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Dysphasie

Ces enfants qui parlent à demi-mots ( 17 février 2005)

 

La dysphasie est un trouble de l’apprentissage et du développement du langage oral. Encore très mal connu du public, il toucherait environ 1% des enfants d’âge scolaire. Si la dysphasie est identifiée rapidement, une prise en charge adéquate peut améliorer la communication de ces enfants.

Lire également ci-dessous :

Le parcours du combattant

Les causes de la dysphasie

Une association, des documents

 

Lorsqu’on le voit, l’enfant dysphasique ressemble à ses camarades. Mais lorsqu’il bouge, tente de parler ou qu’on lui parle, on comprend qu’on a affaire à un enfant un peu différent. Une différence qui peut se marquer dès le plus jeune âge : le bébé dysphasique est silencieux, alors que les autres gazouillent ou babillent. Vers 18 mois, il ne dit pas les mots de son âge, comme “papa”, “maman”, “donne” ; à deux ans, il n’associe pas les mots pour former des phrases. A 3 ans, seuls ses parents le comprennent, il ne pose pas de questions (“c’est quoi ?”, “Pourquoi ?”). Ensuite, on constate que l’enfant semble mieux comprendre ce qu’on lui dit si les phrases s’accompagnent de gestes.

Les difficultés rencontrées par l’enfant peuvent être de différents ordres : phonologique, on l’a vu, l’enfant étant incapable de répéter, mais aussi syntaxique avec des mots mal rangés dans la phrase, sémantique, les mots utilisés n’étant pas appropriés à l’objet que l’enfant veut désigner ou encore pragmatique, donc sans rapport avec les règles du langage. Néanmoins, il comprend généralement ce qu’on lui dit.

Tous ces signes doivent inciter les parents à consulter leur médecin généraliste ou un neuropédiatre qui recommandera un bilan logopédique auprès d’un logopède afin de poser le diagnostic juste. Il ne faut en tout cas pas laisser aller les choses en se disant que cela ira mieux plus tard ou qu’un déclic se produira chez l’enfant.

 

A côté des caractéristiques purement liées au langage, l’enfant dysphasique peut présenter d’autres troubles associés : une mauvaise coordination de ses mouvements, une difficulté à écrire ou dessiner, une motricité plus difficile, notamment.

 

Dysphasique n’est pas autiste

Face à un enfant qui éprouve des difficultés à s’exprimer, plusieurs troubles peuvent être évoqués. Aussi, il est important d’être attentif à tout autre signe : ses attitudes, son comportement.

Tout d’abord, l’enfant dysphasique n’est pas sourd. C’est certainement la première cause à exclure. En effet, pour reproduire la parole, l’enfant doit l’entendre. Il n’est pas non plus un handicapé mental – son intelligence est la plupart du temps tout à fait normale – et il ne souffre pas non plus de troubles psychologiques provoqués par un isolement, par exemple, le coupant de toute relation sociale, donc de toute possibilité de communiquer. L’enfant dysphasique est aussi très souvent confondu avec un enfant autiste. Or, le premier, contrairement au second, cherche à communiquer avec son entourage. Mais bien souvent, il le fera avec des moyens détournés, à sa façon, avec des mimiques, en montrant et agissant. Les proches développent bien souvent le même langage pour se faire comprendre de leur enfant en retour.

 

Il existe différents stades de dysphasie : légère transitoire, de développement ou sévère persistante. Dans le premier cas, on parle de retard simple, où l’enfant peut parler mais les mécanismes d’acquisition démarrent plus tard et l’évolution du langage est plus lente. Même s’ils trouvent que le langage de leur enfant est maladroit, les parents risquent de passer à côté du diagnostic et de ne découvrir l’existence d’un problème plus important qu’une fois l’enfant entré à l’école et échouant en lecture et en écriture.

