Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

La santé des seniors (19 décembre 2013)

Feu vert à la télé-vigilance passive

© Marc Detiffe

Allo? J’ai fait une chute, je ne peux plus bouger…” Ainsi commencent la plupart des messages de détresse reçus aux services de télé-vigilance. Le plus souvent, l’aide aussitôt mise en branle s’avère précieuse. Mais aujourd’hui, avec le vieillissement de la population, les besoins des personnes à domicile se font plus précis et plus variés. Avec l’appui des nouvelles technologiques, le maintien à domicile entre dans une nouvelle ère.

Un cauchemar. Andrée, 84 ans, n’a pas d’autre mot pour qualifier cette nuit d’avril dernier. Au départ, un simple besoin de pipi nocturne. Elle se lève, mais son pied s’accroche dans le tapis. Patatras ! Les murs et le décor se transforment en carrousel fou. Elle se retrouve à moitié K.-O., étendue de tout son long sur le carrelage glacial. Trop douloureux pour bouger. Pas d’appui pour se rétablir. Seule chez elle, l’octogénaire ne peut faire appel à personne. Crier? Mais elle n’en a pas la force! Le téléphone? Il est à cinq mètres! Si elle avait porté sur elle son émetteur de télé-vigilance, une simple pression sur le petit boîtier aurait suffi pour alerter l’opératrice de garde cette nuit-là.

Caricature des situations rencontrées dans les services de télé-vigilance? Oui et non. Oui, car ce genre de service de garde répond en réalité à des scénarios de détresse très variés et relatifs à toutes les tranches d’âge : le retour à domicile après un séjour à l’hôpital, l’accession progressive d’une personne handicapée à un logement en autonomie, l’obligation de rester au lit lors d’une grossesse difficile, etc. C’est bien simple: chez Vitatel, le service d’assistance 24 h/24 de la Mutualité chrétienne, l’âge des bénéficiaires démarre dès 21 ans et se termine à 105 ans.

Trop tard !

Le cas d’Andrée est néanmoins un grand classique. En effet, poussées dans le dos par leur entourage, de nombreuses personnes âgées se résolvent, bon gré mal gré, à faire installer un système de télé-vigilance à leur domicile. Mais, par distraction, par désinvolture ou par résistance – plus ou moins consciente – à leur entourage, elles ne portent pas en permanence leur collier ou leur bracelet émetteur. Dès lors, tout le dispositif risque d’être caduc : lorsque l’accident survient, on ne peut rien faire pour les aider. Il n’y a plus alors, une fois la chute survenue, qu’à gérer les conséquences: hypothermie, pneumonie, fracture(s), hospitalisation, etc. Sans parler du traumatisme psychologique.

L’âge moyen d’installation à domicile du dispositif de Vitatel est de 84 ans, soit généralement après la première chute ou le premier accident, commente Stéphane Belin, directeur de PSD-Vitatel, vingt-deux ans de service dans le secteur. C’est tard, beaucoup trop tard!” Explication: beaucoup de personnes âgées vivent le port du petit émetteur au cou ou au poignet comme une stigmatisation : une preuve de leur dépendance, une manifestation extérieure de leur perte d’autonomie. Paradoxal, puisque le dispositif se veut, idéalement, la promesse de pouvoir rester plus longtemps chez soi. Et un gage de sérénité, tant pour la personne concernée que pour son entourage: enfants, voisins, amis, aidants professionnels(1)...

Les limites du système

Au Centre d’appel de Vitatel, à Bouge (Namur), le local des opératrices est parsemé d’écrans et de téléphones qui résonnent à toute heure du jour ou de la nuit, 365 jours sur 365. La cadence est intense : 300 appels par jour, 3.400 nouveaux placements d’appareillages par année, 12.000 bénéficiaires au total. “Nous permettons à tous les bénéficiaires de repousser jusqu’aux dernières limites leur départ en maison de repos”, se réjouit Stéphane Belin.

Quelles sont, précisément, les limites du système? D’abord, la difficulté - croissante - de recruter des aidants proches, du fait que les enfants des personnes âgées vivent parfois bien loin de leurs parents ou sont moins disponibles qu’autrefois. Ces enfants, souvent eux-mêmes sexagénaires, peuvent aussi être dépassés par l’aide à fournir, surtout lorsqu’elle est physique. Parfois, même les voisins et amis manquent cruellement à l’appel: “On a la vieillesse que l’on s’est construite tout au long de sa vie…”, commente, philosophe, le directeur de PSD-Vitatel. Enfin, la confiance n’y est pas toujours : si la personne à domicile refuse de confier la clef de son logis à des tiers, tout le dispositif s’écroule. Les pompiers? “Ils acceptent rarement d’intervenir plus d’une fois”. Et laissent derrière eux une facture salée, puisqu’il faut bien réparer la porte ou la fenêtre fracturée.

Un cran plus haut

Pour répondre aux limites de la télévigilance, Vitatel tente, chaque fois que possible, de (re)construire de nouveaux réseaux d’aidants proches. “Nous avons l’avantage de pouvoir compter sur une vaste gamme de soins et d’assistance à domicile, tels que Solival et l’Aide et soins à domicile (ASD), constate Stéphane Belin. Les travailleurs sociaux d’ASD peuvent, par exemple, inviter la personne à domicile à s’intégrer dans divers réseaux, qu’il s’agisse d’aide professionnelle ou de groupes plus informels comme ceux de loisirs; ou à adapter progressivement les pièces de leur habitation à la perte d’autonomie. Mais, quoiqu’on mette en place pour favoriser le lien social et l’aménagement spatial, il y a une nécessité croissante de faire appel à de nouveaux dispositifs technologiques. Ceux-ci permettent de répondre à des cas bien précis: chutes suivies d’états d’inconscience, confusions mentales légères, “absences” momentanées ou encore les situations où, choquée après une chute, la personne ne songe même pas à appeler le service via l’émetteur”.

