Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Le sommeil après 65 ans (2 juin 2005)

Un dormeur averti…

Selon des enquêtes, la moitié des personnes de plus de 65 ans affirme mal dormir. Normal ? Pas vraiment ! Même si le sommeil se modifie inévitablement avec l’âge.

Les phénomènes liés au sommeil gardent une grande part de mystère et les nuits des personnes âgées n’ont pas livré tous leurs secrets… Bon nombre de préjugés circulent encore tant dans le grand public que chez les professionnels de la santé lorsque des personnes âgées se plaignent de fatigue. “Normal, il est très vieux !”, “Il faut lui donner des somnifères”, “Il n’a qu’à faire de plus longues siestes…” sont quelques clichés que les spécialistes tentent de démonter.

Dans une étude publiée en octobre dernier par Test Santé, 56% des personnes interrogées pensent qu’à mesure que l’on vieillit, on a besoin de moins d’heures de sommeil. “Faux !”, répond le Dr Françoise Ceulemans, gériatre au Centre Hospitalier de l’Ardenne, à Sainte-Ode : “La quantité de sommeil varie d’un individu à l’autre, mais reste relativement stable au cours de la vie. Ce qui change et qui peut en altérer la qualité, c’est sa structure. Tout d’abord, l’organisation du sommeil se modifie physiologiquement avec l’âge : les passages aux différentes phases de sommeil sont plus nombreux, les réveils nocturnes sont plus fréquents et plus longs (ils durent en moyenne 7 minutes, contre 1 minute à 20 ans). Cette fragmentation plus fréquente avec des temps de réveil plus longs vont alors être ressentis comme une insomnie. Une autre modification qui survient est la diminution du temps passé en phase de sommeil lent profond : de 20 à 30% du temps total de sommeil, il passe à 2-3%, et donc le sommeil est globalement plus léger. On assiste aussi à une modification des comportements, les personnes âgées se couchant généralement plus tôt : ainsi, elles restent plus longtemps au lit, ne passant que 80 à 85% du temps à dormir, contre 95% pour le reste de la population. Enfin, elles ont plus tendance à somnoler durant la journée.”

Ces modifications déroutent bon nombre de personnes âgées. Elles comparent leur sommeil à celui de leurs 30 ans et croient dès lors souffrir d’insomnie ou de sommeil non réparateur. Pourtant, ces modifications, si elles sont bien gérées par une bonne hygiène de vie, ne devrait pas perturber leur récupération.

 

Les maladies qui empêchent de dormir

Cependant, les personnes âgées peuvent plus fréquemment souffrir de troubles du sommeil. Elles sont par exemple plus sujettes aux apnées du sommeil qui fragmente davantage le sommeil. Avec l’âge survient chez certains le syndrome des jambes sans repos : la personne âgée va sentir des fourmillements dans les jambes et être obligée de se lever et de bouger pour les faire cesser. Enfin, il y a ce que les médecins appellent les impatiences des membres inférieurs, c’est-à-dire les coups de pieds ou des mouvements brusques des jambes. “Chez 54% des personnes, on enregistre plus de 5 mouvements de jambe par heure de sommeil. Avec l’âge, le sommeil étant plus léger, ces mouvements sont plus susceptibles de réveiller la personne, mais aussi son conjoint !”, précise le Dr Ceulemans.

 

Et puis il y a toutes ces maladies complètement indépendantes du sommeil, qui peuvent faire passer des nuits quasiment blanches… “Les personnes âgées ont bien d’autres problèmes de santé à côté du manque de sommeil. Le cas le plus souvent rencontré est celui des problèmes ostéo-articulaires : avec l’angoisse de la nuit, les douleurs augmentent. Il ne faut pas sous-estimer ce phénomène et il doit donc bénéficier d’un traitement ou d’un accompagnement. Autre situation courante, les problèmes pulmonaires ou cardiaques qui peuvent aussi être exacerbés la nuit. La personne peut alors souffrir de quintes de toux importantes ou de sensations d’étouffement qui vont l’obliger à se relever pour reprendre son souffle. Certains vont jusqu’à dormir en position assise pour éviter ces sensations désagréables et stressantes. De plus, il y a les problèmes urinaires, comme le besoin de se lever fréquemment pour aller uriner la nuit ou l’énurésie nocturne plus fréquents chez les personnes âgées, mais aussi les reflux gastro-œsophagiens. Enfin, certains médicaments peuvent également provoquer des problèmes de sommeil, comme certains anti-hypertenseurs.”

 

Mais les souffrances ne sont pas uniquement physiques… “Il n’est pas rare que des épisodes d’insomnies surgissent par exemple après un deuil, une entrée en maison de repos, l’abandon par un enfant, etc. Ces insomnies épisodiques peuvent parfois devenir chroniques. De même, on constate que la dépression de la personne âgée, phénomène mal connu, peut engendrer soit une hypersomnie ‘refuge’, pour échapper à la vie réelle, soit des difficultés d’endormissement ou de réveil”, explique encore le Dr Ceulemans.

