Maladies
(16 octobre 2008)
La douleur
de l’épaule
Soulever, pousser, tirer: tous ces mouvements sont possibles grâce aux
épaules, les articulations les plus mobiles de notre corps. Les plus
mobiles, mais aussi parmi les plus vulnérables.
L’épaule
est constituée de l’omoplate, de l’humérus, de l’articulation
scapulo-humérale, de muscles et de tendons. Sa composante la plus
remarquable est sans conteste son articulation. C’est en effet la seule
articulation qui permette une rotation de 360 degrés. Cette grande mobilité
lui confère aussi une grande instabilité, surtout lors de mouvements
exécutés en hauteur.
Les coupables?
Surcharge et mauvais mouvements répétés!
C’est en faisant de
mauvais mouvements de manière répétée ou en portant des charges trop lourdes
que la plupart des problèmes à l’épaule – et les douleurs – surgissent.
Soulever constamment des objets au-dessus des épaules, soulever des objets
lourds avec les épaules tombantes (de lourdes charges à bout de bras),
exécuter continuellement le même mouvement ou faire porter des charges très
différentes à chaque bras peuvent après un certain temps faire souffrir la
région de l’articulation.
Certains métiers
exposent plus à ces problèmes. Les ouvriers exécutant des assemblages, les
caissiers, les soudeurs, les musiciens, par exemple, auront plus de risque
d’en souffrir.
Plusieurs sports mettent
aussi l’épaule à rude épreuve : la plupart des sports de ballon, certaines
disciplines athlétiques, la natation, le tennis exposent les muscles et les
tendons à une charge qui excède souvent ce que ces tissus peuvent supporter.
Les blessures les plus
courantes suite à ces mauvais mouvements ou aux surcharges sont les
déchirures et les inflammations musculaires, les tendinites, les
inflammations de la bourse synoviale et l’épaule dite gelée (inflammation de
l’articulation de l’épaule).
La luxation de l’épaule
Mauvais mouvements et
surcharge ne sont pas les seules causes de douleurs, loin s’en faut.
Un choc violent ou une
chute peuvent provoquer de gros dégâts. Nous pensons ici principalement à la
luxation de l’épaule, où l’humérus se déboîte de la cavité articulaire. Des
luxations répétées peuvent à leur tour fragiliser l’épaule et augmenter son
instabilité.
Après une période
d’immobilité forcée (par exemple à cause d’un plâtre ou d’un bandage), les
muscles affaiblis, ne fonctionnant pas encore normalement, peuvent entraîner
des douleurs dues à des mouvements inadéquats, mal coordonnés ou à des
courbatures de muscles non entraînés.
Le rhumatisme,
l’arthrose, des maladies neurologiques, entre autres, peuvent aussi affecter
l’épaule.
Les symptômes
Une blessure aux muscles
ou aux tendons fait mal lorsque ceux-ci sont tendus ou étirés. Souvent, la
douleur surgit lors de mouvements effectués selon un certain angle :
lorsqu’on tourne le bras vers l’intérieur ou l’extérieur, ou qu’on le
soulève de côté. La douleur peut être tellement forte qu’elle empêche de
dormir.
En raison des trajets
nerveux, la douleur ressentie n’est pas toujours en rapport direct avec son
origine. La douleur irradie aussi parfois vers le bras ou la main.
Les symptômes les plus
frappants sont cependant ceux de la luxation : outre une douleur violente à
chaque tentative de mouvement, l’épaule a une position anormale.
Le diagnostic
De très nombreux
facteurs peuvent provoquer des douleurs à l’épaule. Avant d’entamer un
traitement, il est donc indispensable de bien identifier la cause de la
plainte. Traiter (par exemple en injectant des corticoïdes) sans connaître
exactement la cause du mal est à éviter absolument. Il y a en effet un
risque réel de faire plus de mal que de bien.
Entretenir le mouvement
Ce sont souvent les
mauvais mouvements répétés et la surcharge de l’épaule qui, en provoquant
une inflammation ou une déchirure musculaire, causent ces douleurs. Ces
blessures se soignent généralement bien avec un repos modéré et des
exercices adaptés. On convient maintenant que cette revalidation active doit
être entreprise le plus tôt possible. Il est important pour la réussir de
suivre scrupuleusement les exercices indiqués par le kinésithérapeute et de
continuer à utiliser son épaule dans les activités quotidiennes, sans
cependant la surcharger. Le repos complet ou une longue immobilisation sont
en effet déconseillés. Ils affaiblissent considérablement les muscles, ce
qui fragilise la résistance de l’épaule. Après une période de repos relatif,
la force et la souplesse de l’épaule doivent être progressivement
redéveloppées.
On préconise parfois des
anti-inflammatoires ou des injections pour traiter des lésions de l’épaule.
L’intérêt de la glace ou
des pommades dans le traitement des blessures de l’épaule n’a jamais été
prouvé. Les lésions sont en effet profondément enfouies sous les muscles.
Si la thérapie échoue,
une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. Heureusement
celle-ci peut aujourd’hui s’effectuer au cours d’une arthroscopie (examen à
l’aide d’un tube optique), ce qui est moins lourd. De petits instruments
permettent en effet des interventions sous contrôle arthroscopique, en
réalisant deux petits trous supplémentaires pour les introduire et les
manipuler dans l’articulation.
La prévention
Pour ne pas récidiver,
il faut se discipliner et s’habituer à faire tout le temps des mouvements
corrects et à conserver une bonne position.
Si le travail est à
l’origine des lésions, un ergonome peut intervenir, en collaboration avec le
médecin du travail, pour éviter de nouvelles blessures. Les sportifs devront
revoir en profondeur leur technique et leur entraînement.
Quelques conseils supplémentaires peuvent se révéler utiles pour éviter les
rechutes :
■
portez ce qui est lourd
aussi prêt que possible du corps;
■
répartissez la charge,
en utilisant par exemple les deux mains, ou divisez-la : portez deux fois 10
kilos plutôt qu’une fois 20;
■
évitez les charges et
mouvements répétés qui ne font travailler qu’une épaule;
■
faites régulièrement une
pause lorsque vous faites travailler vos épaules longtemps;
■
apprenez les bons gestes
pour porter et soulever;
■
utilisez quand c’est
possible des aides techniques;
■
et enfin, évaluez bien
vos capacités personnelles.
En conclusion, nous
voudrions vous mettre en garde contre des initiatives irréfléchies :
n’essayez jamais de remettre une épaule démise vous-même. Laissez ce soin à
un spécialiste; cette manœuvre risquée peut en effet endommager des nerfs.
Michael Callens
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