La santé publique
(17 décembre 2009)
Choisir son
assiette
pour
que tout
le monde soit à la fête
Alors
que les attentions se focalisent sur le Sommet de Copenhague, les rayonnages
de nos grands magasins se remplissent de denrées aussi riches que variées.
C’est que les fêtes de fin d’année approchent… En décembre, de copieux repas
se préparent. Cela peut être l’occasion d’aider, à notre échelle, à
préserver la planète.
Réchauffement
climatique et pollution, grogne des producteurs de lait et émeutes de la
faim, crise financière puis économique, disettes et obésité : le monde va
mal et l’on se demande quel remède lui administrer. Pour le Mouvement
ouvrier chrétien (MOC), il est urgent d’inventer un autre modèle, une autre
façon de vivre ensemble. Avec les organisations qui le constituent, il entre
en campagne et propose de commencer par notre alimentation.
Des menus réfléchis
La façon de composer nos
repas de fin d’année peut avoir des conséquences, parfois lourdes, sur
l’environnement. Par exemple, si nous préparons, en entrée, un velouté
d’asperges vertes aux langoustines, il y a de fortes chances que les légumes
viennent du Pérou par avion (10.500 km) et les fruits de mer, décortiqués et
congelés, par bateau depuis l’Indonésie (14.000 km). En revanche, si nous
proposons une soupe de lentilles agrémentée de poireaux, navets et panais,
nous utilisons des produits locaux et de saison, à la saveur originale.
Même raisonnement pour
le plat principal : le boeuf ou la biche peuvent provenir de
Nouvelle-Zélande (18.700 km) ou d’Argentine (11.300 km), les haricots verts
sont généralement importés du Kenya, pour ne citer que ces exemples.
Ainsi, le «bilan CO2»
d’un repas festif pour huit personnes peut afficher une distance totale
parcourue par les produits de 209.000 kilomètres, plus de cinq tours du
monde, avec les émissions de 41,3 kg de dioxyde de carbone, l’équivalent de
15 litres de pétrole, pour moins de six kilogrammes de nourriture(1)!
Alors qu’un repas équivalent peut être très peu polluant s’il privilégie les
circuits courts et en favorise les productions locales. C’est une question
de choix!
Acheter au Sud peut l’affaiblir
On pourra bien sûr
répondre qu’acheter des produits des pays du Sud contribue à leur
développement. Ce n’est pas aussi simple. D’une part, la production
d’aliments d’exportation ne profite que très peu aux populations locales.
D’autre part, la spécialisation d’un pays dans un seul produit le rend
extrêmement vulnérable aux variations des prix.
L’exemple du haricot
kényan est parlant: de 2003 à 2006, son prix a chuté de 48%. Il a donc fallu
doubler les exportations pour assurer un bénéfice inchangé aux producteurs
locaux. Mais, pendant ce temps, le prix de la barquette de 400 grammes de
ces haricots est resté inchangé pour le consommateur européen... La
similitude avec l’évolution des prix du lait pour le producteur belge (en
forte baisse) et pour le consommateur (prix inchangé) interpelle.
De plus, la culture du
haricot d’exportation nécessite beaucoup d’eau alors que les cultures
vivrières (pour la population locale) périssent sous la sécheresse. En
octobre 2009, dans l’indifférence quasi-totale, on estimait que 23 millions
de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire d’urgence en Afrique
orientale, dont près de 4 millions au Kenya.
Quand on sait que les
haricots sont acheminés par avion, le moyen de transport le plus polluant,
et que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses en
Afrique est due au réchauffement climatique, on peut se demander si tout
ceci est bien durable...
CIEP-MOC
avec
Pierre Ozer
(1) Ozer P. et Perrin D., Noël en famille ou 15 litres de
pétrole, 2007.
Plus
d’infos sur
la campagne du CIEP “Que la course au profit expire pour que la planète
respire” et les différents enjeux :
www.ciep.be , onglet “campagne”.
