Prévention
(1er novembre 2012)
Radon : chez vous, c’est
comment ?
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© Photononstop |
Chic et pas cher
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Pour connaître son
exposition au radon, une seule méthode : faire un test à domicile.
L’appareillage – un petit tube – coûte environ 30 euros. Il est disponible
auprès des services provinciaux et dans certaines communes. Il doit être
laissé immobile au rez-de-chaussée pendant trois mois consécutifs entre
octobre et mai. Renvoyé aux services compétents, il délivre alors un
résultat en Becquerel/ m3, cette unité correspondant à une désintégration
par seconde du noyau atomique. Dans les cas les plus difficiles, des
“renifleurs” à radon, capables de mesures instantanées, peuvent être
utilisés par les experts dans le cadre des campagnes communales.
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Pour avoir
une idée (purement indicative) de la situation générale de sa commune, il
est conseillé de consulter le site de l’Agence fédérale de contrôle
nucléaire(1). En introduisant son code postal, on visualise instantanément le
nombre de maisons analysées et la concentration moyenne de celles-ci.
Pratique, mais pas assez précis pour connaître son exposition personnelle.
(1)
www.afcn.be
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Les
connaissances sur le radon, ce gaz radioactif naturel, se sont
considérablement améliorées. On n’en est plus, aujourd’hui, à prétendre que
seule l’Ardenne est touchée. Partout, ou presque, il est recommandé de
mesurer sa concentration à domicile, pour éventuellement s’en protéger.
D’autant plus que la lutte contre ce gaz est réputée aisée et peu onéreuse.
Il ne se voit pas,
il ne se sent pas. Et pourtant, il tue. Le radon est un gaz radioactif,
formé par l’uranium présent dans le sol et les roches. Il joue un rôle dans
la formation du cancer du poumon, souvent en interaction avec d’autres
facteurs. Il serait responsable de 450 à 740 décès annuels en Belgique selon
les sources consultées. On croyait bien le connaître jusqu’il y a peu. A tel
point qu’une carte du territoire national, présentée sur le site de l’Agence
fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN), affiche traditionnellement la région
ardennaise en “zone rouge”, la Flandre en vert (exempte de danger) et le
reste du pays (Brabant wallon, Hainaut, Condroz, Famenne, Gaume…) en zones
intermédiaires, moins préoccupantes que l’Ardenne. Raison pour laquelle le
radon est traditionnellement mieux connu par les Ardennais. Ceux-ci, en
général, savent que l’abondance de schiste dans le sous-sol de leur région,
cause numéro un de l’exposition, rend nécessaire une certaine vigilance,
sinon la ventilation régulière de l’habitation (lire l’encadré ci-dessous).
Mais ailleurs? L’insouciance est-elle de mise? Certainement pas. L’année
dernière et jusqu’à ces derniers mois, les autorités fédérales et
provinciales ont cherché à en savoir plus sur la présence de ce gaz. Pour
bien comprendre ce qu’elles ont découvert, un très bref détour technique
s’impose. Les normes en Région wallonne (inspirées par l’Organisation
mondiale de la santé) sont de 400 Becquerel/m3 pour les anciennes
constructions et de 200 Bq/m3 pour les nouvelles. Ainsi que le rappellent
les Services d’analyse des milieux intérieurs (Sami)(1), il reste toutefois
souhaitable de ne pas dépasser 100 Bq/m3 dans les pièces habitées, voire
idéalement 50 Bq/m3, la moyenne nationale. Sur le plan de la santé, le
risque de contracter un cancer augmente théoriquement de 16% par tranche
d’exposition de 100 Bq/m3. Ainsi, si l’exposition passe par exemple de 100 à
500 Bq/m3, on augmente le risque de cancer de 64%(2).
Des “pics” locaux
Voilà pour le cadre théorique. Les récentes campagnes de mesure ont livré
des résultats instructifs, parfois franchement étonnants. Certes, on savait
déjà que, dans les zones hors Ardenne traversées par des cours d’eau, les
concentrations dans certaines habitations peuvent être sensiblement plus
élevées que les moyennes locales. En effet, ici ou là, les couches
géologiques de surface, érodées, ne peuvent plus jouer leur rôle de tampon
étanche : elles laissent le radon remonter plus facilement vers la surface.
Mais, dans le centre de Namur, des habitations ont récemment affiché des
concentrations de 1.000 à 1.500 Bq/m3. En plein centre de Liège, l’Archéoforum
a livré un résultat de plusieurs centaines de Bq/m3 (ventilé, il est
aujourd’hui totalement sain). A Tournai, un autre site fréquenté par le
public, en zone plutôt calcaire, a livré un résultat de 900 Bq/m3. Traité
lui aussi, il est redescendu à une concentration très basse (20 Bq/m3). “A
Gembloux, on a trouvé ici et là des mesures à 10.000 Bq/m3, soit 3.000 de
plus que le record connu en Ardenne”, précise le Dr Alain Nicolas,
responsable du Sami liégeois.
D’autres disparités locales ont été relevées.
Ainsi, à Thuin, la ville-basse est peu exposée, alors que le haut de la cité
l’est sensiblement plus. “Mais la moyenne de la ville reste insignifiante,
tempère Marc Roger, chef de projet à Hainaut Vigilance Sanitaire, ce qui
plaide en faveur d’analyses très locales, site par site”.
