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Les hommes vont plus volontiers chez le garagiste que chez le médecin…( 19 mai 2005)

 

Les hommes vivent moins vieux que les femmes. Et si leur style de vie y était pour quelque chose? Car ils adoptent davantage de comportements à risque, s’occupent moins de prévention, se soignent plus tardivement… La solution? Changer la mentalité des hommes qui, trop souvent, refusent d’accepter qu’ils ne sont que… des hommes!

 

Les chiffres d’espérance de vie sont clairs : en Belgique, les femmes vivent plus longtemps que les hommes, atteignant 81 ans contre 75 ans chez la gent masculine. Bien sûr, certaines maladies ne touchent que les hommes, mais elles sont rares… Et puis, la génétique vient encore de montrer que les femmes, avec leur double chromosome X cachent encore bien des mystères, dont certains pourraient expliquer, qui sait, leur longévité… En tout cas, ce que l’on sait, notamment, c’est que les femmes bénéficient d’une protection hormonale contre les maladies cardiovasculaires…

Même avant le berceau, les inégalités entre sexe se marquent, comme l’expliquait le Prof. Siegfried Meryn, de l’Université de Vienne, en Autriche, lors d’un congrès sur la santé des hommes : “Le fœtus mâle court davantage de risque de mourir prématurément, de souffrir de lésions cérébrales ou de malformations génétiques. Ensuite, après la naissance, les garçons sont 3 à 4 fois plus nombreux à souffrir d’hyperactivité ou de troubles de l’attention, à être dyslexiques, incontinents ou à bégayer. Ils apprennent à marcher, parler et lire plus tard. Avant l’âge de 20 ans, les jeunes hommes meurent davantage que les filles de mort subite, de cancer, d’accidents de la route, de noyade, de suicide ou d’actes de violence. Environ deux fois plus d’hommes meurent de maladies cardiaques ou de cancer, ils sont nettement plus nombreux à être touchés par le sida. Et alors que les femmes sont davantage concernées par la dépression, près de 80% des suicides sont le fait d’hommes”. Donc, le sexe fort n’est pas nécessairement celui que l’on croit, en tout cas sur le plan de la santé !

 

Une vie plus risquée

Mais l’élément essentiel à retenir, c’est l’aspect culturel, lié au comportement : les hommes sont nettement moins attentifs à leur santé, même si cela tend à évoluer. Ils continuent à être plus nombreux à adopter des comportements à risque (consommation d’alcool, de tabac ou de drogues, peu d’attention au surpoids et à l’alimentation saine, violence, conduite d’un véhicule plus dangereuse et moins responsable…) et négligent trop souvent leur santé, ce qui les conduit plus facilement vers la maladie. En effet, les hommes ne sont pas très “ chauds ” à l’idée d’écouter des conseils sur les habitudes de vie à modifier, de se faire suivre régulièrement par un médecin ou encore de suivre un dépistage de maladies graves, postposant ainsi le traitement, et rendant la maladie, si elle est apparue, plus difficile à traiter.

Avec l’âge, le comportement masculin ne se modifie pas. Aussi, les problèmes de santé spécifiques de l’homme vieillissant, mais surtout leur prévention, représentent un réel défi pour les médecins. Aussi, certains d’entre eux plaident pour qu’une plus grande place soit accordée à l’éducation de l’homme, un thème largement sous-estimé. La preuve par les chiffres : alors que 12% des publications scientifiques de haut niveau sont consacrées uniquement à la santé de la femme, ce chiffre n’atteint que 0.7% pour les articles spécifiques sur la santé de l’homme.

 

“Beaucoup d’hommes sont réticents à consulter leur médecin ou un centre médical pour un check-up ou des examens réguliers de screening et ce, pour différentes raisons : la crainte, le manque d’information ou des raisons psychologiques. Ils vont plus volontiers chez leur garagiste que chez leur médecin”. Telle est la constatation du Pr Claude Schulman, Chef du service d’Urologie à l’Hôpital Erasme à Bruxelles. Les femmes, pour leur part, consultent 2,5 fois plus leur médecin que les hommes, et de ce fait voient leurs problèmes de santé détectés à des stades beaucoup plus précoces, avec une chance de succès du traitement augmentée. Ce point de vue est partagé par le Prof. E. Meuleman, urologue et sexologue au au Centre Médical Universitaire de Nijmegen aux Pays-Bas : “Alors que les femmes occupent la prévention, les hommes viennent généralement pour des “réparations”. Pourtant, les maladies ischémiques, l’hypertension ou le cancer du poumon, par exemples, nécessitent une prévention primaire”.

 

Carine Maillard

 


 

Les maladies des hommes

 

Côté maladies typiquement mâles, à côté du cancer des testicules – qui concerne une petite minorité d’hommes – il y a le cancer de la prostate, nettement plus fréquent. Mais les hommes sont aussi davantage exposés à d’autres maladies que les femmes.