Dessins © Julien Tromeur/Fotolia
La
pression sur les assiettes ?
Qu’elles
soient
“saines”
"L’alimentation
est notre première médecine», aurait affirmé Hippocrate. Aujourd’hui encore, le lien
entre cuisine et santé n’est pas démenti, il est même très étroit. Selon la
formule en vogue, «5 portions de fruits et légumes par jour» associés à zéro
cigarette et vingt minutes d’activités physiques seraient gage de meilleure
santé.
Les messages de
promotion de la santé se sont multipliés. Quel bambin ignorera la pyramide
alimentaire? Elle orne les murs de la plupart des classes, réinterprétée
graphiquement à l’envi. Quel citoyen informé n’aura pas entendu parler de la
malbouffe comme d’un danger pour la santé? Quel magasin ne proposera pas ces
aliments spécialement orientés «santé» ? Les alicaments (mot-valise de
aliment et médicament) ou nutricaments (mot-valise de nutriment et
médicament) sont en vogue, du yaourt «es transit» au jus de fruits enrichi
au calcium. Et de considérer qu’il est du devoir de chacun d’adopter les
bons comportements alimentaires, sans quoi il sera tenu responsable des
conséquences sur sa santé.
Ça vous inspire? |
►
Lisez-vous les
étiquettes des denrées alimentaires que vous achetez ? Si oui, à quoi
êtes-vous attentif?
►
Connaissez-vous
des initiatives d’achat de denrées alimentaires qui respectent la planète et
les gens qui y vivent ?
Le CIEP (Centre
d’information et d’éducation populaire du MOC) récolte vos réponses, vos
avis via son site : www.ciep.be , onglet
“campagne” ou par voie postale : CIEP, chaussée de Haecht 579 à 1031
Bruxelles.
|
Est-ce pourtant si
simple ? Assurément non, quand on constate que la surcharge pondérale
concerne approximativement un Belge sur trois, l’obésité un sur six. Dans
les rayonnages des magasins, c’est l’abondance. Les observateurs parlent de
suralimentation pour nos pays occidentaux. Au menu : du pratique, du pas
cher, du consommable dans l’immédiat. L’heure est à la rapidité, au préparé.
Et la structure des prix des denrées alimentaires apparaît comme plutôt
défavorable à l’équilibre. Les produits gras et sucrés apportent des
calories à bon marché. Il y a lieu de s’interroger alors plus avant sur les
stratégies de l’industrie agroalimentaire et ses techniques de manipulation
sur nos modes de vie.
CD
Bons plans
Quelques conseils pour
concilier plaisir, santé et environnement sans vider son portefeuille.
►
Cuisinez
vous-même au lieu d’acheter des produits préparés.
►
Evitez de faire
vos courses le ventre vide et préparez votre liste d’achats à effectuer afin
d’éviter les «petites folies» inutiles.
►
Observez les
promotions proposées par le magasin, tout en restant vigilant aux produits
en tête de rayon, qui ne sont pas toujours de bonnes affaires. Comparez les
prix au kilo.
►
Achetez et/ou
cuisinez en groupe. Généralement, les achats en plus gros volumes sont
avantageux.
►
Lisez les
étiquettes car mieux vaut parfois payer un peu plus pour manger mieux et
préserver sa santé.
►
Choisissez les
fruits et légumes frais de saison (voir le calendrier sur
www.crioc.be ) : ils sont généralement
moins chers que lorsqu’ils sont importés ou cultivés artificiellement. Vous
pouvez aussi surgeler les produits de saison pour en disposer quand bon vous
semble.
►
Utilisez les
restes dans les préparations suivantes et profitez-en pour créer de nouveaux
plats.
►
Diversifiez votre alimentation, variez les sources de protéines viandes,
poissons... Ne négligez pas les volailles et les abats, moins chers tout en étant d’excellentes sources de protéines.
Côté poisson, les surgelés ou les conserves restent une alternative
avantageuse afin de bénéficier de leurs bienfaits nutritionnels.
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