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Enjeux internationaux (17 novembre 2005)

Sida

 

Les antirétroviraux restent trop chers

 

En Afrique, non seulement les traitements antirétroviraux sont encore trop chers, malgré des baisses dans certains pays, mais le prix des examens médicaux préalables à la mise sous tri-thérapie empêche les personnes infectées de consulter. Beaucoup ne passent même pas ce premier barrage.

 

Séropositive, Émilie B., une jeune maman de 29 ans, fait bien plus que son âge. Abandonnée par son époux pendant sa deuxième grossesse, à cause de sa séropositivité, cette jeune Camerounaise n’a jusqu’à présent reçu aucun traitement. "J’ai déjà perdu 15 kg et je suis incapable de travailler. Je n’ai pas d’argent pour payer les examens préalables me permettant de bénéficier d’un traitement tri-thérapeutique. Mon frère avait promis de m’aider mais il vient de mourir", se lamente en pleurant la jeune femme. Comme toute personne séropositive, Émilie doit, en effet, effectuer une série de tests médicaux préalables afin que le médecin puisse déterminer si oui ou non son cas nécessite un traitement par tri-thérapie. Mais, à eux seuls, ces examens coûtent déjà quelque 21.000 Fcfa (32 EUR). Une fois le protocole défini, tous les six mois, "la personne vivant avec le virus du sida a l’obligation de faire d’autres types d’examens à l’instar des examens de suivi biologique, évalués à 16.000 Fcfa (24 EUR)", précise le docteur Madeleine Mbangué, coordonnatrice du Centre de traitement agréé de l’hôpital Laquintinie de Douala. S’y ajoutent éventuellement des examens de charge virale soit 43.000 Fcfa (65 EUR) de plus.

 

Longue procédure
Le coût annuel du traitement antirétroviral proprement dit varie de 119.000 Fcfa à 169.000 Fcfa (181 à 254 EUR) selon le protocole suivi. "Cette somme n’est pas à la portée de tous les malades", s’insurge Solange Evodo, présidente d’Apsupes, une association qui compte en son sein de nombreux séropositifs en quête de traitement. Selon Henri Essobo, assistant social du projet Prévention et traitement intégrés du VIH (Prétivi), piloté par Médecins sans frontières (MSF), "les malades du sida sont pour la plupart des sans-emploi ou de petits débrouillards". Conséquence : au Cameroun, sur les 500.000 séropositifs recensés, seulement 18.000 sont sous traitement. Selon le ministère de la Santé publique, le nombre de bénéficiaires pourrait atteindre le double à la fin de l’année. Toutefois, des indigents dont la maladie est avérée sont totalement et gratuitement pris en charge par les pouvoirs publics grâce à l’appui de MSF. Mais d’après cette ONG, cela ne concerne au bout du compte que 15 % des malades les plus pauvres. "Nul ne devrait être exclu du traitement à cause de l’argent. Voilà l’esprit du projet Prétivi", insiste Henri Essobo. "Pour cela, il faudra que les critères soient de plus en plus souples", plaide Gnigninanjouena Oumarou, médecin-chef du district de santé de Nylon à Douala. En la matière, le Cameroun ne fait, hélas, pas figure d’exception en Afrique.

 

Des indigents mieux pris en charge
Au Rwanda, toute personne infectée doit impérativement suivre un cours sur le sida pendant trois semaines. "Une tâche compliquée pour les patients du VIH", dénonce Amani Hitimana, responsable d’une ONG de lutte contre le sida dans ce pays. Il faut, en outre, justifier d’une résidence permanente pendant six mois dans une localité précise, afin de pouvoir faire un suivi. Or, "avec l’immigration et les guerres, on s’est rendu compte que les gens ne sont pas stables", déplore Amani Hitimana. Toutes ces restrictions sont lourdes de conséquences dans ce pays où moins d’un enfant séropositif sur dix (500 sur 60.000) est traité aux ARV. Le Rwanda a parallèlement mis sur pied un système de prise en charge différent selon les moyens financiers des malades. "Les indigents et les pauvres ne payent absolument rien, rapporte Amani Hitimana. Les malades qui gagnent plus de 100 dollars par mois donnent le dixième de leur salaire." Au Congo Brazzaville, le prix du traitement pour un mois a été divisé par quatre (20 000 Fcfa au lieu de 80.000 Fcfa – 30 et 121 EUR) depuis janvier 2005. "Malgré les efforts du gouvernement, ce prix reste très fort. Un Congolais vit avec moins d’un dollar par jour", nuance Ange B. du Réseau national des positifs (Renap+) au Congo. Seul 1,6 % des patients sont pris en charge par l’Initiative congolaise d’accès aux antirétroviraux. Environ 6.000 autres attendent toujours. Le gouvernement gabonais a, lui, mis en place en avril 2003 un fonds de solidarité thérapeutique d’environ trois millions de dollars destiné à aider les 38.000 séropositifs de ce pays. Le traitement mensuel coûte entre 4 et 10 dollars par mois, contre 800 à 1.000 dollars auparavant. Lueurs d’espoir sur un continent où 6,5 millions de séropositifs devraient être mis sous traitement de toute urgence, estiment l’OMS et l’Onusida. Quant aux 25 millions d’autres...
Vicky Simeu - InfoSud – Syfia

 

Moins étatique, moins urbain, plus efficace
En Afrique, la prise en charge des séropositifs demeure encore la chasse gardée de l’État. "L’insuffisance de centres de prise en charge et celle de médecins prescripteurs constituent des obstacles à la prise en charge dans mon pays", accuse sous anonymat un membre du Réseau national des positifs (Renap+) du Congo Brazzaville. Même constat au Cameroun qui, en juin 2005, ne disposait que de vingt-trois unités de prise en charge thérapeutique des malades du sida, toutes installées dans les grandes villes. Ce qui, de l’avis du Dr Flavien Ndonko, chargé du projet Santé de reproduction des jeunes et adolescents à la GTZ, la coopération technique allemande, est insuffisant. En août dernier, les pouvoirs publics camerounais ont autorisé de nouveaux hôpitaux, y compris privés, à prescrire des antirétroviraux et à prendre en charge les personnes vivant avec le virus du sida, aussi bien en zone rurale qu’urbaine. Pour Marie de Cénival, responsable du programme Accès commun de l’association française Sidaction, qui intervient dans les pays en développement, "décentraliser signifie former plus de médecins, des infirmiers, quitter les centres des villes et les structures étatiques. C’est sortir d’un modèle complètement technique et technocratique de la santé".
V. S.

 


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