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Coopération (2000)

 

Congo

Voyage au bout de l’espoir

Au mois de juin 2000, une délégation des Mutualités Chrétiennes s’est rendue à Bukavu, dans la Province du Sud Kivu, pour visiter nos partenaires congolais du BDOM (Bureau Diocésain des Œuvres Médicales). Dans des conditions extrêmes, ils s’acharnent à maintenir les services de santé accessibles à la population et même à construire l’avenir, convaincus que “là où il y a urgence, il y a urgence à s’occuper
du long terme”.

Rien ne va plus dans cette magnifique région du Kivu, frontalière du Rwanda et du Burundi. Déstabilisée depuis 1994, année de sinistre mémoire où suite au génocide rwandais, le Kivu a accueilli près d’un million de réfugiés, frappée par la “guerre de libération de 1996”, qui se clôturera en mai 1997 par la prise de pouvoir de Laurent Désiré Kabila, cette région est de nouveau ravagée par la guerre depuis Août 1998. Les Américains n’hésitent pas à l’appeler la “Première Guerre Mondiale d’Afrique”, tant les protagonistes sont nombreux, et les enjeux complexes et imbriqués. Sous les apparences d’une guerre civile interne, il s’agit véritablement d’un conflit régional qui embrase toute la région des Grands Lacs. Kabila a reçu l’appui militaire du Zimbabwe et de l’Angola, tandis que les trois factions rebelles qui occupent près de la moitié du territoire congolais ont le soutien de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi. Le RCD – Goma (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), branche majeure d’une faction rebelle scindée en deux, est soutenu militairement par le Rwanda, et occupe à partir de l’Est du Congo le Nord Kivu, le Sud Kivu, le Maniema et une partie du Kasaï oriental. Au Sud Kivu, la présence des militaires rwandais est vécue comme une occupation étrangère, à laquelle la population locale est de plus en plus hostile. Justifié officiellement par le souci du Rwanda de “sécuriser les frontières” contre les attaques des “Interahamwe” - extrémistes hutus réfugiés au Congo -, le conflit pourrait aussi s’expliquer par un enjeu économique : l’accès aux gigantesques ressources minières du Congo. Comment comprendre autrement les terribles combats que se sont menés l’Ouganda et le Rwanda aux dépens de la population congolaise, au mois de juin, pour le contrôle de Kisangani, ville du diamant, à 600 km des frontières ?

Un état de santé préoccupant

Évidemment, la population souffre du conflit, de la violence, mais aussi de ses conséquences économiques. Une étude épidémiologique menée par l’IRC (International Rescue Committee) vient d’évaluer à 1.700.000 personnes le nombre de victimes directes et indirectes de cette guerre, en comparant le nombre de morts en situation “ normale ” et en situation de guerre. En effet, aux victimes directes du conflit par mort violente s’ajoutent de nombreuses victimes indirectes, mortes suite à la malnutrition ou au non accès à des soins de santé ou à des vaccins disponibles en temps normal. Au Sud Kivu, on estime le nombre de déplacés à 250.000 personnes. Elles fuient essentiellement des campagnes vers la ville de Bukavu, ce qui renforce le problème d’approvisionnement en vivres. Marquée par les bombardements des camps de réfugiés rwandais en 1996, la population déplacée à préféré s’installer dans des familles à l’intérieur de la ville, ce qui rend le phénomène “invisible”.

Dans les huit zones de santé où notre partenaire du BDOM est actif, la situation est très variable.

Certains hôpitaux ou centres de santé fonctionnent presque normalement, même si l’on constate une baisse généralisée de la fréquentation. D’autres ont été désertés par les malades ou par les agents de santé suite aux attaques et aux pillages. Une vingtaine de centres de santé ont été victimes d’attaques ou de pillages depuis 1998.

Et malgré tout, il faut continuer, relancer, reconstruire, redémarrer le service à la population. A plusieurs reprises, nous serons frappés au cours de cette mission par la foi, le courage et l’espoir qui animent nos partenaires et par la force de vie qui porte la population dans sa lutte incessante pour la survie. A l’opposé des images de guerre, de misère et de désolation que nous colportent les médias, nous avons rencontré au Kivu des personnes responsables, entreprenantes, lucides et compétentes qui posent des jalons pour l’avenir, malgré l’adversité et le dénuement total. Malgré le sentiment d’abandon aussi.