Dans le cas de dysphasie de développement, l’enfant éprouve encore de grandes difficultés à parler vers 6 ans : il comprend mal les mots et les reproduit difficilement, il a peu de vocabulaire, ses phrases sont basiques et son discours élémentaire. Néanmoins, il peut comprendre mieux qu’il ne s’exprime (cela dépend du type de dysphasie). L’écriture peut être difficile ainsi que tout l’apprentissage scolaire, la difficulté d’apprendre l’orthographe ou de calculer, l’enfant ne comprenant pas les énoncés. Un enseignement spécial est donc souvent conseillé dans ce cas.

Atteint de dysphasie sévère persistante, l’enfant, à 4-5 ans, comprend souvent ce qu’on lui dit mais ne parle pas, présente des troubles moteurs et de ce fait, est souvent maladroit. Ces enfants nécessitent une prise en charge dans une structure adaptée dès le plus jeune âge où leurs progrès pourront être nombreux. Ils devront alors développer des modes de communication non verbaux, tout en travaillant la stimulation du langage que certains n’acquerront pas complètement.

 

Le “mot qui manque”

On retrouve parfois chez ces enfants dysphasiques une certaine agitation, une instabilité, voire une agressivité en réaction à un mal-être qui résulte de leurs difficultés, alors qu’ils ont une intelligence normale.

L’enfant dysphasique a en effet beaucoup de mal à trouver le mot qui correspond à un objet ou un concept. C’est ce que certains appellent le “mot qui manque”. Curieusement, dans certains cas de dysphasies sévères, l’enfant peut aussi parler abondamment, mais en utilisant des mots inappropriés ou inventés, et n’être pas compréhensible.

Contrairement aux enfants qui souffrent d’un simple retard de langage, il n’est pas nécessairement timide, anxieux ou introverti, et des mesures simples comme des séances de stimulation (psychomotricité, ateliers créatifs et autres) ne vont pas effacer complètement le problème. La dysphasie persiste, contrairement au retard de langage qui peut disparaître complètement…

La dysphasie nécessite donc un traitement logopédique spécifique avec un travail sur les moyens de communication verbaux et non-verbaux comme la mimogestualité, pour pallier les manques de la communication verbale. Il ne s’agit pas d’un langage des signes, comme pour les sourds, mais d’une gestuelle naturelle, telle que nous la pratiquons parfois pour nous faire comprendre par exemple face à une personne qui parle une autre langue. Ces gestes sont une phase transitoire pour accéder au désir de l’enfant de se faire comprendre, mais ils sont appelés à disparaître, lorsque l’enfant aura maîtrisé le mot qu’il mimait.

Une particularité des enfants dysphasiques est qu’ils ont souvent besoin de passer par la lecture pour apprendre à parler. L’apprentissage de la lecture doit impérativement passer par une méthode analytique et gestuelle (association lettre/geste/son).

Par ailleurs, la kinésithérapie et la psychomotricité peuvent être utiles pour permettre aux enfants d’affiner leur perception du monde et de leur corps.

L’avenir de ces enfants est lié à la précocité d’un suivi adapté, donc à un dépistage le plus tôt possible de leurs difficultés. Pour les parents, trouver un enseignement adapté aux difficultés de leur enfant est très problématique. Qu’il s’agisse de l’enseignement ordinaire ou spécial, de toute façon, une bonne information des enseignants sera nécessaire et les parents devront rester attentifs au travail réalisé par l’équipe pédagogique. A propos de la scolarité des enfants, l’Association des Parents d’Enfants Aphasiques et Dysphasiques peut être de bons conseils. Car chaque situation est particulière.

 

Carine Maillard

 

 

Le parcours du combattant…

 

Pour augmenter les chances d’évolution d’un enfant dysphasique, la logopédie, les séances de psychomotricité ou de toute activité créatrice (danse, dessin…), ainsi qu’un bon suivi de la part des parents sont nécessaires, ce qui peut s’avérer lourd pour l’équilibre familial… Sans compter les imbroglios administratifs qu’ils peuvent rencontrer, notamment pour obtenir une majoration des allocations familiales. En effet, en vertu de l’ancienne législation, de très nombreux enfants dysphasiques n’ont pu bénéficier d’allocations familiales majorées car leur taux de handicap était jugé trop bas. Ce système pénalisait très souvent les enfants fortement stimulés qui progressaient grâce à un suivi familial et professionnel important.

