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La santé de nos enfants (20 mars 2003)

 

L’enfant somnambule

 

S’il est déroutant de voir son enfant se promener dans la maison durant la nuit alors qu’il est manifestement endormi, le somnambulisme de l’enfant n’est pourtant pas un phénomène inquiétant. Deux règles d’or à respecter : ne pas réveiller l’enfant en pleine promenade nocturne et ne pas l’inquiéter.

 

 

Environ un enfant de 3 à 5 ans sur sept est sujet régulièrement au somnambulisme, et près d’un sur trois occasionnellement. Les 6-12 ans seraient entre 15 et 40 % à être somnambules. C’est dire si ce phénomène est relativement fréquent chez les jeunes enfants et les pré-adolescents. Même les nourrissons peuvent être concernés, dès six mois: puisqu’il est incapable de marcher, cela se manifestera par des pleurs et une agitation anormale durant la première partie de nuit (contrairement aux cauchemars qui se manifestent plus tard dans la nuit). Même lorsqu’ils prennent le bébé dans les bras, les parents ne parviennent pas à le calmer, le rassurer. Cette crise du bébé peut durer de 5 à 25 minutes, le bébé se calmant de lui-même.

 

De l’hérédité aux cycles du sommeil

 

Même si les causes de ce comportement nocturne sont encore aujourd’hui mal connues, des pistes se dessinent, comme l’explique le Dr Patricia Franco, neuropédiatre à l’Unité pédiatrique du sommeil à l’Hôpital Érasme à Bruxelles : “Le somnambulisme semble lié à une mauvaise transition du stade de sommeil profond, pendant les premières heures de la nuit, vers un autre stade de sommeil. Le somnambule se trouve donc dans un état où, tout en dormant, il conserve suffisamment de capacités motrices pour se lever. Il sera donc capable de se lever, de se faire à manger, de se promener en rue, et même de parler à ses parents sans se réveiller, donc sans se rendre compte de ce qu’il fait. Il s’agit d’un “réveil incomplet” du cerveau qui ne conserve pas à ce moment précis ses capacités de mémorisation. Ce qui explique que le somnambule ne se souvient pas de ses promenades nocturnes à son réveil”.

Chez l’enfant de 3 à 5 ans, le sommeil profond pouvant être vraiment profond, ce passage vers un autre stade du sommeil est plus difficile, ce qui explique que les enfants de cet âge sont souvent concernés par le somnambulisme.

 

Un autre élément favorisant l’émergence de ce comportement est la présence de tensions au sein de la famille ou des difficultés éprouvées par l’enfant pour contrôler ses sentiments ou son apparence, par exemple (ceci est essentiellement le cas chez les plus de 5 ans) La nuit étant un moment propice pour se laisser aller, ces angoisses peuvent dès lors ressurgir et induire le somnambulisme. De plus, dans environ 40 % des cas, d’autres membres de la famille souffrent de troubles du sommeil, que ce soient des terreurs nocturnes ou le fait de parler durant son sommeil, ce qui laisserait envisager une cause héréditaire.

 

Ne pas dramatiser et attendre

 

Le somnambulisme disparaît avec le temps : pas besoin de s’alarmer avant l’adolescence. Les seules consignes à suivre sont d’attendre que cela passe et ne pas inquiéter l’enfant. Aussi, durant la nuit ou le lendemain matin, les parents ne doivent pas évoquer cette promenade nocturne devant l’enfant ou lui demander où il voulait aller : il ne s’en souviendra pas ! Ces questions incongrues vont perturber l’enfant, l’inquiéter et il pourrait se croire en train de sombrer dans la folie. Et ces angoisses ne pourront qu’entretenir ce trouble du sommeil !

En réalité, le seul risque encouru par le somnambule et à garder à l’œil par les parents est celui de se blesser ou de tomber durant ses “virées” nocturnes. Aussi, comme le conseille le Dr Franco : “il faut assurer la sécurité de la promenade du somnambule : ranger les jouets et autres obstacles pour qu’il ne trébuche pas ou ne se blesse pas, installer des serrures hautes auxquelles l’enfant n’aura pas accès pour qu’il ne s’échappe pas, barrer l’accès aux escaliers, etc. Lorsque le somnambule est en balade, il ne faut en aucun cas le réveiller, mais bien le rediriger calmement vers son lit, qu’il regagnera comme si de rien n’était. Et pour cause : pour le somnambule, il ne s’est rien passé ! S’il est trop agité, parlez-lui pour le rassurer, en le ramenant au lit. Son sommeil n’en sera pas pour autant de mauvaise qualité et le lendemain matin, il ne se souviendra de rien”.

 

Enfin, si l’enfant est trop fatigué en journée, il faut l’encourager à faire une petite sieste, afin que son sommeil ne soit pas trop profond en début de nuit, ce qui rendra plus difficile la transition vers les autres stades de sommeil et risque donc de provoquer une promenade nocturne. De même, il faut bien veiller à respecter le sommeil de son enfant et ne pas hésiter à le coucher, même très tôt, s’il est très fatigué.Néanmoins, comme le précise le Dr Franco : “si les accès sont vraiment très fréquents, violents ou inhabituels, il est nécessaire d’en parler au médecin traitant pour exclure une autre étiologie, notamment des crises d’épilepsie. Une anamnèse soignée et parfois la réalisation d’une polysomnographie aidera au diagnostic et à une prise en charge plus spécifique”.

 

Bref, pour soigner un jeune enfant somnambule, point besoin de traitements médicamenteux ou psychologique : la patience est de mise, puisque le somnambulisme disparaît progressivement et n’est bien souvent plus qu’un souvenir à l’adolescence.

 

Carine Maillard

 

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