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Santé publique (9 janvier 2014)


Bactérie, prends garde à toi !

© Jens Kalaene/REPORTERS

 Comment bien se laver les mains ? 

Le lavage des mains doit prendre entre 40 et 60 secondes pour être efficace.

  1. Mouiller ses mains abondamment.

  2. Appliquer du savon sur ses deux mains.

  3. Etaler le savon en frottant ses mains l’une contre l’autre, paume sur paume.

  4. Etaler le savon également sur le dessus des mains et les poignets.

  5. Ne pas oublier de mettre du savon sur et entre les doigts.

  6. Ne pas oublier non plus les dessous des ongles.

  7. Rincer les mains abondamment à l’eau.

  8. Fermer le robinet à l’aide d’une serviette pour éviter une recontamination.

  9. Sécher ses mains convenablement avec une serviette à usage unique.

Conseils issus d’une fiche réalisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). www.who.int

Les produits antibactériens, vantés par la publicité, ont la cote. Surtout, en hiver, une période propice à la prolifération de microbes en tous genres… Mais, pour certains experts, cette guerre aux bactéries omniprésente dans nos sociétés est contre-productive.

Les gels hydro-alcooliques antibactériens sont devenus très populaires auprès des consommateurs. Leurs ventes ont explosé depuis la pandémie de grippe A (H1N1) de 2009. Ils occupent une place de choix dans les pharmacies, mais aussi dans les magasins. Car si, auparavant, ils étaient utilisés principalement dans les milieux médicalisés ou dans les endroits où des personnes souffraient d’un déficit immunitaire, aujourd’hui, ils accompagnent le quotidien de monsieur et madame Tout-le-monde. Qui ne se balade pas avec une petite fiole de ce produit “magique” dans son sac à main ou dans la boîte à gants de sa voiture?

La peur des microbes

Vous n’aurez plus jamais à toucher une pompe à savon pleine de germes!”, vante une publicité pour des distributeurs de savon sans contact. “Ces lingettes détruisent 99,9% des germes en 30 secondes”, s’en targue une autre. De nombreux produits ménagers se voient estampillés de la mention “contient des agents antibactériens”. Ils donnent un sentiment de protection aux consommateurs. À en croire les spots publicitaires, nous sommes entourés de bactéries que l’on doit éliminer à tout prix. “Je pense aussi que la population vit dans une peur des microbes et des ‘nouvelles maladies’ qu’on ne pourrait guérir, avance la Docteure Aline Agneessens, médecin généraliste. Mais on est surtout dans une société où on n’admet pas de se moucher plus de deux jours ou d’avoir un mal de gorge qui dure au-delà de douze heures”. Une “névrose” ambiante que les producteurs de ces produits désinfectants ont bien cernée et exploitent sans vergogne pour vendre toujours davantage. Le Centre de recherche et d’information des organisations des consommateurs (Crioc) soulignait, déjà en 2004, que “les messages publicitaires cherchent à convaincre que le consommateur vit dans un univers envahi de micro- organismes dangereux contre lesquels il doit déclarer une guerre sans merci(1).

Pire que mieux

Mais cette chasse méthodique et radicale est-elle bien nécessaire? Selon certains, notamment des experts du monde médical, non ! Que du contraire ! L’Association médicale canadienne mène d’ailleurs une bataille pour interdire la vente au grand public de ces savons et autres produits ménagers qui se disent antibactériens. Leur inquiétude : ces produits contribuent au phénomène de résistance bactérienne(1). L’étude du Crioc précisait également que “dans les maisons familiales, s’établissent des équilibres microbiens stables et protecteurs que l’utilisation de détergent désinfectant vient compromettre, laissant la place à d’autres germes plus dangereux. Dans les pays scandinaves, les autorités ont pris des mesures pour limiter la consommation de nettoyants désinfectants dans les ménages(2).

De plus, les gels hydro-alcooliques utilisés à même la peau abîment la couche protectrice, souligne la Dr. Agneessens. Ces produits contiennent de l’alcool qui est très agressif. J’en limiterais donc l’usage. Et j’éviterais d’en appliquer sur la peau des enfants, surtout avant l’âge de deux, trois ans. Car celle-ci est fragile et très perméable”.

