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Coopération (3 juin 2010)

 

  50 ans d'indépendance 

Au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo (RDC) figure parmi les géants du continent. Fin juin, le pays fêtera ses 50 ans d'indépendance. L'occasion pour "En Marche" de se pencher sur la santé de ses habitants et de faire un bilan de l'état général de l'ancienne colonie belge.

 

Comment

se porte le Congo ?

La RDC est un titan qui a bien du mal à mettre en œuvre ses engagements en matière de santé, et notamment l’article 47 de sa Constitution : “la santé est un droit pour tous”. Plus de trois-quarts de la population du pays est encore aujourd’hui exclue d’un accès à des soins de santé de qualité.

© Coopération internationales/MC

Si le secteur de la santé est aujourd’hui en difficulté, cela n’a pas toujours été le cas. “Avant l’indépendance, rappelle le Dr Fabienne Ladrière, experte de la coopération technique belge au sein du Ministère de la santé congolais, le système sanitaire zaïrois était même le plus performant des pays colonisés d’Afrique”. A la suite du désengagement de l’Etat, de nouveaux acteurs ont fait leur apparition dans le champ de la santé; mais leurs interventions sont loin d’être toutes efficientes. Le manque de vision, d’implication et de coordination a créé des problèmes à tous niveaux, qu’il s’agisse du contrôle qualité des médicaments, de la gestion des ressources humaines, de l’entretien des infrastructures et du matériel, ou encore du financement et de la qualité des soins offerts.

Jusqu’en 2007, la lutte contre le VIH/SIDA était un exemple typique des dangers d’une approche verticale dans la santé : fragmentation, saupoudrage, manque de synergie entre acteurs, frais de gestion très élevés pour un manque d’efficacité dans la lutte contre cette maladie.

Pour répondre aux nombreux défis, le Ministère de la santé et ses partenaires ont adopté en 2006 un document stratégique avec pour objectif d’améliorer l’offre et l’utilisation des soins de santé de qualité par l’ensemble de la population congolaise. Hélas, les réformes sont compliquées à mettre en œuvre. En outre, les ressources effectivement mobilisées  par l’Etat restent faibles et largement inférieures aux engagements pris par les chefs d’Etat africains à Abuja (15% du budget consacré à la santé). Pour l’exercice 2008 et 2009, la part réservée à la santé était inférieure à 5% du budget global de l’Etat et son taux d’exécution en moyenne de 70%. Bien peu, d’autant qu’il s’agit de couvrir l’investissement et le fonctionnement des services et structures de santé, mais également  les dépenses pour les urgences et catastrophes.

 

Habari gani ? Sango nini? (1)

La diminution des violences armées ainsi que les actions entreprises par le gouvernement et ses partenaires ces dernières années ont permis d’améliorer les indicateurs sanitaires. Cependant, ces derniers restent extrêmement préoccupants; même si, comme l’explique Maria Masson, responsable du Bureau diocésain des œuvres médicales (BDOM) de Bukavu, il faut traiter les chiffres avec prudence en raison du risque d’exagérations : “certaines ONG ont besoin de catastrophes pour récolter des sous et refusent même de montrer les activités réalisées par les partenaires locaux”.  

Les taux de mortalité maternelle et infantile comptent parmi les chiffres les plus inquiétants. Si généralement, ils tendent à s’améliorer, des disparités importantes persistent entre provinces : le risque de mourir avant l’âge de cinq ans est deux fois plus important pour un enfant du Maniema que pour un de ses compatriotes vivant à Kinshasa ou dans le Nord Kivu. Les établissements sanitaires ne sont pas suffisamment consultés par les (futures) mamans et leurs petits. Les consultations prénatales ne sont effectuées que par une femme sur deux et 12% n’effectuent même aucune des quatre visites recommandées. Par ailleurs, dans certains cas, ces séances sont vidées de leur substance : prévues pour prodiguer des conseils, rassurer la maman et détecter des complications éventuelles, elles sont effectuées au pas de course et se limitent à la récolte de statistiques et à la distribution de médicaments ou de vaccins sans beaucoup d’explications.

