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Palestine : tout va bien…?!
( 6 octobre 2005)

Personne ne peut prévoir aujourd’hui, avec certitude, l’évolution politique du Proche-Orient. L’observation et l’analyse raisonnée de ce qui se passe actuellement sur le terrain n’incitent cependant guère à l’optimisme.

Après le désengagement israélien de Gaza, médiatisé à l’extrême, nombreux sont ceux qui ont voulu y voir le commencement d’un processus menant à la fin de l’occupation et à la création d’un Etat palestinien. A l’analyse, on ne trouve pourtant que peu d’arguments à faire valoir dans ce sens, comme l’explique Luc Dusoulier, directeur de la mutualité Hainaut Picardie de retour d’un récent voyage en Palestine.
“A Gaza, qu’on qualifiait de prison à ciel ouvert, c’est l’enfer. Sur une profondeur de plusieurs centaines de mètres de chaque côté du mur, l’armée a rasé les maisons, ne laissant le plus souvent que quelques minutes aux habitants pour évacuer. A Rafat, c’est comme Sarajevo après la guerre : maisons détruites, immeubles criblés de balles, amas de mines. Les enfants viennent vous montrer ce qu’il reste de leur maison : un amoncellement de gravas desquels apparaissent encore un cahier d’écolier, un bras de poupée, un vêtement… Maintenant que l’évacuation des colons est terminée - et c’est appréciable - Gaza risque de demeurer une prison où les conditions de vie resteront difficiles.
Le Mur dit de sécurité, haut de près de 10 mètres, est déjà construit sur plusieurs centaines de kilomètres ; il en fera quelque 730 quand il sera terminé. Pour l’essentiel, il est érigé à l’intérieur même des terres palestiniennes, séparant non pas les Israéliens des Palestiniens, comme cela aurait dû être le cas s’il s’était réellement agi d’une question de sécurité, mais principalement des Palestiniens d’autres Palestiniens, les paysans palestiniens de leurs champs, les écoliers et étudiants de leur école et leur université, les malades de leurs infrastructures de santé… A Jérusalem, le mur devrait parcourir 145 kilomètres et couper la ville du reste de la Cisjordanie. Qalqiliya, ville de 45 000 habitants, située près de la ligne verte, est totalement cernée ; on y entre ou on en sort par un seul goulot, contrôlé par l’armée israélienne ; 5 000 hectares de terres sont isolés des fermes, les puits sont inaccessibles, les serres ont été détruites au bulldozer, 600 magasins ont été fermés dans la ville suite à une baisse des revenus de près de 75 %… “On pourrait multiplier les récits décrivant de manière concrète les “effets de la construction du Mur”. De nombreux témoignages ont été publiés (1).

Ce qu’il faut retenir des derniers évènements, estime Luc Dusoulier, c’est que
“le retrait de Gaza, ne nous apparaît pas être la première étape d’une feuille de route visant à la paix et à l’instauration d’un Etat palestinien mais la première étape d’un plan global du gouvernement Sharon dont les étapes ultérieures seront l’annexion de Jérusalem-Est, l’achèvement du mur en territoires occupés, l’annexion et la colonisation de nouveaux territoires palestiniens. A terme, l’objectif de ce plan est de rendre impossible la continuité territoriale de la Palestine et donc de vider de son sens et de toute réalité la solution de deux Etats… L’horizon semble bien bouché, la vie quotidienne des Palestiniens sera faite, longtemps encore, d’humiliation, de frustration, de privations, de brutalités, de chômage, de sang et de larmes.”

Soutenir les résistances civiles
Certes, en Israël, des voix courageuses s’expriment. Le forum des familles endeuillées, rassemblant Israéliens et Palestiniens ayant perdu un membre de leur famille au cours d’attentats suicides ou d’actions de représailles, développe une action remarquable. Dans la communauté juive, de grandes voix - dont celle du grand rabbin de Londres - en appellent à un sursaut moral d’Israël et mettent en doute le sionisme comme projet politique. Quelques centaines, quelques milliers peut-être, de jeunes Israéliens refusent de faire leur service militaire (les Refuzniks) et de servir dans les territoires occupés.
Il y a peu, certains d’entre eux, invités par L’Union des Juifs Progressistes de Belgique sont venus témoigner du drame qui se jouait en Palestine et en Israël. Ainsi, Elik Elhanan, dont la sœur a été tuée dans l’explosion d’un kamikaze palestinien, explique pourquoi, après 10 ans dans l’armée, il a décidé de ne plus servir :
“A 18 ans, j’ai juré de défendre les frontières d’Israël et de protéger ses citoyens… Mais, durant mon service j’ai pris conscience que les actions de Tsahal vont dans une direction opposée à celle du serment. L’armée n’assure plus la sécurité des Israéliens mais l’occupation des territoires palestiniens… J’ai mis du temps à comprendre que nous étions des pions dans les mains des extrémistes, un moyen d’assurer que la paix ne vienne jamais…Nous avons porté les armes sur une terre qui n’était pas la nôtre.” Autre témoignage que celui d’Oren Medicks qui constate les effets de la construction du Mur : “Il a fallu deux ans pour tuer le village de Mas’ha… Voilà un autre objectif du Mur [que celui de la sécurité] - chasser les Palestiniens désespérés de leurs terres et de leur villages qui ne peuvent plus assumer leur existence…” Pendant que les diplomates négocient, sur le terrain “C’est la négociation de la douleur et du temps. La négociation entre la volonté israélienne de prendre le plus de terre possible habitée par le moins de Palestiniens possible et la volonté des Palestiniens de rester et de vivre sur leur terre.” (2)
Ces mouvements de résistance restent toutefois minoritaires. Le Mouvement de la paix est en phase de dégénérescence tandis que le mouvement national palestinien semble lui aussi dans une période de creux et d’affaiblissement. De nombreux leaders palestiniens sont conscients qu’ils doivent à la fois relancer une dynamique de lutte populaire, marquer des points significatifs dans l’amélioration des conditions de vie quotidienne de la population et mettre hors d’état de nuire les groupuscules armés et les fanatiques qui poussent aux attentats-suicides qui ont causé des désastres majeurs à la cause palestinienne.
La Communauté internationale, de son côté, a totalement failli à ses obligations. Jamais l’histoire n’aura montré une telle complaisance des grands Etats à l’égard de la politique de force de l’Etat d’Israël. Les résolutions de l’ONU restent sans suite. La politique du gouvernement israélien, si elle était menée par tout autre Etat, serait dénoncée en Occident et particulièrement aux Etats-Unis.
Dans ce contexte, le mouvement de solidarité internationale doit se fixer comme tâche première de témoigner, de dénoncer mais aussi d’éclairer sur la situation véritable et son évolution.
«Héritier des principes de solidarité internationale, d’entraide entre les peuples, le Mouvement ouvrier a une responsabilité particulière dans le rapport de force à construire, affirme Luc Dusoulier.
Propos recueillis
par Christian van Rompaey

