif à
promouvoir la qualité de la médecine et à garantir aux patients un
traitement conforme aux recommandations scientifiques.
Dans cette
optique, dès le 1er novembre prochain, la prescription des
médicaments contre l’asthme et la BPCO va connaître des modifications.
Celles-ci sont le résultat de concertations avec les acteurs du terrain dont
la Mutualité chrétienne.
Concrètement,
quels sont ces changements?
► Le médecin prescripteur est tenu de respecter
les recommandations émises par la Commission de remboursement des
médicaments (CRM) de l’INAMI, sur base des recommandations scientifiques
internationales (1).
Pour la BPCO,
à chaque stade de la maladie, correspond un schéma de traitement. Pour
l’asthme, le traitement est divisé en étapes, à gravir ou à descendre en
fonction du niveau de contrôle de la maladie.
► Le médecin ne doit plus demander l’accord
préalable du médecin-conseils ou mentionner sur la prescription
“tiers-payant applicable” pour que le médicament soit remboursé
(2), ce qui constitue une simplification administrative importante.
► Afin d’étayer le diagnostic et de pouvoir
établir à tout moment le traitement le plus adéquat, le patient sera
éventuellement évalué sur le plan respiratoire par un examen technique.
Pour l’asthme, il s’agit de la spirométrie ou de la débitmétrie de pointe,
et pour la BPCO, la spirométrie (3). La spirométrie est un
examen simple, rapide et totalement indolore qui mesure directement les
changements de volume des poumons et le débit aérien.
► Le comportement de prescription de chaque
médecin peut être évalué a posteriori pour vérifier si celui-ci est conforme
aux recommandations de la CRM. Si l’on constate un écart manifeste lors de
l’évaluation, une phase de monitoring peut être lancée durant laquelle le
médecin doit prouver la conformité de sa prescription par rapport aux
recommandations dans au moins 80% de ses prescriptions.
JD
(1) Publiées au Moniteur Belge du 15 octobre 2008. Elles
sont consultables sur
www.inami.fgov.be.
Le traitement des exacerbations (poussées aiguës) ne fait pas partie des
recommandations.
(2) Cela découle du transfert de tous les médicaments pour
le traitement de l’asthme et de la BPCO qui étaient remboursés via ce qu’on
appelle le chapitre IV, vers le chapitre II dans lequel est demandé un
respect des recommandations de la Commission de remboursement des
médicaments de l’INAMI. Ce respect est soumis à un contrôle a posteriori.
(3) Lire “Comprendre les actes techniques: la spirométrie”
dans En Marche du 18 mars 2004 –
www.enmarche.be - Surfez aussi sur
www.spirometrie.be
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