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International (19 février 2004)

 

Aviation sans frontière :
Aller où les autres ne vont pas

 

L'ONG "Aviation sans frontières Belgique" vient de fêter ses 20 ans. Une belle occasion de revenir sur le parcours d'un des rares acteurs humanitaires dans le monde à utiliser l'aéronautique comme moyen d'action.

 

C
réé à l’origine par quelques amis pilotes passionnés désireux “d’aider une Afrique fort délaissée”, la branche belge d’ASF sillonne depuis deux décennies l’espace aérien de contrées menacées. L’ONG permet de briser l’isolement des populations en détresse, en mettant les moyens aéronautiques appropriés à la disposition des missions humanitaires d’urgence et de développement. Grâce à ses avions petits porteurs, capables de se poser sur les pistes les plus rudimentaires, ASF opère dans les zones les plus difficiles d’accès. En vingt années, des missions se sont succédé au Mali, en Ethiopie, au Tchad, au Soudan, au Mozambique, en Équateur, en République démocratique du Congo, en Sierra Leone et dans la région des Grands Lacs notamment. Xavier Flament, directeur d’ASF Belgique, explique que toute ouverture de programme dans une région définie fait l’objet d’une mission exploratoire pour définir les besoins en transport aérien des acteurs humanitaires. “Généralement, nous faisons appel à un bailleur de fonds institutionnel pour la mise en œuvre d’un programme, mais ce n’est pas une condition sine qua non. Actuellement, nous avons une mission au Mali et une seconde en République démocratique du Congo, avec un avion 6 places pour chacune d’elles ”.En avril dernier, alors qu’ASF menait une mission exploratoire en Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo, la situation, extrêmement tendue, laissait présager une reprise violente des combats dans la ville de Bunia, des massacres de populations civiles dans les villages... Ce diagnostic s’est confirmé de façon tragique au cours des semaines suivantes, qui ont vu des centaines de noms s’ajouter à la longue liste des victimes de la guerre entamée depuis 1999.En quatre ans, plus de 50.000 personnes ont péri et 500.000 ont été déplacées dans une région sujette à des événements interethniques sanglants.Suite à l’opération Artémis menée par la Commission européenne, et ensuite grâce à l’arrivée de la MONUC (Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo), la situation s’est calmée progressivement, permettant aux ONG de revenir dans la région et à ASF de mettre en œuvre une première mission en Ituri.Pour Vincent Feron, le chargé de programmes de l’ONG, il a d’abord fallu négocier le passage de l’avion dans des zones non sécurisées, aux mains de différentes milices en place : “Les acteurs humanitaires présents dans la région éprouvent de nombreuses difficultés de déplacement par voie terrestre, ce qui entrave fortement leur action. Sur certains axes, c’est l’état exécrable des pistes qui pénalise les interventions humanitaires. Sur d’autres, c’est l’insécurité. Ce sont des problèmes qu’on évite avec l’avion. Pour nous, l’objectif est clair. Permettre aux acteurs humanitaires opérant en Ituri et dans les régions environnantes de disposer d’un moyen de transport rapide et sécurisé du personnel et du matériel humanitaire et d’élargir les zones d’intervention humanitaire en Ituri. Avec un rayon d’action de +/- 500 kilomètres, nous voulons contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population, en relais avec les ONG présentes sur place, parmi lesquelles Oxfam et Coopi, avec qui nous collaborons régulièrement. En quatre mois d’activités à Bunia, l’avion totalise environ 250 heures de vol pour un transport de plus de 300 passagers et de 7 tonnes de fret.”Pour ASF, le slogan “Aller où les autres ne vont pas” se justifie pleinement en Ituri. Des 3 organisations humanitaires aériennes présentes dans la région, ASF fut la première et parfois la seule à réhabiliter ou utiliser certaines pistes.

 

L’accueil des villageois
A l’atterrissage, les enfants sont les premiers sur place pour s’ébahir devant l’oiseau de métal, suivis de près par les habitants et les coopérants qui viennent chercher le collègue ou le matériel qui leur est destiné. Cela va parfois jusqu’à la liesse populaire en fonction du degré d’isolement de l’endroit. Les médicaments amenés traitent des problèmes de santé récurrents. Ici, la malaria et les infections pulmonaires rivalisent avec les blessures de guerre. Lorsque le déchargement est effectué, l’avion repart vers une autre destination ou attend jusqu’au lendemain des passagers pour éviter un aller-retour inutile.
“L’important est de continuer le travail entrepris dans la région”, déclare Vincent Feron. “Les besoins sont énormes. Récemment, nous avons réhabilité deux nouvelles pistes. A Idohu, au sud de Bunia, les habitants n’avaient plus vu d’avion depuis près de 6 ans. Je pense qu’ASF est là pour longtemps. Pour l’instant nous pouvons compter sur une excellente collaboration avec OCHA (United Nations Office for Coordination of Humanitarian Affairs) et nous cherchons l’appui d’autres bailleurs de fonds. Il faut savoir que pour cette mission, la moitié du financement provient d’OCHA. Les 50 autres pourcents proviennent de nos fonds propres (et donc des donateurs belges), et en moindre partie des ONG qui participent aux frais sur le terrain”
Christophe Smets/Luna


