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Santé publique (18 septembre 2014)


Acariens : si petits, mais si incommodants

© EUREKA

Minuscules êtres à huit pattes, les acariens n'adorent rien tant que se blottir dans nos lits, fauteuils, tapis et autres doudous. Chez certaines personnes, ils peuvent créer des allergies bien embarrassantes, s'ils ne sont pas délogés manu militari. Pour en venir à bout, il existe dorénavant des outils bien plus efficaces qu'autrefois.

Si invisibles soient-ils, les acariens ont mauvaise réputation. S'ils ne piquent ni ne mordent, ils ont la fâcheuse habitude de se rapprocher de l'homme et d'adorer sa proximité, particulièrement les literies. C'est là, dans cet environnement douillet fait de chaleur et d'humidité (nous perdons en moyenne un demi-litre d'eau par nuit via la respiration et la transpiration), qu'ils se reproduisent à foison et qu'ils abandonnent leurs excréments et leurs exuvies (les débris de mue). Fines et légères, ces particules pénètrent dans les poumons et peuvent provoquer des réactions allergiques à divers degrés chez les personnes dites "hypersensibles".

Dans un pays comme la Belgique, celles-ci se comptent par centaines de milliers. Ce nombre ne cesse d'augmenter du fait que nos logis sont de mieux en mieux isolés et que nous avons tendance à oublier les réflexes de base que devraient être la ventilation et l'aération quotidiennes. Ces gestes sont d'autant plus indispensables que nous avons adopté, ces dernières décennies, des comportements hygiéniques (douches ou bains réguliers) favorisant le taux d'humidité dans l'habitat.

D'autres formes de confort ont également pour effet d'attirer les acariens, ceux-ci adorant les fauteuils et les moquettes, particulièrement ceux où ils peuvent se régaler de nos déchets de nourriture. Contrairement à ce que l'on pense souvent, les acariens ne se réfugient pas dans les tentures (ils détestent la lumière) mais il suffit de s'asseoir dans un divan ou de remuer la poussière d'une pièce pour propulser leurs particules allergisantes jus que dans ce genre de tissus, où elles déploient alors leur potentiel de nuisance.

Les symptômes d'une allergie aux acariens sont de ceux qui empoisonnent le quotidien. Typiquement: le nez qui coule, les yeux qui piquent ou qui brûlent. Ces manifestations peuvent entamer la qualité du sommeil, diminuer les capacités de concentration et, particulièrement chez les enfants, troubler les apprentissages.

Toutefois, outre certains symptômes dermatologiques (eczéma), l'évolution la plus préoccupante reste l'asthme, caractérisé par l'obstruction et l'inflammation des voies respiratoires. Dans les pays industrialisés comme le nôtre, les acariens sont responsables d'environ 75% des allergies respiratoires :une paille !

Vouloir s'en débarrasser complètement est vain. L'ennemi est trop nombreux, trop petit, trop incrusté à nos habitudes. Il est heureusement possible de maintenir sa présence en-dessous du seuil déclencheur d'allergies et, ainsi, de faire disparaître l'ensemble des signes cliniques incommodants. Fastidieuse, cette lutte anti-acariens a longtemps souffert d'effets indirects fâcheux (comme le recours à des pesticides), mais de nouveaux outils sont apparus récemment. De quoi soulager sensiblement le quotidien des personnes allergiques.

> La désensibilisation est un traitement médical qui consiste à administrer, sous contrôle médical, des doses progressivement croissantes d'allergènes. L'allergologue pousse ainsi l'organisme à augmenter son seuil de tolérance aux acariens. Ce traitement de 400 à 500 euros s'étale sur trois ans mais ses premiers effets se font sentir assez tôt. Il consiste essentiellement à prendre des gouttes par voie orale. "À part une efficacité un peu moindre chez les patients de plus de cinquante ans, la désensibilisation donne généralement d'excellents résultats, commente le docteur Monique Fontaine, pneumo-allergologue. Elle permet également de réduire le risque de développer de l'asthme ou de nouvelles allergies. Personnellement, je la pratique toutefois assez peu en raison de son coût pour le patient, et parce que l'éviction des acariens don ne de très bons résultats, à condition d'être bien expliquée aux patients".

> L'éviction consiste à mettre en place un maximum de conditions préventives défavorables aux petits arthropodes et ensuite, d'une façon curative, à nettoyer leurs débris et déjections. Aérer régulièrement les logis reste une attitude de base. Toutefois, dans nos climats tempérés (particulièrement en automne), l'aération est vaine si l'humidité relative de l'air extérieur est supérieure à 40 à 50%. En outre, viser l'assèchement maximum de l'air intérieur présente pas mal d'inconvénients (particulièrement pour les asthmatiques), par exemple le dessèchement et la fragilisation des muqueuses respiratoires.

