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Prendre la plume (2 août 2001)

 

 

 

>Les bienfaits du progrès

J’adore me rendre chez Emilie par le bois. Le chemin est étroit et, en roulant vite, je fais jaillir de grandes éclaboussures des flaques qui restent presque toujours de la dernière pluie.Souvent un héron, toujours une buse ou l’autre, rarement un chevreuil saluent mon passage.La maison est en bois, au sortir de la forêt. J’entre et je la surprends au fauteuil, ou en train de remuer du lard sur son gros poêle crapaud. Pour ses nonante ans, certains ont cru bon de la “placer”, pour son bien. Elle est revenue le lendemain, avec armes et bagages. “Je suis bien content de vous voir, je pensais justement à vous”, me dit-elle presque invariablement en guise de bienvenue. Elle ignore certainement tout le bonheur que moi j’ai de me trouver dans sa cuisine, à l’écouter raconter le vieux temps en fermant parfois les yeux pour mieux sentir l’odeur de la cire, du bois, de la fumée… On parle gentiment quand un bruit de chaudière qui bouillonne s’agite derrière moi. Cela s’arrête après quelques minutes, pour recommencer un peu plus tard. Je me retourne et découvre, trônant sur le buffet comme un carburateur au milieu d’une collection de Vieux Bruxelles, un énorme appareil en plastic affiché de panneaux fluo : café, déca, thé, cacao. Quel escroc sacrilège est venu persuader cette vieille dame qu’un tel appareil lui était indispensable ? Je pense au Christ et aux marchands du temple…Le même jour, je passe chez Joséphine, dix ans plus jeune. Son canari m’accueille par un gazouillement sans fin, tandis qu’elle est déjà en train de moudre le café : “nos allans faire one bonne jatte”. Il faut dire qu’elle ne parle que wallon. Elle a trois filles qui la gâtent…hélas : nouvelle découverte plastifiée et pétante de modernité : un four étiqueté “microwaves” de la bien connue marque Whirpool. Joséphine ne sait pas encore s’en servir, mais sa fille doit lui expliquer. Ce doit être le modèle le plus perfectionné car il est orné d’une abondance de touches : Quick Haet, Forced Air, Autodefrost, Autocrisp, Grill, Crisp… Sa fille va-t-elle devoir lui traduire tout cela en wallon ? Je ne suis pas réactionnaire, mais je dois avouer qu’un tel choc du progrès deux fois sur la même journée, ça me CRISP!
Gust Gianoto

 


 

>Si tu étais…

 

Si tu étais mes yeuxTu me dirais les nuagesLe ciel tourmenté au cœur de l’orage.Quand l’écume des mersViens mourir sur la plage,Que les vagues traînent sur le sableLes mille feux aux reflets de lumière.Si tu étais mes mains…Tu écrirais pour moi les motsTout ce que je voudrais direAvec mes joies et mes maux.Ce que mes doigts malhabilesDans des phrases à écrireNe peuvent pas traduire,Des syllabes au geste difficile.Si tu étais ma voix…Tu me lirais les poètes disparus,Des histoires d’amour qu’ils ont vécu.J’entendrais les sons les plus beauxDe ceux qui sont de purs sanglotsTu me conterais des aventuresQui combleraient les soirs de solitude.Si tu étais mon cœur…J’y enfermerais les heuresPour qu’il arrête le tempsDe nos rêves d’enfants.A l’abri des regards indiscretsTu garderais ces lieux secretsTous les instants d’amourDemeureraient là pour toujours.Notre part de bonheurSi tu étais dans mon cœur.
Daphné Mohr

 


 

>Aimez vos grands-parents

 

