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Retour de Palestine
(21 février 2002)

 

Le Mouvement Ouvrier chrétien participe à une mission belge en Palestine

Une délégation du Mouvement Ouvrier Chrétien, vient de rentrer de Palestine. Elle participait à une mission belge sous l’égide du CNCD, avec, notamment, quelques Parlementaires. Nous avons rencontré trois de ses représentants : Thierry Jacques, secrétaire politique du MOC, Philippe Sterckx, responsable de Solidarité Mondiale et Edouard Boumans, secrétaire fédéral de la CSC de Verviers (région germanophone).


L’
occupation des territoires palestiniens par l’Etat d’Israël est une réalité dont plus personne, affirment-ils, ne peut plus nier les conséquences dramatiques pour la population civile palestinienne. L’omniprésence d’une armée d’occupation, les contrôles incessants sur la population palestinienne (320 “ check-points ” dont 220 avec soldats), les brimades et humiliations quotidiennes.Il faut ajouter à cela l’extension ininterrompue de colonies israéliennes sur tout le territoire (450.000 colons en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem Est). Les colons sont souvent “ installés ” dans des cités flambant neuves au sommet des collines. Les colonies sont de véritables citadelles, protégées par des tanks et des milliers de militaires. Cette colonisation engage Israël dans une politique d’apartheid et d’évacuation forcées des familles palestiniennes. L’agression de l’armée israélienne sur la population civile palestinienne est d’une extrême violence. Des villages sont isolés par des check-points qui étouffent progressivement les civils qui y résident. “Dans le sud de la bande de Gaza, le village d’Almaouassi, coincé entre la mer et deux colonies qui l’étranglent véritablement, les villageois ne peuvent en sortir pour aller au travail, à l’école, à la ville toute proche que moyennant autorisation. Ils sont souvent retenus des heures durant au check-point. Les chars pénètrent régulièrement dans les villes et les villages, et détruisent sur leur passage les équipements civils. A Tulkarm, nous avons vu le désastre des canalisations, des poteaux électriques, des routes et des trottoirs défoncés par les chars. Les champs sont dévastés et les arbres abattus. Lors de notre visite à Gaza, nous avons découvert un village qui, la veille, avait été véritablement “ nettoyé ” par 13 chars : une centaine d’arbres ont été abattus, des champs détruits par les chenilles des tanks, un centre culturel a été complètement saccagé, toutes les infrastructures qui participent à la constitution de l’Etat palestinien sont bombardées. Les locaux de la radio et de la télévision ont été dynamités il y a un mois. Il ne reste à peu près rien du port maritime de Gaza. Les quartiers généraux de l’autorité palestinienne et des locaux de la police sont en ruine. Nous avons vu aussi ce collège à Tulkarm dont les murs des classes n’ont plus de fenêtres et sont criblés d’impact de balles tirées par des soldats situés dans un camp retranché qui se trouve à 100 m de là). Tous les signes visibles de l’identité, de la culture et de l’ Etat palestinien sont ainsi systématiquement anéantis.“La théorie de l’équidistance renvoyant Israël et les palestiniens dos à dos n’a pour nous pas de légitimité”. Depuis le processus d’Oslo, porteur d’un grand espoir pour la population palestinienne (on le perçoit notamment aux nombreuses constructions récentes, signes de la foi en la création d’un véritable Etat palestinien, bâti sur une paix durable dans la région), la situation s’est constamment détériorée. Aujourd’hui, la politique du gouvernement Sharon est de poursuivre la guerre d’indépendance de l’Etat d’Israël. “Son opinion publique est avec lui, même si des signes de contestation apparaissent, comme les soldats déserteurs qui refusent d’aller dans les territoires, ou les manifestations des mouvements juifs pour la paix à Tel Aviv qui étaient plus de 5000 le samedi de notre arrivée, et 14000 le samedi suivant. Plus que jamais le peuple palestinien doit être soutenu. Il y a urgence.”

