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Coopération (20 janvier 2005)

Afrique de l'Ouest

 

Des mutuelles en plein développement

Fin novembre 2004, quelque 370 participants représentant 25 pays africains se retrouvaient à Bamako, capitale du Mali, afin d’évaluer le développement des mutualités en Afrique de l’Ouest. Bien que d’apparition assez récente pour la plupart, les mutualités apparaissent comme un des moyens les plus prometteurs pour améliorer la santé de la population.

 

Lire également ci-dessous : "Carnet de bord d'un bref séjour au  Mali "

Pauvrete et/ou solitude ? “La faim tue moins que la solitude”

La santé au quotidien : “Comment va la famille?”

 

Depuis de nombreuses années, les gouvernements africains, et plus particulièrement ceux d’Afrique de l’Ouest, cherchent à améliorer leurs systèmes de santé. Mais les économies de la plupart de ces pays, sur lesquelles pèsent le poids de la dette et les mesures d’ajustement structurel, ne parviennent pas à trouver les ressources financières nécessaires à la mise sur pied d’un système national d’assurance santé qui couvrirait l’ensemble de la population.

Ces dernières années, les décideurs de ces pays s’intéressent de plus en plus à l’expérience des mutuelles de santé. C’est ainsi que le ministre du développement social de la solidarité et des personnes âgées, représentant le Président du Mali, ouvrait à Bamako les travaux du Forum 2004 de la Plate-forme de la Concertation entre les acteurs de la mutualité en déclarant que “La mutualité en tant que forme et logique d’organisation dédiée à la protection sociale est, pour nous, une des voies les plus indiquées pour permettre au citoyen d’assumer sa pleine responsabilité dans le processus de prise en charge collective des risques sociaux.”

 

Tradition et modernité

“Importé d’Europe, le mouvement mutualiste se développe dans une société africaine dont on connaît les traditions de solidarité”, explique Pascal Ndyaie, cheville ouvrière de la Plate-forme de la Concertation. “On peut dès lors se demander pourquoi les populations sentent le besoin d’organiser leur solidarité en important un modèle venu d’ailleurs…”

C’est que la solidarité africaine, si elle est dynamique, reste malgré tout sélective. Les étrangers à une communauté de quartier ou de village ne bénéficieront pas forcément de la solidarité collective. Ainsi, certains pensent qu’il serait préférable de parler, non pas de solidarité africaine mais de pratiques d’entraide. La nuance est importante. Les systèmes populaires se caractérisent par le fait que l’on s’attend à être aidé en retour de relations durables. En outre, il semble que dans les situations extrêmes de misère et de pauvreté, la solidarité soit difficilement mobilisable et puisse être mise à mal.

C’est donc en associant les pratiques traditionnelles d’entraide aux mécanismes de l’assurance que les mutuelles présentent un réel potentiel pour améliorer l’accès aux soins et diminuer le risque financier lié à la maladie.

C’est ainsi que l’on assiste depuis le début des années 90 à l’essor de nombreux systèmes de protection sociale créés par d’autres acteurs que les États : les communautés, les organisations non-gouvernementales, les organisations de travailleurs et d’employeurs, les institutions de micro-crédits…

 

Evaluer le présent et l’avenir

Dans le dernier Inventaire des systèmes d’assurance maladie en Afrique (1), discuté au Forum de Bamako 2004, on trouve de nombreuses indications sur la situation de l’assurance maladie privée non commerciale en Afrique de l’Ouest et du Centre. On y décrit de manière détaillée 622 organismes proposant des Systèmes d’Assurance Maladie (SAM) plus ou moins proches de la démarche mutualiste, issus de 11 pays francophones. Tous ces SAM ne fonctionnent certes pas avec la même efficacité.

Si quelques organismes réunissent plus de 10.000 adhérents, 9 organismes sur 10 ont moins de 1000 adhérents, 8 sur 10 couvrent moins de 1000 personnes et environ la moitié des SAM a moins de 650 bénéficiaires. Ce serait plutôt de la “micro assurance”. Cette situation n’est pas pour autant satisfaisante en termes de viabilité des régimes.