Parmi les indicateurs dans le rouge : le taux de prévalence du VIH/SIDA qui est de 4,3% . L’épidémie est généralisée et sur un peu moins de 300.000 personnes éligibles au traitement anti rétroviral (c’est-à-dire celles qui ont été diagnostiquées), seules 34.967 le reçoivent ; ce qui est insuffisant bien sûr mais beaucoup mieux qu’en 2004 (5.000 patients bénéficiaires seulement). Dans ce domaine, la gratuité des soins montre toutes ses limites car même quand le traitement est offert, le suivi sérologique ne l’est pas, sans parler du traitement des infections opportunistes ou des besoins spécifiques des patients au niveau de l’alimentation, qu’il faut adapter au traitement.

© Coopération internationales/MC

Autre affection paralysante: le paludisme, auquel 97% de la population congolaise est exposée de manière endémique et qui est la principale cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Quant à la tuberculose, elle affecte gravement l’état de santé de la population. Là encore, les stratégies issues de la verticalité (infirmiers superviseurs ‘tuberculose’, primes versées aux infirmiers qui détectent des cas) ont accentué la désintégration du système et n’ont pas permis de ralentir la progression de la maladie.

 

Au chevet de la maladie?

L’approche sélective focalisée sur certaines maladies (tuberculose, paludisme, VIH) ou problèmes de santé (comme les violences sexuelles) est à l’origine de la recrudescence des “maladies tropicales négligées”. Des pathologies telles que la filariose lymphatique, les schistosomiases, l’onchocercose, la lèpre, le pian, l’ulcère de Buruli ou la trypanosomiase humaine africaine (THA) pourraient être contrôlées et éliminées par une prise en charge adéquate mais elles restent pourtant un problème de santé majeur. Victime comme d’autres pays africains de ce que l’on appelle le “double fardeau nutritionnel”, la RDC compte de plus en plus de cas de malades chroniques atteints d’obésité, de diabète et d’hypertension artérielle. Pourtant, la malnutrition affecte encore nombre de personnes; elle est réputée responsable de plus de 35% des décès d’enfants de moins de cinq ans.

A la place d’une lutte sélective contre la maladie, c’est une démarche des soins de santé primaires, centrés sur la personne qui est aujourd’hui promue. Education à la santé, promotion de bonnes habitudes alimentaires, approvisionnement en eau saine, mesures d’hygiène et d’assainissement, vaccination, traitement des maladies courantes, fournitures de médicaments sont autant de composantes de ces soins qui impliquent les populations et agissent à plus long terme.

La stratégie d’intervention retenue par le Ministère de la santé comprend, comme axe stratégique, le développement des zones de santé - dans lesquelles sont offerts les soins de santé primaires. “La politique sanitaire du pays est très bonne, explique Maria Masson, mais elle n’est pas mise en application. Au lieu de jouer son rôle de régulateur, l’Etat se montre opportuniste et donne au plus offrant, et pas nécessairement pour le plus grand bien de la population. La société civile peut et doit s’investir mais ne peut pas remplacer l’Etat, elle doit l’aider à bien jouer son rôle pour la santé et le social en général”. Ce qui, d’après le Dr Fabienne Ladrière, semble bien parti puisque depuis peu, “l’Etat a fait de la santé de sa population une priorité, ce qui n’était pas le cas dans les années de guerre”.  Gageons que cette priorité s’ancrera dans la durée !

// Caroline Lesire

(1) En swahili et lingala, deux des langues nationales du RDC ces mots signifient “Comment ça va ?”

 

 

//Personnel de santé: une situation contrastée//

Parmi les défis à relever pour améliorer l’accès aux soins de santé, la question des ressources humaines occupe une place importante. Ce qui ne se limite pas au dilemme, pourtant bien réel, des professionnels africains exerçant dans nos contrées. La fuite des cerveaux commence au pays, comme le raconte Fabienne Ladrière, experte de la coopération belge au sein du Ministère de la santé congolais: “Le personnel de santé le plus compétent se fait ‘kidnapper’ par les partenaires de l’Etat (ONG, agences des Nations Unies, bureaux de coopération) qui l'emploient dans des structures non intégrées au système de santé congolais. Après y avoir acquis une expérience et de nouvelles compétences et connaissances, ce personnel s’envole alors vers les postes internationaux”.

