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Coopération (15 mars 2012)

Le Mali vers un système d’assurance maladie obligatoire ?

© Alda Greoli
Quelle place pour la médecine traditionnelle ?
La médecine traditionnelle occupe une place importante dans la société malienne, constate Aly Barry, médecin conseil bénévole à la mutuelle de santé de Ségou. Hélas, beaucoup de personnes se disent capables de soigner. Mais peu font vraiment du bien”, regrette-t-il. Un avis partagé par le Dr. Camara, directeur de l’hôpital de Ségou: “Chaque population a ses traditions, ses pratiques. Dans chaque ville quelqu'un connaît les plantes médicinales. Certains “tradithérapeutes” se font payer via un coq, une chèvre. D’autres ne demandent rien ou seulement un kori (coquillage). En réalité, les frais sont quasi similaires, si l’on compte le transport, les remèdes, le charbon pour chauffer la préparation... Il ajoute : Pour les femmes enceintes l’usage des plantes médicinales ne prévient pas les complications sérieuses de la grossesse, de plus en plus nombreuses d’ailleurs(1). Si la femme enceinte fréquente un centre de santé, l'agent de santé prend sa tension artérielle, vérifie qu'il n'y ait pas d'œdème, mesure les protéines dans les urines. Quand un facteur de risque est détecté, la femme est référée à l'échelon supérieur”.
Tout semble question de pathologies, de mesure et de connaissance des bons “tradithérapeutes”, comme le confirme Abdoullaye Boré, membre du conseil d’administration de l’UTM et assistant à la Faculté d’anthropologie de Bamako. “Moi-même, j’ai consulté un pédiatre traditionnel burkinabé qui utilise des plantes contribuant à soulager fortement mon enfant qui souffre de la forme la plus grave de la drépanocytose, une maladie. Mon enfant est suivi à la fois par la médecine moderne et la médecine traditionnelle et cela donne des résultats très intéressants. Par contre, il existe des pathologies pour lesquelles la médecin traditionnelle ne peut apporter de résultat, comme la tuberculose, la toux blanche ou l’asthme.
// V.VB
(1) L'éclampsie fait partie de ces complications sérieuses. Elle se caractérise par des convulsions pouvant mener au coma. Elle constitue donc une urgence vitale pour la mère et l'enfant à naître.

Au Mali, depuis dix ans, la Mutualité malienne offre aux 100.000 familles affiliées des soins de qualité à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Sur la base de cette expérience positive, le gouvernement malien a décidé, il y a près d’un an, de soutenir financièrement les mutuelles de santé dans l’affiliation du secteur informel qui concerne près de 80% de la population. Il a également introduit une assurance maladie obligatoire pour les fonctionnaires et le secteur privé formel. Premiers constats sur le terrain et réflexions avec les responsables des mutuelles de santé(1).

Fait unique. Dans le cadre de la stratégie d’extension de la protection sociale, l’Etat malien s’est engagé, en plus des mesures en faveur du secteur formel, à soutenir le secteur informel à travers les mutuelles de santé. Trois régions ont été identifiées comme zones pilotes pour une première phase de trois ans et parmi elles, Ségou. L’Etat y subsidie les mutuelles pour leur permettre de toucher plus de gens et de mieux les couvrir. Il octroie également des subsides à la Mutualité malienne (UTM) pour améliorer l’appui apporté aux mutuelles régionales (sensibilisation, recouvrement…).

L’enjeu est de taille dans la mesure où, à l’heure actuelle, les mutuelles de santé couvrent seulement 3 % de la population malienne. A l’antenne UTM de Ségou, les partenaires font part de leurs difficultés à fidéliser les affiliés mutuellistes. “Beaucoup de membres ont tendance à ne plus payer leurs cotisations pour des raisons diverses : ils oublient, n’ont pas dû faire appel à la structure de soins, n’ont pas le temps ou les moyens...” On peut imaginer dans ce cadre le réel défi que constitue l’extension du projet mutuelliste.

Outre le soutien financier de l’Etat malien, les mutuelles peuvent également compter sur le développement de leur réseau associatif et de volontaires. Celui-ci devrait permettre de structurer davantage la mutualité en tant que mouvement et ainsi renforcer sa contribution au développement économique et social du pays. Mariam, membre de l’Union des femmes handicapées, témoigne : “Le soutien de la mutualité de Ségou nous facilite l’accès au micro-crédit et nous permet de mener des activités d’information et de sensibilisation aux droits des femmes. Nous possédons aussi une petite production (de pâte d’arachide entre autres) qui garantit un certain revenu aux femmes handicapées membres de l’association et permet de les affilier à la mutualité.