La taille de la population cible est souvent faible. On trouve beaucoup de mutuelle de village ou de quartier. L’impression générale prévaut qu’une multitude de groupes sans identité économique ou sociologique affirmée se sont engagés dans l’assurance maladie, aussi bien que dans d’autres activités susceptibles d’améliorer les conditions d’existence, mais à petite échelle et de façon isolée.

L’adhésion volontaire, individuelle ou familiale, est dominante, mais un nombre important de SAM limitent d’emblée leur population cible en imposant des critères statutaires. Les cotisations demandées sont faibles et majoritairement forfaitaires. En moyenne, moins de 200 FCFA (2) sont demandés par personne couverte et par mois, ce qui constitue une offre adaptée aux ressources de la majorité des pays concernés. Ce niveau de cotisations ne peut s’accommoder d’une garantie très complète et conduit automatiquement à des prestations servies par les formations du secteur public de soins. Peu de SAM offrent l’accès au secteur privé (trop cher).

La couverture du petit risque, incluant la prise en charge du médicament sous forme générique, ainsi que le suivi de la grossesse et de l’accouchement sont le plus souvent retenus par les SAM. La dépense de médecine spécialisée et le risque hospitalier sont moins souvent couverts. Peu d’adhérents sont enclins à envisager la probabilité de recours à l’hôpital et à mesurer le coût qui lui est associé.

Les prestataires de soins offrent le plus souvent un système de tiers-payant, mais ils imposent assez systématiquement des tickets modérateurs relativement élevés. Il n’est donc pas évident pour les SAM de proposer des produits attractifs et de parvenir à baisser de façon suffisante la barrière financière d’accès aux soins.

La participation des membres est une dimension importante de la vie mutuelliste. Les représentants des adhérents participent au fonctionnement des SAM, à travers les organes et procédures statutaires classiques, surtout dans les choix initiaux relatifs aux prestations ou au niveau de cotisations. Mais la participation est plus limitée dans les décisions à caractère stratégique et les perspectives d’avenir. Les plus grandes préoccupations des responsables portent évidemment sur le problème de la collecte des cotisations et de la rentrée des ressources.

L’impact des SAM est actuellement très limité, en termes de population couverte et de contribution à la dépense de soins des ménages adhérents. Cet apport financier très faible, conséquence du niveau de cotisation et des effectifs, oblige à une gestion prudente. On peut donc avoir l’impression que l’avenir est incertain. Ce jugement doit être tempéré par le constat de la dynamique à l’œuvre dans plusieurs pays et de la croissance globale des effectifs.

Dans l’ensemble des 11 pays, on compte entre un million et un million et demi de personnes couvertes par les SAM. Par ailleurs, la croissance du nombre des organismes témoigne d’une diffusion certaine de l’idée mutualiste. La progression de l’assurance maladie et des mutuelles est incontestable.

En conclusion, estime le rapporteur de cet inventaire, le Français Alain Letourmy, le développement des SAM est récent. Il n’y a pas lieu de tirer des conclusions définitives des taux de couverture ou de pénétration, ni de l’apport limité au financement du secteur. Il convient au contraire de promouvoir les SAM, de façon à accélérer le processus sans changer son esprit, ni la motivation de ceux qui y participent.

Des partenariats se nouent et les autorités publiques sont de plus en plus intéressées à accompagner de telles initiatives. On sent bien la volonté d’engagement dans cette voie et l’on pressent que le rapport entre les mutuelles et l’État va devenir une question prioritaire.

Christian Van Rompaey

 

(1) La plate-forme de Concertation, vaste réseau de partage d’informations et d’expériences sur les mutuelles, diffuse tous les trois ans un inventaire des systèmes d’assurance maladie dans 11 pays (Sénégal, Bénin, Burkina Faso, Guinée, Tchad, Togo, Cameroun, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Mali et Niger.) Tous les textes (discours, conférences, ateliers…) du Forum peuvent être téléchargés sur l’Internet : www.concertation.org 

(2) 655, 957 FCFA = 1 euro. - 200 FCFA = 30 centimes d’euro.

