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La sage-femme
à l’écoute de la grossesse et de la naissance
  (2001)

Le 5 mai est la journée mondiale des sages-femmes. L’occasion rêvée de faire plus ample connaissance avec celles qui accompagnent la naissance d’un enfant. Rencontres.

“Travailler en maternité, c’est vraiment ce que je rêvais de faire”, lance Maguy qui travaille depuis 11 ans dans un hôpital bruxellois. “J’aime particulièrement le travail en équipe. Mais ce sont les relations avec les mamans et les bébés qui nous donnent surtout beaucoup de satisfactions”.

Nelly, Catherine, Aline et Christine partagent les impressions exprimées par leur collègue. Toutes sont accoucheuses. Ou plutôt sages-femmes. Car le terme officiel d’accoucheuse utilisé en Belgique francophone sera très bientôt remplacé par celui de sage-femme, à la grande satisfaction de celles qui défendent la profession. “Le terme d’accoucheuse fait trop référence à l’accouchement alors que nous accompagnons la naissance, depuis la conception de l’enfant jusqu’aux premiers mois de sa vie”, explique Annick de Beaulieu, sage-femme et membre active de l’Union professionnelle des accoucheuses belges (qui va dès lors bientôt changer de nom!) (1).

Le métier de sage-femme est méconnu du grand public et cependant, en pleine expansion. La grande majorité exercent en milieu hospitalier (où elles sont loin d’utiliser toutes leurs compétences, comme on le lira plus loin) mais quantité s’installent comme indépendantes pour exercer leur art sous toutes ses facettes. Leur nombre ne cesse de croître. L’existence, depuis 1993, d’une formation spécifique de 4 ans, sanctionnée par un diplôme “euro-compatible” n’y est pas étrangère. Avant cela en effet, la formation d’accoucheuse passait au préalable par celle d’infirmière. D’où l’assimilation fréquente de la sage-femme à une infirmière. Mais la sage-femme exerce une partie de l’art de guérir; elle a de ce fait une autonomie beaucoup plus grande.

Madeleine, sage-femme indépendante explique en quoi consiste son métier: “Nos compétences nous permettent de suivre les grossesses normales, de diagnostiquer les grossesses à risque et de détecter les problèmes et complications. Nous pouvons aussi procéder à l’accouchement eutocique (ou normal) sous notre propre responsabilité (réaliser l’épisiotomie, la suturer) et faire les soins du nouveau-né. Nous pouvons assurer le suivi postnatal avec tous les aspects physiques, psychiques, affectifs que cela comporte. Nous sommes en quelque sorte les spécialistes de la naissance harmonieuse”.

“On a médicalisé un acte avant tout physiologique”, observe Annick. “8 grossesses et accouchements sur 10 se passent normalement et peuvent donc être suivis par la sage-femme, en collaboration avec le médecin qui, de toute façon, peut prendre le relais en cas de grossesse à risques et de complications”.

Un accompagnement global

“Les femmes demandent et aiment être suivies par une même personne durant la période qui entoure la naissance de leur enfant; une personne qui les suive médicalement bien sûr mais qui puisse aussi répondre à leurs questionnements, écouter leurs peurs et angoisses, les conseiller, les préparer à l’arrivée de bébé et parler avec elles des mille et une choses qui les intéressent ou les interpellent comme l’allaitement, la péridurale, la dépression post-partum, les relations sexuelles, le contact avec bébé in utero“, affirme Bénédicte, sage-femme indépendante.

Durant la grossesse, la sage-femme surveille le bon déroulement de celle-ci et aide les futurs parents à préparer l’accouchement et l’accueil de leur bébé. Ces consultations prénatales peuvent s’effectuer en privé - avec une sage-femme indépendante - ou dans les hôpitaux qui les organisent. “Bien souvent, la préparation à l’accouchement est assurée dans les hôpitaux par des kinésithérapeutes qui apprennent aux femmes les techniques de poussées et de respiration, les informent sur l’accouchement, les familiarisent avec les infrastructures de la maternité”, explique Bénédicte qui enchaîne: “Les sages-femmes salariées assurent généralement très peu le suivi prénatal à l’hôpital parce qu’elles sont trop peu nombreuses et surchargées par toutes les tâches qu’elles doivent assumer en maternité. Pourtant leur solide formation les y prépare”.

Nelly, sage-femme dans un hôpital bruxellois confirme: “Nous assurons la préparation à l’accouchement uniquement pour les femmes hospitalisées dont on surveille la grossesse à risques. On voudrait bien prendre en charge des consultations mais c’est impossible sans personnel supplémentaire. Si au moins, on nous déchargeait de la masse de tâches administratives! En fait, nous accueillons les futures mamans, les aidons lors du travail et en salle d’accouchement”.

