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Coopération (21 octobre 2004)

 

Afrique de l’Ouest et du Centre

Coton et Mutuelles de santé : un avenir lié ?

Les 8 et 9 octobre 2004, le Service coopération internationale de la Mutualité chrétienne organisait un colloque international qui avait pour thème : “Renforcer les réseaux mutualistes pour construire un monde solidaire”. L’occasion de découvrir différents projets de coopération de la Mutualité, de renforcer les liens avec les partenaires du Sud, de l’Est et du Nord, de se rendre compte, par exemple, combien certaines dynamiques mutualistes locales se heurtent à des logiques économiques mondiales comme au Bénin avec le coton.

 

Adam Salifou préside la Mutuelle de santé Su Tii Déra au Nord du Bénin. Cette Mutuelle couvre tout l’arrondissement de Gamia dans la commune de Bembèrèkè à 560 km de Cotonou et compte environ 24.000 membres. Su Tii Déra prend en charge les soins de santé de base dans une proportion de 75%. Les prises en charge sont plafonnées à deux recours par personne. La cotisation mensuelle s’élève à 200 francs CFA soit 0,3 euros.

Adam est cultivateur de coton et il est venu témoigner de l’impact du coton sur les mutuelles de santé. Dans son pays, le coton est la première et la seule source de devises pour les agriculteurs. Quand la récolte est bonne et que le prix du coton est bon, les paysans sont heureux. Car ceux-ci savent alors qu’ils vont pouvoir payer l’éducation de leurs enfants, les habiller et les nourrir correctement, entreprendre des investissements, financer un petit commerce… et payer sans problème leurs cotisations à la mutuelle de santé.

“En 1993, mes recettes de coton m’ont permis de construire un bâtiment de 48 m2”, témoigne Adam Salifou. “En 1994, le coton m’a permis de faire les travaux de finition de ce bâtiment. En 1997, j’ai constitué mon trousseau de mariage et en ‘98, je me suis acheté une moto. Malheureusement, depuis 2000, je n’ai plus rien véritablement réalisé car le prix du coton n’est plus rentable (11 euros l’hectare de bénéfices nets) et ma production n’est pas aussi bonne.” En analysant les comptes de la mutuelle qu’il préside, Adam a clairement constaté que tant sur le plan des adhésions que sur celui des cotisations, la période de paiement des recettes cotonnières est très favorable pour la mutuelle. “Le coton joue et doit jouer un rôle très déterminant dans le développement des mutuelles de santé dans les zones cotonnières. Il peut permettre à bon nombre de mutualistes d’être à jour dans leurs cotisations si le prix d’achat du coton est bon, et donc de garantir leur prise en charge pour les problèmes de santé.”

Mais à l’inverse, “une mauvaise campagne cotonnière est toujours désastreuse pour le paysan qui doit s’endetter pour faire face à certaines obligations, surtout en cas de maladie.”

 

Payer le juste prix

Dans le Nord du Bénin donc, le coton détermine et conditionne la vie de milliers de personnes sur le plan sanitaire, économique et éducationnel. C’est le cas également dans d’autres pays de l’Afrique Occidentale et du Centre comme le Mali, le Burkina Faso et le Tchad, tous des Pays les Moins Avancés (PMA). On estime à plus de 10 millions, le nombre de personnes qui dépendent directement de la production cotonnière en Afrique Occidentale et du Centre. “Le gros problème pour ces pays et ces populations, c’est que depuis quelques années le prix du coton chute de manière inquiétante”, explique Aboubakar Koto-Yerima, économiste et coordinateur du Programme d’appui aux mutuelles de santé en Afrique (Promusaf) au Bénin. La raison de cette baisse des prix : la subvention aux États-Unis et en Europe des producteurs de coton, qui biaise le marché. “Les USA soutiennent directement les producteurs mais offrent aussi des aides à l’exportation, des aides aux crédits… Ces aides pèsent pour près de 50 % dans l’ensemble du soutien mondial au coton continue l’économiste. L’Union européenne, quant à elle, alloue 980 millions de dollars de subventions à la production du coton en Grèce, au Portugal et en Espagne. Ces subventions ont des effets de surproduction et de déprime sur le cours mondial du coton. Entre 1997 et 2002, le cours moyen mondial du coton a perdu près de 50 % de sa valeur !” Cette chute des prix du coton a eu des effets catastrophiques dans les pays dépendants de la culture du coton. Au Bénin, elle a provoqué une baisse du revenu rural de 7% et une augmentation de la pauvreté de 8%, soit concrètement 334.000 personnes en plus qui doivent vivre sous le seuil de la pauvreté.

