Comprendre les actes techniques
(1er juin 2006)
Accoucher par
césarienne
Le nombre
d’accouchements par césarienne est en augmentation constante dans notre
pays (près d’une naissance sur cinq). Ce qui pose question car les raisons
médicales ne sont pas les seules à expliquer cette croissance, des raisons
personnelles et professionnelles intervenant de plus en plus dans ce
choix. Or, l’accouchement par césarienne est loin d’être un acte anodin
(1).
Les jours qui suivent sa
cérienne,
la maman est submergée
par la fatigue et la douleur.
Il est évident que la
césarienne permet à des femmes et à des bébés de survivre à un
accouchement compliqué. Mais certaines personnes oublient trop souvent que
l’accouchement par césarienne est un acte chirurgical qui est loin d’être
anodin! La césarienne n’est pas un acte destiné à se “faciliter” la vie en
programmant la date de naissance de bébé… Même si, en Belgique, nous n’en
sommes pas arrivés à des césariennes à tout-va, comme dans certaines
maternités privées d’Amérique latine qui ont quasiment abandonné
l’accouchement par les voies naturelles, certains parents la demandent
spontanément. C’est ignorer les conséquences plus lourdes d’un tel acte…
Indications médicales
Théoriquement, la césarienne
est un mode d’accouchement alternatif, à préconiser lorsque l’accouchement
par voie basse met en danger le bébé ou la maman. Au nombre des raisons
possibles pour décider d’une césarienne, il y a :
• l’étroitesse excessive du bassin de la mère,
• un bébé trop gros,
• la présentation de bébé soit par le siège, soit latéralement, soit
encore par la face,
• la prématurité, avec un bébé trop petit qui risquerait de ne pas
supporter un accouchement par voie basse,
• une dilatation insuffisante du col de l’utérus alors que les
contractions annoncent un accouchement imminent,
• la présence d’un fibrome, kyste ovarien ou placenta praevia qui empêche
un passage correct du bébé,
• la multiparité (lorsqu’il y a deux bébés ou plus),
• une souffrance ou un risque de souffrance du bébé lors de l’accouchement
par voie basse,
• une trop grande fatigue de la mère pour une expulsion efficace,
• une hémorragie chez la mère,
• la présence d’herpès génital chez la mère, qui risque de contaminer
l’enfant lors de l’accouchement par voie basse,
• la présence chez la mère de diabète, d’hypertension ou de problèmes
cardiaques.
L’obstétricien peut alors
décider d’opter pour la césarienne. Son choix est motivé, dans la moitié
des cas, par la présence d’un facteur de risque connu, et le rendez-vous
est alors pris pour donner naissance au bébé. Dans l’autre moitié des cas,
c’est un déroulement anormal d’un accouchement prévu par voie basse qui va
nécessiter l’intervention chirurgicale.
Peser
le pour et le contre
Les études mises en avant par
les défenseurs de la césarienne affirment que certaines complications,
comme l’incontinence urinaire, sont moins fréquentes après une césarienne.
Quant aux détracteurs, ils apportent d’autres études qui montrent que les
césariennes seraient associées à une augmentation de la morbidité et de la
mortalité maternelle, ainsi qu’à plus d’asthme et de détresse respiratoire
chez le bébé, de risques d’infections, d’embolie pulmonaire, d’accidents
d’anesthésie ou d’hémorragies. Des arguments qui, dans un sens comme dans
l’autre, font encore régulièrement débat.
Les futures mamans doivent bien
être informées sur le mode d’accouchement préconisé par leur médecin et ne
pas hésiter à poser toutes les questions nécessaires, notamment sur les
conséquences post-opératoires d’une telle intervention.
Et que celles qui ont accouché
par césarienne se rassurent : si elle a été imposée suite à un déroulement
“anormal” du travail (et non pour des raisons physiologiques, par
exemple), elles pourront, au terme d’une grossesse suivante et si tout se
passe bien, accoucher par voie basse. Qu’on se le dise!
Carine
Maillard
( 1)
Voir En Marche n°1342 (4 mai 2006) sur www.enmarche.be et le rapport de
l’A.I.M.
sur www.cin-aim.be
Le
déroulement
de la césarienne
Une
césarienne est une intervention chirurgicale qui se pratique au bloc
opératoire. Il y a deux cas de figure : soit la césarienne est programmée
avant la naissance, soit elle est décidée dans l’urgence lors d’un
accouchement qui se complique.
Si elle est décidée d’avance
pour l’une ou l’autre raison médicale (lire plus haut), l’obstétricien et
les parents décident de la date de l’intervention. Dans ce cas, la maman
doit arriver la veille de l’opération en ayant mangé légèrement, et ne
plus manger au-delà de minuit. Après la visite du médecin et de
l’anesthésiste qui vont l’interroger sur ses antécédents, allergies ou les
précédentes interventions chirurgicales, des examens préopératoires comme
l’électrocardiogramme, une prise de sang ou encore une échographie peuvent
être réalisés.
La maman est ensuite préparée
pour l’opération chirurgicale : elle prend une douche avec un savon
désinfectant, est rasée au pubis, reçoit un lavement évacuateur, enfile
des bas de contention pour éviter des problèmes circulatoires…
Dans le bloc opératoire, la
maman peut être accompagnée du papa, si celui-ci s’y sent prêt et si
l’hôpital l’accepte. Il lui est alors demandé de rester du côté du visage
de la maman : c’est certainement la meilleure place pour profiter
pleinement d’un instant qui doit rester magique!