Les noms de ces nouveaux dispositifs sont désormais connus : le “pack chute” et le “pack mémoire” (lire les encadrés ci-dessous), disponibles dans le courant du premier semestre 2014(2). Une révolution? “Plutôt une évolution, puisqu’ils se greffent tout simplement sur la télé-vigilance classique. Il y a cinq ans à peine, les esprits n’étaient pas prêts. Mais aujourd’hui, le retour d’expériences menées à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne, est très positif. Egalement celui de nos propres phases d’expérimentation”, précise Stéphane Belin.

L’homme et/ou la machine

Prometteur, certes. Y compris sur le plan relationnel? La machine ne vat- elle pas gommer, petit à petit, la nécessité d’une présence humaine : celle des proches ou des professionnels ? Le consentement libre et éclairé du bénéficiaire sera-t-il toujours possible et régulièrement réévalué? “En aucun cas, il ne s’agit de remplacer les visites et les soins par ces dispositifs techniques. Mais bien d’assurer un meilleur confort de vie, dans une perspective de service et de sérénité pour tous. Il importe de soigneusement former le personnel d’aide, et de bien présenter les atouts de ces dispositifs, sans rien imposer. Après tout, lorsque la télé-vigilance active est arrivée, il y a vingt-cinq ans, des réticences se sont exprimées un peu partout. Pour rapidement s’éteindre. Aujourd’hui, les temps sont mûrs pour la télé-vigilance passive”.

Nouveauté notable, en tout cas: les trois dispositifs ne pourront être installés, dans un premier temps, qu’après la visite d’une ergothérapeute de l’ASBL Solival et, plus tard (fin du premier semestre), via un intervenant social (ergothérapeute, infirmier, coordinatrice…) ou sur le conseil du médecin. Un pari, assurément, sur l’avenir d’une société où le vieillissement progresse à une vitesse inégalée dans l’histoire humaine. Et où les machines envahissent le moindre recoin de notre vie quotidienne.

//PHILIPPE LAMOTTE

>> Plus d’infos sur www.mcsoinsadomicile.be ou www.vitatel.be ou via 078/15.12.12

(1) Les proches ont préalablement accepté de s’inscrire sur une liste d’appel. En cas de problème, l’opératrice les contacte aussitôt, afin qu’ils interviennent auprès de la personne en difficulté.

(2) Le prix de la location mensuelle variera entre 22 et 40 euros, selon le pack et le statut de la personne. Une démonstration “in situ” sera organisée dans les salles d’essai de Solival à Mont-Godinne et à Bruxelles (Valida) dans le courant du premier semestre 2014.

 Kit chute : prévenir l’accident 

Le kit “chute” se compose notamment d’un accéléromètre fixé au vêtement de la personne. Son rôle est d’envoyer un signal dès lors que celle-ci se retrouve brutalement en position couchée. Le kit comprend également deux à quatre capteurs de présence ou d’absence, dont l’un est placé sous le matelas. Tous sont programmés par l’installateur sur la base d’un questionnaire portant sur les habitudes de vie du bénéficiaire. Ainsi, si ce dernier déclare, par exemple, qu’il lui faut quinze minutes pour passer à la toilette, l’appareil peut être programmé pour ne se déclencher qu’à la seizième minute. Il en va de même si – autres exemples parmi bien d’autres – la personne souffre régulièrement d’insomnies ou si elle a l’habitude de grignoter à la cuisine à 4 h du matin.

Une multiplication d’intrusions dans la vie privée? “Il ne s’agit pas de caméras!”, s’insurge Stéphane Belin. Qui précise que le questionnaire à remplir ne s’immisce pas dans l’intimité des gens. Pour prévenir les chutes, on peut prévoir l’allumage automatique d’une lampe dès que la personne se lève (grâce au capteur sous le matelas). Possible, aussi : l’installation de tirettes d’appel dans la salle d’eau et au WC.

 Kit mémoire : corriger les oublis 

Le kit “mémoire” s’adresse principalement aux personnes souffrant de problèmes cognitifs de “stade 1” dans le cadre d’une maladie neurodégénérative (de type Alzheimer, Parkinson, etc.) Plus particulièrement à celles “qui peuvent vivre en autonomie, mais dont la mémoire, partiellement déficiente, pose d’éventuels problèmes de sécurité : robinet qui coule, cuisinière non éteinte, etc.” Des détecteurs de chaleur, de monoxyde de carbone (CO) ou de flux d’eau intempestif sont placés dans les pièces sensibles.

Dès qu’une anomalie se présente, l’alarme est lancée et, comme dans le cadre des autres dispositifs, l’opératrice tente aussitôt d’entrer en contact avec l’occupant des lieux ou, s’il ne réagit pas, avec l’un des proches, dont les coordonnées (GSM ou téléphone) sont consignées sur une liste de référence. L’oubli d’une mise en marche du chauffage central, voire du rechargement d’un poêle au charbon, est également susceptible d’être signalé. Variante : si, par exemple, la porte de sortie du logis est actionnée en pleine nuit ou lors d’intempéries, le système réagit via des “contacteurs” spéciaux, placés dans le châssis.

Réagir à cet article

Retour à l'index

"Santé des seniors"

haut de page