Aviation sans Frontières Belgique asbl
• Brussels National Airport • Building 706 Box 60 Office 7339 • 1931 Brucargo • Tél. : 02.753.24.70 • Fax : 02.753.24.71 • e-mail : office@asfbelgium.org  • www.asfbelgium.org

 


 

Justus, pilote de brousse

 

Chez ASF, les pilotes sont tous bénévoles. Pour être choisis, ils doivent détenir une licence européenne, avoir 500 heures de vol minimum à leur actif, une expérience de pilotage sur Cessna 206 /207, et dans certains cas, comme en Ituri, faire preuve d’une très bonne expérience du terrain. Rencontre avec un de ces pilotes.

 

Au sein de l’ONG, tout le monde s’accorde à reconnaître que Justus Rinnert, 40 ans, pilote de “brousse” allemand né à Berlin, est un pilote exceptionnel.“Je suis arrivé chez ASF au retour de plusieurs années en Guyane – Georgetown. J’ai travaillé avec eux à Kisangani, déjà au Congo. Par la suite, j’ai aussi volé au Mali, et de nouveau, on a fait appel à moi pour cette mission en Ituri.”Mélange de rigueur et de légèreté, ce personnage d’une humanité hors du commun prépare avec grande attention tous ses vols, tout en s’accommodant avec philosophie des conditions de vol en Ituri. En évoquant les bulletins météo à Bunia, il sourit de manière ironique et désinvolte : “Ici, il n’y a pas de prévisions météo. On se contente de deviner en espérant éviter l’orage, sinon, on attend. Jusqu’à présent, cela a bien été ”Les décollages et atterrissages de “prairies”, les accueils difficiles par des milices composées à 50 % d’enfants soldats, les trombes d’eau : toutes les conditions sont réunies pour rendre la vie du pilote difficile. Justus mesure les dangers qui le guettent mais garde en toutes circonstances son sang froid.“Un des problèmes principaux du vol humanitaire réside dans la difficulté de contrôler avec exactitude tout ce qui entre dans l’avion. On veut en faire toujours plus, aider davantage. Par exemple, il y a peu, nous avons effectué un vol sur Mahagi avec 5 enfants et 2 adultes à bord. Il fallait qu’on le fasse… Les conditions sont souvent “limites ” pour faire décoller l’avion. La mauvaise qualité des pistes n’arrangent pas les choses. De plus, à Bunia, le trafic est important, les gros C130 de la MONUC abîment fortement la piste.”Justus raconte avec enthousiasme une anecdote : “Il y a quelques temps, j’ai réalisé un vol incroyable jusqu’à Idohu. Des pygmées avaient réhabilité la piste mais ils avaient oublié de couper les arbres. De ce fait, je n’ai pas pu décoller. Il a fallu abattre les arbres. Les gens ont fait le nécessaire. Pendant ce temps, les enfants de l’école voisine de la piste sont venus voir l’avion. 300 élèves environ. Le professeur m’a demandé si ceux-ci pouvaient regarder. Je me suis mis à donner un cours sur les différentes parties de l’avion. J’ai proposé aux enfants qu’ils fassent des dessins.”Gageons que si le chemin de la paix reste encore long à parcourir avant d’arriver à une solution durable en Ituri (appelé le grenier du Congo), et à fortiori dans la région des Grands Lacs, le rôle d’une ONG telle qu’Aviation sans Frontières ne saurait être démenti. Au-delà de l’amélioration des conditions de vie des habitants grâce à l’aide humanitaire, elle contribue à améliorer les échanges et la compréhension mutuelle des populations locales.
CS/Luna

 

ASF Belgique
D
epuis 1983, l’ONG Aviation sans Frontières Belgique (ASF) met des avions à la disposition des missions humanitaires d’urgence et de développement. L’organisation dispose de petits porteurs capables de se poser sur les pistes les plus précaires. Ce qui lui permet de se rendre dans des villages coupés du reste du monde, d’acheminer du matériel et du personnel humanitaires (médicaments, médecins, …), d’évacuer des malades et de réhabiliter des pistes tout en évitant les routes terrestres impraticables ou dangereuses. ASF intervient, principalement en Afrique, dans des régions touchées par la guerre, les épidémies et la famine.En tant qu’ONG, ASF agit en toute neutralité et indépendance. Ses volontaires (pilotes, mécaniciens, logisticiens) acceptent bénévolement de consacrer une partie de leur temps libre à des missions d’urgence et de développement.


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