Maladies
(2010)
Pas
de simples vertiges
(2 décembre
2010)
Il y a de ces maladies qu’on brandit au moindre symptôme qui y fait
penser. C’est le cas de la maladie de Ménière qu’on associe trop
facilement aux vertiges. Pourtant, cette maladie est plus rare qu’on ne
le croit !
Bon nombre d’entre nous avons déjà eu à subir des vertiges, à un moment
ou un autre.
Dans la grande majorité des cas, il s’agit de vertiges dits
positionnels que nous ressentons lorsque nous tournons la tête, avec
l’impression que tout tourne autour de nous. Ils peuvent aussi se
produire lorsque, en position couchée, nous nous redressons trop
brutalement. Ces vertiges sont parfois causés par une tension trop basse
ou provoqués par une otite, par exemple.
L’existence de
vertiges ne doit pas pour autant faire penser à la maladie de Ménière. “Le
vertige n’est qu’un des symptômes les plus marquants de cette maladie,
explique le Dr Patricia Pelc, du Service d’ORL de l’hôpital Erasme à
Bruxelles. Le syndrome de Ménière est une maladie de l'oreille
interne qui touche 0,3% et est donc relativement rare”
(1).
La maladie de
Ménière se caractérise par une perte progressive d'audition, des
vertiges violents et des bourdonnements d'oreille, souvent
accompagnés de vomissements, de difficultés de concentration et de
troubles de l'équilibre. “Au début, il est exceptionnel que tous ces
symptômes se déclenchent en même temps, précise le Dr Pelc. La personne
peut commencer par constater des chutes occasionnelles de l’audition.
Puis, plus tard, elles vont s’accompagner d’acouphènes, mais très
sporadiquement, puis de vertiges... Il faut donc être attentif à ces
signes et à leur fréquence pour bien les expliquer à son médecin”.
Les crises, dont la
périodicité et la longueur sont fortement variables, peuvent, dans les
cas extrêmes, devenir presque permanentes. Les personnes atteintes
souffrent également d'un isolement social car la maladie est peu connue
et souvent difficile à comprendre par l'entourage familial et
professionnel.
Un traitement médicamenteux
L’approche
médicamenteuse est largement préconisée pour traiter les symptômes de la
maladie de Ménière. A côté des anti-vertigineux classiques, le médecin
peut prescrire des diurétiques qui vont aider à vider la surpression
dans l’oreille interne. D’autres traitements médicamenteux, comme les
vasodilatateurs, les corticoïdes, les anxiolytiques… peuvent venir en
complément, selon les cas.
“Lorsque les
symptômes deviennent très gênants dans la vie quotidienne, on peut
envisager la pose d’un drain tympanique. Curieusement, sans autre
traitement, il est parfois suffisant pour diminuer la fréquence et
l’intensité des crises, sans que l’on ne se l’explique, constate le
Dr Pelc. Est-ce du fait d’une modification de la pression dans
l’oreille interne, de son aération ? On n’en sait rien. Parfois, aussi,
on peut instiller des gouttes de produits à travers ce drain. Tout en
sachant qu’un contrôle régulier de l’audition doit être réalisé : si
elle diminue, il faudra interrompre le traitement.”
Parfois, le recours
à la chirurgie pourra être envisagé, mais avec toutes les précautions
que cela implique car certaines techniques peuvent avoir des effets
néfastes : diminution de l’audition, augmentation des acouphènes et
troubles de l’équilibre… On comprend donc que les interventions
chirurgicales sont exceptionnelles.
Comme le précise le
groupe d’entraide ménière, le besoin de s'informer, de se rassurer est
primordial dans le processus de guérison de la maladie qui est de 70%.
Si la médecine réussit efficacement à traiter les crises aiguës, il
appartient au patient de soulager et guérir de cette maladie de longue
durée, ce qui dépend de la manière dont il la gère et du soutien
psychologique dont il bénéficie.
// Carine Maillard
>> Plus d’infos :
Groupe d’entraide ménière
•
02/762.91.83.
•
www.entraide-meniere.be
(1) La maladie se déclare souvent entre 20 et 50 ans et
touche aussi bien les femmes que les hommes
Pourquoi a-t-on des vertiges ? |
Notre équilibre est assuré par un système très complexe dans
l’oreille interne : le système vestibulaire dont la fonction est
d’informer le cerveau des changements de position de la tête. Le
cerveau, qui reçoit aussi des informations de ces modifications
via les yeux, va donc donner l’ordre au reste du corps,
notamment les muscles, pour s’adapter à ces changements.
Quand le
système vestibulaire ne fonctionne pas bien – à cause de la
présence de liquide dans l’oreille, d’une trop grande pression
ou après un traumatisme, par exemple – il donne au cerveau une
information différente de celle obtenue par la vision. C’est ce
conflit d’informations qui provoque le vertige… |
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