Seniors
(2 septembre 2010)
Eviter la chute, une question d’équilibre
Après 65 ans, une personne sur trois tombe au sol au moins une fois dans
l’année, le plus souvent à domicile. Il est pourtant possible de prévenir la
chute. Un programme d’ateliers allie la réflexion et l’action afin d’éviter
cette mésaventure.
Jumet, 1er
juillet 2010. Le
thermomètre affiche déjà 28°C quand Imelda, Bernadette, Marie-Jeanne et
Agnès rejoignent avec le sourire Aline, l’ergothérapeute qui anime leurs
ateliers “équilibres”. Agées de 84 à 91 ans (et demi!), elles en sont à leur
deuxième séance. Agnès est déjà tombée à plusieurs reprises (lire son
témoignage ci-dessous). Sa première chute lui a valu une fracture du nez.
Plus récemment, elle est retombée dans le jardin, s’offrant juste une belle
frayeur. Bernadette aussi a déjà trébuché sur un pavé déchaussé, n’évitant
la chute de justesse que grâce au réflexe d’un passant qui l’a retenue à
temps. Toutes s’accordent à dire leur sentiment de fragilité et leur manque
d’assurance au lendemain d’une chute, même sans séquelle.
Les exercices
commencent. Un démarrage en douceur avec quelques étirements du cou et du
dos. Les participantes sont debout derrière une chaise, une sécurité pour
s’y rattraper en cas de perte d’équilibre. D’autres exercices se font
ensuite en position assise avec une balle de tennis, pour travailler la
dextérité des mains ou encore la sensibilité et les muscles des pieds, en la
faisant rouler sous la plante.
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Etienne Mathues |
“Il ne s’agit
pas d’un simple cours de gym, ni de kiné mais bien d’ateliers pour
favoriser l’équilibre, précise Aline Delcoigne, ergothérapeute à
l’asbl Solival Wallonie-Bruxelles et animatrice d'ateliers
“Equilibres”. Une petite synthèse illustrée est remise aux
participants, leur permettant de s’exercer en dehors des ateliers et
après la fin du cycle. Echauffement, équilibre, renforcement,
assouplissement. Chacun progresse à son rythme dans la bonne humeur,
selon ses capacités. Après quelques séances, on remarque une
récupération des capacités physiques, comme simplement mieux tourner
la tête et ainsi mieux appréhender l’espace. En plus des exercices
physiques, chaque atelier comprend aussi des moments d’information
et de discussion. Ils aident à reprendre conscience de l’importance
de petits gestes du quotidien auxquels il faut être attentif:
éclairage adéquat dans les escaliers, sortie de bain antidérapante…
bref tout ce qui touche à l’environnement. Plus ce qui concerne
l’alimentation, avec les questions sur la consommation d’alcool, de
médicaments…”
Vieillir, plus et mieux
Les progrès médicaux et
socio-économiques réalisés depuis la Seconde Guerre mondiale ont permis
d’améliorer considérablement la santé des personnes âgées. En Belgique,
l’espérance de vie est de 81 ans pour les femmes et de 75 ans pour les
hommes. La part des personnes âgées de 65 ans et plus dans la population
atteint 17% (INS, 2004). Au-delà de nouveaux défis économiques et sociaux,
cette évolution démographique constitue aussi un enjeu de santé publique
important. En adoptant l’expression “vieillir en restant actif” dans
différents programmes, l’Organisation mondiale de la santé souhaite indiquer
qu’il est possible d’ajouter de la qualité à la durée. En permettant aux
personnes vieillissantes de demeurer actives physiquement, mentalement et
socialement.
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©
Etienne Mathues |
C’est dans cette
optique, que l’asbl Educa Santé a conçu des ateliers “Equilibres”
pour prévenir les chutes, fréquentes, chez les personnes âgées. Chez
les 65 ans et plus, une personne sur trois tombe involontairement au
sol dans l’année. Au-delà de 80 ans, cette proportion s’élève à
presque une personne sur deux. Plus de 60% des chutes se produisent
au domicile et dans 40% des cas, la personne tombée ne peut se
relever seule. Une personne sur deux rechutera dans l’année.
“La chute est le
résultat d’une interaction entre des facteurs liés à la personne, son
comportement et son environnement, explique Martine Bantuelle,
sociologue, directrice d’éduca Santé et présidente du Réseau francophone
international de promotion de la sécurité. Notre programme apporte donc
une réponse cohérente sur ces trois dimensions. Concrètement, nous proposons
aux kinés, ergothérapeutes et profs d’éducation physique de suivre une
formation de six demi-journées offertes par Educa Santé (1).