Le 7 octobre 74 fut un jour comme les autres pour la plupart d’entre vous, mais pour moi et ma famille, c’était la date de mon arrivée parmi vous tous. J’étais encore trop petite pour le voir mais mon grand-père a eu, ce jour là, une étincelle dans les yeux. La venue de sa première petite-fille. On s’est aussitôt adoré. Dès le premier contact, une magnifique complicité est née. Cela fait plus de 26 ans que ça dure. Que de moments inoubliables et fantastiques passés ensemble ! Il est le soleil de ma vie, le sang qui coule dans mes veines. Dans l’histoire, tout est parfait mais il y a un petit problème : personne n’est immortel. Hélas, mon grand-père est âgé de 86 ans et évidemment ne rajeunit pas. Plus les jours passent et plus il vieillit. Avec cette vieillesse s’ajoute son affaiblissement et grandit ma peur de le perdre. Parce que mon grand-père est bien plus encore. Après mon abandon, il a joué le rôle de père. Je lui dois beaucoup. J’aimerais qu’il soit le second larron à jouir d’un miracle.
P. C., Wolkrange

 

>Randonnée

 

Je vous envoie ce petit texte pour vous faire partager mon bonheur ressenti lors de mes vacances passées à randonner avec les Marcheurs du Caroux.Au cœur de la France, quelque part entre les Pyrénées et les Alpes... Quelques dinosaures géants se sont endormis… Le flanc délicatement décoré de couleurs mauve et jaune et le bas-ventre rafraîchi par l’eau limpide de nombreux petits ruisseaux. Le Caroux, c’est un enchantement, c’est la séduction, c’est la beauté pure, c’est l’enthousiasme… et c’est peu dire ! C’est la première fois qu’il m’est donné de participer à une randonnée pédestre. J’en suis revenue avec le sentiment d’avoir trouvé la meilleure façon de connaître un pays et d’en découvrir les richesses. A pied, on vit avec la nature, on peut la toucher, la sentir, l’admirer. C’est la vie en dehors du temps, en dehors de toute préoccupation. Qu’il est bon de marcher ensemble au gré des côtes et des pentes, avec un même amour de la nature, par des sentiers toujours différents, passant des cols, traversant des ruisseaux. Partir et rentrer ensemble. On y trouve la solidarité et le partage, des liens d’amitié se forgent, on apprend à se connaître. Le soir, quel bonheur d’échanger ses commentaires sur le déroulement de la journée, en dégustant un verre de vin du terroir, prélude à un repas chaque fois délicieux. Des kilomètres et des kilomètres dans les pieds ! Combien ? On ne sait ! Car, quand on aime, on ne compte pas ! (comme le disait notre guide).
Ch. F., Bruxelles

 


 

>Quand on n’a que le " G"

Quand on n’a que le G
Pour être un peu coté.
Quand on n’a que l’portable
Pour être un peu sortable.
Quand on n’a que le poche
Pour se sentir moins moche.
Quand on n’a que l’mobile
Pour sembler moins débile.
Quand on n’a que le G
Pour causer comme un con
Quand on n’a que le G
Pour unique raison.
Quand on n’a qu’son image
Pour unique bagage
Et pour seule valeur
Alors, c’est grav’Docteur ?

R. de Andrimont

>Provence

 

Dans la fraîcheur ombreuse
des platanes en robe de félins,
nous marchons
main dans la main.
Le long des maisons brûlées de soleil,
serpentent des venellesfleuries de giroflées,
d’iris bleus et blancs.
La pinède moutonne les collines,
dévale en cascades vers l’étang,
rond baiser du frêle azur,
qui tremble et s’anime d’ors miroitants.
Dans la chaude paix de la pinède,
les genêts mêlent leur arôme
à l’odeur des sèves résineuses
des pins aux écorces roses et grises.
Au travers des vignobles déjà roussis,
Nous flânons et découvrons,
Oh ! merveille ! une grappe de raisins
lourds de leur sève de pierre.
Le soir tombe, plein de pourpres,
les chevelures des roseaux fatiguésse noient vers les lointains
de vermeil et d’or broyés.
L’air si doux n’est plus qu’un voile
Arachnéen perlé d’étoiles
Un léger souffle
L’éffilochera.

Madame Behin