Santé publique
(21 juin 2012)
Les gaz issus
du diesel,
bel et bien cancérogènes
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© Pierre Rousseau/Belpress |
Le Centre international de recherche sur le
cancer, une organisation onusienne, déclare le diesel cause avérée de cancer
pour l'homme. Une surprise, vraiment ?
C'est loin d'être une surprise mais, cette fois, c'est
devenu une certitude officielle aux yeux des experts de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS). Les substances émises par la combustion d'un
moteur diesel sont cancérogènes pour l'homme. En réalité, elles étaient
classées comme “probablement cancérogènes” depuis… 1988. Il aura
donc fallu près d'un quart de siècle pour les faire glisser d'un statut de
fort soupçon à celui de certitude. Pendant ce temps, le diesel s'est
largement imposé dans le parc automobile de nombreux pays occidentaux,
particulièrement en Belgique où il dispose d'un soutien fiscal important par
rapport à l'essence.
Dans son avis du 12 juin dernier, le Centre international
de recherche sur le cancer (CIRC, organisation de l'OMS spécialisée dans ces
matières) ajoute qu'il existe une association positive entre le diesel et le
cancer de la vessie. Il en appelle aux gouvernements du monde entier pour
réduire l'exposition des populations aux émanations des moteurs diesels,
particulièrement dans les pays les moins développés. Le CIRC reconnaît,
certes, que les pays développés ont édicté des normes plus contraignantes
qu'autrefois et que certaines technologies ont permis de réduire les
risques. Discrètement, il écorne toutefois la stratégie des constructeurs
automobiles pour qui les efforts technologiques (et notamment l'usage de
filtres à particules) auraient en bonne partie résolu le problème. Le CIRC
estime, en effet, que les résultats de tels dispositifs sont incertains en
matière de santé.
En réalité, on sait pertinemment, dans la communauté
scientifique, que la plupart des filtres à particules, censés empêcher
celles-ci de se nicher dans les alvéoles pulmonaires, ne sont efficaces que
dans certaines conditions précises de circulation et qu'ils génèrent à leur
tour d'autres problèmes de santé publique ou d'environnement. Le CIRC n'a
pas encore intégré, par ailleurs, une somme croissante d'études indiquant
l'effet des particules sur les pathologies cardiovasculaires (et non
cancéreuses). Ainsi, en 2009, les chercheurs de l'Université de Harvard
(USA) ont publié des travaux éclairants portant sur une cinquantaine de
villes américaines: chaque fois que l'une d'elle réussit à diminuer ses
particules fines de dix microgrammes par mètre cube (en moyenne annuelle),
les habitants gagnent une espérance de vie de sept mois.
En Belgique, l'annonce du CIRC n'a pas causé beaucoup
d'émoi. La part du diesel dans l'ensemble du parc automobile est pourtant
l'un des trois plus élevés de l'Union européenne. Régulièrement, les grandes
villes dépassent, dès la moitié de l'année, les seuils de pollution aux
particules tolérés en moyenne annuelle. A ce titre, notre pays est, depuis
2008, sous le coup d'une procédure d'infraction européenne. C'est clairement
en ville, à cause des trajets courts, que les moteurs diesels sont les plus
directement ravageurs en termes de santé publique.
// PHL
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