 

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Carnet de bord d'un bref séjour au Mali

 

“La faim tue moins que la solitude”( 20 janvier 2004)

 

Paris/Bakamo. Vol de nuit par Air France. Dix degrés au départ. Près de trente degrés à l’arrivée, cinq heures plus tard. Du haut de la passerelle de l’avion, dès la descente, la douceur moite de la nuit africaine nous enveloppe. Le vent chaud défait les cheveux. Au loin, on devine la campagne éteinte traversée par quelques phares de voiture…

 

Il flotte dans l’air une odeur de bois brûlé. Nous sommes bien en terre d’Afrique. Et en terre d’Islam. A l’entrée de la capitale du Mali, un immense panneau annonce que nous allons traverser le fleuve Niger grâce au roi d’Arabie Saoudite qui a financé sa construction. Le “Pont du Gardien des Lieux saints” fait près d’un kilomètre de long. Mais la musique de ce pays est trop douce ou trop gaie, et les épaules des femmes africaines trop dénudées pour imaginer que s’y installe un islam aussi peu accueillant que celui des pays du Golfe.

 

Une belle journée commence

Le lendemain matin, du balcon de l’hôtel, je regarde la rue qui s’anime. Un homme brosse devant sa maison et tente de repousser vers la rue la poussière ocre que soulève le passage des voitures. Un garçon s’efforce de mener un âne qui s’évertue à vouloir prendre une direction contraire. Des petits vendeurs de copies de CD des grands musiciens maliens qui font la notoriété du Mali dans le monde entier courent déjà le client. Des adolescents jouent au foot avec n’importe quoi. Les taxis jaunes attendent le client. Des voitures bâchées surchargées (la police veille) transportent des gens en tous sens. Des femmes ouvrent leurs boutiques d’insecticides, de vêtements ou d’épices. D’autres préparent leurs étalages d’oranges soigneusement montées en pyramides, disposées à même la rue sur une grande toile colorée.

Dans la brume tropicale de ce matin calme, un peu frais (pour les habitants de Bamako !), alors que nous atteindrons vite les trente degrés, on a envie de dire : “voilà une belle journée qui commence”. Mais la journée de travail qui s’annonce me rappelle que je débarque dans une région du monde, l’Afrique de l’Ouest, où un enfant sur cinq ne pourra fêter son cinquième anniversaire. Et pourtant, la veille au soir, en parcourant les programmes télévisés, je devais constater la part belle faite aux programmes européens qui, paraît-il, font la joie des Maliens. Mystère des échanges qui traversent le grand village mondial puisque que, pour ma part, je ne manquerai pas de ramener en Belgique quelques CD de Ali Farka Touré, Manu et Mariam (le couple aveugle vient de sortir un CD avec Manu Chao), Sidiki Diabaté… ainsi qu’un masque du pays Dogon, quelques colliers touaregs achetés sous haute insistance, un tapis berbère (mais où vais-je le mettre ?)… et quelques sujets de préoccupations.

 

Etre pauvre au Mali

Comme tout habitant de la Planète, les Maliens veulent manger à leur faim, vivre en sécurité, avoir des enfants en bonne santé, trouver du travail… Mais il suffit de traverser Bamako à pied en tous sens, du marché des ferrailleurs au quartier du Fleuve en passant par le Grand marché, et de se rendre dans quelques villages à l’entour aux murs de terre pour constater que le Mali est ce que nous appelons “un pays pauvre”.

D’après de nombreux experts internationaux, les dépenses d’alimentation représentent plus de la moitié des revenus des Maliens, et dans les campagnes, moins d’un enfant sur cinq va à l’école. Le voyageur de bonne volonté ne peut que se demander : “Que faire?” Mais avant d’envisager toute action - chacun sait qu’un occidental ne peut rester sans agir - ne faut-il pas s’interroger aussi sur la signification de nos statistiques ? Si elles sont précieuses pour l’action, il n’est pas moins important de comprendre que la pauvreté mise en chiffres, c’est d’abord le regard d’un occidental qui estime que la pauvreté, c’est d’abord une question de ressources qu’on a… ou qu’on n’a pas.

En dépit des statistiques qui nous disent que deux tiers des Maliens ne mangent pas à leur faim et que leur vie est précaire, il faut bien constater que la population est animée d’une volonté tenace et d’un calme joyeux dans les difficultés quotidiennes, un curieux mélange doux-amer mêlant le goût de la patate sucrée à l’amertume des feuilles de baobab.