Pour nettoyer les débris d'acariens, il est indispensable d'avoir recours à un aspirateur muni d'un filtre spécial anti-acariens (HEPA). Sans ce dispositif, les particules allergènes s'échappent du sac dans l'air ambiant. Capables de s'accrocher à tous les supports via des minuscules ventouses, les acariens vivants, eux, résistent très bien au souffle d'un aspirateur. Seuls des aspirateurs industriels très puissants (et très coûteux) parviennent à les déloger.

> Les housses spéciales anti-acariens pour matelas et oreillers sont d'excellents outils permettant d'éviter le contact entre l'allergène et la personne qui est au repos. "À la condition d'être achetés dans un commerce spécialisé et non à bas prix en grande surface", prévient toutefois le Dr Monique Fontaine. L'inconvénient est le prix: "environ 100 euros pour une housse fiable, qui peut tenir quinze années". Les housses doivent être lavées à 60 degrés au moins trois fois par an.

Autre avantage de ce type de matériel : il remplace avantageusement les produits anti-acariens de type pesticides qui, au mieux, peuvent entraîner des effets secondaires, au pire, s'avèrent toxiques, particulièrement pour les enfants.

> Le recours aux phéromones est la voie la plus récente. Le principe, très efficace, consiste à attirer l'animal à un endroit voulu et, ensuite, à s'en débarrasser. Le moyen choisi est d'imiter une phéromone naturelle (une substance produite par l'animal lui-même dans ses activités de regroupement) et de la vaporiser sur un textile spécifique. Piégé dans celui-ci (mais non tué, donc pas de pesticide !), l'animal est alors évacué via une lessive traditionnelle à 60 degrés. Ce kit, nommé "Acar'up"®, a été mis au point au terme d'une recherche universitaire belge portant sur les mœurs de l'animal (lire encart ci-dessous). Ses concepteurs insistent sur l'origine naturelle des molécules végétales utilisées, inoffensives.

Inconvénients : l'observation d'une certaine discipline dans l'utilisation du kit et l'inexistence de housses pour deux personnes.

Avantages : une efficacité démontrée scientifiquement et, après dix-huit mois de commercialisation, la reconnaissance par les professionnels (pédiatres, allergologues...). Selon la revue scientifique "Allergy & therapy", les symptômes disparaissent après deux semaines chez les enfants de moins de seize ans, à raison de 47 à 70% selon le symptôme pris en considération.

//PHILIPPE LAMOTTE

 Les huit gestes qui limitent la casse 

Selon Bruxelles-Environnement, il est possible d'évincer 60% des acariens des pièces de sommeil en respectant les huit principes suivants :

  • aérer la pièce au moins dix minutes par jour (si le temps est sec) ;

  • maintenir le taux d'humidité intérieure à moins de 40 à 50% ;

  • maintenir la température sous la barre des 18 degrés ;

  • garder le lit ouvert et exposé à la lumière ;

  • laver les draps chaque semaine à 60 degrés ;

  • laver housses, couettes et oreillers trois fois par an à 60 degrés ;

  • éviter les peluches ou, en tout cas, ne pas les placer dans le lit ;

  • ranger tous les vêtements dans une armoire.

Pour aller plus loin, il est conseillé d'avoir recours, en complément à ces mesures, à du matériel spécifique. Certes plus coûteux, mais susceptible de réduire les acariens à 95% dès la deuxième semaine (lire article ci-dessus).

Piéger plutôt qu'intoxiquer

Si "empoisonnants" soient-ils pour la vie quotidienne de millions de personnes, les acariens sont restés peu connus pendant très longtemps.

"Durant près de quarante ans, on s'est surtout concentré sur la prescription d'anti-histaminiques (NDLR: médicaments contre les effets des réactions allergiques) et l'utilisation de produits anti-acariens, au détriment de l'étude de l'animal lui-même, explique Anne Catherine Mailleux, docteure en biologie. Inévitablement, des résistances sont apparues". Spécialisée dans l'étude des insectes "sociaux" (fourmis, abeilles, etc.), la biologiste s'est plongée, grâce à un budget de la Région bruxelloise, dans l'observation des acariens et la mise au point d'un produit non toxique susceptible d'imiter les phéromones intervenant dans leurs déplacements.

"En journée, les acariens se réfugient dans les profondeurs des matelas, formant des agrégats qui conservent l'humidité. Mais la nuit, ils se lancent dans des migrations vers les sources d'humidité et de chaleur que constituent nos corps au repos. En chemin, ils se guident grâce à des phéromones spécifiques". Toute l'astuce consiste à avoir découvert la composition chimique de ces phéromones et, ensuite, à avoir réussi à en imiter trois d'entre elles dans une solution qui n'est ni toxique, ni volatile, ni désagréable pour l'utilisateur. Aujourd'hui, le résultat est bien là, mis au point par une spin-off conjointe de l'UCL et l'ULB et commercialisé en pharmacie et en bandagisterie.

>> Acar'up est en vente dans les magasins Qualias, partenaires de la MC, au prix de 47,60 euros (10% de remise pour les membres MC) pour le drap et un flacon de 100 ml. Adresses des magasins sur www.qualias.be ou au 0800 10 9 8 7.

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