 
(1) Le texte complet de Luc Dusoulier paraît dans la revue du Moc : Démocratie. Tél. 02/246.38.01. Lire le numéro spécial de la revue Palestine : “Le Mur. Comprendre et agir.” (novembre 2004).  Informations : Association Belgo-Palestinienne, 9, quai du Commerce à Bruxelles (Tél. 02/223.07.56) - e-mail : abp.eccp@skynet.be  - www.association-belgo-palestinienne.be
(2) Plus d’informations : Union des Progressistes Juifs de Belgique : 61, rue de la Victoire - 1060 Bruxelles. Tél. 02/537.82.45 -
www.upjb.be 

 


Campagne européenne

La Cour internationale de Justice condamne le mur de l’apartheid en Palestine
L’an dernier, le 9 juillet 2004, la Cour Internationale de Justice (CIJ) rendait son Avis sur les conséquences juridiques de la construction du Mur dans les Territoires Palestiniens Occupés.
Celui-ci énonce clairement qu’Israël doit cesser la construction du Mur, le démanteler et réparer tous les dommages causés à la population du fait de sa construction. Le 20 juillet 2004, l’Avis consultatif de la Cour Internationale de Justice était confirmé par une Résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU (résolution ES-10/15), adoptée par 150 voix pour (6 contre et 10 abstentions). Cela signifie très concrètement que
«Tous les Etats sont dans l’obligation de ne pas reconnaître la situation illégale qui résulte de la construction du mur et de ne pas apporter aide ou assistance au maintien de la situation créée par une telle construction; tous les Etats signataires de la Quatrième Convention de Genève, relative à la protection des civils en temps de guerre (12 août 1949), ont en plus l’obligation, suivant la Charte des Nations Unies et le droit international, de faire respecter par Israël le droit international humanitaire incorporé dans cette Convention» (avis, §163, D).

Bafouant tant l’Avis de la Cour Internationale de Justice que la Résolution de l’ONU, Israël poursuit aujourd’hui la construction du Mur au vu de tous les observateurs. Par ailleurs, le Mur n’est construit pratiquement nulle part sur la Ligne Verte de 1967 ni à sa proximité mais, en de nombreux endroits, il pénètre profondément à l’intérieur de la Cisjordanie, ce qui permet à Israël de s’étendre en annexant des terres et des ressources palestiniennes.


 
Signez la pétition

Le Mouvement Ouvrier Chrétien a décidé de se joindre à l’actuelle campagne européenne en cours, demandant aux Ministres des Affaires Etrangères, au Conseil de l’Union Européenne et aux Nations Unies de prendre toutes mesures politiques et économiques, en ce compris des sanctions, en vue d’empêcher Israël de poursuivre la construction du mur et afin de le contraindre à respecter l’Avis de la Cour Internationale de Justice.
Le Comité européen des ONG européennes sur la question de la Palestine demande :• que l’accord d’association UE-Israël soit suspendu,
• que les accords et les échanges de matériels militaires et d’armements avec Israël
soient totalement gelés,
• qu’aucun financement, soutien à la recherche ou effort de coordination ne soient
alloués pour la construction de tunnels et de portes - qui contribueraient au maintien de la situation créée par la construction du mur - ni par la Banque Mondiale ni par aucun membre de l’union Européenne.

Pour signer la pétition : S’adresser à l’Association Belgo-Palestine : Association belgo-palestinienne - Wallonie/Bruxelles asbl Siège social : 115, Rue Stévin - 1000 Bruxelles - Secrétariat: 9, quai du Commerce - 1000 Bruxelles - Tel: 02 223 07 56 - Fax: 02 250 12 63 - mail: abp.eccp@skynet.be  - www.association-belgo-palestinienne.be  - La signer en ligne sur le site Internet : http:// www.against-the-wall.org

 

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