Catherine, sa collègue, renchérit: “Nous sommes les assistantes du gynécologue. Par exemple, nous ne réalisons pas nous-mêmes les accouchements comme cela se fait dans d’autres hôpitaux (2). Les enjeux sont bien sûrs financiers (les honoraires des médecins rapportent aux médecins et à l’hôpital) mais aussi symboliques (aux yeux de certains médecins, leur prestige serait atteint)”. Aline continue, moins grave: “Après l’accouchement, nous assurons les soins de la maman et du bébé. Nous donnons des conseils concernant la mise au sein, le change, le bain. On répond à leurs questions… Mais on a de moins en moins de temps pour tout cela, ce qui est très frustrant. En plus, les séjours en maternité raccourcissent et beaucoup de mamans retournent chez elles avec leurs inquiétudes et incertitudes.”

Très peu de mamans sont au courant qu’elles ont accès à un service de sages-femmes indépendantes (cfr Pages Jaunes) qui peuvent venir passer du temps près d’elles à la maison pour un problème d’allaitement, un soucis vis-à-vis du bébé, une douleur d’épisiotomie... Pourtant, ces prestations sont remoboursées par l’INAMI. Une ouverture de la profession qui permet un retour précoce à la maison en bénéficiant de professionnel(le)s qui poursuivront l’accompagnement réalisé à l’hôpital.

Un bel avenir

“L’INAMI a compris l’importance de l’accompagnement de la grossesse et notre rôle préventif, explique Annick. D’ailleurs, les prestations des sages-femmes sont entièrement remboursées, sauf la préparation individuelle et collective à l’accouchement qui l’est partiellement“(3). Bénédicte poursuit sur le même ton: “Les futurs parents sont en demande d’un accompagnement plus global de la naissance et les directions d’hôpitaux commencent à s’en rendre compte. Je crois que la valorisation de notre métier est en route”.

Joëlle Delvaux

(3 mai 2001)

(1) UPAB - 203 rue de Baume - 7100 Haine-St-Paul - Tél.: 064/22.36.83. Il existe aussi une autre association professionnelle: l’Association francophone des accoucheuses catholiques (AFAC) - Rue Lemercier, 78 - 5002 St Servais. On peut obtenir les coordonnées de sages-femmes auprès de ces deux associations.

 

(2) Les cliniques Baron Lambert et St Elisabeth (Uccle) ouvrent aussi leur bloc technique aux sages-femmes indépendantes. Des pourparlers sont en cours à la clinique César de Paepe.

 

(3) La grande majorité des sages-femmes indépendantes sont conventionnées. Leurs honoraires sont entièrement remboursés. Pour la préparation à l’accouchement (séances individuelles et collectives), les sages-femmes peuvent fixer librement leurs honoraires afin de tenir compte des formations spécifiques suivies et approches proposées (haptonomie, chant prénatal, yoga, sophrologie…).

 

A l’hôpital, a domicile ou à la maison de naissance

“Non à la pensée unique”, lance Annick, sage-femme indépendante. “La pratique la plus fréquente est d’accoucher à l’hôpital avec son gynécologue mais elle n’est pas la seule possible. Notre rôle est de donner aux parents la possibilité de faire les choix qui leur conviennent le mieux : où accoucher, avec qui, comment?”

Madeleine, une de ses consoeurs, précise: “On peut aussi accoucher à l’hôpital avec la sage-femme qui a suivi la grossesse (ce n’est pas possible partout) ou accoucher chez soi, accompagnée de la sage-femme… Il est aussi possible d’accoucher dans une Maison de Naissance encadrée par des sages-femmes, qui offre aux femmes une alternative sécurisante pour accoucher de manière naturelle sans anesthésie ni médecin, quand, bien entendu, la femme et le bébé sont en bonne santé, la grossesse normale et que le travail se met en route spontanément, à terme”(1).

Bénédicte, sage-femme indépendante elle aussi, complète : “Les femmes peuvent aussi choisir d’être en travail chez elles sous la surveillance d’une sage-femme et se rendre à l’hôpital pour accoucher. Cela sécurise le couple qui peut ainsi vivre pleinement chez lui les heures qui précèdent la naissance du bébé. Cela permet aussi à la maman de faire ce qu’elle désire: prendre un bain, rester dans son lit, manger… Cette surveillance est entièrement prise en charge par l’INAMI”.

Les sages-femmes sont là pour informer les futurs parents de ce qui existe et les aider à réfléchir sur ce qu’ils souhaitent. Tout en leur disant bien qu’aucun choix n’est figé mais peut être revu au cours de la grossesse et en fonction des évènements. Comme le dit très bien Annick, il s’agit de rendre les parents acteurs de l’accouchement et compétents par rapport à la naissance. “On ne s’approprie pas leur aventure de la naissance. On les aide à la préparer puis, après l’accouchement, à vivre pleinement le bonheur familial”. Laissons Madeleine conclure par ces mots: “Nous, sages-femmes, voulons ramener de la tendresse, du temps de parole et d’écoute autour de la naissance, en respectant le rythme de la vie”.

J.D.

(3 mai 2001)

(1) Il existe actuellement deux Maisons de Naissance, une en Flandre à Rhode-Ste-Agathe (tél.: 016/47.17.32 - bollebuik@woodstone.nu et une en Wallonie à 7100 Haine-St-Paul, rue de Baume, 203 - Tél.: 064/22.36.83.