Aussi étonnant que cela paraisse, si la pauvreté matérielle est le sort de la grande majorité des Maliens, rares sont ceux qui se disent pauvres. Pour un Bambara, être pauvre, c’est littéralement “n’avoir rien dans la main” c’est-à-dire ne pas avoir de quoi manger, se vêtir ou se loger.

La pauvreté n’est pas le lot commun, mais le fait de celui qui est dans la misère, c’est-à-dire celui pour qui vivre est une question de survie. Mais, celui qui a un toit, quelques habits pour se changer, du travail de temps en temps et de quoi se nourrir, celui-là n’est pas dans la misère.

Plus étonnant pour nous, la pauvreté n’est pas seulement une affaire matérielle, c’est aussi une question d’intégration. Le pauvre, c’est celui qui est sans pouvoir. La pauvreté n’est pas une question de “pouvoir d’achat”, mais de reconnaissance sociale. Est perdu celui qui a perdu toute assisse sociale et en premier lieu celui qui a perdu sa famille. N’avoir pas de père ou de mère pour un jeune, n’avoir pas d’enfants pour un adulte, sont des situations durement ressenties parce qu’elles concourent à l’exclusion, ce qu’exprime le proverbe malinké : “celui qui est pauvre n’a pas d’amis” ou encore : “ce n’est pas la faim, c’est le désespoir qui tue” (1).

Si donc la plupart des Maliens ne se considèrent pas eux-mêmes comme “pauvres”, - hormis face à un regard extérieur - leur vie est assurément rude et austère. Les revenus sont maigres et incertains. La situation de la majorité des gens est marquée par la précarité : aléas des récoltes, irrégularité des revenus du secteur informel, elle-même aggravée par l’absence d’un système de protection sociale efficace. Dans ces sociétés en transition, les solidarités traditionnelles, d’ailleurs limitées au clan ou au lignage, ne jouent plus toujours. S’ils exaltent cette solidarité traditionnelle dans de nombreux proverbes, aussi beaux que dramatiques, comme “la petite abeille se nourrit des larmes de la grande antilope”, ils disent aussi que le puissant ne peut vivre dans l’indifférence de ce qui se passe autour de lui : “Si une herbe verte est au milieu des herbes sèches, elle sèchera aussi”.

Dans ces conditions de précarité, un veuvage, un accident, une maladie ou une invalidité suffisent parfois à entraîner une famille dans la misère. Au-delà des différences de niveau de vie, chacun prend alors conscience qu’à tout instant, “entre le moment où on lève le pilon et où on le fait tomber, le bonheur peut venir et passer”.

 

Christian Van Rompaey

 

(1) “Le Mali au quotidien. La force des faibles”, Chantal Verger, L’Harmattan, 1997.

 

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Carnet de bord d'un bref séjour au Mali

 

“Comment va la famille?”

 

A Bamako, n’importe qui dans la rue peut vous saluer. On commencera par vous demander si vous êtes Français, si vous êtes là pour le tourisme ou le travail… Mais pas un salut sans demander : “La santé, ça va ? Et la famille ? Est-ce que tout le monde va bien ?” Une formule d’accueil et de politesse qui nous laisse entrevoir que pour un Malien, la santé c’est vraiment très important.

 

La santé, c’est être “capable de bien marcher”, me lance un vendeur de djembés. Mais c’est aussi “avoir le moral”, vivre “dans la paix et dans la joie”, ajoute le chauffeur de taxi. Pas évident d’avoir le moral pourtant dans cette cuvette de Bamako où se croisent toutes les ethnies du Mali venues faire commerce et se faire un peu d’argent. Car ici, on ne mange pas tous les jours à sa faim. Tout événement contrariant peut provoquer malaise, maux de tête, fatigue, déprime… Toute transgression aux rites et traditions peut être interprétée comme la cause de déclenchement d’une maladie. Alors, quand on est malade, il faut d’abord se soigner dans le respect de la tradition… tout en sachant que si l’on veut garder une bonne santé, il faut veiller à la propreté de la nourriture, à la protection des enfants (notamment par la vaccination), à la salubrité des rues de Bamako, à l’évitement des eaux stagnantes... Mais, quand la maladie survient, la plupart ne courent pas tout de suite chez le médecin ou le pharmacien. Ils se débrouillent à partir de ce qu’ils connaissent de l’expérience des plus anciens. Ils recourent aux tradipraticiens.