© Coopération internationales/MC

Les conditions de travail proposées par ces organismes étant beaucoup plus attrayantes que celles de l’Etat, le choix est vite fait d’autant que, comme le regrette le Dr Anatole Mangala, “la grande majorité des gens considèrent l’administration publique comme une voie de garage”.  Parce qu’il souhaite participer à y recréer une dynamique positive, ce dernier a pourtant choisi de mettre son expérience acquise dans le réseau catholique, au service du Ministère de la Santé.

Premier obstacle majeur au bon fonctionnement du système sanitaire: la répartition inéquitable des praticiens sur le territoire. En 2006, on comptait en moyenne six médecins pour 10.000 habitants, avec des variations extrêmes entre 0,2 pour le Kasaï Occidental et 8 pour Kinshasa. A cela s’ajoutent des disparités au sein même de la profession : le nombre de cliniciens, par exemple, qui diminue devant l’attrait des débouchés offerts par la santé publique.

Autre problème au niveau de la formation : la prolifération non-contrôlée des écoles, qui induit une baisse générale du niveau et une surproduction de professionnels dont le profil ne répond pas toujours aux exigences des postes. Selon le Dr Ladrière, “malgré la pléthore constatée dans certains secteurs, le système sanitaire manque cruellement de personnes à la hauteur du défi que constituent la réforme et le développement du système de santé”.

Autre handicap majeur, les conditions difficiles de vie et de travail du personnel de santé. Il est urgent d’améliorer sa situation, surtout dans les endroits reculés qui constituent pas moins de 70% des zones de santé. 

// Caroline Lesire et Magali PRATTE

 

 

Se soigner en RDC: d'hier à aujourd'hui

L'histoire récente de la République démocratique du Congo est mouvementée, ce qui a eu des répercussions dans beaucoup de domaines, dont celui des soins de santé.

Au début du XXème siècle, les colons belges et des congrégations religieuses européennes s'installent dans ce pays d'Afrique centrale. Comme la population congolaise sur place, ces “étrangers” sont confrontés à des maladies tropicales. Ce qui interpelle le roi LéopoldII: il décide de fonder, en 1906 et en Belgique, un Institut de médecine tropicale chargé de réaliser des recherches et de lutter contre ces maladies tropicales. Grâce à cette institution, encore très réputée de nos jours, des scientifiques partent en Afrique pour relever des défis médicaux: recherche sur la maladie du sommeil, sur la bilharziose (maladie parasitaire)…

Les structures médicales pour les “blancs” se développent vers 1920 dans la colonie, en même temps que celles qui accueilleront les Congolais. A l'époque déjà, ces hôpitaux reçoivent le soutien des communautés religieuses : des sœurs-infirmières arrivent en masse d'Anvers à Matadi, Lubumbashi… Rapidement, des équipes médicales mobiles sont mises sur pied afin de se rendre au chevet des malades dans ce pays immense (80 fois la Belgique).

Un système morcelé

Au vu de l'immensité du territoire, en 1945, un plan de santé partage le pays en 120 régions. Les infrastructures et ressources médicales sont ainsi réparties: chaque région est reliée à un hôpital de 100 à 150 lits, à une école d 'infirmières et à un réseau de petits centres de santé dans des villages plus éloignés. Ce système de division annonce les “zones de santé” actives dès les années 80. Avec cette subdivision territoriale, la RDC devient un modèle pour le fonctionnement sanitaire d'autres pays africains. Aujourd'hui, on dénombre plus de 500 zones de santé qui comptent chacune environ 100.000 habitants. Au sein de celles-ci, de nombreuses structures sont gérées par des institutions privées, des organisations religieuses ou non gouvernementales.

Fragilisée par les conflits

La RDC a connu des années de guerre qui ont fragilisé le système de santé. La population a été également très affectée. Les années de conflit ont endommagé et détruit les infrastructures et le matériel médicaux. Certains médecins et infirmiers ont quitté le pays, d’autres se sont spécialisés sur les urgences et le développement technologique s’est considérablement ralenti. Mais grâce au courage et à la persévérance du personnel médical, le système de santé a pu se maintenir tant bien que mal et traverser les périodes plus difficiles.

