Hôpitaux (2
août 2007)
Honoraires d’urgence
J'ai bien lu votre article du 5 juillet sur les honoraires d'urgence dans
les hôpitaux, et j'aimerais quelques précisions (je crois que cela
intéresse d'ailleurs tous les membres).
Je raisonne à partir de mon cas
personnel et d'exemples concrets (...).
Je ne suis allé que deux fois dans un service d'urgence de ma vie.Une première fois où près de St Luc, j'ai été agressé et légèrement blessé
à 23h. Je suis allé aux urgences de St Luc pour faire une radio car
j'avais très mal. A quoi cela aurait-il servi d'aller d'abord payer un
généraliste au tarif de nuit, et où en trouver un, étant sur la voie
publique, loin de chez moi, à 23h?
Une seconde fois où, toujours près de St Luc, je me suis cassé un os du
pied en chutant dans la rue. Sachant encore marcher, pourquoi payer
d'abord un généraliste qui n'aurait rien pu faire, ou pourquoi être obligé
de payer une ambulance du SMUR?
Ce n'est pas parce qu'il y a (soi-disant) trop de médecins qu'on doit
faire deux consultations ou payer inutilement 14 euros de plus, là où une
seule consultation suffit ou qu'on doit payer le SMUR quand c'est tout à
fait inutile.Je suis allé quelques fois avec ma fille à l'Hôpital des enfants Reine
Fabiola, qui est situé près de chez moi.Une fois pour une fracture au pouce suite à une chute (même remarque:
pourquoi obliger le patient à payer d'abord son généraliste à ne rien
faire ou à devoir payer une ambulance pour une fracture du pouce?).
Quelques fois pour une très forte fièvre (genre 39°5) le week-end ou la
nuit (en journée, j'appelle évidemment mon médecin). En cas de réelle
urgence, pourquoi perdre un temps (avec un doublement de la consultation)
qui peut être précieux si cela avait été un cas grave (méningite par
exemple)?
Une fois pour une grave infection au pied contractée en Afrique, à la
descente d'avion vers 6h du matin. Ignorant tout en maladies tropicales,
pourquoi perdre un temps précieux ?
Pour une fracture, n'est-il pas abusif de demander au malade de perdre du
temps et de l'argent en consultant d'abord un généraliste (de garde, tarif
de week-end ou de nuit) qui ne peut de toutes façons rien faire ?
Quand un enfant a 39°5 de fièvre la nuit ou le week-end, ou pour d'autres
cas de réelle urgence, pourquoi devoir payer une ambulance du SMUR quand
on peut conduire son enfant en voiture?
Conseillez-vous de doubler ainsi les consultations médicales? L'Etat
prétend vouloir diminuer la surconsommation médicale mais incite à prendre
une ambulance du 100 quand ce n'est pas nécessaire, et à consulter
inutilement un généraliste qu'on paie 30 euros pour avoir une réduction de
14 euros aux urgences. N'est-ce pas absurde?
M.D.G.
En Marche vous répond: “Vraies” et “fausses” urgences
Nous partageons votre avis en particulier lorsqu'il est question de
pathologie traumatique nécessitant des examens cliniques ou une
intervention chirurgicale (notez que des petites interventions peuvent
tout à fait être réalisées par les médecins généralistes). En vous rendant
chez votre généraliste dans ces situations, vous vous dites que vous
perdez du temps et payer "deux fois". C'est à la fois vrai et faux car il
est moins question de "récompenser" le patient qui a consulté le
généraliste (et lui a déjà payé un honoraire) ou a été envoyé par le 100
que de ne pas pénaliser financièrement ce patient par rapport à celui qui
recourt directement au service des urgences. En réalité, pour le patient,
le coût est assez similaire dans les deux situations (même avec le SMUR).
C'est pour l'INAMI que le coût est plus élevé.
Par contre, vous citez plusieurs situations où le recours aux services
d'urgence n'est pas toujours vraiment nécessaire. Par exemple, en cas de
température élevée, le médecin généraliste (ou tout généraliste de garde)
est tout à fait capable de prendre cette situation convenablement en
charge (et de juger s'il s'agit ou non d'une méningite, puisque vous citez
cette maladie).
Vous raisonnez comme si le passage chez le médecin généraliste était
automatiquement suivi par un renvoi aux urgences mais au contraire, dans
la toute grande majorité des cas, ce passage n'est pas nécessaire. De
nombreuses Etudes (dont une récente du Dr. du Boullay des cliniques
universitaires de Saint-Luc) montrent bien que la toute grande majorité
des patients qui se présentent aux "urgences" des hôpitaux peuvent très
bien être pris en charge par la Première Ligne !
En outre, les dépenses risquent d'augmenter si le patient se voit invité à
passer quelques examens techniques et si ensuite il se voit fixer un
rendez-vous dans les jours qui suivent pour contrôle de l'évolution de la
pathologie ou toute autre mise au point.
Le recours aux services des urgences est donc coûteux et bien souvent
inadéquat. Et pour y avoir eu recours plusieurs fois, vous avez
certainement dû trouver le temps d'attente très long, les services étant
saturés de demandes, ce qui pose un réel défi quant à la qualité des
soins, les médecins devant faire le tri entre les "vraies" et les
"fausses" urgences.
Cette mesure seule ne désengorgera pas les services d'urgence bien sûr. Il
faut également revaloriser le rôle du médecin généraliste et en
particulier celui de la garde. A la Mutualité chrétienne, nous sommes
partisans d'un modèle de services de garde tenus par les généralistes. Il
existe d'ailleurs depuis peu un financement de cette activité sous forme
d'un honoraire de disponibilité qui est versé aux services de garde
officiels. Des accords de collaboration doivent être conclus entre ces
Services de garde de Médecine Générale et les Institutions hospitalières
de la région.
JD
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