La nouvelle réglementation en vigueur depuis 2003 (AR du 28 mars 2003, MB du 23 avril 2003) rencontre en partie ce problème. En effet, l’évaluation ne se limite plus à la détermination d’un taux d’invalidité mais inclut les difficultés rencontrées par l’enfant ainsi que les efforts consentis pour les compenser. Sur le terrain, il semble toutefois que l’application de cette réglementation est loin d’être uniforme. Les parents de l’Association de parents d’enfants aphasiques et dysphasiques peuvent en témoigner.

“Par ailleurs, la dysphasie n’est pas reconnue de manière spécifique dans la nomenctature des prestations logopédiques”, ajoute Pascale Grevesse, Présidente de l’Union professionnelle des logopèdes francophones (1). “Il existe un remboursement pour les troubles sévères du développement du langage et de l’apprentissage mais tous les enfants dysphasiques ne peuvent en bénéficier, notamment si leur quotient intellectuel n’est pas assez élevé ou ne peut être évalué. Et de toute façon, le remboursement s’arrête au bout de deux ans de prise en charge, ce qui est tout à fait insuffisant”.

Pour les enfants qui suivent l’enseignement ordinaire (la logopédie étant assurée dans le cadre scolaire pour les enfants en enseignement spécial), la logopédie s’effectue donc largement aux frais des parents! “Il existe bel et bien un projet de reconnaissance spécifique de la dysphasie dans la nomenclature en logopédie (avec prise en charge intensive pendant trois ans puis un total de 100 séances par an jusqu’à 18 ans) mais il n’a toujours pas été concrétisé pour des raisons budgétaires”, constate avec amertume Pascale Grevesse.

 

(1) Union Professionnelle des Logopèdes Francophones (UPLF) - rue de la Liaison, 30 - 1200 Bruxelles - Tél.: 0473/886.776. martineghesquire@hotmail.com  - www.uplf.be

 

 

 

Les causes de la dysphasie

Actuellement, les causes précises ne sont pas connues. Mais différentes pistes sont évoquées :

La piste génétique, avec un dysfonctionnement neurologique inné. En effet, les familles ayant déjà compté un enfant dysphasique sont plus à risque. Il y a aussi plus de garçons dysphasiques que de filles.

La piste neurobiologique, avec une activité électrique cérébrale anormale durant le sommeil.

Une augmentation du débit sanguin cérébral dans des situations de stimulation (évocation mentale, écoute d’un conte…). Chez l’enfant dysphasique, elle est globale alors qu’elle est localisée aux zones du langage dans la population générale.

La piste des convulsions lors d’épisodes de fièvre qui provoqueraient la dysphasie. La moitié des enfants ayant convulsé posent un problème de langage simple ou sévère.

 


 

Une association de parents, des documents

 

L’Association des Parents d’Enfants aphasiques et dysphasiques (APEAD) donne des conseils et informations, organise des formations, des soirées d’échanges, des goûters rencontres, et propose plusieurs publications dont son trimestriel “APEAD Info”.

Elle a réalisé une vidéocassette intitulée “La dysphasie… et si on en parlait simplement”. Un document de 40 minutes qui explique la dysphasie, le diagnostic, la prise en charge et livre des interviews de spécialistes et de parents.

L’association a également publié une brochure gratuite très complète, intitulée “Aphasie et dysphasie chez l’enfant”.

APEAD: Secrétariat, Rue Thiernesse, 46 - 1070 Bruxelles – Tel. : 02/523.13.29. www.dysphasie.be - email : apead@skynet.be 

 


 

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