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Conseils pratiques (9 janvier 2014)


De la prévention au DMG+

© B. Boissonnet/BSIP Reporters

Le DMG+ vise à systématiser la démarche préventive du médecin généraliste auprès de ses patients qui ont entre 45 et 75 ans. Deux ans et demi après la mise en place de ce dispositif, une récente enquête menée auprès de 400 généralistes du Hainaut montre que le DMG+ est insuffisamment utilisé.

Le médecin généraliste a un rôle préventif important à jouer auprès du patient avec lequel il a tissé une relation de confiance. Il peut lui suggérer de dépister certaines maladies, l’inviter à se faire vacciner, lui donner des conseils pour prendre soin de sa santé, etc. Depuis avril 2011, ce rôle est encouragé auprès des patients âgés entre 45 et 75 ans par l’introduction d’un volet préventif dans le dossier médical global (DMG) (lire ci-dessous).

La Société scientifique de médecine générale (SSMG) et l’Observatoire de la santé du Hainaut (OSH) ont voulu mesurer l’influence du DMG+ sur les activités préventives des généralistes et en savoir plus sur les thématiques qu’ils abordent avec les patients. Pour ce faire, au printemps 2012, ils ont mené une enquête par téléphone auprès de 817 médecins généralistes exerçant dans la province du Hainaut(1). 388 d’entre eux y ont participé.

DMG+ très peu proposé

Première observation : sept médecins sur dix ne proposent jamais le module de prévention aux patients concernés. Le principal argument évoqué : “C’est au patient d’effectuer la demande pour ouvrir ce module de prévention(2). Lorsque le DMG+ est proposé, il fait suite à une demande du patient ou alors c’est son état de santé qui oriente le médecin vers cette suggestion.

Cela étant, il y a deux fois plus de propositions réalisées en maisons médicales et en associations qu’en pratique solo (44% et 22,6%). Le mode d’exercice de la médecine générale a donc une influence significative sur le fait de proposer ou pas le DMG+ à ses patients (comme le DMG tout court d’ailleurs). Le sexe et l’âge du médecin n’ont, par contre, pas d’influence.

L’intérêt modéré pour le DMG+ et le manque de connaissance du dispositif lui-même sont aussi certainement des éléments explicatifs. Seulement un médecin interrogé sur trois pense que le DMG+ peut l’aider à améliorer sa pratique préventive. À nouveau, les médecins exerçant en maison médicale ou en association sont significativement plus nombreux à partager cette opinion que les médecins en solo. Même constat chez les médecins de moins de 50 ans par rapport aux plus âgés.

Dépistages et vaccination en tête

La quasi-totalité des médecins interrogés déclarent discuter avec leurs patients des thématiques abordées dans la liste du DMG+ ou effectuer au moins occasionnellement plusieurs des actions qui y figurent. “Cette quasi-unanimité reflète d’emblée que la dimension prévention intègre les activités du généraliste même si, bien souvent, le patient consulte son médecin dans une perspective curative”, observe Marie-José Couteau, chargée de mission à l’Observatoire de la santé du Hainaut et coordinatrice de l’enquête.

Concrètement, on constate que plusieurs thèmes sont abordés de manière systématique par 60 à 75% des médecins généralistes, qu’ils utilisent ou pas le DMG+. En tête viennent le dépistage du cancer du sein, le diabète et la vaccination puis le risque cardiovasculaire. Ce risque tient compte du tabagisme et d’autres facteurs comme l’élévation de la pression artérielle, le manque d’exercice, le taux de cholestérol, l’excès de poids… L’enquête souligne qu’habituellement 70% des généralistes accompagnent en direct le sevrage tabagique de leurs patients.

En matière de dépistage du cancer du col de l’utérus, la moitié des médecins interrogés déclare en discuter systématiquement avec leurs patientes. Cependant, comme ce dépistage fait plus souvent l’objet d’une visite chez le gynécologue, près d’un généraliste sur cinq déclare ne pas évoquer cette question.

Quant au dépistage du cancer colorectal, il est abordé systématiquement par un médecin sur deux. Pour l’autre moitié, c’est principalement face à une situation évocatrice qu’une démarche est mise en place. “Le programme de ce dépistage, organisé par la Fédération Wallonie-Bruxelles, confère pourtant au généraliste un rôle central qui va de l’information du patient à l’annonce du résultat, en passant par la remise des plaquettes nécessaires au dépistage. La participation est plus faible que celle attendue et les médecins semblent sous-utiliser ce programme”, constate la sociologue Marie-José Couteau.

Dernier dépistage abordé : celui de l’ostéoporose. Celui-ci ne figure pas dans la liste du module de prévention mais il est systématiquement pratiqué par environ six médecins sur dix.

Conseils santé moins systématiques

>> Consulter aussi : “La prévention: je peux en parler à mon médecin”, support d’animation et de discussion créé par l’ASBL Cultures & santé • Infos : 02/558.88.18 • www.cultures-sante.be

La quasi-totalité des médecins généralistes déclarent discuter de l’activité physique et de l’alimentation avec leurs patients. Mais cette pratique est systématique chez moins d’un généraliste sur deux en ce qui concerne l’activité physique et elle est moindre pour le volet alimentation.

