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Coopération
(15 mars 2012) Le Mali vers un système d’assurance maladie obligatoire ?
Au Mali, depuis dix ans, la Mutualité malienne offre aux 100.000 familles affiliées des soins de qualité à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Sur la base de cette expérience positive, le gouvernement malien a décidé, il y a près d’un an, de soutenir financièrement les mutuelles de santé dans l’affiliation du secteur informel qui concerne près de 80% de la population. Il a également introduit une assurance maladie obligatoire pour les fonctionnaires et le secteur privé formel. Premiers constats sur le terrain et réflexions avec les responsables des mutuelles de santé(1). Fait unique. Dans le cadre de la stratégie d’extension de la protection sociale, l’Etat malien s’est engagé, en plus des mesures en faveur du secteur formel, à soutenir le secteur informel à travers les mutuelles de santé. Trois régions ont été identifiées comme zones pilotes pour une première phase de trois ans et parmi elles, Ségou. L’Etat y subsidie les mutuelles pour leur permettre de toucher plus de gens et de mieux les couvrir. Il octroie également des subsides à la Mutualité malienne (UTM) pour améliorer l’appui apporté aux mutuelles régionales (sensibilisation, recouvrement…). L’enjeu est de taille dans la mesure où, à l’heure actuelle, les mutuelles de santé couvrent seulement 3 % de la population malienne. A l’antenne UTM de Ségou, les partenaires font part de leurs difficultés à fidéliser les affiliés mutuellistes. “Beaucoup de membres ont tendance à ne plus payer leurs cotisations pour des raisons diverses : ils oublient, n’ont pas dû faire appel à la structure de soins, n’ont pas le temps ou les moyens...” On peut imaginer dans ce cadre le réel défi que constitue l’extension du projet mutuelliste. Outre le soutien financier de l’Etat malien, les mutuelles peuvent également compter sur le développement de leur réseau associatif et de volontaires. Celui-ci devrait permettre de structurer davantage la mutualité en tant que mouvement et ainsi renforcer sa contribution au développement économique et social du pays. Mariam, membre de l’Union des femmes handicapées, témoigne : “Le soutien de la mutualité de Ségou nous facilite l’accès au micro-crédit et nous permet de mener des activités d’information et de sensibilisation aux droits des femmes. Nous possédons aussi une petite production (de pâte d’arachide entre autres) qui garantit un certain revenu aux femmes handicapées membres de l’association et permet de les affilier à la mutualité.” Objectif assurance obligatoire Parallèlement à la stratégie d’extension des mutuelles, l’Etat malien a lancé, pour les fonctionnaires et le secteur formel, un système d’assurance maladie obligatoire (AMO). L’initiative mérite d’être soulignée dans la mesure où le Mali est l’un des premiers pays d’Afrique à se lancer dans l’aventure. Issa, Président de l’UTM, confie : “En tant que mutuelliste, je me considère comme partenaire dans le développement de l’AMO. Notre objectif reste l’accès pour le plus grand nombre au système de soins. Et à terme, si l’AMO est étendue à toute la population, la Mutualité malienne pourra faire valoir son expertise et être impliquée dans la cogestion de l’assurance maladie obligatoire, comme c’est le cas en Belgique.” // OLIVIER GILLIS (1) A l’occasion des dix ans de partenariat entre la MC et l’UTM et de l’inauguration du siège de l’UTM Ségou, une délégation s’est rendue au Mali en février dernier. Plus d’infos sur la coopération de la MC : www.cooperationinternationale.mc.be - 02/246.49.12. L’UTM est également appuyée par l’ONG Solidarité Mondiale.
Alors que 70% de la population vit en milieu rural, 90% des médecins pratiquent en ville. En cas d’urgence, les patients peuvent tout simplement risquer leur vie s’ils doivent être amenés jusqu’en ville – parfois dans des conditions de transport précaires durant plusieurs heures. Dès lors, les mutuelles de santé sont soucieuses d’améliorer les centres de santé, en termes d’équipements et de ressources humaines. Seydou Ouattara, responsable de la mutualité de Ségou, témoigne : “Parfois les gens nous disent être prêts à mettre les moyens pour se soigner mais ne pas vouloir aller dans tel ou tel centre de santé. Alors, avec l’aide de nos partenaires – la MC du Hainaut oriental et l'ONG Memisa –, nous essayons d'améliorer la qualité des soins, par l’achat d’un chauffe-eau solaire par exemple (pour laver les nouveau- nés) ou encore par l’organisation d’un dépôt de médicaments.” Membre du conseil d'administration de l'unique hôpital de Ségou, Seydou Ouattara peut aussi influencer les choix et décisions à prendre. Le directeur de l’hôpital se réjouit du fait que les membres du conseil d'administration viennent d'horizons fort différents : “Il faut convaincre du bien-fondé de la mutualité. Celle-ci nous a aussi permis d’avoir un électrocardiographe”. Aly Barry, médecin-conseil bénévole pour la mutualité de Ségou, témoigne, quant à lui, de son souci d’entretenir de bons rapports avec les prestataires de soins dans l’intérêt des patients. // VALÉRIE VAN BELLE
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