Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Prévention (18 novembre 2010)


 

© Philippe Turpin/BELPRESS

Se détendre sans

s'abîmer les oreilles

110 décibels, c'est l'intensité sonore d'une soirée dans une discothèque ou lors d'un concert. Plus de 100 décibels pour certains baladeurs… Et pourtant, à partir de 80 décibels, le son peut devenir nocif pour les oreilles. Acouphènes, neurinomes acoustiques (tumeurs nerveuses), hyperacousie…, un excès de bruit entraîne des lésions irrémédiables. Quand les nouvelles technologies abîment nos oreilles…

“C'est comme un sifflement permanent, comme un larsen”, témoigne Anne-Juliette, 15 ans. “Ma propre voix, je ne la supporte plus. Ça me fait mal”, se désole Thomas, 26 ans(1).  Il a suffi d'une fois, d'un bruit de trop, d'un son trop fort pour que leur vie bascule. L'une a assisté à un concert de rock un peu trop bruyant ; un pétard a éclaté à proximité de l'autre. Des événements a priori anodins qui ont été fatals pour leur ouïe. “On pense que ça n'arrive qu'aux autres”, s'écrie, dépitée, l'adolescente.

Les oreilles sont fragiles et nos modes de vie, de surcroît, avec les nouvelles technologies et autres activités bruyantes, les mettent à rude épreuve. Jusqu'à parfois, les abîmer irrémédiablement.

 

La folie des MP3

Le bruit est permanent à l'heure actuelle. Par de nombreux supports “tendances”, la musique peut nous suivre partout. Après les baladeurs à cassette et à CD, les MP3 ont fait leur apparition, suivis des GSM avec lesquels il devient aujourd'hui possible d’écouter la radio ou ses morceaux favoris. Dans les transports en commun, en voiture, dans la rue, ces objets sont partout dans les oreilles des jeunes et des moins jeunes. Même s'ils se veulent discrets et sont conçus pour une écoute individuelle, il n'est pas rare que ces petits diffuseurs de musique, malgré les écouteurs, se repèrent au son qu'ils émettent publiquement… Effrayant: il  est possible parfois d'entendre distinctement paroles et notes de ce qu'écoutent les fans de MP3. Les oreilles souffrent, sans que l'auditeur s'en rende compte. Certains appareils vendus atteignent entre 90 et 120 décibels (dB). Même si de rares fabricants limitent l'amplification sonore des baladeurs, les mêmes fournissent des programmes à ajouter sur les petits appareils pour augmenter le volume.

Outre la nocivité de la puissance sonore, la durée d'écoute use également les oreilles. Avec le développement de ce nouveau type de baladeurs, le temps d'utilisation a augmenté. Plus besoin de piles, les batteries internes se déchargent moins rapidement. L'évolution dans les modèles d'écouteurs a, elle aussi, son revers de la médaille pour l'audition : plus petits, les écouteurs de type “oreillettes” se glissent au creux-même de l'oreille, au plus proche du conduit auditif, ce qui a pour effet d'augmenter le volume sonore de 7 à 8 dB.(2)

Et pourtant les spécialistes mettent en garde: “Une nouvelle tranche de la population est touchée par les problèmes d'audition, précise le docteur Monique Decat, oto-rhino-laryngologiste aux Cliniques universitaires Saint-Luc. On remarque, dans nos consultations, que de jeunes adultes (20-25 ans) et même des adolescents ont déjà une fragilisation de leur ouïe. Les bruits de forte intensité provoquent des mouvements de liquide (périlymphe) trop importants dans l'oreille interne, ce qui peut abîmer ou même détruire les cellules ciliées responsables de l'audition.”

Du côté européen, on tente de traiter le problème à sa source : une norme est en préparation pour recommander aux fabricants de baladeurs de régler, par défaut, les paramètres sonores à des niveaux d'exposition sûrs (3). Mais les règlementations tardent…

 

La musique, source de tous les maux?

Ecouter à tout casser son groupe de rock préféré  avec son baladeur n'est donc pas recommandé. Mais il ne faut pas nécessairement que le bruit soit au creux de l'oreille pour être néfaste. Assister à un concert à côté des baffles ou dans une salle close peut s'avérer très dangereux pour l'audition. On estime à plus de 100 dB l'intensité sonore lors d'un show musical ou d'une soirée en discothèque. L'absence de contrôle de niveaux sonores en milieu festif et les progrès techniques permettent un volume sonore très élevé. Des associations de sensibilisation sont présentes sur le terrain. Par exemple, au travers du label Quality Nights(4) qui garantit que dans certains lieux festifs, comme les concerts et discothèques, des bouchons d'oreille sont vendus ou distribués.

Des comportements préventifs sont également à adopter lors de ces événements : ne pas rester près des enceintes sonores, s'accorder des moments de pause hors de tous bruits agressifs, veiller à ne pas multiplier les rendez-vous bruyants sur une courte période, tenir compte de son état de santé (les rhumes, otites…facilitent les lésions) et de sa consommation (l'alcool et autres psychotropes atténuent la sensation de douleur)…(4) Enfin, il ne faut pas croire qu'avec des boules Quiès® dans les oreilles, les problèmes d'audition s'envolent. Elles atténuent certains bruits mais tous les bouchons ne s'équivalent pas en qualité de protection et, parfois, l'intensité sonore, même atténuée, reste dommageable.