Une brochure trouvée dans une petite librairie désordonnée nous explique les règles de base pour “favoriser la guérison par un contact authentique selon la conception traditionnelle de la santé”. On peut y lire que, dans la tradition africaine, être en bonne santé c’est aussi bien nous entendre avec ceux qui vivent autour de nous et avec toutes les forces de la nature. Comme le dit un chant traditionnel :

“celui qui n’a pas d’espoir, il n’est pas en bonne santé,

celui qui est seul dans la vie, sans personne à qui parler,

celui qui est sans père, ni mère, sans frère ni sœur,

celui qui n’a ni ami ni argent, il n’est pas en bonne santé”

Il ne suffit donc pas de soigner chaque malade individuellement. Le malade vit avec ses difficultés dans un milieu complexe. Le tradipraticien, à travers la force des symboles, cherchera à redonner confiance au malade ainsi qu’à sa famille. Il le regarde, le touche, le fait danser. Il le questionne, l’écoute et lui explique d’où vient le mal. Il rassure, soulage le malade par des chants et rappelle à sa famille les contes et histoires des ancêtres. Il connaît très bien les plantes, les feuilles, les écorces et les racines. Il les cuit, les fait sécher, les écrase, etc. C’est l’expérience de plusieurs générations qui s’exprime.

Malgré les limites de cette médecine traditionnelle, du point de vue de l’efficacité médicale, il faut bien constater que les prescriptions rituelles des guérisseurs sont encore souvent mieux suivies que les prescriptions des médecines modernes, car cette médecine est portée par une longue tradition culturelle que la médecine dite scientifique oublie un peu trop vite. Mais elle est moins chère et plus proche du village que la médecine moderne, plus coûteuse et dispensée dans des dispensaires parfois éloignés. De plus, comme les médicaments sont payants, nous dit une femme d’un village près de Ségou, “Pourquoi payer ? On préfère aller chercher dans la brousse des feuilles et des racines pour faire des décoctions, des tisanes ou des pansements.” Par ailleurs, beaucoup de tradipraticiens acceptent de faire crédit, de se faire payer après la guérison.

 

Dans les zones rurales, on ne consentira à se rendre au centre de santé communautaire que si le malade ne guérit pas. “On va d’abord traiter le malade par les moyens traditionnels. Après seulement, si cela ne va pas mieux, on va au dispensaire.” Le chemin vers la guérison est long et compliqué. Et souvent, pour des raisons financières, le traitement sera arrêté dès qu’apparaît un début d’amélioration. Tous les soins sont alors arrêtés avec, parfois, des conséquences dramatiques.

Cependant, depuis une dizaine d’années, le gouvernement du Mali a engagé la réorganisation de son système de santé afin de corriger les effets néfastes de “l’Initiative de Bamako” qui avait mis fin à la gratuité des soins et autorisé l’exercice de la médecine privée payante. Les populations devaient alors couvrir elles-mêmes les coûts des prestations de santé, ce qui n’est pas évident dans un pays pauvre ! De la même manière, les centres de santé devaient s’autofinancer, c’est-à-dire couvrir les frais de fonctionnement et les salaires par les recettes provenant des frais de traitement et de la vente de médicaments, l’Etat soutenant uniquement la mise à disposition des infrastructures.

 

Bien sûr, cette politique n’a pas permis d’apporter d’améliorations en matière d’accès et de qualité des soins ! Aujourd’hui, le gouvernement malien a donc lancé un nouveau plan décennal (1998-2007) impliquant davantage les communes dans la gestion du système de santé ainsi que dans le financement et le recouvrement des coûts. Afin d’améliorer la couverture géographique des services de santé, la politique nationale de santé publique encourage aussi la création d’assurances-maladie locales, les “mutuelles” dont le Mali a fixé le cadre légal en 1996.

 

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CVR

 

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