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> Cliquez sur la carte pour
l'agrandir <
La carte officielle du radon, en Belgique, attire l’attention sur l’Ardenne. Basée sur des moyennes locales, elle ne dit pas tout. On peut être significativement exposés au radon à Namur, comme à Wavre, Tournai, etc. |
Cette dernière recommandation est fondamentale. La carte du territoire belge évoquée
ci-contre est statistique et, à ce titre, purement indicative. Pour en avoir
le cœur net, chaque habitation du territoire wallon devrait idéalement être
testée individuellement (voir l’encadré ci-dessus). D’autant plus que deux
autres phénomènes peuvent jouer un rôle important. Primo, les
micro-événements sismologiques qui frappent régulièrement la Belgique. Peu
sensibles, parfois indétectables sauf via des instruments spécialisés, ils
peuvent contribuer à remodeler le sous-sol d’un site à une échelle très
réduite. Résultat : des constructions peu exposées au radon peuvent
soudainement afficher une concentration significative. Récemment, dans le
Brabant wallon, un logement répertorié à 400 Bq/m3 est ainsi passé
brutalement à 1.000 Bq/m3. Ce cas est loin d’être unique. “Toutes les
maisons d’un même quartier peuvent être “négatives”, sauf une seule qui
affichera une concentration significativement plus élevée”, commente le Dr
Nicolas.
Des “geysers” à radon
Second facteur, les aménagements humains. A
Hainaut Vigilance Sanitaire, on cite le cas de cette habitation testée
“négative” il y a trois ans, mais soudainement exposée à une concentration
nettement supérieure en raison de l’aménagement d’une cave à vin. Soucieux
de conserver un taux d’humidité adéquat, l’occupant avait aménagé l’arrivée
d’une source qui, in fine, a contribué à saturer toute son habitation en
radon. Ailleurs, c’est l’aménagement d’un puits artésien ou d’un puits
canadien qui a agi comme véritable “cheminée” à radon. Ailleurs encore,
c’est la rénovation d’une habitation en maison passive sur le plan
énergétique, mais mal ventilée, qui a fait grimper la concentration à plus
de 800 Bq/m3… “Pour des raisons acoustiques, la tentation est grande, dans
ce genre de logis, de diminuer ou d’arrêter la ventilation, ce qui n’est
jamais recommandé en termes de pollutions intérieures”, constate Marc Roger.
Ce même expert décrit des cas où le creusement d’un puits, dans un jardin, a
littéralement servi de pompe à radon chez l’occupant des lieux, “vidant” le
radon chez tous les voisins… Enfin, il faut également relever les situations
d’exposition professionnelle. Ainsi, toutes les personnes travaillant
régulièrement dans le sous-sol (champignonnières, stations de forage et de
pompage, entretien de canalisations, grottes, sites archéologiques…) doivent
s’informer auprès de leur employeur afin de connaître la concentration de
leur environnement de travail. Même s’il s’agit là d’expositions
temporaires, on y a déjà trouvé des valeurs de 30.000 Bq/m3…
// PHILIPPE
LAMOTTE
(1) Les
coordonnées des cinq Sami provinciaux sont consultables sur www.apw.be
(secteur santé > santé environnementale). Ou tél : 02/289.21.11. (AFCN)
(2) Bémol
important : ces chiffres constituent des indications théoriques qui reposent
sur l’hypothèse d’un individu passant l’intégralité de sa vie à l’intérieur.
Facile à traiter
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En moyenne, et
hormis des situations individuelles spécifiques partout ailleurs, les
concentrations en radon sont les plus élevées dans les arrondissements de
Verviers, Bastogne et Neufchâteau. La roche y est plus fracturée, ce qui
favorise la migration du gaz. En plus de ce facteur naturel, certains types
de construction laissent filtrer plus facilement le radon vers le haut.
Enfin, des matériaux de construction libèrent également le gaz, mais en
quantités nettement moindres.
Inutile de paniquer en cas de concentrations
élevées! Dans la majorité des cas, ventiler très régulièrement est suffisant
pour réduire la concentration. Parfois, il faut aller jusqu’à l’obturation
des voies de pénétration du gaz voire, avec l’aide de spécialistes(1),
jusqu’à l’étanchéisation de la dalle du bâtiment ou du vide ventilé.
Prévenir le problème, en cas de construction neuve, est évidemment plus
simple. Dans les zones à risques, la pose d’une bâche “pare-radon” est
préconisée. Son coût est négligeable : “deux à trois pleins d’essence ou de
diesel, lance Alain Nicolas, fervent défenseur d’une telle protection.
Presque rien face au budget d’un achat immobilier”. Le médecin propose
l’adoption d’une autre mesure : obliger les architectes à mentionner le
radon dans toute demande de permis de bâtir (à l’instar de la performance
énergétique, la “PEB”), afin de sensibiliser les candidats bâtisseurs.
A
noter enfin que l’efficacité d’une bâche anti-radon est sujette à
discussion. Il faut impérativement qu’elle soit placée dans les règles de
l’art, ce qui augmente les coûts (consulter, à cette fin, le site de
l’AFCN).
(1) Toutes les
informations nécessaires sont consultables sur le site de l’AFCN :
www.afcn.be (radon) – 02/289.21.11. |
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