Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Grossesse sans alcool (20 octobre 2005)

Boire ou conduire, il faut choisir… L’adage est bien connu des automobilistes. Cette tolérance zéro par rapport à l’alcool pour les conducteurs devrait s’appliquer aussi pour les femmes enceintes. Pendant la grossesse, toute prise d’alcool est fortement déconseillée. Les risques sont réels pour le fœtus.

C’est Nouvel An et la famille a débouché le champagne pour célébrer les heureux événements de l’année à venir, dont ce petit bébé annoncé pour le mois de février. Un tonton tend un verre à sa nièce enceinte qui a bien du mal à refuser. "Un petit verre cela ne fait pas de tort !", entend-elle dire.

On peut supposer qu’un petit verre de champagne pris exceptionnellement une fois lors d’une fête n’est pas dommageable pour le bébé en devenir. Mais à vrai dire, actuellement, aucune étude scientifique ne permet de déterminer un seuil en deçà duquel la prise d’alcool ne présenterait pas de risques pour le fœtus. Par contre, on sait qu’à partir de deux unités d’alcool par jour, il existe un risque statistiquement prouvé pour le fœtus. La consommation de trois verres de boisson alcoolisée par jour multiplie par trois le risque que l’enfant ait un quotient intellectuel inférieur à 85 à l’âge de 4 ans. Précisons que lorsqu’on parle d’une unité d’alcool, on entend un "verre" de boisson alcoolisée contenant 13 grammes d’alcool. Un verre de bière, plus grand qu’un verre de vin, lui-même plus grand qu’un verre de liqueur sont équivalents. Il ne faut pas spécialement que la prise d’alcool soit régulière pour présenter un risque. Des abus d’alcool ponctuels sont bien sûr aussi dommageables pour le fœtus. D’autre part, une femme n’est pas l’autre et chacune a sa sensibilité propre à l’alcool.

 

On sait par ailleurs que la période la plus dangereuse est comprise entre le 14e et le 52e jour de la conception, c’est-à-dire au moment où bien souvent la femme ne sait pas encore qu’elle est enceinte. Mais des malformations, des troubles de la croissance, des troubles intellectuels et comportementaux peuvent survenir durant toute la période de la grossesse. "L’alcoolisme fœtal est une des premières cause de retard mental" a expliqué le Professeur Gillerot, généticien médical, lors de la conférence inaugurale de la Semaine de la promotion de la santé du nourrisson consacrée au thème "Grossesse et alcool".

Pour toutes ces raisons, on recommande donc aux femmes enceintes voire même aussi aux femmes ayant un projet de grossesse d’éviter la prise de boissons alcoolisées durant toute la grossesse. Un cerveau et un être humain en devenir ne vaut-il pas la peine d’une telle abstinence ?

Le syndrome d’alcoolisme fœtal

"La recommandation de s’abstenir de toute boisson alcoolisée pendant la grossesse a été formulée dans les textes très anciens de différentes cultures, notamment dans la Bible et les écrits d’Aristote", écrivent les Professeurs Yves Gillerot, généticien médical, et Bernard Dan, neuropédiatre, dans un article consacré au syndrome d’alcoolisme fœtal (1). Mais les malformations congénitales liées à l’alcoolisme maternel n’ont été étudiées qu’à partir des années ‘60. En 1968, l’équipe française du Docteur Paul Lemoine décrit une série d’anomalies observées sur 127 enfants nés de mères alcooliques. Néanmoins, il faudra encore attendre 5 ans et la publication d’autres travaux dans la littérature médicale internationale pour que la communauté médicale s’intéresse à ce phénomène.

 

On constate alors que l’alcool a pour première conséquence l’augmentation du nombre de fausses couches (conséquence difficilement mesurable). Deuxièmement, l’alcool provoque des malformations multiples mais aussi un retard de croissance intra-utérin. Et enfin, quatrième conséquence, à la naissance cette fois, on a pu observer que des enfants qui ne sont plus soumis à l’alcool un fois nés, doivent se sevrer (syndrome de sevrage néonatal). Les différents travaux scientifiques sur l’alcoolisme maternel ont permis de définir le Syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF) qui se caractérise par un retard de croissance pré et postnatal, un dysfonctionnement neurologique et des anomalies caractéristiques du visage. "L’incidence du SAF est estimée à 1,9/1000 naissances vivantes dans les pays occidentaux, plaçant ce syndrome comme une des principales causes de déficience mentale", écrivent encore les Pr. Gillerot et Dan. On estime encore qu’en Belgique il y aurait 200 nouveaux cas de SAF chaque année.

