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Psychologie (7 février 2013)

L’amour physique, une aventure permanente

© Philippe Turpin/Belpress
Aujourd’hui, la sexualité a tendance à faire l'objet de slogans, comme autant d'évidences. On doit s’y éclater, être performant, et sur la durée. On doit s’y épanouir, sans complexes. La réalité et le vécu des couples n'y correspondent pas nécessairement. Loin de la “sexologie spectacle”, des voix invitent à reconsidérer les choses avec curiosité, humilité et dans le dialogue.

On présente la sexualité comme un critère d'épanouissement mais quand on est dans le registre de la consommation, s'agit-il vraiment de bien-être?”, interroge Gabrielle Stefanski. L'animatrice de Parlez-moi d'amour, émission radio où se mêlent analyse des comportements amoureux et lecture de pages érotiques, y voit plutôt une injonction. “Ce que l'on trouve dans les magazines féminins est de l'ordre de la propagande. (…) Il faut être mode, libéré, parler de sexualité, il faut jouir et multiplier les orgasmes(1). La sexualité ainsi résumée est même annoncée comme un ingrédient d’importance dans l’alchimie de l’amour.

Parallèlement, l’amour romantique domine notre modèle socio-affectif. Ainsi le partenaire idéal existerait quelque part. Il s’agirait juste de le trouver. Une fois découvert, il comblera tous nos besoins. Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Mais minute papillon! La réponse parfaite à toutes nos attentes – voire même à celles qu’on a du mal à discerner nous-mêmes, ça n’existe pas. Surtout, elle ne s’incarne pas dans un ou une autre. Ce n’est certainement pas gagné d’avance.

Le désir et le plaisir en souffrance

A regarder avec attention le vécu des couples, au travers notamment des témoignages de thérapeutes, les problèmes ne manquent pas d'apparaître. “Le degré de satisfaction sexuelle dans nos sociétés n’est pas terrible”, constate l'auteure et journaliste des sciences Elisa Brune qui s'est aventurée dans une large exploration du sujet(2). Tant pour les hommes que pour les femmes. Ils sont nombreux ceux qui souffrent de ne pouvoir faire coïncider leur vie sexuelle avec leurs aspirations, ceux qui ressentent de la culpabilité voire de la honte face à un manque de désir.

Elles sont nombreuses celles qui estiment vivre trop une sexualité qui ne leur convient pas et pas assez une sexualité qui leur conviendrait ; celles qui nourrissent un sentiment d'insuffisance par rapport à ce qu'elles estiment devoir être sur le plan sexuel. Près d'une femme sur trois ne ressentirait jamais ou rarement de plaisir dans l'acte sexuel. Ces raisons et d'autres poussent Elisa Brune à promouvoir une évolution. Lors d'une récente conférence à Bruxelles, elle proposait plusieurs pistes.

Etre prêt à apprendre en constitue le préambule. Encore faut-il accepter l'idée que les comportements sexuels ne sont pas innés ou automatiques; et se défaire des présupposés que le corps règle tout lui-même, que le plaisir ne s'apprend pas. Souvent, “on ne possède que quelques notes sur un piano et il serait bien de maîtriser un plus d'envergure sur le clavier”, explique Elisa Brune de manière allégorique.

L'auteure invite également au lâcher prise. Hommes et femmes font état de complexes, de soucis avec leur image corporelle, de peur de se laisser voir “grimaçant” dans la jouissance, de laisser entendre des bruits “inconvenants”… Les appréhensions dominent. Tandis que de nouveaux sujets de honte apparaissent à propos des parties génitales. Le recours accru à la labioplastie (opération chirurgicale en vue de la réduction des petites lèvres) témoigne de ces complexes.

La sexualité s’accompagne d’un sentiment de gêne. Une des clés résiderait pourtant dans le fait de dédramatiser, d’“arriver à en parler, de manière simple et détendue”, tout en sortant de l’idée “qu’il y a un mode d’emploi, une norme, quelque chose à suivre et à réussir”. “Il y a parfois le danger (…) de se soumettre à une morale jouisseuse, estime Elisa Brune. On voit des adolescentes adopter des comportements débridés sans que cela leur convienne, raconte-t-elle. Elles cherchent à être une image, un bon coup. (…) En agissant ainsi, elles s’oublient, se nient. Elles n’écoutent pas leur corps, ce qui pourrait le faire chanter.Connaître et cultiver le désir, s'ouvrir à plus de liberté – dans les limites de l'accord de l'autre –, déverrouiller son imaginaire, voilà ce à quoi enjoint la défenseuse d'une sexualité créative.

Et la journaliste des sciences de proposer également d’encourager les recherches dans le domaine. Elles sont périlleuses. Et s'il existe quelques “aventuriers” de la recherche sur la sexualité (fonctionnement du plaisir sexuel, anatomie comparée du clitoris, etc.), ils font état des difficultés à assumer l'intérêt qu'ils portent à ces questions, de leurs déboires et des oppositions farouches qu'ils rencontrent au sein de leurs institutions.

// CATHERINE DALOZE

(1) Lire l'entretien avec José Gérard, rédacteur en chef des Feuilles familiales, dans “Sexualité récréative”, dossier n°102, 2012 - www.couplesfamilles.be

(2) Auteure de romans, d'enquêtes journalistiques et d'essai dont La révolution du plaisir féminin. Sexualité et orgasme, éd. Odile Jacob, 2012 - www.elisabrune.com

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