Objectif assurance obligatoire

Parallèlement à la stratégie d’extension des mutuelles, l’Etat malien a lancé, pour les fonctionnaires et le secteur formel, un système d’assurance maladie obligatoire (AMO). L’initiative mérite d’être soulignée dans la mesure où le Mali est l’un des premiers pays d’Afrique à se lancer dans l’aventure. Issa, Président de l’UTM, confie : “En tant que mutuelliste, je me considère comme partenaire dans le développement de l’AMO. Notre objectif reste l’accès pour le plus grand nombre au système de soins. Et à terme, si l’AMO est étendue à toute la population, la Mutualité malienne pourra faire valoir son expertise et être impliquée dans la cogestion de l’assurance maladie obligatoire, comme c’est le cas en Belgique.

// OLIVIER GILLIS

(1) A l’occasion des dix ans de partenariat entre la MC et l’UTM et de l’inauguration du siège de l’UTM Ségou, une délégation s’est rendue au Mali en février dernier. Plus d’infos sur la coopération de la MC : www.cooperationinternationale.mc.be - 02/246.49.12. L’UTM est également appuyée par l’ONG Solidarité Mondiale.

Portraits croisés
De la chambre d'hôtel, nous l'apercevons depuis deux jours, qui, de l'aube à la nuit tombée, frit ses beignets, accroupie sur la terre rouge. Ses enfants traduisent les questions que nous lui posons : elle s'appelle Fatoumata, elle dort ici à même le sol deux nuits par semaine car elle parcourt une quarantaine de kilomètres chaque semaine pour arriver jusqu'au centre de Ségou. Son mari tient également une aubette à quelques dizaines de mètres de là. La seconde épouse et une belle-sœur la relaient deux jours par semaine. Fatoumata n'a jamais entendu parler de la mutuelle de santé mais se dit contente de voir ses trois enfants partir pour l'école. Mariam a accompagné à l'hôpital sa sœur qui souffrait d'une gastroentérite et de diarrhées. Après deux jours d’hospitalisation, celle-ci a pu rentrer à la maison. A l’hôpital, chaque malade est entouré d’un ou plusieurs parents qui s’occupent des soins paramédicaux comme les repas et la toilette et éventuellement des enfants en bas âge de l’hospitalisée. L’accompagnant dort sur place, sur une natte. Dans ce cas-ci, comme la sœur de Mariam est membre de la mutualité, 75% de ses frais d’hospitalisation sont pris en charge. La qualité des soins est la même pour tous, mais le confort dépend des possibilités de chacun. Les chambres comptent quatre, deux ou un lit, avec climatiseur et toilette dans l'une d'entre elles. Cet homme ne parle pas, ne peut plus marcher, on ne sait pas d’où il vient. Il ‘vit’ à l’hôpital de Ségou depuis plus de trois mois, depuis qu’on l’a ramassé dans un fossé. Il a été victime d’un accident vasculaire cérébral qui est stabilisé, mais il n’a pas retrouvé le langage. Le service social, après maintes tentatives pour retrouver un membre de sa famille, le prend en charge, lui apporte à manger, le lave. Mais cette situation ne peut durer. Comme tout le monde se renvoie la balle, le directeur de l’hôpital compte le faire ramener dans la ville où il a été trouvé...
// VVB
Améliorer la qualité des soins

Alors que 70% de la population vit en milieu rural, 90% des médecins pratiquent en ville. En cas d’urgence, les patients peuvent tout simplement risquer leur vie s’ils doivent être amenés jusqu’en ville – parfois dans des conditions de transport précaires durant plusieurs heures. Dès lors, les mutuelles de santé sont soucieuses d’améliorer les centres de santé, en termes d’équipements et de ressources humaines.

Seydou Ouattara, responsable de la mutualité de Ségou, témoigne : “Parfois les gens nous disent être prêts à mettre les moyens pour se soigner mais ne pas vouloir aller dans tel ou tel centre de santé. Alors, avec l’aide de nos partenaires – la MC du Hainaut oriental et l'ONG Memisa –, nous essayons d'améliorer la qualité des soins, par l’achat d’un chauffe-eau solaire par exemple (pour laver les nouveau- nés) ou encore par l’organisation d’un dépôt de médicaments.

Membre du conseil d'administration de l'unique hôpital de Ségou, Seydou Ouattara peut aussi influencer les choix et décisions à prendre. Le directeur de l’hôpital se réjouit du fait que les membres du conseil d'administration viennent d'horizons fort différents : “Il faut convaincre du bien-fondé de la mutualité. Celle-ci nous a aussi permis d’avoir un électrocardiographe”.

Aly Barry, médecin-conseil bénévole pour la mutualité de Ségou, témoigne, quant à lui, de son souci d’entretenir de bons rapports avec les prestataires de soins dans l’intérêt des patients.

// VALÉRIE VAN BELLE

 

 

 

 

 

 

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