Conseils pratiques
(1er
mars 2012)
De nouvelles règles pour bénéficier d’allocations
Le crédit-temps permet aux travailleurs salariés de
suspendre ou de réduire leur temps de travail - durant une période
déterminée - et de percevoir une allocation d’interruption qui compense
partiellement la perte ou la réduction de la rémunération. Les
conditions d’octroi de cette allocation ont été modifiées.
L’accès au crédit-temps
dans le secteur privé est régi par une convention collective du travail
(CCT n°77bis) conclue au sein du Conseil National du Travail en 2001
(1). Cette CCT explicite les droits des travailleurs
salariés à l’égard des employeurs : elle détermine les conditions
d’accès, les modalités d’exercice et les règles communes aux diverses
formules de crédit-temps.
Jusqu’à présent, les conditions pour bénéficier d’une
allocation de crédit-temps payée par l’Onem étaient calquées sur les
dispositions prévues dans cette CCT (2). Dans le cadre
du volet socioéconomique de l’accord gouvernemental, le gouvernement
fédéral a décidé, en décembre dernier, de modifier les règles en matière
d’allocations de crédit-temps et d’assimilation pour la pension
(3), les dispositions de la CCT, restant, quant à
elles, inchangées (4). Ainsi, depuis le 1er janvier
2012, les conditions d’octroi des allocations ne sont plus les mêmes que
celles prévues pour pouvoir accéder au crédit- temps chez l’employeur
(voir encadré cicontre). Dans le présent texte, nous présentons bien les
nouvelles conditions d’octroi des allocations de crédit-temps. Grâce à
la concertation sociale, les syndicats ont pu négocier des corrections
et des assouplissements mais les nouvelles dispositions doivent encore
être coulées dans des textes légaux. Il faut donc prendre ce qui suit
avec prudence. Pour en savoir plus, le mieux est de s’adresser à l’Onem,
à son syndicat ou à son employeur.
Des conditions à remplir chez l’employeur |
Pour avoir accès aux différentes formes de crédit-temps, le travailleur
salarié doit remplir obligatoirement des conditions d’accès auprès de
son employeur. Celles-ci varient selon que la demande concerne une
interruption complète ou une réduction des prestations. Ainsi, pour une
interruption complète, le travailleur doit avoir été dans les liens d’un
contrat de travail chez l’employeur pendant au moins 12 mois au cours
des 15 mois qui précèdent. S’il souhaite passer à mi-temps, il doit, de
plus, avoir été occupé au moins à 3/4 temps pendant les 12 mois qui
précèdent. Par contre, en cas de passage à 4/5 temps, le travailleur
doit justifier d’une ancienneté de cinq ans chez son employeur (trois
ans pour les 50 ans et plus) (1) et avoir été occupé à temps plein
pendant les 12 mois qui précèdent la demande de crédit-temps. |
Ces
conditions d’accès au crédit-temps (qui ne représentent pas pour autant
un droit absolu du travailleur salarié) sont différentes de celles que
le gouvernement fédéral vient de décider pour bénéficier des allocations
de crédit-temps (et que nous venons de décrire ci-contre).
Théoriquement, il est donc possible, pour un travailleur, d’obtenir un
crédit-temps auprès de son employeur sans pour autant bénéficier d’une
allocation d’interruption de l’Onem pendant ce temps. De même, par
exemple, un travailleur âgé qui n’entre pas dans les conditions pour
bénéficier d’allocations spécifiques à la fin de carrière pourra
cependant peut-être percevoir des allocations de crédit temps “de base”.
A chacun de bien se renseigner sur les formules possibles selon sa
situation personnelle. A cet égard, les informations fournies par l’Onem
sur son site internet (www.onem.fgov.be)
sont à la fois très claires et très
précises. Une foire aux questions et une
comparaison des conditions d’accès au
système et aux allocations sont
particulièrement instructives. |
//JD |
(1) Moyennant l’accord de
l’employeur, cette condition de 3 ans
d’ancienneté peut être réduite à 2 ans, si
le travailleur a été engagé à partir de ses
50 ans (ou à 1 an si l’engagement a été
réalisé à partir de 55 ans). |
>>> Précisons
que les congés spécifiques – congé parental, congé pour soins palliatifs
et congé pour assistance médicale – ne subissent aucune modification
légale. Quant aux montants des allocations de crédit-temps, ils n’ont
pas été modifiés si ce n’est qu’ils ont été indexés au 1er février
dernier, comme les autres prestations sociales (voir les tableaux
publiés dans l’édition d’En Marche du 16 février dernier –
www.enmarche.be).
Quoi de neuf ?
La nouvelle réglementation sur les allocations de
crédit-temps introduit une distinction selon que l’interruption est
motivée ou non. Ainsi, il existe dorénavant (voir détails ci-dessous) :
-
un crédit-temps général sans motif,
-
un crédit-temps avec motif :
soins, formation, enfant malade ou handicapé,
-
un crédit-temps de fin de carrière.
Quel que soit le type de crédit-temps, comme par le passé,
trois possibilités s’offrent aux travailleurs :
-
Le crédit-temps complet : il
permet de suspendre la totalité des prestations.
-
Le crédit-temps 1/2 temps :
il permet de réduire les prestations pour travailler à
mi-temps.
-
Le crédit-temps 1/5 temps :
il permet de réduire les prestations pour travailler à 4/5
temps.
Qui est concerné par ces nouveautés ?
La nouvelle réglementation en matières d’allocations de
crédit-temps s’applique à tous les travailleurs dont les demandes
d’allocations d’interruption prennent cours à partir du 1er janvier
2012.