 

La prévention du cancer de la prostate est possible, en passant par exemple par une alimentation adaptée chez tous et des examens de dépistage réguliers chez les plus âgés, comme l’explique le Prof. Claude Schulman : “Par une modification des habitudes alimentaires, l’apparition, l’incidence et peut-être la progression du cancer de la prostate peuvent être limités, notamment dans des groupes à risque. Des cellules cancéreuses sont présentes dans la prostate de nombreux hommes à partir de 50 ans, mais leur développement vers un cancer dépendra non seulement de facteurs génétiques, mais également de l’environnement et de l’alimentation. Les régimes hypercaloriques du Nord de l’Europe et des Etats-Unis, riches en graisses animales, semblent favoriser ce développement. Les régimes pauvres en graisses animales et riches en protéines de soja et de poisson, avec un apport plus important de fruits et légumes, essentiellement les légumes crucifères comme le brocoli, le chou, le cresson ou le navet, ou de tomates riches en lycopènes, peuvent expliquer l’incidence moindre du cancer de la prostate en Asie et en Europe du Sud”. Mais l’expliquer aux hommes va-t-il changer leurs habitudes ? Rien n’est moins sûr…

 

Avec l’âge…

En vieillissant, l’homme va enregistrer des réductions de différentes hormones comme la testostérone, la DHEA, l’oestradiol ou l’hormone de croissance, pour l’essentiel. Mais ce dont on parle moins, c’est le fait qu’une chute des taux d’androgènes est associée à d’autres symptômes, plus ou moins invalidants : diminution du bien-être général, de la pilosité, de la libido, du volume de globules rouges, de la force musculaire. Plus important : elle s’accompagne d’une augmentation et d’un changement de distribution de la masse graisseuse. “Avec une diminution de la testostérone, tout particulièrement, l’indice de masse corporelle et la graisse abdominale augmentent. Or, celle-ci accroît le risque de développer une série de pathologies : diabète sucré, hypertension, maladies cardiovasculaires, cholestérol et certains cancers comme ceux du côlon et de la prostate. L’obésité favorise quant à elle la résistance à l’insuline, l’intolérance au glucose, l’hyperglycémie et le diabète de type 2, bref, ce syndrome métabolique à l’origine de bon nombre de maladies cardiovasculaires”, poursuit le Prof. Schulman.

Ces modifications sont une raison de plus pour surveiller son poids et être attentif à son alimentation à partir d’un certain âge. Ce que les hommes font peu, avec les conséquences que l’on connaît sur les chiffres de maladies cardiovasculaires où ils sont sur-représentés !

 

Une autre complication survenant également avec l’âge est l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) qui touche près de 40% des hommes après 60 ans, caractérisée par une augmentation du volume de la prostate. Bien que cette tumeur soit bénigne, la prostate peut exercer une pression sur l’urètre et le col vésical, provoquant des troubles urinaires, parfois des douleurs à l’éjaculation. Des examens réguliers pourraient pourtant permettre l’instauration d’un traitement avant que les douleurs n’apparaissent. Mais les hommes consultent rarement avant que n’apparaissent les symptômes…

 

Au rayon des maladies qui touchent davantage les hommes, n’oublions pas non plus le cancer du poumon ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), maladies dues prioritairement au tabagisme toujours plus courant chez les hommes (même si les femmes ont tendance à les rattraper !). Ici aussi la solution est “simple” : arrêter de fumer…

 

Par ailleurs, les modifications hormonales déjà mentionnées peuvent avoir une incidence encore moins connue des hommes, tant la maladie est attribuée aux femmes post-ménopausées : l’ostéoporose. “Les hommes ont tendance à avoir moins de fractures que les femmes, notamment parce que leurs os sont plus denses, plus solides, moins poreux et leur masse osseuse est globalement plus importante. L’ostéoporose existe néanmoins chez eux, et dans un quart des cas, elle peut être attribuée à la déficience partielle d’androgènes, l’inactivité physique, la consommation d’alcool, de tabac ou de stéroïdes, et à un apport insuffisant de produits riches en calcium. Avec l’augmentation de l’espérance de vie, on estime qu’en 2010, il y aura une fréquence égale de fractures du fémur chez les deux sexes. Une donnée importante quand on sait que 20% des personnes qui subissent une telle fracture meurent dans l’année qui suit”.

 

A la lecture de ceci, messieurs, oubliez un peu votre garagiste, et notez précieusement le numéro de téléphone de votre généraliste !

 

C.M.

 

Les rôles hommes-femmes

 

Il semble que le blocage des hommes à aller consulter leur médecin relève de la représentation sociale : ils considèrent que, ce faisant, ils perdent le contrôle, donc doivent faire aveu de “faiblesse”. Contrôle de leur vie, de leur corps, de leur image dans le couple et, s’ils tombent malades, contrôle de leur image au travail… Un héritage de l’éducation : dès leur naissance, les garçons sont éduqués par leurs parents pour être compétitifs, dominants, invulnérables et forts. Ce stress de ne plus “assurer” en tant qu’hommes solides fait qu’ils sous-estiment leurs maladies, ne voulant pas les reconnaître, et ignorent tout bonnement la prévention.

Les femmes, pour leur part, sont accoutumées à des dépistages fréquents. Gardiennes de la santé de la famille en général et des enfants en particulier, elles s’assurent que les rappels vaccinaux sont bien réalisés et tiennent à jour le carnet de santé des enfants…

C.M.

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