 

Les effets possibles de l’alcool

"Cependant, il est progressivement apparu que le SAF ne représente que l’extrémité la plus sévère du large spectre des effets pathologiques de l’exposition du fœtus à l’alcool. Chez les patients qui ne présentent pas la totalité du tableau de syndrome d’alcoolisme fœtal, on utilise le terme d’effets de l’alcoolisme fœtal", précisent encore les spécialistes. On peut classer les effets possibles de l’alcool en quatre catégories.

 

• Le retard de croissance. Il se constate avant la naissance et se poursuit après la naissance. Il touche le poids, la taille et le périmètre crânien.

 

• Les anomalies neurologiques. L’alcool provoque des anomalies du système nerveux central. On constate un retard mental qui n’est en général pas rattrapé. Au niveau des symptômes neurologiques, on observe chez le nourrisson atteint de SAF un faible réflexe de succion, de l’agitation et un tremblement. On rapporte également chez les nourrissons soumis à l’alcool pendant la grossesse des troubles de l’acquisition veille et sommeil. En âge préscolaire, l’enfant est distrait et hyperkinétique. Il a du mal à maintenir son attention, il est hyperactif. Il présente du retard dans l’acquisition du langage, des difficultés de coordination et des déficiences motrices fixes. Plus tard, les troubles du langage, de l’attention et des apprentissages persistent. A l’âge adulte, la personne peut avoir des difficultés à se fixer un but, à maintenir une action en cours, à faire face à une situation nouvelle.

 

• Dysmorphies faciales. On observe des traits particuliers dans le visage des enfants qui ont été soumis à l’alcool maternel comme une diminution anormale du volume du crâne, des fentes des paupières étroites, des arcades sourcilières aplaties, un nez court retroussé, des petites oreilles implantées bas et parfois mal ourlées, un amincissement de la lèvre supérieure, un espace nasolabial plat sans gouttière centrale ni pilier, parfois un bec de lièvre…

 

• Autres malformations. Les plus fréquentes se situent au niveau du cœur. Mais tous les organes peuvent être touchés comme les reins, l’appareil génital. On constate des anomalies au plan digestif, des anomalies osseuses ou encore cutanées.

 

Mieux vaut ne pas consommer d’alcool

Tous ces risques potentiels peuvent être évités tout simplement en ne consommant pas de boissons alcoolisées tout au long de la grossesse. Ce conseil de prévention est simple et efficace. L’information quant aux dangers de l’alcool pendant la grossesse reste primordiale. En effet, dans bien des cas, le fait de connaître les risques encourus par le bébé est suffisant pour amener un changement de comportement. L’entourage joue aussi ici un rôle prépondérant. Lors d’un dîner, d’une réception, l’alcool est devenu aujourd’hui presque un automatisme. Banalisé, l’alcool n’en reste pas moins un produit toxique. Pourquoi ne pas désormais proposer à vos invitées aussi une boisson sans alcool ?

Françoise Robert

(1) in Revue trimestrielle "Éducation du patient en enjeux de santé", Volume 23 n° 3-2005, consacrée entièrement au thème "Boissons alcoolisées et grossesse", éditée par le Centre d’éducation du patient. Info : 082/61 46 11

 

Enceinte, je prends une boisson sans alcool

Le Centre d’éducation du patient organise depuis 1998 des campagnes de prévention et de promotion de la santé du nourrisson. Cette année la campagne est consacrée à l’information concernant la prise d’alcool pendant la grossesse.

Avec le slogan "Enceinte, je prends une boisson sans alcool", la nouvelle campagne de prévention (subsidiée par la Communauté française) vise surtout à sensibiliser les femmes enceintes ayant une consommation socialement acceptable de boissons alcoolisée (et leur entourage) des risques de cette pratique pour l’enfant à naître. La tolérance par rapport à l’alcool est encore socialement et culturellement très (trop !) grande dans nos pays. Et pourtant l’alcool est une drogue, certes banalisée mais néanmoins nocive. Il ne s’agit pas ici de culpabiliser les femmes enceintes mais bien de les informer des risques réels à court, moyen et long terme de la consommation d’alcool durant toute la grossesse. Cette campagne vise également à informer les professionnels des ressources disponibles afin de dépister, d’aider ou d’orienter les femmes enceintes qui ont un problème de dépendance à l’alcool.

Infos : Centre d’éducation du patient, 4 rue Fond de la Biche à 5530 Godinne, 082/61.46.11, cep_godinne@skynet.be  - Site de la campagne : www.alcooletgrossesse.be

 

Retour à l'index "Santé des femmes"