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La grippe, c’est grave docteur ? (17 octobre 2002)

Alors que les virus de la grippe vont bientôt pointer leur nez dans nos régions, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de lancer un avertissement inquiétant, prévoyant une pandémie de grippe aux conséquences dramatiques. Les spécialistes estiment toutefois qu’une telle catastrophe n’est pas à l’ordre du jour, mais rappellent l’utilité des vaccins anti-grippaux.      Dans une déclaration au journal britannique The Sunday Telegraph, le docteur Klaus Stohr, spécialiste des maladies émergentes pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pressentait “une importante épidémie de grippe, comparable à celle de 1918-19 (grippe espagnole, ndlr)”, responsable de la mort de quelque 50 millions de personnes. Loin de minimiser les conséquences de la maladie, les spécialistes se veulent toutefois rassurants. “L’OMS a fait une déclaration d’ordre général : elle a attiré l’attention sur un danger probable, mais pas imminent”, estime la docteure Marie-Luce Delforge, chef de clinique-adjoint au laboratoire de virologie de l’hôpital Érasme. Selon les virologues, les virus Influenza, responsables de la maladie, touchent annuellement 100 millions de personnes rien que dans l’hémisphère Nord. En Belgique, 100.000 à 500.000 individus sont contaminés chaque année. Une pandémie - épidémie à l’échelle planétaire - survient tous les 10 à 40 ans et peut frapper entre 25 et 50 % de la population mondiale. “On sait qu’une pandémie peut arriver un de ces jours, car on n’en a plus connue depuis 1968, mais elle ne va pas se déclarer demain, rien n’indiquant à l’heure actuelle l’apparition d’une nouvelle souche de virus”, tempère la docteure Delforge.

 

Comment naît une pandémie?

 

Pour qu’il y ait pandémie grippale, il faut une émergence d’un nouveau virus qui se propage de manière brutale et contamine une population immunologiquement non protégée, n’ayant jamais été exposée à cette nouvelle souche. La grippe est due aux types A et B du virus Influenza. Le type A est plus agressif et est à l’origine des épidémies et pandémies les plus dramatiques. Actuellement, trois virus circulent : les Influenza A/H1N1, A/H3N2 et B, précise la docteure Fernande Yane, responsable de la surveillance du virus de la grippe en Belgique, au sein de l’Institut scientifique de Santé publique (ISP). Le H et le N font référence aux protéines virales appelées hemagglutinines et neuraminidases.L’existence d’un réservoir animal rend possible l’apparition de nouveaux sous-types par réassortiment génétique entre, par exemple, un influenza humain et un influenza aviaire, poursuit la docteure Yane. Les grandes pandémies de ce siècle ont eu lieu en 1918-19 (grippe espagnole), en 1957 (grippe asiatique : 1 million de décès), en 1968-69 (grippe de Hong Kong : 800.000 décès).Surpeuplée, la Chine et son 1,3 milliard d’habitants est la marmite idéale pour fabriquer les virus grippaux car sur 9,5 millions de km2. Tous les ingrédients se retrouvent pour créer un nouveau virus. Des oiseaux migrateurs survolent la zone et constituent le premier maillon de la chaîne de transmission à l’être humain. Le virus aviaire entre alors en contact avec le porc. Dans ce pays à forte densité de population (135 habitants/km2) et où le Chinois vit à proximité des poulets et cochons, le virus passe aisément de l’animal à l’homme. Le microbe peut donc se reproduire rapidement grâce à la concentration de la population dans les grandes villes. La pandémie n’a plus qu’à étendre ses tentacules. Mais pour l’heure, le mot d’ordre est : “Pas de panique et restons vigilants”. Car si 87 % des individus infectés ne présenteront pas de complications après une grippe, d’autres seront plus démunis face à la férocité du virus et connaîtront, dans le pire des cas, une issue fatale.