 

Un jeu dangereux 

Pas besoin d'attendre d'être en âge de fréquenter des concerts ou boîtes de nuit, notre audition est soumise à des bruits perçants dès notre plus jeune âge. Outre-Atlantique, la Fondation canadienne de l'ouïe(5) observe que le bruit émis par certains jouets musicaux destinés aux tout-petits peut grimper haut sur l'échelle des décibels. Un hochet atteindra parfois 102dB, une sirène de voiture de police 96dB ou un clavier électronique 104 dB… Sans parler des pistolets et des lecteurs CD. Si les parents sont souvent agacés par le bruit de ces jeux, ils auront un argument de plus pour s'en débarrasser. L'Europe établit la norme maximale pour les jouets à 90dB. Mais cette sécurité ne vaut que si le jeu reste à 25 centimètres de distance de l'oreille(6). Or, les enfants, souvent émerveillés par le bruit, collent généralement les jouets à leur oreille. De plus, certains jouets sont dépourvus d'un bouton modérateur du son émis. L'oto-rhino-laryngologiste de Saint-Luc rappelle que “chez les nouveau-nés et les jeunes enfants, l'oreille est fragile. De plus, les plus petits ne peuvent pas nous prévenir d'une anomalie dans leur audition (acouphène, hyperacousie…)”.

 

Problèmes irréversibles

“L'exposition a une intensité trop élevée de décibels provoque des problèmes d'audition, explique le Docteur Decat. On voit apparaître acouphènes, hyperacousie et pertes d'audition. Quand le patient perçoit un son qui n'est pas produit par un phénomène extérieur, c'est ce qu'on appelle un acouphène. Il ne rend pas sourd mais peut être le signe d'une atteinte de l'oreille qui, elle, peut mener à la surdité. L'hyperacousie, quant à elle, est une intolérance au bruit. Elle non plus ne mène pas à la surdité.” Ces pathologies restent gênantes pour le patient et, à l'heure actuelle, même s'il existe des traitements pour soulager celui qui en souffre, les faire disparaître totalement n'est pas assuré. Certains médicaments, des thérapies comportementales ou des opérations chirurgicales permettent d'atténuer les troubles ou de les rendre moins pénibles pour  le patient.

“Mais la première chose à faire est de protéger son audition: ne pas écouter son MP3 trop longuement ou trop fort, mettre des bouchons d'oreille quand on va en discothèque ou à un concert…”, conseille le Docteur Decat. Du fait que nous sommes soumis au bruit constamment dans notre société (trafic routier, ronronnement des ordinateurs…), il est utile de se relaxer, au calme: “Cela permet de diminuer les sensations auditives désagréables”(6). Et peut-être, aussi, de militer pour construire une société plus silencieuse, dans le bon sens du terme.

// Virginie Tiberghien

 

(1) Témoignage recueilli par Arte Radio : “Le silence est mort” (20 septembre 2006) – www.arteradio.com 

(2) “Baladeurs MP3 et pertes d'audition”, CRIOC, 27 avril 2007

(3) Extrait du communiqué de presse de la Commission européenne “Protection des consommateurs: L'Union européenne prend des mesures pour limiter les risques liés à l'utilisation des baladeurs”, 28 septembre 2009

(4) www.qualitynights.be  – 02/644.22.00.

(5) www.hearingfoundation.ca 

(6) Extrait de la brochure “Mieux entendre pour mieux s'entendre” éditée dans le cadre de la Semaine de la santé à Liège 2010

 

Le silence n'existe plus
Tintement, bourdonnement, bruit d'aspirateur…, les acouphènes peuvent différer d'une personne à l'autre. Mais quand ils apparaissent, ils envahissent les oreilles et le quotidien des acouphéniques. Malik, 27 ans en souffre. Après une soirée entre amis dans une boîte de nuit, il est rentré chez lui avec un bruit perçant dans les oreilles. Il espérait le voir disparaître le lendemain ou dans les jours à venir. “Quand je me suis rendu compte qu'après trois ou quatre jours, ce bruit était toujours là, j'ai compris qu'il ne me quitterait plus. C'est constamment que j'entends des sifflements. J'étais en soirée avec mes amis, je m'amusais… Je n'allais pas partir. Pourtant je savais que c'était mauvais pour les oreilles. Je m'en suis voulu parce qu'en plus, je n'ai pas fait de pause pour reposer mon audition.”
Egalement chanteur-guitariste dans un groupe pop-rock, Malik expose souvent ses oreilles à des niveaux sonores élevés. “Dans les concerts, le son est puissant. De plus, je n'arrive pas à chanter avec des bouchons d'oreille qui pourraient me protéger. Je n'entends pas assez ma voix. Mais dans les discothèques, la musique est également diffusée à une intensité sonore beaucoup trop élevée. Et les DJ's n'atténuent pas les sons aigus à l'aide d'un équaliseur.” Ces problèmes d'audition survenus après une soirée relèvent-ils uniquement de la responsabilité des fêtards? Ou ne serait-il pas judicieux de la part des organisateurs de soirée de veiller à diffuser la musique à une intensité raisonnable pour l'audition? Ce qui éviterait aux férus de la danse et de la musique de devoir se boucher les oreilles !

 

Réagir à cet article

Retour à l'index

"Prévention"

haut de page