Maladies
(6 août 2009)
Jambes
lourdes et varices:
un mal à ne pas négliger
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© Corbis
Pour soulager
les jambes lourdes,
rien de tel que de
surélever celles-ci! |
Vos
jambes vous semblent peser des tonnes, un fourmillement permanent les
traverse, elles sont gonflées en fin de journée, des varices inesthétiques
commencent à apparaître… Vous souffrez d’une insuffisance veineuse, un mal
qui peut se transformer en un véritable calvaire. Une bonne prise en charge
et quelques conseils peuvent vous éviter la déveine.
Avec
l’été, les fortes chaleurs reviennent et, pour près d’une femme sur deux, la
sensation d’avoir des jambes lourdes, douloureuses (1).
Ces impressions de fourmillements, d’engourdissements, d’impatiences
(2) ou l’apparition de crampes sont une réelle gêne.
Ces symptômes apparaissent d’abord en fin de journée puis de manière plus
récurrente… Ces manifestations sont le signe d’une insuffisance veineuse et
sont liées à une dilatation des parois des veines, gênant le retour du sang
veineux.
Les veines des membres
inférieurs ont pour mission de faire remonter le sang des pieds jusqu’au
cœur, en luttant contre la pesanteur liée à notre station verticale. Des
sortes de petites valvules présentes à l’intérieur des veines jouent un rôle
de clapet et empêchent le sang de redescendre dans les jambes. Une
détérioration de ces valvules et une perte de la tonicité de la paroi assez
fine des veines sont à l’origine de la maladie veineuse.
Après les premiers
signes, invisibles mais tenaces, apparaissent des signes clairs comme les
jambes qui gonflent et les inesthétiques cordons bleus saillants qu’on
appelle les varices. Elles ne sont rien d’autre qu’une dilatation permanente
d’une veine de la jambe, accompagnée d’une altération de sa paroi.
Quels facteurs de risque?
Plusieurs facteurs
augmentent le risque d’insuffisance veineuse.
►
L’hérédité
est un des premiers facteurs responsables. Si l’un des parents a des
varices, le risque d’en avoir également est très important (il serait de
près de 40%).
►
L’âge:
plus on vieillit, plus le risque est grand d’avoir des varices.
►
Le sexe:
en raison de facteurs hormonaux, les femmes développent assez jeunes des
problèmes d’insuffisance veineuse, particulièrement lors de leurs
grossesses. En effet, les veines sont sensibles aux variations de taux des
hormones sexuelles. Puberté, périodes prémenstruelles, grossesses et
ménopause sont alors, pour les femmes, autant de périodes-clés favorisant
l’apparition ou l’aggravation de problèmes veineux.
►
L’excès de
poids: il existe un lien de cause à effet entre le surpoids et
l’apparition de varices.
►
La
sédentarité: elle empêche la bonne circulation du sang.
►
La station
debout prolongée, typique de certaines professions: coiffeuses,
infirmières, hôtesses de l’air…
►
L’immobilisation prolongée en position assise: les longs voyages en
avion, en bus, train ou voiture ne sont pas sans risque pour les jambes. Un
conseil: faire quelques pas ou quelques exercices de flexion des chevilles.
►
La chaleur:
elle provoque la dilatation des veines.
►
Le port de
vêtements trop serrés:(pantalons, jupes, gaines, bottes, chaussettes…)
il augmente la pression intraveineuse et favorise le développement de
varices et des varicosités.
Des conseils simples
au quotidien
Pour soulager les jambes
lourdes et éviter l’apparition de (nouvelles) varices ou autres
complications, voici quelques conseils simples.
■
Evitez la
station debout prolongée et le piétinement ainsi que la station assise
immobile prolongée. Ces positions provoquent la stagnation du sang dans
les jambes.
■
La marche régulière favorise le bon retour veineux grâce au
mouvement de la pompe veino-musculaire de la jambe. Des petits exercices
réguliers de flexion/extension des orteils et des chevilles favorisent la
circulation.
■
Surélevez vos
pieds! Devant l’ordinateur, face à la télé ou en lisant un bouquin,
essayez de mettre vos pieds en hauteur. La nuit, surélevez les pieds du lit.
■
Portez des
vêtements amples qui ne compriment ni les jambes ni l’abdomen.
■
Bougez et
faites du sport! La marche, la natation, le vélo, la gymnastique douce
sont particulièrement conseillés car ces sports favorisent le retour
veineux. Le golf, le ski de fond ou encore le jogging sur terrain meuble et
avec de bonnes chaussures sont aussi recommandés.
■
Evitez toute
source de chaleur: bain chaud, sauna, chauffage par le sol, couverture
chauffante, épilation à la cire chaude… Sur la plage, à l’exposition au
soleil préférez les bains de mer ou la marche dans l’eau, fort bénéfique.
Profitez de l’été et des fortes chaleurs pour prendre l’habitude de terminer
la douche par un jet d’eau froide sur les jambes en remontant de la pointe
des pieds jusqu’à l’aine. L’eau fraîche stimule la circulation et soulage
nettement la sensation de jambes lourdes.
Et les bas de contention?