Contrairement à un dépistage ou à une vaccination qui constituent des actes ponctuels à renouveler périodiquement, les conseils en la matière ne seront efficaces que s’ils sont, au long cours, entendus par la personne, et adaptés et personnalisés à son contexte de vie”, précise l’auteure des conclusions de l’enquête. Quant à l’alcool, “il s’avère encore un sujet tabou, difficile à évoquer par le médecin, hormis quand il est face à une situation évocatrice”, commente la sociologue. L’enquête précise que dans les cas de consommation problématique d’alcool, 60% des médecins prennent personnellement en charge, seuls, les patients.

Santé mentale, parent pauvre

Plus de la moitié des médecins déclarent ne pas réaliser d’actions préventives dans le domaine de la santé mentale, un champ vaste qui évoque les notions de bien-être, de stress, de dépression… Lorsque des actions sont conduites, elles le sont principalement face à des situations problématiques. “Les actions préventives montreraient-elles dans ce domaine leurs limites?, se demande Marie-José Couteau. La formation médicale reçue développe-t-elle ce champ? Sans doute la perception de la santé mentale exige-t-elle aussi plus de temps au sein du colloque singulier”.

Améliorer les pratiques préventives

Comparativement à une enquête réalisée en 1990(3), les déclarations des médecins concernant leurs pratiques préventives systématiques seraient en progression (on passe d’un tiers à 60-75%). Toutefois, les médecins interrogés citent trois freins à cette systématisation: le manque de temps, le manque d’information chez les patients et la charge administrative. Certains médecins souhaitent un meilleur financement de la prévention. D’autres attendent plus de motivation et de collaboration de la part des patients. À cet égard, comme le fait remarquer la sociologue en se référant à une enquête menée en 1992- 93 (J. Laperche, V. Delpierre), plus de la moitié des patients pensent, de leur côté, que leur médecin en fait trop peu dans le domaine de la prévention. Comme quoi le dialogue est important à ouvrir et à cultiver entre médecin et patient.

Que retirer comme principal enseignement de cette enquête? Les pratiques préventives sont sans doute souvent discutées et/ou effectuées mais souvent hors du cadre du DMG+. Ce dispositif s’avère dans les faits encore trop peu ou mal connu des généralistes eux-mêmes. Il faut donc amplifier les efforts de promotion de l’outil auprès des praticiens et sensibiliser aussi les patients à l’intérêt d’aborder différents aspects de prévention avec leur médecin généraliste.

//JOËLLE DELVAUX

(1) L’échantillon se composait de personnes exerçant la médecine générale à titre principal dans une commune où au moins 60% des généralistes utilisent le DMG.

(2) Le texte officiel relatif au DMG+ mentionne une demande expresse et/ou une autorisation écrite du patient.

(3) L. Berghmans, M. Boutsen, M. Wanlin, La prévention en médecine générale, Ecole de santé publique ULB, 1990.

Un plus pour protéger sa santé

Le DMG+ constitue une aide complémentaire pour systématiser, encourager et valoriser le suivi préventif en médecine générale auprès des patients entre 45 et 75 ans. Ce suivi est encouragé par l’octroi d’un honoraire médical annuel spécifique entièrement remboursé au patient(1).

Outre l’âge, la seule condition d’accès à ce module de prévention est d’avoir confié la gestion du dossier médical global (DMG) à son médecin généraliste. Cette démarche peut s’effectuer à tout moment.

Pour le médecin traitant et son patient, le DMG+ est une invitation à parcourir ensemble six thèmes au fil des consultations. Sont abordés des sujets comme les examens de dépistage recommandés, les vaccinations, mais aussi l'alimentation, la consommation de tabac et d'alcool, l'activité physique, etc. Selon que le patient est un homme ou une femme, en fonction de son âge et de sa situation, le médecin lui proposera des mesures de prévention ou actions qui peuvent lui être utiles. Il tiendra à jour, dans son DMG, toutes les informations concernant les thématiques à suivre avec lui.

Concrètement, le suivi préventif peut se faire de manière très souple, aux moments qui conviennent le mieux, soit à l’occasion de consultations au cabinet du médecin ou de visites à domicile, soit lors de rendez-vous spécifiquement consacrés à la prévention. Une fois que le DMG+ est ouvert, le médecin et le patient disposent du temps nécessaire pour parcourir les points de la check-list. Tout ne doit donc pas nécessairement être abordé et surtout pas lors d’un seul contact!

Pour aider à enclencher la discussion, l’ASBL Question Santé et la Société scientifique de médecine générale ont conçu un questionnaire très pratique et fort utile à l’attention du patient(2). Il précise les sujets couverts par le DMG+ et aide à y réfléchir.

La fonction préventive du DMG est sans aucun doute une nouvelle occasion pour le patient d’être un acteur de “son dossier médical” et, par là même, de s’approprier quelques dimensions de sa santé.

//JD

(1) Un honoraire de 10,80 euros est facturé lors de la consultation ou visite pendant laquelle débute l’examen de la check-list. Le patient peut demander le tiers-payant. Il ne paie ainsi que la quote-part pour la consultation ou visite.

(2) Le questionnaire peut être téléchargé sur le site www.mongeneraliste.be.

 

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