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Asie du Sud-Est (6 janvier 2005)

 

Reconstruire après l’urgence

 

Au moment où nous écrivons, ce mardi 4 janvier, le nombre de victimes directes du tsunami atteint les 150.000 personnes. Mais, dès les premiers jours qui ont suivi la catastrophe, la Communauté internationale a bien vite estimé que des millions de personnes se retrouveraient sans abri, sans eau potable, n’ayant pas de quoi se nourrir, blessées, malades, isolées, ayant perdu leurs proches et leurs biens. Le peu d’infrastructures qui existaient, balayées par le raz de marée, ajoute encore à la difficulté d’organiser des secours efficaces.

D
es témoins racontent : “On en rêvait, de ce cadre paradisiaque. Imaginez. Noël en famille loin de la grisaille de l’Europe. Un voyage rêvé et préparé pour certains depuis tant d’années. Et puis soudain, insouciants jusque-là, nous voyons la mer envahir les terres, et tout emporter sur son passage… C’était le désastre. D’autres disent : “On a vu des enfants courir pour poursuivre la mer qui se retirait pour revenir ensuite, mais trop vite et trop fort...”Des gens qui ont frôlé la mort, qui ont vu et n’ont pu empêcher celle d’un conjoint ou d’un enfant se sentent coupables d’être vivants. D’autres, qui n’étaient pas sur place, souffrent tout autant et ne cessent de revivre – pour eux-mêmes – la fin tragique des victimes qui leurs sont proches. Une semaine après le désastre, le processus de reconstruction est loin de pouvoir commencer, estiment les experts médicaux. “La plupart des gens n’ont pas encore intégré l’idée de mort. Ils sont toujours en phase de sidération. Ils sont comme figés, incapable de réaliser ce qui s’est passé.” Par contre, des rescapés endeuillés ont poursuivi leurs vacances comme si de rien n’était, tandis que d’autres tentaient de reprendre immédiatement leur activité professionnelle à partir de leur chambre d’hôpital ou d’hôtel. “Ce n’est pas par indifférence. C’est une manière de nier ce qui s’est passé. Les gens veulent se reconstruire car ils sont en zone de destruction permanente” affirme un médecin, “mais ce déni cache une grande fragilité”.Tout au long de ces jours, les journaux écrits, parlés, télévisés, l’Internet nous ont apporté leur lot de témoignages. Une autre vague, celle de la solidarité s’est alors levée dans l’ensemble de la Communauté internationale. Les personnes agissent, l’argent afflue, les organisations non gouvernementales, les Etats envoient tentes et couvertures, eau et nourriture. Il faut accueillir les réfugiés, les loger, les habiller, les nourrir et reconstruire. Il semble que toute la Planète se soit mise en mouvement. Et l’on reste pourtant avec ce sentiment de ne pouvoir en faire assez. Car cette catastrophe naturelle ne pose pas seulement un problème humanitaire. Ses conséquences posent une nouvelle fois, et brutalement, la question du développement.

 

Générosité d’urgence ou aide au développement à long terme ?
Des millions de dollars ont déjà été versés ou promis par tous les pays du monde. Sur place, la solidarité s’est manifestée de nombreuses façons, comme nous le rapportent de nombreux témoignages. L’émotion planétaire des populations est intense et sincère. Et pourtant, le responsable des questions humanitaires de l’ONU, Jan Egeland, n’avait pas hésité à traiter de
“pingres” les pays riches, ce qui a choqué certains États donateurs. Mais celui-ci n’évoquait pas l’aide d’urgence, l’indispensable “générosité humanitaire”. Il visait l’aide publique au développement qui reste dramatiquement en dessous des besoins essentiels de la majorité de la plupart des pays du Sud. Aujourd’hui, le budget des 22 pays les plus riches consacré à l’aide aux pays en développement correspond en effet, en moyenne, à la moitié de ce qu’il était en 1960, fait remarquer le quotidien français Libération, ce qui correspond en moyenne au prix d’un espresso par semaine. Le premier Ministre de Grande-Bretagne, Tonny Blair, a déclaré : “Le tsunami est une catastrophe planétaire”. Il aurait pu ajouter : le sous-développement dans lequel sont maintenus de nombreuses régions des pays du Sud aussi.On ne peut que constater, avec les experts de la banque Mondiale qui font autorité en matière de relèvement des catastrophes (1), que l’ampleur de celles-ci est étroitement liée à la pauvreté car elle peut réduire à néant, en quelques instants, des décennies d’effort de développement, contribuant ainsi à maintenir les plus pauvres dans le sous-développement.Par contre, les pays plus riches et mieux développés sont mieux à même de faire face aux catastrophes naturelles et d’empêcher qu’elles ne dégénèrent en désastres. Ils ont su mettre en place des mesures de sécurité, de meilleurs systèmes de réponse en cas de catastrophe, et des mécanismes d’assurance susceptibles de couvrir les pertes éventuelles d’infrastructures. Par exemple, les effets des séismes d’intensité similaire qui frappent régulièrement le Pérou et le Japon coûtent la vie à 2.900 personnes chaque année au Pérou alors qu’au Japon le nombre de victimes n’est que de 63. Autre exemple, l’impact des pluies violentes qui se sont abattues en 1999 sur le Venezuela et sur la France ont causé des pertes d’infrastructure estimées à environ 3 millions de dollars dans chacun de ces deux Etats, mais les coûts en vies humaines sont complètement différents : plus de 50.000 personnes au Venezuela, à cause des glissements de terrain, contre 123 décès en France.