Car derrière le compliment pour ceux qui ont eu “le courage de vaincre peurs et préjugés pour les rejoindre dans un pays en guerre” se cachait souvent une forte déception vis-à-vis de la communauté internationale, qui “ignore le conflit congolais”, et de la Belgique, qui a “laissé tomber ses frères congolais”.

Création de la mutuelle d’Idjwi

Dans ce contexte de précarité et de paupérisation, c’était un fameux défi que de créer une mutuelle de santé sur l’île d’Idjwi, au beau milieu du lac Kivu. Et pourtant, nous avons pu constater qu’elle est devenue réalité et que son exemple suscite d’autres initiatives dans la région, mais aussi au Burundi et au Rwanda. Au départ, trois stratégies avaient été retenues par les promoteurs de ce projet pour lui assurer les meilleures chances de réussite : l’amélioration des revenus de la population par la création d’activités nouvelles, l’amélioration de la qualité des soins, et la création de deux mutuelles distinctes, au Sud de l’île d’abord et au Nord ensuite. La mutuelle d’Idjwi a démarré ses activités en mai 1997. Elle vient de terminer sa troisième année de fonctionnement, et les résultats sont très encourageants. Elle compte à présent 12.000 membres, soit 10 % de la population, et a déjà permis à 2.000 personnes de se faire soigner dans les deux hôpitaux de l’île. La mutuelle prend en charge les gros risques. Même si beaucoup reste à faire, l’amélioration des revenus a été réelle grâce à la réparation des 55 km de routes d’accès aux centres de santé, et à la campagne de reboisement qui a permis de planter 200.000 arbres. La ferme école s’est lancée dans la culture expérimentale de la pomme de terre. L’acquisition et l’aménagement d’un bateau de 90 Tonnes pour organiser les transports entre l’île et la ville de Bukavu renforce la capacité d’autofinancement de la mutuelle. L’achat de moulins à manioc a aussi permis de créer une plus-value sur l’île, à un moment où la valeur du sac de manioc s’effondrait à Bukavu. En effet, les agriculteurs d’Idjwi ont de grosses difficultés à écouler leur marchandise vers les villes du Rwanda et du Kivu, en raison de l’insécurité et du pouvoir d’achat quasi nul de la population. Malgré cela, les projets ne manquent pas pour tenter de mieux valoriser les potentialités locales et de désenclaver le Nord de l’île.

De cette mission il reste avant tout pour la délégation belge une interpellation profonde de nos partenaires qui malgré les multiples difficultés et l’incertitude du lendemain, refusent le fatalisme et construisent le Congo de demain, en s’inspirant de cette maxime de Sénèque qu’ils ont adoptée : “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles”.

Dominique Evrard


Renforcement du partenariat

Depuis trois ans, un partenariat est engagé entre le BDOM (Bureau Diocésain des Œuvres médicales) et la Mutualité Chrétienne de Tournai. Ce partenariat prend aujourd’hui un nouvel élan avec l’inauguration d’un jumelage permanent, suite à la visite de la délégation belge au Kivu.

Le 5 septembre dernier, au cours d’une brève cérémonie conviviale à Tournai, les deux partenaires ont très officiellement signé une convention de coopération. Celle-ci définit leur coopération comme un échange de ressources humaines entre Bukavu et Tournai, prévoit des activités de formation et d’information ici et là-bas, ainsi qu’une assistance en matériel médical et un appui technique au démarrage de nouvelles mutuelles.

La convention a été signée d’une part par Yves Degreef, président et Luc Dusoulier, directeur de la Mutualité chrétienne de Tournai et Maria Masson, infirmière, pour le BDOM.

Maria Masson est à Bukavu depuis 20 ans la responsable du BDOM. A son retour au Congo, la convention sera également signée par les responsables congolais du BDOM.


Points de repères

RDC Belgique

Superficie (km2) 2.345.000 30.500

77 fois plus petit

Nombre d’habitants 49,1 millions 10,1 millions

Densité (hab/km2) 21,7 332

Population urbaine 29,7 % 97,2 %

Mortalité infantile (< 1 an) 90 ‰ 7 ‰

Espérance de vie 50,8 77,2

Nombre de médecins 0,07 ‰ 3,79 ‰

Taux d’alphabétisation 58,9% 99%
des adultes

PIB 40,88 millions $ 231 millions $

PIB par habitant (PPA) 822 $ 22.750 $

Rang mondial 189 11

IDH (indicateur de 0,479 0,923

développement humain)

Rang mondial 141 5

 

Source : “ L’Etat du Monde 2000 ”

 

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