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Ainés (4 mars 2010)


La sexualité quand on vieillit, cela va-t-il de soi ?

 

La sexualité est une réalité complexe et multidimensionnelle. Cette composante de la santé globale est un besoin à tous les âges de la vie, qui ne s’éteindra vraiment qu’avec elle.

 

© Istockphoto

Un constat de départ : la vie des aînés est de plus en plus longue. Surtout, ceux-ci vivent en meilleure santé. Prendre de l’âge est devenu un temps pour s’occuper de soi et n’est plus assimilé systématiquement à la maladie et au handicap. En outre, il n’est plus rare que des couples cheminent longtemps ensemble : autrefois, la durée de l’union avoisinait 20-30 ans, actuellement la vie de couple peut approcher 50 ans, voire plus encore. Par ailleurs, de nombreux seniors veufs ou séparés vivent le bonheur de construire un nouveau couple. Le renouveau de la vie sexuelle et affective peut cependant entraîner peurs et culpabilité à un âge avancé.

 

Sur le plan sociologique, la révolution des mœurs a modifié la sexualité : celle-ci n’est plus assimilée uniquement à la reproduction, ni systématiquement accolée au mariage.

Auparavant, le schéma classique était le suivant : étudier, travailler, se marier, faire des enfants, occuper le même poste de travail jusqu’à la pension, devenir « vieux et passif » … Mais ce parcours linéaire avec peu de ruptures est désormais bousculé par notre société contemporaine. Selon le sociologue français Michel Bozon, les normes de la société et de la sexualité ont évolué. Aujourd’hui, il est plus courant d’étudier et d’avoir des enfants en même temps sans être marié, de changer de travail et même de partenaire régulièrement, mais aussi d’être dynamique et plein de projets à 80 ans. La vie peut sembler plus difficile mais aussi plus riche, car les possibilités de vie et de développement sont plus variées que dans le passé. Il n’est donc plus adéquat d’enfermer les personnes âgées dans des schémas très passifs ni de nier leur sexualité.

 

Désir de relation

Cette sexualité peut être envisagée en référence à Freud en tant que désir de relation, c’est-à-dire que nous avons tous besoin de relation pour vivre : relations familiales, amoureuses ou amicales. Très vite, ce canevas s’enrichit avec les mots ‘tendresse, amour, érotisme, imaginaire’...

Selon le Dr Gérald Deschietere, responsable de l’Unité de crise et d’urgences psychiatriques des Cliniques universitaires St-Luc, il peut arriver que le désir de « possession » de l’autre, la jalousie et la dépendance soient exacerbés chez les plus âgés, tout entier tournés l’un vers l’autre. «Désirer quelqu’un, c’est en dépendre», expliquait le philosophe Maurice Merleau-Ponty: la sexualité est une épreuve, certes, mais elle est accessible. Ainsi vieillir, c’est aussi vivre une sexualité qui permet de questionner autrement son parcours de vie en réalisant un bilan affectif et sentimental.

 

Performances et défaillances

Dans une société qui glorifie la performance dans tous les domaines, en particulier dans la vie sexuelle, les aînés vivent particulièrement mal les défaillances de leur corps tandis que l’imaginaire et le désir, eux, sont toujours bien vivaces. Certains auront alors recours aux médicaments de type Viagra. D’autres, au contraire, feront le deuil d’une sexualité active, des sentiments de culpabilité et de frustration pouvant se mélanger. Avec souvent une difficulté d’en parler. Ainsi, par exemple, c’est au détour d’une conversation que le psycho-gériatre apprendra de son patient qu’une opération de la prostate a perturbé en profondeur la vie affective de son couple. Une perturbation d’autant plus importante que l’éducation que ce monsieur a reçue ne l’a pas préparé à dialoguer avec son épouse ni à faire de la tendresse une aide précieuse dans les moments difficiles.

 

L’importance du toucher

Croire que les aînés sont asexués entraîne une perte d’identité chez ceux-ci, puisque cette sexualité vient par la dimension de la relation et de la communication plutôt que par l’acte sexuel en tant que tel. C’est pourquoi le toucher lors des soins aux plus âgés n’est pas anodin. Or, les soignants sont trop peu formés à cette question.

Par ailleurs, dans certains lieux d’hébergement pour aînés, la sexualité reste un sujet tabou. Elle dérange nos représentations («Ce n’est plus de leur âge !») et interroge notre propre sexualité. Un médicament psychotrope ou un antidépresseur ne peuvent répondre au besoin de relations affectives des aînés.

Le dialogue au sein des équipes de soins et avec la personne concernée permet de reconnaître qu’aimer et être aimé est une demande permanente, indépendamment de l’âge, des médicaments et même du déclin cognitif. Laisser plus de place à la tendresse, au toucher, à l’écoute peut aider à préserver ou faire éclore de «nouveaux petits bonheurs».

// Elisabeth Hubert

 

L’article ci-dessus est inspiré d’une conférence thématique organisée le 11 février dernier par l’UCP, mouvement social des aînés.. La sexualité des aînés sera au cœur d’un colloque que le mouvement organisera en novembre prochain.

 


Vie sexuelle et affective des personnes âgées

 

Le jeudi 25 mars de 12h30 à 16h, l’échevinat des seniors de la ville de Bruxelles organise une après-midi de conférences-débat sur La vie sexuelle et affective des personnes âgées. Au programme : vie affective et isolement, troubles sexuels et affectifs, le renouveau de la vie affective, l’apport de l’haptonomie dans l’accompagnement, vers un épanouissement de la vie affective. Entrée gratuite.

Lieu : Hôtel de Ville (salle gothique) – 1000 Bruxelles.

Rens.: 02/505.46.70 - marie.arnould@aidefamiliale.be