Ce que les Belges disent de leur santé
Certains ont titré
“La
piètre santé des Belges”, “23% des Belges s'estiment en mauvaise santé”,
d’autres ont retenu :
“77%
des Belges se disent en bonne santé”.
C’est un peu l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein, selon le
point de vue que l’on adopte. A la source de ces constats, une enquête menée
par l’Institut scientifique de santé publique (ISP).
Comme en 1997, 2001 et 2004, des milliers de Belges (de plus
de 15 ans) ont été interviewés sur leur santé.
Il s’agit de sonder la perception qu’ils en ont, la manière dont ils
l’évaluent subjectivement.
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Philippe Turpin/Belpress |
D’après
l’Institut,
“elle reflète assez bien l’impact des plaintes et des
maladies dont souffre la personne interrogée. Elle est aussi étroitement
liée avec la mortalité, les limitations fonctionnelles et la consommation de
soins”.
Utiliser le mode de l'enquête auprès des premiers concernés
pour mesurer la santé – physique, émotionnelle et sociale - serait tout à
fait pertinent et amènerait de quoi guider les politiques de santé, aider à
gouverner…
L’intérêt réside
aussi dans la répétition de l’exercice mené à grande échelle. Avec une
enquête menée tous les quatre ans, les évolutions pointent leur nez au
travers des chiffres, avec des éléments stables et des changements. Une
trame de fond marque les résultats : le
“pourcentage de personnes satisfaites de leur état de santé est resté assez
stable”.
Il y aurait même une petite amélioration, si l’on prend en compte le
vieillissement de la population. Par ailleurs, au fil de ces récoltes
d’avis, certaines problématiques s’atténuent tandis que d’autres
apparaissent.
Moins de
fatigue chronique,
plus
d'arthrose
Ainsi, en termes
de maladies chroniques (affection ou handicap de longue durée), sont
davantage évoqués l’hypertension artérielle, le diabète, l'arthrose, les
troubles thyroïdiens, la cataracte, le cancer, les maux du bas du dos ou de
l'ostéoporose. Par contre, d’autres problèmes chroniques semblent s'être
atténués: la céphalée sévère comme la migraine, la fatigue chronique, les
problèmes d'intestin ou pulmonaires. Mais le nombre de personnes qui disent
souffrir d’une affection dont elles ne voient pas le terme augmente (27% sur
l’ensemble des personnes interrogées – 60% des personnes de 75 ans et plus).
Les résultats de
l'enquête s'attardent également sur la douleur chronique. Les auteurs de la
recherche indiquent l’importance de prendre en compte la douleur physique.
Elle est déterminante dans le bien-être général.
“Les gens
doivent être davantage sensibilisés au fait qu’il est nécessaire d’alléger
et de vaincre la douleur”.
A bon entendeur.
Mal-être au
taux constant
Quant au
sentiment de mal-être, gagne-t-il du terrain ? L’enquête interroge le
bien-être et tend à montrer qu’en quatre ans, la situation demeure inchangée
en Région wallonne (29% formulent un mal-être psychologique), tandis que les
personnes qui disent faire face à des difficultés psychologiques augmentent
en Région bruxelloise (34%). La consommation de médicaments psychotropes et
de somnifères est en augmentation. Le constat n'est pas neuf. De longue date
déjà, la Mutualité chrétienne a attiré l'attention sur cette tendance à la
surconsommation.
Fragilité
accrue
“En général, le Belge ne se porte pas si mal (…) Les gens peu
qualifiés sont cependant moins satisfaits de leur santé et mentionnent
généralement davantage de problèmes de santé (aussi bien physiques que
psychiques)”,
voilà ce qu'indiquait le département Recherche et développement de la
Mutualité chrétienne en synthèse de l'enquête de santé 2004. Le constat
semble toujours valable, quatre ans plus tard. Peu de problématiques (état
dentaire, troubles émotionnels, difficultés à réaliser des activités de base
comme marcher, monter les escaliers…) épargnent les personnes
socio-économiquement défavorisées. Les soucis de santé auraient d'ailleurs
tendance à les atteindre davantage.
Ainsi les
recommandations de l'époque valent toujours:
“prendre
des mesures de correction des inégalités sociales”, “mieux cibler vers les
gens moins qualifiés les efforts de promotion de la santé”.
Les
signaux semblent clairs. Quant à l'action, reste à ses effets préventifs à
montrer leur efficacité…
// Catherine Daloze
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Plus d'infos:
www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index4.htm
La surcharge pondérale pèse toujours plus |
Le rapport indique que le Belge est en moyenne trop
gros. Presque la moitié de la population adulte présente une
surcharge pondérale (54 % des hommes et 40 % des femmes). Une
tendance qui ne date pas d'hier. Depuis 1997 – et la première
enquête de ce type -, le nombre de personnes en surpoids croît
linéairement.
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Ce qui est encore plus alarmant, aux yeux des
enquêteurs, c’est que 18 % des jeunes âgés de 2 à 17 ans souffrent
de surpoids. Dans le groupe d'âge entre 5 et 9 ans, il s’agit même
de 22 % des enfants. C'est un problème très important puisque cet
état chez les enfants risque d'influer sur l'avenir et présage
“l’épidémie” de surpoids que l'on redoute. |