Restent soumis à l’ancienne réglementation tous les
crédits-temps entamés avant cette date. Il en va de même pour les
demandes écrites de crédit-temps effectuées auprès de l’employeur avant
le 28 novembre 2011, envoyées à l’Onem avant le 1ermars 2012 et prenant
cours au plus tard le 2 avril 2012.
Les travailleurs de 50 ans et plus qui étaient déjà dans le
régime de crédit-temps “fin de carrière”, mais n’avaient pas fait une
demande jusqu’à l’âge de la pension peuvent continuer à bénéficier des
anciennes dispositions s’ils introduisent une prolongation de la demande
actuelle. Cette mesure transitoire ne peut être obtenue qu’une seule
fois. Cette demande peut être sollicitée pour une période allant jusqu’à
l’âge de la pension.
// JOËLLE DELVAUX
>> Sources :
www.onem.fgov.be, service
juridique de la CSC et www.lesreparations.be (site de la CSC à propos
des mesures gouvernementales).
(1) Sont concernés les travailleurs salariés et les
travailleurs contractuels du secteur public.
(2) Des CCT sectorielles ou d’entreprise peuvent étendre
les droits prévus dans la CCT nationale (en termes de durée totale du
crédit-temps sur la carrière notamment).
(3) Nous n’aborderons pas ici l’assimilation des périodes
indemnisées de crédit-temps pour le calcul de la pension. Nous y
reviendrons quand les dispositions légales à ce propos seront
effectives.
(4) AR du 28 décembre 2011 – MB du 30 décembre 2011.
Crédit-temps sans motif
Pour bénéficier d’allocations, le travailleur doit avoir deux ans
d’ancienneté chez son employeur et cinq ans de carrière comme salarié.
Seule exception : un an d'ancienneté suffit si le travailleur a épuisé
le congé parental pour tous les enfants bénéficiaires et si le
crédit-temps suit immédiatement le congé parental.
Ce droit aux
allocations est limité à :
-
12 mois pour une interruption complète,
-
24 mois pour un passage à mi-temps,
-
60 mois pour une réduction
d’1/5ème temps (passage à 4/5ème),
-
ou une combinaison de ces systèmes
jusqu’à concurrence d’un équivalent temps plein de 12 mois (par exemple,
suspension des prestations pendant 6 mois puis passage à mi-temps
pendant 12 mois).
Un seul crédit-temps sans motif est octroyé sur
l’ensemble de la carrière et le crédit-temps déjà utilisé dans le passé
est comptabilisé.
Crédit-temps avec motif
Pour bénéficier d’allocations, le travailleur doit avoir au moins deux
ans d’ancienneté chez l’employeur. Il n’y a pas de condition de carrière
comme salarié.
Ce régime permet de compléter le droit de base
(crédit-temps sans motif). Cependant, il n’est pas impératif d’avoir
épuisé le capital d’allocations sans motif avant de demander celui avec
motif. Ces deux capitaux d’allocations peuvent être pris à la meilleure
convenance.
Le droit complémentaire est de 36 mois si le crédit- temps
est utilisé :
-
pour s’occuper de son enfant jusqu’à l’âge de huit ans,
-
pour octroyer des soins palliatifs à une personne en fin de vie,
-
pour assister ou octroyer des soins à un membre du ménage ou de la
famille jusqu’au 2ème degré soufrant d’une maladie grave,
-
pour suivre
une formation reconnue par les Communautés ou par le secteur.
Le droit
complémentaire est de 48 mois si le crédit-temps est utilisé :
-
pour
prodiguer des soins à son enfant handicapé jusqu’à ses 21 ans,
-
pour
donner des soins à son enfant ou à un enfant gravement malade faisant
partie du ménage.
Contrairement au crédit-temps sans motif, les
crédits-temps avec motifs sont calculés sur des périodes calendrier,
sans référence au régime de travail : la période est identique, qu’on
interrompe le travail ou qu’on réduise ses prestations. Par ailleurs,
les deux périodes avec motifs ne peuvent s’additionner sur l’ensemble de
la carrière. Enfin, tout crédit déjà utilisé dans le passé est
comptabilisé.
Crédit-temps de fin de carrière
Pour bénéficier d’allocations de crédit-temps spécifiques à la fin de
carrière (en passant à 4/5ème ou à mi-temps jusqu’à l’âge de la
pension), le travailleur doit être âgé d’au moins 55 ans et compter 25
années de carrière professionnelle. Auparavant, il fallait avoir au
minimum 51 ans et une carrière professionnelle de 20 années pour
l’octroi des allocations.
Toutefois, certaines catégories de
travailleurs ouvrent ce droit dès l’âge de 50 ans. Initialement, le
gouvernement fédéral avait fixé des conditions précises : avoir effectué
un métier lourd (pendant au moins 5 ans au cours des 10 années
précédentes ou pendant au moins 7 ans au cours des 15 années
précédentes) qui figure sur la liste des métiers en pénurie, fournie par
l’Onem. Crédit-temps de fin de carrière Les syndicats ont obtenu du
gouvernement un élargissement de la notion de métier lourd et une série
de dérogations supplémentaires en ce qui concerne la réduction d’1/5ème
(passage à 4/5ème). Celle-ci sera possible :
-
pour les travailleurs
occupés dans des régimes de travail contraignants : équipes
alternatives, travail de nuit ou horaires coupés,
-
pour les ouvriers du
secteur de la construction (moyennant conditions d’ancienneté),
-
pour
les travailleurs ayant 28 ans de passé professionnel en tant que
salarié,
-
dans des entreprises reconnues en restructuration ou en
difficulté si cette mesure permet d’éviter des licenciements.
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