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Prendre la plume Vers une vie d’enfant La future maman sortit d’un pas lourd dans l’aube grise. L’homme, au volant de la voiture, avait déjà tourné la clef. Anxieux et efficace. Le ventre bombé et le cœur en tendresse, elle s’en allait vers l’hôpital, le corps prêt à s’ouvrir. Qu’adviendra-il d’elle ? La vie était au bout du travail. Mais la peur n’était pas loin non plus, nouée à l’existence. Maman de la future maman, je tremblais. Je savais la souffrance et l’arrachement. La terrible dépendance que la vie impose aux femmes et leur farouche endurance. J’aurais voulu être à ses côtés. Ne rien dire, ne pas la toucher. Envahir son cœur battant de toute ma sollicitude silencieuse. Simplement être là pour lui promettre la victoire de mille générations avant nous, des milliards de naissances. Ne sommes nous pas tous venus comme ça ? Dans le sang et la violence, englués d’amour mais hurlants, incapables de se souvenir. Inconscients. Dans son ignorance essentielle, l’homme était toute présence et tout respect. Seul désiré auprès de ce ventre gonflé. Aimant et désarmé. En apprentissage de père. Il entrait dans le temps que prend l’amour, cette montagne de patiente pour servir une vie d’enfant ? Il faisait froid, je frissonnais. La fin de nuit serait longue. A côté de moi, le téléphone…
Godelieve Rulmont-Ugeux
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