Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

La santé de nos enfants ( 7 octobre 2004)

 

 

Le sommeil de votre enfant

 

Bien dormir est un besoin vital aussi important que bien manger ou bien respirer tout simplement. C’est pourquoi, dès le plus jeune âge, nous devons apprendre aux enfants à prendre du plaisir à bien dormir. Les troubles du sommeil chez les enfants ne sont pas une fatalité. Quelques grands principes et beaucoup de bon sens peuvent, dans la grande majorité des cas, aider parents et enfants à passer des nuits calmes et reposantes.

 

Aider un enfant à faire l’apprentissage du “bien dormir”, c’est l’aider à grandir, à évoluer sereinement. Cependant, il est difficile de décrire ce qui est normal en matière de sommeil de l’enfant. Chaque enfant, chaque famille, chaque situation est différente. “Le comportement est adéquat si les membres de la famille sont heureux de la situation existante. Nous parlerons d’un problème de sommeil si l’enfant ou sa famille souffre d’un comportement de sommeil”, explique feu professeur André Kahn, grand spécialiste des troubles du sommeil chez les enfants dans son excellent ouvrage “Le sommeil de votre enfant” (1).

Si les comportements nocturnes de l’enfant perturbent fortement la vie familiale, on peut considérer qu’il y a “troubles du sommeil”. Outre l’intolérance de la famille, c’est également en observant les comportements de l’enfant que l’on peut repérer les problèmes de sommeil. Si celui-ci est pâle, cerné, somnolant ou s’il est exagérément nerveux, agité, colérique… on peut suspecter un problème de sommeil.

 

Les éveils nocturnes ne sont pas rares

Près d’un quart des bébés entre 6 mois et un an s’éveillent fréquemment la nuit. Entre l’âge de 1 et 2 ans, un cinquième des enfants s’éveillent souvent la nuit. Vers 4 ans, la moitié des enfants éprouvent encore des difficultés à s’endormir le soir et se réveillent la nuit. Plus grave, parmi les 14% d’enfants entre 7 et 11 ans et qui ont régulièrement des insomnies, 4% prennent des somnifères (2). Si les troubles du sommeil sont fréquents chez l’enfant, rien ne sert d’attendre l’extrême limite du supportable pour agir. On est parfois très étonné du seuil de tolérance des familles.

 

Malentendus

La plupart des troubles du sommeil chez l’enfant peuvent être corrigés sans le moindre traitement médicamenteux, en se basant sur une série de principes simples et en faisant appel au bon sens. Sur base de son expérience, le Pr. Kahn répartit les troubles du sommeil les plus courants en malentendus d’une part et en problèmes de limites d’autre part.

“Un enfant normal s’éveille – et se rendort – spontanément cinq à sept fois par nuit. Ces éveils sont brefs, ne durent que quelques secondes ou minutes pendant lesquelles l’enfant ouvre les yeux, suce sa tétine ou son pouce, bouge dans son lit, pousse de petits cris ou pleure. L’enfant se rendort tout seul et ne garde aucun souvenir de ces “micro-éveils”. Si par contre l’enfant a mal, ou s’il est dérangé par son environnement, ou encore s’il est conditionné par de mauvaises habitudes, il ne pourra se rendormir seul”, explique le Professeur Kahn dans son ouvrage. “Les conditions dans lesquelles l’enfant a pris l’habitude de s’endormir le soir sont aussi celles dont il aura besoin pour retrouver le sommeil à chaque fois qu’il s’éveille la nuit.” Un enfant qu’on endort en le berçant réclamera d’être bercé à chaque réveil nocturne. Celui qui s’endort en buvant son biberon ou en suçant sa tétine aura besoin d’un nouveau biberon ou de sa “tute” pour se rendormir la nuit et donc réclamera l’aide de ses parents. Ceux-ci arrivent ainsi à des situations qui peuvent paraître absurdes de l’extérieur. Comme cette petite fille à qui l’on donne un litre de grenadine par nuit au biberon, ou ce gamin que l’on promène en poussette à chaque réveil ou cette autre petite fille qui demande d’être bercée toutes les heures entre 1h et 5h du matin.

 

Personne n’est responsable ou ne doit se sentir coupable du développement de ces situations. Il s’agit d’attitudes prises en toute bonne foi pour favoriser le sommeil de son enfant… alors qu’il avait des coliques, “faisait une dent”, avait fait un cauchemar, était nerveux, passait un cap difficile (entrée à l’école, naissance d’un petit frère/sœur…)… La raison première n’a pas d’importance. Ces interventions qui deviennent des habitudes sont la source de ce que Kahn appelle les malentendus. Malentendus car les solutions apportées ne sont pas les bonnes.

 

Mettre des limites

Aux côtés des malentendus basés sur un quiproquo, une mauvaise interprétation, on rencontre des problèmes qui surviennent lorsque les parents ne savent pas imposer des limites claires à leur enfant. Ils ne savent pas dire non et instaurent des espèces de compromis, de pactes pour arriver à faire dormir leur enfant. Un exemple cocasse et triste à la fois est celui de cette fillette de 8 ans dont les parents ont remarqué que l’endroit où elle s’endormait le mieux et le plus facilement, était le grand canapé de la salle de séjour en compagnie de ses parents. Ainsi dès 20h, le papa, la maman et la gamine dormaient dans le living ! Bien souvent ces problèmes de limites ne se manifestent pas uniquement pour le sommeil mais aussi dans d’autres domaines. Ces comportements sont plus difficilement modifiables car ils demandent que les parents changent d’attitude vis-à-vis de leur enfant. Les limites aident l’enfant à comprendre comment se comporter, elles le rassurent, lui permettent d’avoir confiance en lui.