Une utilisation restreinte

L’application de gels antibactériens est devenue une routine pour beaucoup. Pourtant, ils ne sont utiles que dans des cas “extrêmes”. “Dans des endroits susceptibles d’attirer beaucoup de microbes, comme les hôpitaux, les cabinets des médecins, les toilettes publiques, ces produits trouvent une place adéquate”, continue la Dr. Agneessens. Le personnel travaillant avec des personnes âgées ou de très jeunes bébés devrait aussi en utiliser, ainsi que les personnes qui côtoient des gens avec un déficit immunitaire. En voyage, en l’absence de point d’eau, un gel peut être également bienvenu. Surtout dans des pays où des bactéries puissantes circulent et auxquelles nous n’avons pas l’habitude d’être confrontés, comme dans les pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique centrale et du Sud. Mais si les mains sont visiblement sales, comme après avoir cuisiné ou jardiné, le lavage à l’eau et au savon s’impose car le gel tue les microbes mais n’enlève pas la saleté, comme le gras ou la terre…

Un simple lavage des mains

Se laver les mains à l’eau et au savon, c’est ce que recommande aussi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une bonne hygiène (voir l’encadré ci-contre pour les conseils sur le lavage de mains). La Docteure Aline Agneessens rappelle quelques conseils quotidiens: “Il est important de se laver les mains quand on rentre chez soi, après être allé aux toilettes, si on se mouche ou qu’on tousse. Sans oublier de passer par le lavabo avant de se mettre à table! En cas de maladie comme les infections des voies respiratoires au sens large ou une gastroentérite, il faut se laver les mains un peu plus souvent. Et, dans ces cas-là, alors, l’usage de lingettes ou de produits désinfectants peut être utile pour nettoyer les poignées de porte, la robinetterie, la lunette des toilettes ou encore les jouets d’enfants”.

 

© Pierre Rousseau/REPORTERS

Impossible de vivre dans un milieu complètement stérile. Et cela n’est pas utile ! Car être confronté à des microbes au quotidien n’est pas une mauvaise chose. Cela participe à renforcer son immunité, il ne faut pas l’oublier! Utiliser ces gels et autres produits désinfectants à tout-va ne protège pas la personne des assauts normaux de microbes, notamment en période hivernale. Rester raisonnable en les utilisant pour des cas “extrêmes” est une question de bon sens.

//VIRGINIE TIBERGHIEN

(1) Association médicale canadienne, “Les produits antimicrobiens et antibactériens”, en ligne sur www.cma.ca, mars 2010.

(2) Crioc, “L’hygiénisme”, en ligne sur www.crioc.be, novembre 2004.

Quand la chasse aux microbes devient une obsession

Se laver constamment les mains, désinfecter tous les objets, nettoyer sa maison de fond en comble pour combattre les germes… peut virer à l’obsession. Le trouble obsessionnel compulsif (toc) d’être contaminé par des microbes est un dysfonctionnement psychologique qui cause une grande anxiété chez la personne qui en souffre.

À 25 ans, Mélanie (ndlr: nom d’emprunt) est obsédée par la propreté. Elle a une peur constante des microbes. “J’ai beaucoup de difficultés à sortir de chez moi car, quand je rentre, je me pose beaucoup de questions sur une possible contamination à cause d’objets touchés ou de gens rencontrés à l’extérieur. Je n’ai plus beaucoup de moments de joie dans ma vie ; je suis l’esclave de mon imagination”.

La peur d’être exposé à des germes peut envahir le quotidien et tourner à l’obsession. On dit qu’une personne souffre de ce trouble obsessionnel compulsif si elle consacre plus d’une heure de sa journée à cette obsession et si cela crée également un sentiment de détresse, voire de honte. Ce toc perturbe souvent la vie sociale et professionnelle de l’individu. Certains ne veulent plus serrer la main d’autres personnes ; d’autres se lavent les mains tellement souvent qu’elles sont gercées ; d’autres encore ne touchent ni poignée de porte, ni interrupteur…

Des signes qu’il ne faut pas négliger! Si ces actions prennent trop de place dans le quotidien et qu’elles empêchent de mener une vie normale, il faut consulter un médecin. Car le toc n’est pas une fatalité : on peut s’en sortir ou au moins, en réduire les impacts sur la vie quotidienne. Les thérapies comportementales ont démontré leurs effets positifs. Dans des cas plus “graves” (où le patient est incapable de vivre avec ce toc trop présent), le corps médical peut conseiller de la combiner avec une prise de médicaments (antidépresseurs).

//VT

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