 

Intégrer la gestion des risques dans les programmes de développement
De telles différences peuvent se retrouver partout dans le monde. Voilà pourquoi, la prévention des catastrophes et l’intégration des besoins en cas de catastrophe naturelle doit être considérée comme une composante à part entière du développement et pas seulement comme un problème humanitaire. Ce sont des experts internationaux qui l’affirment :
“Une tente, des couvertures, un vaccin et un paquet de nourriture peuvent aider maintenant… tout de suite. Mais ce qu’il faut à long terme pour mieux se défendre, ce sont de meilleures conditions de vie, c’est-à-dire assurer un travail régulier, une maison solide, un salaire suffisant et juste, une sécurité bien organisée, des soins de santé accessibles, un bon enseignement pour tous... La dette extérieure, des relations commerciales inéquitables, l’exploitation effrénée des côtes, la destruction des écosystèmes… feront plus de victimes que le tsunami.” Si les risques de catastrophes naturelles, comme c’est le plus souvent le cas, ne sont pas pris en compte dans l’évaluation des projets d’investissement, les bénéfices et l’investissement seront perdus en cas de catastrophe et les fonds d’investissement, souvent empruntés sur les marchés internationaux par les pays en voie de développement également, laissant à ces pays une dette à rembourser bien que les actifs construits aient disparu (2).La prise en compte du risque de catastrophes naturelles dans l’évaluation d’un projet devrait permettre une sélection et une conception plus judicieuses des projets. Elle devrait également prévoir la mise en place de mesures de gestion des risques destinée à protéger les bénéfices des projets.Des évaluations montrent que des mesures de gestion des risques peuvent avoir des bénéfices importants. La Banque mondiale a ainsi estimé que les pertes économiques à l’échelle mondiale des catastrophes naturelles au cours des années 1990 auraient pu être réduites de 280 milliards si 40 milliards avaient été investis dans des mesures de prévention. La Banque mondiale a aussi estimé que les 3,15 milliards de dollars dépensés pour la maîtrise des inondations en Chine au cours des 4 dernières décennies du 20ème siècle ont permis d’éviter des pertes qui se seraient chiffrées à 12 milliards de dollars. La communauté internationale répond toujours de façon généreuse aux catastrophes et aide les pays confrontés à des situations de crise grave et soudaine, mais cela ne suffit pas. Il est aussi indispensable que ces mêmes pays intègrent la gestion des catastrophes dans leurs stratégies de développement à long terme. Mais c’est là un combat difficile pour de nombreux pays pauvres qui considèrent parfois ces catastrophes comme la manifestation d’un destin fatal contre lequel on ne peut rien, sinon l’accepter ou, plus prosaïquement, qui considèrent que la gestion des risques leur apparaît comme une stratégie impayable.

Christian Van Rompaey

(1) Didier J. Cherpitel, ex-Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, dans le Rapport 2002 sur les catastrophes dans le monde.
(Sur l’Internet : www.banquemondiale.org )
(2) Des chiffres recueillis par la Banque mondiale montrent que de 1990 à 2000, les dégâts dus aux catastrophes naturelles représentent entre 2 et 15 % du PIB annuel des pays qui sont les victimes. Mais pour certaines catastrophes, les pertes en termes de PIB peuvent être encore beaucoup plus dévastatrices : au Honduras, l’ouragan Mitch a causé des dégâts équivalant à 41% du PIB. La comparaison de ces pertes avec les recettes fiscales annuelles des Gouvernements est encore plus dramatique: leurs coûts représentent 292% de ces recettes.

 

 

Solidarité

Le Consortium belge pour les situations d’urgence lance le “Tsunami 12-12”Le tremblement de terre qui a eu lieu le dimanche 26 décembre au large des côtes de l’île de Sumatra (Indonésie), a atteint la magnitude 9,0 sur l’échelle de Richter. L’énorme raz de marée qui en a résulté a atteint les côtes de l’Inde, du Bangladesh, du Myanmar, de la Thaïlande, de la Malaisie, de l’Indonésie et du Sri Lanka. Le bilan du nombre de victimes de cette catastrophe naturelle ne cesse de s’alourdir chaque jour. En raison du caractère exceptionnel de cette catastrophe naturelle, six organisations humanitaires belges (Caritas International, Croix Rouge de Belgique, Handicap International, Oxfam-Solidarité, Rode Kruis Vlaanderen, UNICEF Belgique) ont décidé d’ouvrir dès à présent un compte commun : le 000-0000012-12. Important !Les organisations ne peuvent accepter des dons en nature tels que des vêtements, des tentes, des denrées alimentaires, etc. Les dons de matériel demandent un énorme travail de logistique et impliquent des coûts très élevés pour le stockage, le transport… Via son réseau international, les membres du Consortium belge pour les situations d’urgence apportent, aussi rapidement que possible, leur aide aux populations touchées par la catastrophe : approvisionnement en eau, hygiène, abris, aide alimentaire, soins de santé, assistance psycho-sociale et éducation. “Tsunami 12-12” compte sur le soutien et la solidarité du public belge pour rendre les actions humanitaires possibles, en effectuant un versement au compte du Consortium belge pour les situations d’urgence : le 000-0000012-12. Les dons à partir de 30 EUR sont fiscalement déductibles.

 

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