Aujourd'hui, la reconstruction est à l’œuvre. La RDC se relève et se lance des défis pour qu'enfin l'espérance de vie des Congolais dépasse la barre des 45 ans.

// Virginie Tiberghien

 

>> Ces informations proviennent de l'exposition “Kobika ya Kongo” réalisée par l'ONG Memisa. Celle-ci est visible jusqu'au 30 juin, du lundi au vendredi, de 10h à 16h, dans les bâtiments de la Coopération technique belge, rue Haute, 147 à 1000 Bruxelles. Renseignements: 0479/85.48.92 - www.memisa.be 

 

 

Les mutuelles de santé ont le vent en poupe

Les mutuelles de santé représentent une source d’espoir et un appui très concret pour de nombreux ménages. A travers leur démarche de responsabilisation et de participation communautaire, elles utilisent les valeurs traditionnelles africaines au profit d’une solidarité plus large réunissant la population autour des enjeux sanitaires. Un membre témoigne: “Je pense que cette petite contribution que je place auprès de la mutuelle, bien que ça ne me serve pas directement à moi, ça sert à la population, à mes frères et sœurs”.

© Coopération internationales/MC

En phase d’implantation dans la plupart des provinces, sauf au Sud-Kivu et dans le Nord Equateur où elles se développent depuis plus de quinze ans, les mutuelles de santé gagnent rapidement du terrain en RDC. On en compte aujourd’hui une bonne trentaine, réparties sur tout le territoire. Parmi celles-ci, les initiatives du Sud Kivu, du Nord Kivu, du Nord Equateur et de Kinshasa bénéficient de l’accompagnement  de la Mutualité chrétienne.

Aux sceptiques, Maria Masson, responsable du Bureau diocésain des œuvres médicales de Bukavu, rétorque que “l’alternative mutualiste est pertinente et viable en RDC mais elle a besoin de préalables : des tarifs forfaitaires, des soins de qualité, des structures accessibles géographiquement, une mobilisation et une conscientisation de la population”.

Le Dr Mangala, directeur-adjoint du Programme national de promotion des mutuelles de santé (PNPMS), renchérit : “Un système encourageant le partage des risques et la solidarité est indispensable mais il doit reposer sur un nombre important d’adhérents et être soutenu par l’Etat qui doit accompagner les initiatives naissantes, fournir un cadre juridique et apporter un soutien financier”.

A cet égard, le plaidoyer du PNPMS commence à porter ses fruits puisque les mutuelles de santé sont intégrées dans le nouveau plan national de développement sanitaire. Mais, comme le souligne le Dr Fabienne Ladrière, de la coopération technique belge, “l’enthousiasme des autorités doit être encadré pour éviter que les mutuelles de santé soient vues comme la solution miracle au sous-financement du secteur de la santé”.

L’Etat s'est engagé à augmenter le budget du secteur de la santé. Mais c’est sans compter les nombreuses contraintes: exigences du FMI, contreparties des programmes de coopération, immensité des besoins dans tous les secteurs et faible capacité de la fonction publique à absorber correctement les fonds. “Montrer notre capacité à gérer un budget de manière honnête, transparente et professionnelle est d’ailleurs un défi important pour un programme comme le nôtre”, explique le Dr Mangala qui conclut: “c’est dire toute l’importance de la confiance de la Mutualité chrétienne qui nous accompagne dans cette démarche, comme elle le fait depuis longtemps sur le terrain”.

// CL et MP

 

Une expédition et des expos pour découvrir le Congo

Jusqu'à la mi-juin, plusieurs dizaines de scientifiques belges et congolais, mais aussi internationaux, participent à l'une des plus importantes expéditions menées ces dernières décennies sur le fleuve Congo. L'expédition, qui s'étale sur 1.750 kilomètres, se déroule dans une région gigantesque, la deuxième forêt tropicale du monde par son étendue et véritable repaire de biodiversité. Elle a pour particularité de visiter des zones habitées et non protégées par un statut de réserve naturelle ou de parc national. La plupart des données disponibles remontent en effet à la période coloniale et méritent d'être affinées ou actualisées. Des zoologistes et botanistes prennent des échantillons; des linguistes étudient le vocabulaire relatif à la biodiversité; des archéologues recherchent les traces d'occupation humaine, la qualité de l'eau est évaluée; des cartes sont dressées et digitalisées, etc.