 



Témoignages d’une délégation du
Mouvement chrétien pour la paix


Une délégation du MCP, rassemblant 27 personnes de tout milieu et de nationalités très différentes, s’est rendue en janvier dernier en Palestine. Extrait d’un carnet de notes de Rita Degand-Dooms.


A
Rafiah, nous croisons les personnes se rendant à l’enterrement d’un jeune tué la veille par les Israéliens. Des maisons ont été bombardées durant la nuit : tout est rassemblé tant bien que mal à l’abri de la pluie. Les habitants nous font visiter le “mur” : barbelés, plusieurs maisons détruites constituent un no man’s land, où personne ne peut s’aventurer car sous la mitraillette vigilante des militaires. La ville comprend un camp de réfugiés coupé en deux en 1978 par la nouvelle frontière, suite aux accord de Camp David. La nouvelle frontière a séparé des familles et a rompu toute communication. Nous voilà sur la place principale où sont dressées des tentes devenues habitats de fortune pour les personnes dont la maison a été détruite…A Jérusalem, nous rencontrons Mgr Michel Shabbah, premier Arabe Palestinien à être sacré évêque, son influence est grande; il est le président de Pax Christi International. “Nous avons besoin d’abord de justice avant de nous réconcilier. La situation de guerre fait augmenter la haine des deux côtés. Israël doit prendre des mesures qui produisent la paix…”L’entrevue est écourtée, nous sommes appelés d’urgence : une maison vient d’être démolie dans le quartier de French Hill. Les personnes souhaitent que nous soyons témoins de ce désastre, afin d’empêcher la violence et d’être observateurs. Dix-neuf maisons doivent être détruites. Celle dont nous voyons les ruines fait partie du lot. Ce matin très tôt les bulldozers et grues encadrés par l’armée et les forces d’intervention militaire sont venus raser la maison dont la construction venait juste d’être terminée. Motif ? Mais faut-il vraiment un motif ? Tout est permis à l’armée. C’est vrai le permis de bâtir n’avait pas été accordé mais quand il faut attendre plusieurs années avant de l’obtenir si jamais il est obtenu, les gens finissent par se lasser et ils construisent.... Nous avons aussi rencontré des représentants des organisations israéliennes. Yesh Gvul est un groupe pour la paix qui soutient les militaires qui refusent d’exécuter des ordres de nature répressive, agressive ou qui humilient les gens. De plus en plus d’officiers refusent d’exécuter certains ordres. Jamais, ils n’ont été condamnés. AIC (Alternative Information : Center Gush Shalom, Bat Shalom, …) regroupe des Israéliens et des Palestiniens qui luttent pour une justice sociale, une coexistence pacifiste et la reconnaissance des droits humains. Cette organisation vise essentiellement l’information et l’éducation. Des lueurs d’espoir ? Le dernier groupe juif rencontré existe depuis un an. Il s’agit d’Israéliens juifs et arabes qui organisent ensemble des convois humanitaires dans les régions les plus pauvres. Ils font appel aux dons publics, atteignent ainsi les gens de la rue et peuvent les sensibiliser. Le dernier convoi (d’une valeur de 300.000 BEF) en décembre était destiné à la région d’Hebron : 80 voitures et 300 personnes, le check- point les a arrêtés. Ils ont fait suivre le matériel à pied !L’avenir paraît bien sombre, les colons semblent tellement déterminés et la politique de Sharon plus encore. Plus que jamais, nous l’avons constaté, la guerre n’engendre pas la paix mais l’escalade.

D’après les notes de voyage de
Rita Degand-Dooms


Partis pour une guerre de cent ans ?


Les gouvernements arabes et européens se taisent. Des citoyens parlent… Les touristes désertent Israël. De nombreuses ONG, malgré les dangers, entreprennent le voyage en Palestine.