La crise s’est fait directement ressentir dans les Mutuelles de santé situées dans les zones rurales de production du coton. Certaines ont du mal à maintenir leur budget en équilibre. Les adhésions se font rares, les paiements des cotisations sont irréguliers. La santé des habitants est donc directement menacée.

“Les agriculteurs africains produisent le coton 50% moins cher que leurs concurrents des pays développés, ce qui les place parmi les plus compétitifs au monde s’exclame Aboubakar, mais, malheureusement, ils subissent de plein fouet l’impact négatif des subventions au coton”. La solution ? L’arrêt des subventions et la mise en place d’un commerce juste et équitable mais aussi la prise de mesures d’urgence pour la population affectée. Aboubakar Koto-Yerima lance donc un appel aux pays du Nord : “Peser de tout votre poids auprès de l’UE et de l’OMC afin de sauver la vie de millions de personnes dont l’activité économique ne tient plus qu’à un fil… de coton !”

 

Françoise Robert

 

 

 

L’éducation à la santé : aussi un rôle des mutuelles

Aboubakar Koto Yerima coordonne un programme qui accompagne les communautés dans la création des Mutuelles de santé au Bénin. Ce programme, nommé Promusaf (Programme d’appui aux mutuelles de santé en Afrique) a permis la création de 15 mutuelles dans ce pays avec l’aide des Mutualités chrétiennes et de l’Ong Solidarité Mondiale. “Chez nous, les Mutuelles de santé font un important travail d’éducation à la santé. On explique comment certaines maladies surviennent, les gestes et attitudes à avoir pour les éviter, comment faire pour obtenir une guérison rapide, explique le coordinateur. Nous nous sommes axés au Bénin sur trois grandes maladies : le paludisme, première cause de consultation et de mortalité, les maladies diarrhéiques pour lesquelles nous développons une action sur l’hygiène et l’assainissement, et enfin le Sida pour lequel nous intensifions l’information et la sensibilisation auprès des populations.”

 

“En fonction des spécificités locales, chaque mutuelle identifie également des thèmes propres d’éducation à la santé. C’est ainsi que certaines mutuelles ont un programme d’information sur la nutrition, une autre sur la méningite, une autre encore sur la fièvre typhoïde ou sur la santé de la reproduction.”

 


 

Construire un monde solidaire

Lors du Colloque des 8 et 9 octobre 2004, le Service Coopération de la Mutualité a rassemblé un panel très intéressant d’interlocuteurs venant de la République Démocratique du Congo, du Burkina Faso, de Guinée, du Bénin mais aussi de la Pologne et de la Roumanie. Les rencontres interculturelles nées des jumelages entre les Mutualités chrétiennes et les organisations mutualistes à l’étranger enrichissent les uns et les autres. Quelles leçons tirer de ces expériences de partenariat? Quels freins rencontrent certaines dynamiques mutualistes à l’étranger? Comment les mutuelles à travers le monde peuvent-elles davantage fonctionner en réseau international et exercer une influence réelle sur les prises de décision économiques et sociales? Voilà quelques-unes des questions auxquelles ce colloque a tenté de répondre.

Les textes des interventions au colloque “Renforcer les réseaux mutualistes pour construire un monde solidaire” sont disponibles auprès du Service de la Coopération internationale.

 

Service coopération internationale, 579 chée de Haecht à 1031 Bruxelles. Tél : 02/246 43 31 - fax : 02/246 49 15 - international.coopération@mc.be

 

 

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