 

Hygiène du sommeil

Certaines recettes-maison adoptées par la personne âgée pour dormir peuvent s’avérer contre-productives. “Des croyances circulent encore, faisant adopter des solutions ou des comportements inadaptés qui bien souvent vont entretenir le problème. Par exemple, ceux qui vont fumer une cigarette ou boire de l’alcool pour se ‘détendre avant de dormir’ vont augmenter leur vigilance au lieu de transiter vers le sommeil. C’est aussi le cas de ceux qui, le lendemain, puisqu’ils se sentent fatigués, vont boire du café pour se sentir tout de même en forme. Il faut informer les gens sur ces risques qui entraîne un cercle vicieux. Un événement, quel qu’il soit, va provoquer une insomnie, et donc une inquiétude sur cette perte de sommeil. On va alors tenter de contrôler ce sommeil par des ‘astuces‘ qui ne vont qu’aggraver le problème d’endormissement le soir. L’anxiété va encore augmenter et le soir suivant on aura peur de se coucher parce qu’on sait qu’on ne pourra pas dormir… Le cercle vicieux est lancé !”, met en garde le Dr Myriam Kerkhofs, du Laboratoire de sommeil au CHU de Charleroi, à l’hôpital Vésale.

 

Sieste ou pas sieste?

Tous ces facteurs susceptibles d’altérer le sommeil des personnes âgées vont induire une sensation importante de fatigue en journée. Le remède est-il dès lors de faire de bonnes siestes ?

“La sieste possède des vertus thérapeutiques à conditions d’en connaître les règles de prescription, notamment en réponse à une dette de sommeil. Il ne s’agit pas nécessairement de se mettre au lit. La sieste peut être un moment de relaxation, au calme, dans la pénombre durant 10 à 20 minutes. On se détend, on ne pense plus à rien, on ne se force pas à s’endormir. Mais si l’on s’endort, il faut se faire réveiller après 20 minutes, pour ne pas sombrer dans un sommeil profond et le réveil est plus facile”, explique le Dr Eric Mullens, spécialiste du sommeil, Chef de service du laboratoire du sommeil d’Albi en France et grand défenseur de la sieste. Il préconise d’ailleurs une sieste pour tous en début d’après-midi, quand le besoin s’en fait ressentir. Mais le plus souvent, le Dr Mullens déconseille les longues siestes: “Si elles répondent à un besoin chez le jeune enfant, les longues siestes ne sont pas recommandées chez les adultes qui vivent à un rythme normal, car elles peuvent entraver l’endormissement le soir qui suit.”

 

Eviter les hypnotiques

Quant aux traitements médicamenteux pour favoriser l’endormissement le soir, en particulier chez les personnes âgées, le Dr Ceulemans n’y est pas favorable, du moins à long terme, rejointe en cela par le Dr Kerkhofs. “La démarche diagnostique et thérapeutique doit être personnalisée et dans le contexte du patient, de son mode de vie, de ses maladies existantes et de leur traitement, ou des signes d’appel des pathologies spécifiques du sommeil. Le diagnostic n’est pas toujours facile. Cependant, un examen du sommeil en laboratoire pourra exclure des anomalies du sommeil comme des apnées ou des impatiences, et étudier les stades du sommeil. Cela peut par ailleurs rassurer un patient qui va constater qu’il dort ses heures de sommeil, voire tout simplement qu’il dort effectivement, lui qui est convaincu qu’il ne ferme pas l’œil !”

Une approche thérapeutique efficace se fera en plusieurs temps : “Le médecin devra commencer par informer la personne des conditions idéales pour bien dormir. Si ces conseils d’hygiène du sommeil ne suffisent pas, le traitement médicamenteux peut être envisagé mais selon les cas. En effet, ces traitements vont diminuer la vigilance le jour, augmenter les apnées du sommeil, le risque de chute lorsque la personne doit se rendre aux toilettes la nuit, ainsi que la confusion. Une prise d’hypnotiques depuis longtemps peut engendrer une dépendance. Il s’agit donc de sevrer très progressivement la personne, à moins qu’il y ait une raison impérieuse de maintenir le traitement. Le médecin doit poser un diagnostic correct des troubles pour proposer une médication ciblée et prescrite pour un délai le plus court possible”, conclut le Dr Ceulemans. Une précaution qui ne semble pas être de mise, au vu des chiffres de consommation de ces hypnotiques : la moitié des consommateurs de tels produits a plus de 65 ans, alors que cette population ne représente que 17% de la population globale...

Carine Maillard

 

 

 

10 règles d’hygiène du sommeil

 

1. Se lever et se coucher à des heures fixes.

2. Pratiquer des activités physiques et intellectuelles la journée.

3. Ne pas se coucher trop tôt.

4. Éviter les siestes trop longues.

5. Ne pas manger trop lourd le soir.

6. Éviter les stimulants le soir (caféine, alcool).

7. Ne pas passer trop de temps au lit durant la journée.

8. Pratiquer une activité relaxante avant de dormir (lecture, relaxation, promenade…), mais pas trop stimulante ni physiquement, ni intellectuellement.

9. Dormir dans un environnement calme et sombre.

10. Conserver une température relativement fraîche dans la chambre.

 

 

 

Retour à l'index "troisième âge"