Même s’ils ont fortement
évolué en termes de confort et d’esthétique, les bas de contention ne sont
pas toujours faciles à supporter lors de fortes chaleurs. Cependant, ils
restent très efficaces. Ils ne feront pas disparaître les veines gonflées
mais permettront de soulager vos jambes et prévenir les complications. Ces
bas doivent exercer une pression dégressive du pied vers la cuisse,
c’est-à-dire qu’ils doivent être serrés en bas puis de moins en moins en
montant. Il existe différents degrés de contention selon l’insuffisance
veineuse et en fonction de la morphologie. Dans certaines indications
graves, les bas les plus thérapeutiques sont depuis peu remboursés par
l’assurance obligatoire (lire ci-contre “Des bas pour prévenir l’ulcère
veineux”). Le mieux est de demander conseil à son pharmacien ou chez un
bandagiste agréé, comme le sont les magasins de matériel médical et
paramédical d’aide et de soins de la Mutualité chrétienne
(3).
Un traitement
médicamenteux?
Il existe aussi des
médicaments “veinotropes” qui contiennent des substances censées influencer
le tonus veineux et/ou la microcirculation. Selon le Centre belge
d’information pharmacothérapeutique (4), ceux-ci
apporteraient une diminution temporaire des symptômes subjectifs. Mais il
n’existe pas de preuve de leur efficacité sur l’évolution à long terme de la
maladie. Leur coût est par ailleurs assez élevé. Le port de bas de
contention et l’application des conseils au quotidien vous seront d’une bien
meilleure aide.
L’insuffisance veineuse
est une maladie chronique et évolutive qui peut être invalidante et altérer
la qualité de vie. Si le mal aux jambes est supportable, il est cependant
source de fatigue, de nervosité ou d’angoisse. Les troubles veineux peuvent
également engendrer des complications comme la phlébite ou l’ulcère veineux.
N’attendez donc pas pour consulter votre médecin.
Françoise Robert
(1) Un homme sur dix est également concerné.
(2) Les impatiences se manifestent par une envie
impérieuse de bouger les jambes lorsqu’on est débout immobile ou assis
pendant longtemps.
(3) Vous pouvez obtenir l’adresse du magasin le plus
proche au 0800/10.9.8.7.
(4) www.cpib.be.
Des bas
pour prévenir l’ulcère veineux récidivant,
dorénavant remboursés
Depuis
ce 1er août, l’assurance soins de santé obligatoire intervient
dans le coût des bas élastiques thérapeutiques pour certaines personnes
souffrant d’une insuffisance veineuse chronique.
En
janvier 2009, les bas élastiques thérapeutiques de la jambe ont été
introduits dans la nomenclature en bandagisterie. L’intervention de
l’assurance soins de santé obligatoire (AO) était alors prévue exclusivement
pour le traitement de lymphoedème (1). Depuis ce 1er août,
cette intervention est élargie aux affections veineuses chroniques afin de
prévenir un ulcère veineux récidivant (2).
Quels
bas?
Un bas élastique
thérapeutique combat la rétention d’eau (œdème), améliore l’évacuation du
sang vicié dans la jambe et rétablit la microcirculation. Le bas exerce une
pression extérieure sur la jambe et les vaisseaux sanguins, ce qui permet
aux valves de se refermer. Le sang ne peut plus refluer, empêchant ainsi la
formation d’œdèmes.
Il existe différentes
catégories de bas et collants. Tous ne font pas l’objet d’un remboursement
par l’AO.
Ainsi, les bas de
soutien et collants (souvent blancs), vendus en magasin, ne donnent qu’un
léger soutien (classes de compression A et I). Ces bas sont systématiquement
utilisés pour les patients alités après une intervention chirurgicale pour
prévenir une thrombose. Ils ne sont pas remboursables.
Par contre, sont
remboursables les bas élastiques thérapeutiques à partir de la classe de
compression III. Toutefois, pour les enfants de moins de 15 ans, une
intervention est prévue à partir de la classe de compression II.
Plusieurs longueurs et
fixations sont possibles: il existe des mi-bas qui arrivent en dessous du
genou (éventuellement avec une bande de silicone pour éviter qu’ils
descendent) et des longs bas qui couvrent toute la jambe (fixation au moyen
d’une bande de silicone et de jarretelles, fixation à la hanche ou
collants).
L’AO prévoit des numéros
de nomenclature tant pour les bas faits sur mesure que pour le matériel
préfabriqué (il existe une liste des produits acceptés). Le remboursement
est de 100% sur base des tarifs fixés dans la convention. Le bandagiste peut
toutefois facturer un supplément à charge du patient (3).
Quelles conditions
de remboursement?
Les bas doivent être
prescrits par un médecin pour la prévention d’ulcère veineux récidivant en
cas d’insuffisance veineuse chronique (4). L’affection doit
être mentionnée sur la prescription. Aucune limite d’âge n’est applicable.
Les bas doivent être
délivrés par des bandagistes disposant des pleines compétences.
Le bénéficiaire a droit,
sur 12 mois, à maximum deux bas élastiques thérapeutiques par jambe traitée.
Le délai de renouvellement de 12 mois débute le jour de délivrance du
premier bas.
JD
(1) Le lymphœdème est le gonflement des bras ou des jambes
suite à une accumulation de liquide lymphatique dans les tissus conjonctifs.
(2) Arrêté royal du 18-05-2009 – Moniteur belge du
5-06-2009.
(3) Ce supplément n’est pas pris en compte pour le compteur
du Maximum à facturer.
(4) Pour le traitement de lymphoedème, la première
prescription doit être réalisée par un médecin spécialiste, le
renouvellement pouvant être prescrit par tout médecin traitant.
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