Santé publique
(15 mars 2012)
Bébé nageurs : à éviter
avant l'âge d'un an
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© Gero Breloer-Huggies/Reporters |
Selon le
Conseil supérieur de la Santé, il est déconseillé d'aller nager en piscine
avec des enfants de moins d'un an. La relation entre le chlore et l'asthme
n'a, a priori, aucun rapport avec cet avis. En cela, le CSS prend le
contrepied d'études antérieures décourageant la natation avec les jeunes
enfants.
Dans un avis
récemment remis aux autorités politiques, le Conseil supérieur de la Santé
(CSS) décourage la fréquentation des piscines pour les enfants âgés de 0 à
12 mois. Aux yeux de ses cinq experts pneumologues et toxicologues, les
enfants ne sont pas capables de coordonner leurs membres avant l'âge de cinq
ans. Quant au bien-être lié à la fréquentation de l'eau en compagnie des
parents, cet avantage est sérieusement contrebalancé par l'exposition des
bébés à diverses infections liées à la température élevée de l'air et de
l'eau. Les jeunes enfants sont, par exemple, particulièrement sensibles aux
otites. Le Conseil estime que l'exposition aux micro-organismes est,
notamment, le fait des piscines privées où le contrôle et l'inspection sur
les conditions d'hygiène ne sont pas systématiques. En conclusion, il estime
que les avantages de l'exercice physique et de la familiarisation avec
l'élément aqueux peuvent s'obtenir dans un contexte plus sûr: le bain à
domicile…
A partir d'un an,
la pratique de la natation doit être encouragée, selon le CSS, même si
l'enfant est asthmatique. Il estime en effet que les avantages de la
natation l'emportent sur les risques liés au chlore et à ses dérivés. On
sait en effet que le chlore, utilisé dans la majorité des piscines belges,
se transforme en produits dérivés dont la concentration peut s'avérer
toxique. En recommandant la natation à partir de cet âge, le CSS prend
ouvertement le contrepied des travaux du Pr Alfred Bernard (Cliniques
Saint-Luc, UCL) qui, à plusieurs reprises, avait tiré la sonnette d'alarme à
ce sujet. Selon lui, les enfants bien au-delà d'un an vivent une période de
grande sensibilité biologique pendant laquelle, au contact du chlore (par
voie aérienne mais aussi cutanée), ils sont vulnérables à l'asthme mais
aussi à des troubles de la fertilité. Ses travaux ont conclu que les
sous-produits de la désinfection par le chlore, comme la chloramine, sont
suffisamment connus, aujourd'hui, pour justifier la non-pratique de la
natation des enfants dans les piscines soumises à ce type de traitement. Le
CSS, lui, est clair : “il n'existe aucune preuve de ce que la natation
dans les piscines publiques chlorées (soumises à inspection) est à l'origine
d'asthme ou d'autres affections”. En l'absence de preuve, dit-il, il
faut mieux étudier le phénomène la relation entre la natation récréative et
l'asthme infantile.
Qu'en penser?
Primo, qu'entre ce panel d'experts et ce spécialiste du chlore, qui invoque
des mesures plus sévères adoptées en Allemagne et en France, il existe une
sérieuse divergence sur l'interprétation à donner au concept de preuve et,
de là, au principe de précaution. Secundo, qu'il y a manifestement un
malaise du CSS quant au respect effectif des normes d'hygiène dans les
piscines belges. Les parents sont donc appelés à juger au cas par cas avec
le médecin de famille. Au-delà de cette querelle, dont les impacts sont loin
d'être négligeables en termes de santé publique, les deux parties semblent
d'accord pour insister sur l'impérieuse nécessité de mieux aérer les espaces
dédiés à la natation et mieux étudier les traitements alternatifs au chlore.
Au CSS, on rappelle, notamment, que les enfants atteints de diarrhée ne
devraient pas se rendre à la piscine, que tous les enfants devraient
préalablement se doucher au savon et que tout changement des couches doit
être suivi d'un nettoyage des mains. “Pour autant que les
infrastructures nécessaires soient présentes”, ajoute-t-il, réaliste…
// PH L
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Infos: Conseil supérieur de la santé -
02/525.09.00.
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