T
ous les témoignages entendus convergent pour dire que les objectifs politiques réels de l’occupation israélienne vont bien au-delà des besoins d’assurer la protection des citoyens israéliens contre le terrorisme palestinien. Il n’est jamais apparu aussi clairement depuis ces derniers mois, au vu de ce qui se passe sur le terrain, que l’objectif du gouvernement actuel est de détruire le crédit de l’Autorité palestinienne et, plus encore, l’identité palestinienne. Pour Ariel Sharon, le risque d’une vraie guerre avec les Palestiniens est sans doute moins grave que la réalisation des accords d’Oslo, lesquels auraient figé une fois pour toutes les frontières de la Palestine et d’Israël. Comme le montre bien Pascal Fenaux, dans un numéro récent de la Revue Nouvelle (1), “le processus d’Oslo allait à contre-courant de la dynamique profonde de la société israélienne”. Lorsqu’en février 2001, Sharon arrive au pouvoir, il est convaincu qu’il ne s’agit plus cette fois “de détruire une force militaire, mais le crédit qu’a accumulé en vingt ans le leader palestinien” sur la scène palestinienne en unifiant les différentes factions (et en en éliminant quelques-unes), sur la scène arabe malgré beaucoup d’hostilités, sur la scène occidentale en ayant pris la mesure de l’effort diplomatique à accomplir, et même sur la scène israélienne en serrant la main de Rabbin qui lui reconnaissait ainsi sa responsabilité de leader historique.L’actuelle stratégie israélienne, comme le rapporte nos témoins, ne peut que “produire du terrorisme”… et justifier, dans une spirale infernale, toutes les représailles. Mais comment croire que l’on peut arriver à bout du terrorisme palestinien en détruisant toutes les infrastructures civiles, en affamant par le blocus et un siège permanent des villes palestiniennes reconnues “autonomes” aux yeux du droit international ? Montrer du doigt, comptabiliser les coups des extrémistes de part et d’autre, comme le font chaque jour tant de médias sans rappeler (en tout cas trop rarement) les origines de la question palestinienne et les raisons d’une désespérance puisées dans une situation d’occupation de près d’un demi-siècle, ne peut mener qu’au pire.On ne sait aujourd’hui jusqu’où ira le premier ministre israélien Ariel Sharon, surtout s’il se confirmait que les États-unis soutiennent Israël dans sa volonté de détruire l’Autorité palestinienne. Dans ce cas, le Hamas, inscrit sur la liste noire du terrorisme, pourrait devenir la seule autorité politique organisée susceptible de représenter la population palestinienne. N’est-ce pas là la politique la plus contre-productive qui soit au regard de l’avenir ? Elle donne toutes les raisons au terrorisme d’exister et à Israël toutes les justifications de poursuivre l’occupation des terres palestiniennes ! Nous sommes partis pour une guerre de cent ans…L’Autorité palestinienne, que les dirigeants actuels voudraient bien délégitimer, est pourtant “la seule organisation palestinienne qui a accepté de négocier avec Israël pour trouver une voie permettant à deux peuples de partager la Palestine historique et Jérusalem. Elle représente un nationalisme arabe et séculier, dont les origines sont aussi bien chrétiennes qu’islamiques, avec laquelle l’Occident peut négocier et a d’ailleurs négocié depuis Oslo jusqu’à l’échec de Camp David l’an dernier. Si elle détruite, écrit le commentateur anglais William Pfaff (2), le message envoyé au monde musulman sera que les États-unis préfèrent des adversaires terroristes islamistes aux réformistes arabes rationnels.”

Christian Van Rompaey


(1) Voir le dossier Israël, le processus de guerre dans La Revue Nouvelle (décembre 2001 - 350 FB). Informations : Boulevard Général Jacques, 126 - 1050 Bruxelles. Tél./Fax : 02/640.31.07.

(2) Dans la revue française Esprit, janvier 2002.


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