Après la pose d’une sonde
urinaire, la maman reçoit une anesthésie péridurale : elle reste donc
consciente, mais toute la partie basse de son corps est insensibilisée.
Le chirurgien incise la peau de
l'abdomen, puis les muscles et enfin la paroi de l'utérus. L’incision se
pratique à l’horizontale dans “la ligne du maillot”, juste au-dessus du
pubis (la cicatrice deviendra presque invisible), et la plaie est refermée
dès que le bébé est extrait (il faut cinq à dix minutes entre la première
incision et le cri du bébé). Un drain peut éventuellement être laissé sous
la peau pour éviter les hématomes. Généralement, le bébé est présenté à sa
maman quelques instants, puis est emmené pour les contrôles et soins de
routine, éventuellement en présence du papa.
L'intervention dure 40 à 60
minutes.
Si la césarienne est décidée en
urgence lorsque l’accouchement par voie basse n'avance pas ou que le bébé
commence à souffrir, l’intervention se pratiquera aussi de préférence sous
péridurale. Mais dans certains cas, elle se fera sous anesthésie générale
pour extraire le bébé le plus vite possible.
Césarienne ou voies naturelles :
ce qui
change…
• La
péridurale : L’anesthésie péridurale n’est pas obligatoire pour
un accouchement par les voies naturelles, mais bien pour la césarienne.
• Le
réveil : La maman qui a accouché par césarienne peut devoir
rester en salle de réveil au moins deux heures pour contrôler la tension,
la température, la douleur, etc. La maman qui a accouché par voie basse
peut rentrer immédiatement dans sa chambre.
• La
durée d’hospitalisation : Elle a tendance à diminuer et à ne
pas dépasser 5 jours pour un accouchement naturel. La césarienne nécessite
une hospitalisation plus longue, de minimum 7 jours. Les fils ou les
agrafes sont enlevés au bout de 7 jours.
• Le
repos : Il est strict chez la maman qui a accouché par
césarienne, durant au moins 24 heures! Ensuite, pour éviter des problèmes
circulatoires, il lui faudra se lever en présence d’une infirmière,
prudemment et progressivement, car une chute de tension peut survenir,
provoquant des nausées, des vertiges ou des vomissements. Quant à la maman
qui a accouché par voie basse, en général, aucun problème ne se pose, à
part la fatigue du travail qui sera compensée par un repos suffisant.
• La
douleur : Une femme qui a accouché naturellement, si elle n’a
pas subi d’épisiotomie, ressentira peu de douleurs après l’accouchement,
comparé à ce qu’elle a vécu avant et pendant l’accouchement. A l’inverse,
la femme qui a accouché par césarienne souffrira moins avant
l’accouchement (s’il a été provoqué et non réalisé en urgence) mais
connaîtra après l’intervention chirurgicale une fatigue intense et de
violentes douleurs au niveau du ventre et de la cicatrice. C’est pourquoi
des anti-douleurs sont prescrits durant les premiers jours et les visites
doivent être réduites au minimum.
• Le
transit intestinal : La reprise du transit intestinal est
compliquée par la césarienne, les intestins ayant été bousculés par
l’intervention chirurgicale. La perfusion est généralement maintenue chez
la femme césarisée durant 24 à 48h, car la reprise d’une alimentation
solide et liquide normale est impossible les premiers jours. Par contre,
la maman qui a accouché par voie basse peut manger normalement tout de
suite.
• La
miction : Chez la maman césarisée, la sonde urinaire est
maintenue environ 24h après l’accouchement. Chez la maman qui a accouché
naturellement, pas de problème pour uriner, excepté les douleurs et
sensations de brûlure provoquées par le passage de l’urine sur la plaie de
l’épisiotomie!
• Les soins : La maman qui a accouché
par voie basse peut prendre une douche rapidement en suivant les
recommandations du médecin si elle a subi une épisiotomie. La maman
césarisée ne peut pas se doucher les premiers jours et doit par la suite
utiliser un pansement imperméable pour ne pas mouiller la cicatrice, ce
qui n’est pas toujours évident. Au retour à domicile, elle doit éviter les
efforts et le port de charges lourdes pendant un mois et apporter des
soins spécifiques à sa cicatrice afin de permettre à celle-ci de se
consolider correctement.
• La
rééducation périnéale : Même si le risque d'incontinence
urinaire est moindre chez la femme césarisée que chez celle qui a accouché
par les voies naturelles, la rééducation du plancher pelvien est
indispensable. La femme césarisée pourra envisager des petits exercices au
4ème jour mais devra attendre 6 à 8 semaines pour débuter une rééducation
abdomino-périnéale intensive.
• Le
contact avec bébé : La maman qui a accouché par césarienne peut
être frustrée parce qu’elle n’a pas le même contact charnel avec son
nouveau-né une fois que celui-ci est extrait du ventre. Durant les deux
premiers jours, cette frustration peut se poursuivre puisque la maman ne
peut pas s’occuper de son bébé ni se mouvoir comme celles qui ont accouché
normalement, à cause de la fatigue et de la douleur qui la submergent.
•
L’allaitement : Il peut être rendu un peu plus compliqué chez
la maman césarisée, car il faut positionner bébé sans faire mal à la
cicatrice. Sa mise en route peut être retardée du fait de l’intervention.
Néanmoins, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide et des conseils aux
infirmières! Informez-les à l’avance de votre volonté d’allaiter bébé!
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