 

Conséquences humaines et économiques

 

La grippe étant extrêmement contagieuse (par gouttelettes de salive et par la toux), il est essentiel de ne pas la sous-estimer. L’épidémie survient pendant les mois d’hiver et dure 6 à 8 semaines. Le début de la saison grippale peut se situer en novembre, voire même en février-mars. On conseille dès lors aux personnes de se faire vacciner en octobre-novembre. Les individus dont le système immunitaire est affaibli (cancer, infection due au HIV, traitement aux stéroïdes), ceux souffrant de maladies chroniques (cardiaques, respiratoires, rénales), les diabétiques et les personnes de plus de 65 ans doivent être particulièrement protégés. Chaque année, une moyenne de 1.500 Belges décèdent des suites d’une complication de la grippe, estime le docteur Patrick Goubau, professeur de virologie à l’UCL. L’épidémie particulièrement sévère de décembre 1989 avait causé 4.900 décès en Belgique. Selon le spécialiste, le vaccin diminue le taux de mortalité de 60 % et les hospitalisations de 50 %. Au niveau économique, l’Influenza engendre également des conséquences considérables puisque le coût annuel de la grippe atteint environ 14 milliards d’euros rien que pour l’hémisphère Nord. En Belgique, l’épidémie de 1995 a été responsable de 500.000 journées de travail perdues.

 

Surveillance de la grippe

 

La faculté de muter des virus grippaux nécessite une surveillance internationale permanente. En Belgique, l’ISP fait partie du réseau mondial de l’OMS qui coordonne l’étude et l’échange d’informations sur les Influenza avec 110 centres répartis dans 83 pays. Le programme est basé sur la collaboration des médecins-vigies qui prélèvent des frottis de nez et de gorge et recensent le nombre de consultations pour infections respiratoires aiguës et syndromes grippaux. Les centres nationaux envoient des spécimens représentatifs aux quatre centres collaborateurs de l’OMS (Atlanta, Londres, Tokyo, Melbourne) qui procèdent à une analyse approfondie. Sur base de ces résultats, l’OMS recommande chaque année - en février pour l’hémisphère Nord et en septembre pour l’hémisphère Sud - les souches qui devraient faire partie du vaccin pour la saison grippale suivante. L’objectif étant de faire face au pire scénario catastrophe.
Marie-Pierre Dubois

 

Le retour du vaccin: pour qui?

 

La grippe n’est pas à confondre avec un rhume ou un refroidissement. Cette infection, très contagieuse, est généralement sans gravité pour les jeunes et les gens en bonne santé, même si la maladie est très désagréable et nécessite un repos d’au moins une semaine. Le vaccin est la meilleure protection contre le virus de l’Influenza. Il est donc recommandé à certaines catégories de la population de se faire vacciner. Ce sont les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes atteintes de malades chroniques cardiaques, pulmonaires, rénales, métaboliques ou qui suivent une thérapie immono-suppressive et ce, quel que soit leur âge. Ce sont aussi les personnes pouvant transmettre la maladie aux personnes à risques, c’est-à-dire le personnel médical des institutions de soins ou de repos et les personnes vivant sous le même toit qu’une personne à risques, y compris les enfants. Le choix de la vaccination peut être fait à titre individuel par les personnes de 50 à 64 ans, même en bonne santé car les risques de complications sont réels en particulier pour les fumeurs, les buveurs excessifs et les obèses. Les femmes enceintes de minimum trois mois, les voyageurs qui se rendent dans les pays à climat tempéré de l’hémisphère sud et toutes les personnes qui désirent éviter la maladie peuvent également se faire vacciner. A chacun de faire son choix. Signalons que certaines entreprises offrent à leur personnel la vaccination contre la grippe. Le vaccin est disponible sur prescription médicale et coûte 9,05 euros. Mais, si vous avez plus de 65 ans ou si vous êtes atteint d’une maladie chronique, vous ne payerez que 5,43 euros, l’INAMI remboursant 40 % du vaccin à ces catégories de personnes sur base d’une prescription médicale.
CVR
(17 octobre 2002)

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