En pleine année internationale sur la biodiversité, l'expédition Congo 2010 a aussi pour objectif de renforcer les compétences scientifiques congolaises, permettant à ses acteurs locaux de renforcer leur présence dans la sphère scientifique internationale. Un centre de recherche sur la biodiversité sera créé à Kisangani, ce qui devrait éviter que le produit de l'expédition soit disséminé dans les institutions européennes ou américaines.

Ce périple permet également une mise en valeur des collections uniques accumulées par les trois institutions belges concernées: le Musée d'Afrique centrale, l'Institut des sciences naturelles et le Jardin Botanique de Meise. Ce dernier, par exemple, abrite un herbier africain d'un million de plantes séchées, soit 80% de toutes les collectes végétales d'Afrique centrale existant au monde.

Parmi d'autres activités, ces scientifiques y raconteront leurs expéditions africaines le 27 juin prochain.

Le musée de Tervuren, lui, met à l'honneur le fleuve Congo (plus de 4700 kilomètres, jusqu'à 30 kilomètres de large!) via une exposition de 650 m2, particulièrement tournée vers les familles et les jeunes. Contes, jeux d'adresse ou de construction, maquettes interactives: il y en a pour tous les goûts jusqu'au 9 janvier 2011.

A noter, enfin, l'ouverture de l'autre expo –”Indépendance!” – qui, à partir du 11 juin, racontera cinquante ans d'indépendance par la voix des Congolais eux-mêmes.

// Philippe Lamotte

>> ‑Infos: www.jardinbotanique.be et www.congo2010.be

 

 

//De l’urgence au développement//

Difficile de compter les situations d’urgence qu’a traversées la RDC ces dernières années : épidémies (choléra, Ebola), catastrophes naturelles (tremblements de terre, éruptions volcaniques, inondations, sécheresses et érosions), conflits armés. Dans toutes ces situations, le manque chronique de préparation et de coordination a amplifié les menaces auxquelles les populations étaient exposées.

A la tête du BDOM de Bukavu, institution qui fut en première ligne lors de l’arrivée des réfugiés rwandais, Maria Masson ne cache pas son dépit devant l’action des organismes internationaux d’urgence: “Les ONG sont arrivées au Sud Kivu pour répondre aux urgences du moment. Mais elles poursuivent aujourd'hui leur aide dans la même logique sans s’intéresser à la dynamique locale en place”.

Plus que tout, il est en effet temps d’installer le pays dans une optique de développement, tant dans le secteur de la santé que dans ceux de l’éducation, de la nutrition ou de la sécurité. C’est cette approche qu’a choisi le BDOM de Bukavu lorsqu’en pleine guerre a été lancée sur l’île d’Idjwi la première mutuelle de santé de la Province pour permettre à tous un accès pérenne aux soins de santé.

Pour Fabienne Ladrière, l’appui des ONG a été utile pendant les années les plus dures de la crise, leur action s’étant complètement substituée à l’effort national. Cependant, à ses yeux, bien que le volume financier qui passe par cette aide soit encore indispensable au regard de la situation économique de la RDC, la forme des interventions doit évoluer. Maria Masson renchérit : “Les fonds importants injectés dans des programmes d'aide, tels ceux ciblés sur le sida ou les victimes de violences sexuelles conduisent parfois à des situations invraisemblables où, pour se faire soigner gratuitement, des femmes pauvres prétendent avoir été violées”. Dans un pays qui ne prélève pas encore d’impôts sur le revenu et où plus de 90% des individus travaillent dans le secteur informel, la participation directe de la population à ses frais de santé reste une nécessité mais elle doit impérativement  être encadrée et soutenue par l’Etat lui-même.

Rassembler les différents acteurs et les amener à travailler ensemble est également un enjeu important. Certains partenaires ont trop souvent tendance à travailler sans concertation avec à la clé, un risque de superposition voire de contradiction entre les approches.

// CL et MP

 


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