Dans le cas de troubles du sommeil liés aux limites, il est également tout à fait possible de changer les choses progressivement. Il n’est jamais trop tard pour redéfinir les règles, le tout étant de s’y tenir car l’enfant ne manquera pas de “tester” ses parents à plusieurs reprises.

 

Apprendre progressivement

La règle d’or est d’apprendre à l’enfant à être autonome le soir. Si on le dépose seul dans son lit, calme mais éveillé, l’enfant trouve seul son sommeil. Cet apprentissage peut se faire progressivement. Les parents vont d’abord expliquer à l’enfant comment ils vont s’y prendre désormais; ils vont veiller à mettre en place ou à respecter un rituel (lire ci-contre “Prévenir les troubles du sommeil ?”) et vont quitter la chambre. Si l’enfant pleure, les parents le laissent pleurer seul 5 minutes puis viennent voir si tout se passe bien en évitant de le caresser, en ne lui donnant pas à boire, en ne le prenant pas dans les bras. Ils le laissent ensuite pleurer pendant 10 minutes, puis 20 minutes et ensuite vont voir toutes les 20 minutes si tout se passe bien. Idem si l’enfant s’éveille la nuit. Ce qui est étonnant, c’est de voir combien les enfants peuvent facilement se défaire de ces habitudes que les parents pensent immuables... “Il faut en général entre une et quatre nuits d’efforts pour parvenir à ce que l’enfant s’endorme seul le soir sans pleurer et ne se manifeste plus la nuit”, indique le spécialiste.

Il est clair que si l’enfant est malade, fait une dent, vit un moment difficile à l’école ou dans la famille… il faut répondre à sa demande et l’entourer de tous les soins nécessaires et de tout l’amour dont il a besoin. Rien ne sert de se braquer en le laissant pleurer dans de telles situations transitoires.

Outre les limites et les malentendus, il existe bien sûr d’autres causes aux troubles du sommeil : les limites particulières pendant la phase d’œdipe de l’enfant, la maltraitance, l’anxiété provoquée par des situations précises plus ou moins graves (changement de puéricultrice à la crèche, parents qui se disputent, vol dans la maison…),. Les insomnies peuvent être d’origine physique lorsque l’enfant connaît des problèmes de santé (coliques, reflux…), des ennuis diététiques (déséquilibres, intolérances alimentaires…), ou des problèmes respiratoires (apnée, asthme). Nous ne pouvons aborder tous les cas ici.

 

Quelle que soit la situation, il est indispensable de rester à l’écoute de son enfant, de l’observer pour mieux l’aider. Et si les parents se sentent dépassés par les événements, ils ne doivent pas hésiter à parler de leurs problèmes à leur pédiatre, à aller consulter au besoin un spécialiste du sommeil avant que la situation ne devienne extrême, et pour l’enfant et pour les parents.

 

Françoise Robert

 

(1) Le sommeil de votre enfant • Pr. André Kahn aux éditions Odile Jacob • 16,80EUR.

Cet article est basé largement sur cet ouvrage qui est une référence dans le domaine du sommeil de l’enfant.

(2) Chiffres basés sur plusieurs travaux réalisés en Europe et aux Etats-Unis repris du livre d’A. Kahn, cité ci-dessus

 


Prévenir les troubles du sommeil?

 

Dans son ouvrage, le Professeur Kahn détermine 4 grands piliers du sommeil de l’enfant visant à prévenir les troubles.

Parler à l’enfant et lui expliquer ce qui va se passer

Même tout petit, même tout bébé, même nourrisson, l’enfant comprend beaucoup de choses, bien plus de choses et bien mieux qu’on ne le pense. Très tôt, il est bon de prendre l’habitude d’expliquer à l’enfant ce qu’on attend de lui, comment la soirée va se dérouler. Par exemple annoncer 15, 10 et 5 minutes avant de le coucher qu’il sera bientôt temps d’aller au lit.

 

Avoir une attitude cohérente et constante

La parole doit être suivie des actes. Si on annonce à l’enfant un dodo dans 10 minutes, il ne faut pas lui laisser encore une demi-heure de télévision. Par ailleurs, quand l’heure du coucher approche, ce n’est pas le moment de jouer à chatouille ou de le mettre devant un jeu bruyant et excitant. Les activités doivent se calmer petit à petit en laissant par exemple la place à la lecture, à un petit massage, aux câlins… Il est bon que, soir après soir, le message donné par les parents soit le même. Chaque soir, vers la même heure, on va demander ou aider l’enfant à se calmer en préparation du dodo annoncé.

 

Respecter un rituel du coucher

Chaque soir on répète les mêmes gestes, les mêmes paroles avant de déposer l’enfant éveillé et calmé dans son lit. Par exemple, on dit au revoir aux animaux qui ornent le papier peint ou aux jouets de la chambre, on raconte une histoire, on rapproche le doudou favori, on fait un bisou en souhaitant de beaux rêves puis on éteint la lumière… Répéter le même rituel tous les soirs permet de rassurer l’enfant.

Il est important de laisser le lit associé au sommeil. Le lit n’est pas un terrain de jeu ni un lieu de punition, il est l’endroit où l’ont dort.

 

Répondre doucement mais fermement aux appels nocturnes

Si l’enfant tousse, gémit, semble s’éveiller ou commence à pleurer, rien ne sert de se précipiter à son chevet. Des jeunes parents trop anxieux ont parfois tendance à réveiller complètement un enfant qui est encore endormi, par leur intervention trop rapide. Il vaut mieux n’intervenir que si l’enfant bien éveillé pleure et appelle. L’attitude des parents doit rester cohérente et constante la nuit comme avant le coucher.

 

 

Retour à l'index "La santé de nos enfants"