Nous comptons déjà une trentaine de personnes formées, parfois des
associations ou des indépendants, venant d’une maison médicale, d’un service
communal, d’une mutualité ou d’une maison de repos. Une prochaine formation
s’ouvrira bientôt à Namur. Ces personnes-relais prennent ensuite en charge
l’animation d’un cycle complet destiné aux seniors, comprenant 22 ateliers
d’1h20” (2).
Préventif et rentable
Lors d’une première
séance, un petit test de capacité motrice sert à déterminer le niveau de
risque de la personne : faible, modéré ou élevé. Une étape déterminante car
le programme cible les personnes présentant un risque de chute modéré. Pour
les autres niveaux, il faut suggérer le suivi qui conviendra le mieux. Une
activité adaptée pour se maintenir en forme ou de la rééducation
personnalisée.
“Nous demandons aux
intervenants d’enregistrer les progrès obtenus tout au long du cycle,
poursuit Martine Bantuelle. Cela peut paraître contraignant, mais c’est
indispensable pour récolter des données statistiques fiables. Cela permettra
peut-être d’obtenir une reconnaissance du programme par les pouvoirs
publics, en démontrant son efficacité par rapport au nombre de chutes et
leurs conséquences. Une diminution du nombre de chutes signifie une baisse
des hospitalisations, une réduction des coûts pour la sécurité sociale…”
D’autres projets sont à
l’étude, comme l’adaptation du programme en maison de repos pour la majorité
des personnes à risques élevés ou encore une campagne de sensibilisation
auprès des aides et soignants à domicile. L’évaluation se fera dans quelques
années, pour laisser le temps aux freins au changement de s’user un peu et
de voir apparaître de nouveaux comportements.
// Etienne Mathues
(1) Pour toute information sur le programme “Vivre actif” et
la formation des ateliers “Equilibres”, contactez l’asbl Educa-Santé, Av.
Général Michel 1B - 6000 Charleroi. 071/30.14.48. -
doc@educasante.org -
www.educasante.org
(2) Pour en savoir plus sur les ateliers “Equilibres”,
contactez l'asbl Solival Wallonie-Bruxelles au 070/221.220.
Des
séances de sensibilisation à la problématique des chutes et aux moyens d’y
remédier seront proposées en octobre à Chapelle-lez-Herlaimont. Infos au
071/54.83.18.
Deux brochures utiles |
Comment
éviter les chutes?
Il est possible,
dans de nombreux cas, de réduire le risque de chutes chez soi et ce,
en agissant à plusieurs niveaux: améliorer son équilibre, adopter un
comportement sûr et aménager son environnement quotidien. L'asbl
Solival Wallonie-Bruxelles a publié une brochure qui livre de
précieux conseils à ce propos. Originalité: ce document contient un
questionnaire qui permettra aux personnes à risque de chute de
passer en revue leurs activités et leur logement. Ce test leur
permettra et de pointer l’un ou l’autre problème dont ils ne se
seraient pas encore rendu compte et ce, pour les éliminer le plus
vite possible et les sécuriser d’avantage.
La brochure “Comment éviter les chutes? La prévention des chutes
chez la personne âgée à domicile”
est disponible sur simple demande en
téléphonant à l'asbl au 070/221.220. Elle est également
téléchargeable sur le site
www.solivalwb.be
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Home sweet home
Comment éviter
la chute chez la personne âgée? Le service Infor Santé de la MC
répond à cette question dans sa brochure “Home sweet home”. Celle-ci
explique tout d'abord quels sont les facteurs de risque de chute et
comment déterminer si une personne est à risque léger, modéré ou
élevé de chute. Un chapitre entier est consacré à la prise de
médicaments, qui peut accroître le risque de manière importante. La
brochure livre des pistes de solutions et conseils pour limiter les
risques. Elle donne aussi des conseils pour se relever en cas de
chute et fournit les coordonnées d'organismes ressources pour
trouver de l'aide.
La brochure
“Home sweet home – comment éviter la chute chez le personne âgée”
est disponible chez votre conseiller mutualiste. Elle peut aussi
être obtenue sur simple demande au 0800/10.9.8.7. ou téléchargée sur
www.mc.be.
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Témoignage |
“Ma dernière
chute est arrivée dans le petit parc qui entoure notre
établissement. Je voulais remplir un seau de terreau. Mon pied s’est
pris dans une racine de lierre en m’approchant du tas de terreau et
je me suis retrouvée à plat ventre dedans. Pas de fracture, mais une
grosse frayeur. J’ai rampé vers un vieux caddie de magasin, bien
contente que quelqu’un l’ai oublié là. En m’y agrippant, je suis
enfin parvenue à me relever.
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Je conserve un problème d’équilibre et une certaine angoisse.
Heureusement, je me soigne tous les jeudis matin : les ateliers
d’Aline me font du bien autant physiquement que moralement”.
// Sœur Agnès |
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